jeudi 11 avril 2013

Le Katanga, « un volcan endormi »

Mercredi, 10 Avril 2013 
Le rapport alarmiste du Parlement est là

Le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, dépêchée à Lubumbashi, serait explosif à tout point de vue.  Il contiendrait des révélations qui obligent les décideurs à prendre le taureau par les cornes.

Pour André-Claudel Lubaya, député UNC et rapporteur de cette commission, les derniers événements de Lubumbashi sont le reflet de profondes frustrations qui rongent le Katanga qui, à son avis, serait  un « volcan endormi dont il faut redouter les dégâts en cas d’irruption ».

La Commission ad hoc de l’Assemblée nationale, dépêchée dans la province du Katanga pour faire la lumière sur les tristes événements, s’apprête à rendre ses conclusions.

Mais, selon des indiscrétions recueillies dans les couloirs de l’Assemblée nationale, le rapport final de cette commission contient de graves révélations qui devaient permettre de pénétrer enfin le mystère qui se trame derrière « l’affaire Bakata Katanga ».

Pour la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, les événements du 23 mars ne seraient que « la partie révélée de l’iceberg ». Dans le fond, la province du Katanga serait, de l’avis de ses enquêteurs, « un volcan endormi » qui oblige toutes les institutions de la République à se mobiliser pour éviter une explosion dont l’onde de choc pourrait s’étendre sur toute l’étendue de la République. 

A l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation  et Affaires coutumières, Richard Muyej Mangez, serait déjà visé par une question orale avec débat lui adressée par le député UNC André-Claudel Lubaya, également rapporteur de la commission ad hoc dépêchée au Katanga, après les événements dub 23 mars 2013 à Lubumbashi.

Mise en veilleuse pour un temps, le député UNC a dû relancer sa motion après s’être rendu compte, au terme de sa mission à Lubumbashi, des zones d’ombre qui entourent ce dossier.

Dans les tout prochains jours, Richard Muyej se verra dans l’obligation de révéler clairement ce qui s’est passé le samedi 23 mars 2013 dans la ville de Lubumbashi.

LE NŒUD GORDIEN

La problématique sécuritaire qui se pose dans le Katanga avec la récente affaire des miliciens Maï-Maï, dits « Bakata-Katanga », va au-delà d’une simple question orale posée au ministre ayant en charge l’Intérieur et la Sécurité.

Devant l’ampleur de l’affaire « Bakata- Katanga », cette question nécessite un débat franc qui ne devait plus se conclure entre le Parlement et le gouvernement.

Désormais, l’affaire « Bakata-Katanga » que certains, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, présentent désormais comme la face révélée de graves frustrations qui minent la province minière devait être débattue au sein de toutes les institutions de la République.

Il y va non seulement de l’unité de la RDC, mais surtout de la survie de la République, en tant que nation, une et indivisible. Il s’agit de poser un vrai diagnostic devant aussi prendre en compte les avis et considérations des forces vives de la province du Katanga.

Le rapporteur de la commission diligentée au Katanga s’est rendu compte de la pertinence de la question. Il s’agit de faire toute la lumière sur les événements du 23 mars 2013 à Lubumbashi. Il estime qu’au-delà de tout ce qui a été dit ou fait pour colmater les brèches, le problème demeure entier.

Initiateur de la question orale avec débat posée initialement, à cet effet, au ministre Muyej, le député Lubaya reste convaincu que les événements du 23 mars 2013 à Lubumbashi résultent de la légèreté dans l’évaluation de la menace, pourtant connue depuis beaucoup de temps par les différents services de sécurité tant au niveau de la province et qu’au sein de l’administration centrale à Kinshasa.

Cette situation reste explosive, estime-t-il, dans la mesure où c’est le caractère uni et indivisible de l’Etat congolais qui est mis en cause.

S’agissant de récentes mesures prises dans le sens de suspendre des responsables militaires ou de la police nationale ou encore du déplacement d’un groupe de ces miliciens à Kinshasa, il les compare à de « simples sédatifs » administrés comme calmant à un patient alors que « la pathologie subsiste ». Pour autant, soutient-il, que « la menace n’est pas éradiquée ».

Pour l’initiateur de la question orale contre le ministre de l’Intérieur, les Maï-Maï « Bakata-Katanga » sont une idéologie. Si bien que, selon lui, il faut soulever des questionnements importants pour pouvoir éclairer ce dossier.

Qui est derrière ce mouvement ? Qui arment les Maï-Maï ? Qui les nourrit ? Qui les habille ? Qui les commande, s’interroge-t-il, comme pour insinuer le flou qui persiste même à la suite de la mission parlementaire menée au Katanga.

Une suite d’interrogations qu’il pose avec beaucoup de réserves pour ne pas aborder le rapport de cette mission d’information, dont la primeur est réservée à l’Assemblée nationale.

En effet, la commission d’information dépêchée dans la province du Katanga était constituée de sept députés nationaux, dont six de la Majorité et un seul de l’Opposition. C’est le dimanche 7 avril que la commission est rentrée à Kinshasa, après avoir épluché les dossiers et recoupés plusieurs sources.

Elle devra incessamment déposer son rapport au bureau de l’Assemblée nationale. Il s’ensuivra un débat franc en plénière, de manière à éclairer l’opinion sur toutes les interrogations suscitées par cette affaire Bakata-Katanga mais restées sans réponses.

La démarche parlementaire devait certainement aboutir à une série de recommandations pour parer au plus pressé, et surtout, empêcher à ce que le « volcan endormi » du Katanga se mette vite en ébullition.

D’ores et déjà, le rapporteur de cette commission ad hoc a prévenu en vue d’éviter toute imposture.

Les recommandations contenues dans le rapport de la mission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’affaire Bakata-Katanga devront être appliquées avec « objectivité » et « responsabilité » et « sans complaisance » par ceux qui auront la charge de les exécuter, a-t-il proposé dans une déclaration relayée par radio Okapi.

« Si on y ajoute juste un brin de complaisance, ça va exploser», a-t-il prévenu.

Est-ce que la voie de la sagesse, après avoir été au faîte des événements de Lubumbashi, sera-t-elle entendue ? Difficile à dire pour l’instant.

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