La télévision franco-allemande «Arte» a diffusé le 19 octobre dernier un documentaire - réalisé par Arnaud Zajtman et Marlène Rabaud - sur Antoine Vumilia. Qui est Antoine Vumilia ? Militant de l’opposition anti-mobutiste au Kivu, «Vumi», comme l’appèlent ses proches, a rejoint l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre) dès le mois d’octobre 1996. Idéaliste, l’homme voyait en Laurent-Désiré Kabila un «révolutionnaire» capable de promouvoir le «Changement» à l’image de Che Guevara et autres Thomas Sankara. Promu «agent de renseignements» à la Présidence de la République au lendemain de la «libération» du 17 mai 1997, Antoine Vumilia fera partie des «30 condamnés à la peine capitale» à l’issue du procès sur l’assassinat de LD Kabila. Il s’est évadé, l’année dernière, de la Prison centrale de Makala où il a passé dix années de détention. Pour Vumilia qui a obtenu le statut de réfugié politique en Suède, «la libération du 17 mai 1997 n’était qu’une vaste escroquerie». Et que «pour conserver le pouvoir, les Katangais ont inventé la théorie du complot en accusant les Kivutiens d’avoir assassiné le président Kabila…».
«Conserver le pouvoir», les mots sont lâchés. Les Luba du Nord Katanga dits «Balubakats» seraient-ils prêts à hypothéquer l’intérêt national et l’avenir des 70 millions de Congolais dans le seul but de «conserver le pouvoir» que, selon eux, «Laurent-Désiré Kabila a conquis et légué à son fils biologique Joseph Kabila» ? C’est la question qu’on ne peut pas ne pas se poser après lecture de l’étrange correspondance que le président national de l’association dite socio-culturelle «Buluba-i-Bukata», l’autre appellation de Balubakat, a adressé, en date du 8 février dernier au président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Daniel Mulunda Ngoy Nyanga. Tous les deux appartiennent à la communauté tribale des Luba du Katanga.
Depuis la mort de Laurent-Désiré Kabila dans les circonstances non-élucidées à ce jour, il faut refuser de voir pour ne pas constater que les natifs du Katanga en général et les membres de la communauté tribale «Balubakat» en particulier sont, avec "Joseph Kabila" et sa fratrie, les grands bénéficiaires - pour ne pas dire les «grands profiteurs» - de cette disparition. Tels des vautours, les «Balubakats» ont transformé la dépouille de leur «frère» en une sorte de fond de commerce. Depuis ce mardi 16 janvier 2001, les bonzes de cette communauté n’ont guère lésiné sur les moyens jusqu’à falsifier l’Histoire. Objectif : conserver le pouvoir. Tout se passe comme dans une pièce de théâtre à plusieurs actes.
Premier acte : Inventer un prétendu testament que LD Kabila aurait laissé aux termes duquel il léguait le pouvoir suprême à son «fils biologique Joseph Kabila». Lancée par le colonel Eddy Kapend, cette allégation a été balayée par Gaétan Kakudji, alors ministre de l’Intérieur, lors du procès. C’est à croire que le Congo-Kinshasa est une république monarchique. Kabila est mort, vive Kabila !
Deuxième acte : Le procureur général de la République d’alors, Luhonge Kabinda Ngoy, met son expertise de haut magistrat au service de l’imposture en donnant un lieu de naissance fictif à «Joseph Kabila». Celui-ci est ainsi «né» à «Hewa Bora II». Une localité qui n’a jamais existé.
Troisième acte : Une mère putative, congolaise de souche, Sifa Mahanya, est attribuée au nouveau chef de l’Etat dont le parcours personnel reste nébuleux.
Quatrième acte : Un professeur d’université de Kinshasa écrit un ouvrage sur les «Quatre premiers présidents du Congo». Le « CV » du quatrième tient en trois paragraphes. Devinez de qui il s’agit? Etrange démarche de la part d’un «scientifique». Le même « prof » va plus loin en concevant un prétendu arbre généalogique de la famille de Mzee Kabila où son «héritier» figure en bonne place.
Cinquième et dernier acte : En guise de couronnement, le Grand chef coutumier des Balubakat, Kasongo Nyembo, annonce fin février 2005 que « Joseph Kabila » est un «Muluba du Katanga à 100%». Un cas sans précédent. Qui a osé impliquer cet homme respectable dans une farce tragi-comique? D’aucuns citent le Mukongo Abdoulaye Yerodia Ndombasi, alors vice-président de la République, sous le régime "1+4", pour le compte de la composante "gouvernement".
Douze années après la succession dynastique orchestrée par les Balubakats, un certain 26 janvier 2001, l’Etat congolais est loin de se porter mieux. C’est un euphémisme : les bandes armées nationales et étrangères font la loi dans la partie orientale du pays; les affaires congolaises sont regentées par certains pays voisins; la corruption dans les milieux dirigeants est devenue un sport national. Ceux-ci s’occupent de tout sauf des sujets qui préoccupent la population. La misère sociale crève les yeux. Au lieu de rassembler, les détenteurs du pouvoir d’Etat s’évertuent à diviser faisant l’éloge du tribalisme et le régionalisme. Incapable de se défendre par ses réalisations, "Joseph Kabila" et ses séïdes renforcent l’emprise sur l’Etat par une multitude des forces dites de sécurité.
La survie du Congo-Kinshasa en tant qu’Etat est gravement menacée. Elle est menacée par l’appétit vorace et égoïste de quelques inciviques prêts à pactiser avec le «diable» à la seule condition de préserver des intérêts tribaux voire corporatifs. En tous cas, le contenu de la lettre adressée à Mulunda par le président de l’«association-socio-culturelle» Buluba - i - Bukata érode l’honneur de cette organisation communautaire laquelle se présente désormais sous les traits hideux d’un groupe maffieux. Une sorte de pieuvre dont les tentacules s’étendent sur toutes les institutions nationales.
Reste que cette missive a le mérite de confirmer ce que la grande majorité des filles et fils de ce pays savent depuis le 26 janvier 2001. A savoir que le Congo dit démocratique est dirigé par un imposteur. Et ce par la volonté de tous ceux qui estiment que ce mystificateur constitue pour la communauté luba du Katanga «une mine d’or très précieuse» qu’il faut "protéger quelles que soient ses erreurs".
Il est désormais plus que clair que le Congo-Kinshasa doit affronter des ennemis non seulement externes mais aussi internes. Ces derniers sont plus coriaces. Cette lettre confirme enfin qu’il est illusoire d’escompter une quelconque alternance à la tête de l’Etat congolais par voie démocratique. Le Changement est-il impossible? Nullement! Il dépend de la capacité de la population congolaise à accepter de payer le prix...
«Conserver le pouvoir», les mots sont lâchés. Les Luba du Nord Katanga dits «Balubakats» seraient-ils prêts à hypothéquer l’intérêt national et l’avenir des 70 millions de Congolais dans le seul but de «conserver le pouvoir» que, selon eux, «Laurent-Désiré Kabila a conquis et légué à son fils biologique Joseph Kabila» ? C’est la question qu’on ne peut pas ne pas se poser après lecture de l’étrange correspondance que le président national de l’association dite socio-culturelle «Buluba-i-Bukata», l’autre appellation de Balubakat, a adressé, en date du 8 février dernier au président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Daniel Mulunda Ngoy Nyanga. Tous les deux appartiennent à la communauté tribale des Luba du Katanga.
Depuis la mort de Laurent-Désiré Kabila dans les circonstances non-élucidées à ce jour, il faut refuser de voir pour ne pas constater que les natifs du Katanga en général et les membres de la communauté tribale «Balubakat» en particulier sont, avec "Joseph Kabila" et sa fratrie, les grands bénéficiaires - pour ne pas dire les «grands profiteurs» - de cette disparition. Tels des vautours, les «Balubakats» ont transformé la dépouille de leur «frère» en une sorte de fond de commerce. Depuis ce mardi 16 janvier 2001, les bonzes de cette communauté n’ont guère lésiné sur les moyens jusqu’à falsifier l’Histoire. Objectif : conserver le pouvoir. Tout se passe comme dans une pièce de théâtre à plusieurs actes.
Premier acte : Inventer un prétendu testament que LD Kabila aurait laissé aux termes duquel il léguait le pouvoir suprême à son «fils biologique Joseph Kabila». Lancée par le colonel Eddy Kapend, cette allégation a été balayée par Gaétan Kakudji, alors ministre de l’Intérieur, lors du procès. C’est à croire que le Congo-Kinshasa est une république monarchique. Kabila est mort, vive Kabila !
Deuxième acte : Le procureur général de la République d’alors, Luhonge Kabinda Ngoy, met son expertise de haut magistrat au service de l’imposture en donnant un lieu de naissance fictif à «Joseph Kabila». Celui-ci est ainsi «né» à «Hewa Bora II». Une localité qui n’a jamais existé.
Troisième acte : Une mère putative, congolaise de souche, Sifa Mahanya, est attribuée au nouveau chef de l’Etat dont le parcours personnel reste nébuleux.
Quatrième acte : Un professeur d’université de Kinshasa écrit un ouvrage sur les «Quatre premiers présidents du Congo». Le « CV » du quatrième tient en trois paragraphes. Devinez de qui il s’agit? Etrange démarche de la part d’un «scientifique». Le même « prof » va plus loin en concevant un prétendu arbre généalogique de la famille de Mzee Kabila où son «héritier» figure en bonne place.
Cinquième et dernier acte : En guise de couronnement, le Grand chef coutumier des Balubakat, Kasongo Nyembo, annonce fin février 2005 que « Joseph Kabila » est un «Muluba du Katanga à 100%». Un cas sans précédent. Qui a osé impliquer cet homme respectable dans une farce tragi-comique? D’aucuns citent le Mukongo Abdoulaye Yerodia Ndombasi, alors vice-président de la République, sous le régime "1+4", pour le compte de la composante "gouvernement".
Douze années après la succession dynastique orchestrée par les Balubakats, un certain 26 janvier 2001, l’Etat congolais est loin de se porter mieux. C’est un euphémisme : les bandes armées nationales et étrangères font la loi dans la partie orientale du pays; les affaires congolaises sont regentées par certains pays voisins; la corruption dans les milieux dirigeants est devenue un sport national. Ceux-ci s’occupent de tout sauf des sujets qui préoccupent la population. La misère sociale crève les yeux. Au lieu de rassembler, les détenteurs du pouvoir d’Etat s’évertuent à diviser faisant l’éloge du tribalisme et le régionalisme. Incapable de se défendre par ses réalisations, "Joseph Kabila" et ses séïdes renforcent l’emprise sur l’Etat par une multitude des forces dites de sécurité.
La survie du Congo-Kinshasa en tant qu’Etat est gravement menacée. Elle est menacée par l’appétit vorace et égoïste de quelques inciviques prêts à pactiser avec le «diable» à la seule condition de préserver des intérêts tribaux voire corporatifs. En tous cas, le contenu de la lettre adressée à Mulunda par le président de l’«association-socio-culturelle» Buluba - i - Bukata érode l’honneur de cette organisation communautaire laquelle se présente désormais sous les traits hideux d’un groupe maffieux. Une sorte de pieuvre dont les tentacules s’étendent sur toutes les institutions nationales.
Reste que cette missive a le mérite de confirmer ce que la grande majorité des filles et fils de ce pays savent depuis le 26 janvier 2001. A savoir que le Congo dit démocratique est dirigé par un imposteur. Et ce par la volonté de tous ceux qui estiment que ce mystificateur constitue pour la communauté luba du Katanga «une mine d’or très précieuse» qu’il faut "protéger quelles que soient ses erreurs".
Il est désormais plus que clair que le Congo-Kinshasa doit affronter des ennemis non seulement externes mais aussi internes. Ces derniers sont plus coriaces. Cette lettre confirme enfin qu’il est illusoire d’escompter une quelconque alternance à la tête de l’Etat congolais par voie démocratique. Le Changement est-il impossible? Nullement! Il dépend de la capacité de la population congolaise à accepter de payer le prix...
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant
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