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Il faut vraiment vivre au fond d’une grotte ou sortir d’un long coma pour ignorer le mot « coronavirus ». Sans trop bien savoir ce qui se cache derrière ce virus à la forme ornée d’une effrayante couronne, voilà un nom qui fait peur. Vraiment peur.
Au point que lorsque les autorités sanitaires françaises ont annoncé des mesures de surveillances accrues après l’annonce d’un deuxième cas d’infection par le dangereux virus, l’info a fait l’ouverture sur les TV et les radio d’info continue. Comme si elles avaient trouvé le nouveau sujet catastrophe capable de nourrir les audiences. Info ou intox ?
Si l’émergence d’un nouveau coronavirus effraie, ça n’est pas tout à fait sans raison. A priori, ce type de virus est d’une banalité confondante : chaque hiver et à plusieurs reprise chacun d’entre nous est victime de ces virus puisqu’un coronavirus est toujours à l’origine d’un rhume bénin ou d’une légère gastro-entérite.
Mais là où l’affaire se complique et inquiète, c’est que ces virus ont une telle capacité d’adaptation et de transformation rapide qu’ils risquent d’être à l’origine de la pandémie gigantesque que les virologues redoutent depuis 25 ans. Celle à côté de laquelle la grippe espagnole de 1918 et ses 100 millions de morts risquent de passer pour une séance de répétition. Les scientifiques la prédisent tant elle est dans la logique de l’évolution des virus, sans très bien savoir si elle arrivera un jour.
« Les virus tentent en permanence de se transformer, explique Jacques Cohen, immunologiste spécialiste des infections virales à l’Université de Reims. Dans un éternuement, mille milliards de particules sont dispersées dont un million vont tenter une excursion vers un nouvel hôte. La plupart du temps, ça ne marche pas. Il arrive que ça réussisse, sans que l’on sache pourquoi. »
Marisol Tourraine, Ministre des Affaires sociales et de la Santé se rend à l'Institut de veille sanitaire après l'annonce d'un deuxième cas d'infection - LANGLOIS-POOL/SIPA/SIPA
Le SRAS (syndrome respiratoire aïgu sévère) de 2003 a sonné la première alerte. 8000 personnes ont été contaminées, 800 personnes en sont mortes.
Nouveau, d’origine inconnu, d’une structure génétique ne correspondant à rien de connu ni chez l’homme, ni chez les animaux couramment étudiés comme les bovins, les volailles d’élevage, les porcs, les rats ou les chauves souris, il était capable de provoquer des symptômes auxquels l’organisme humain n’avait encore jamais été confronté.
En clair, aucun traitement ne peut lutter efficacement contre ses attaques. D’où la panique quand apparaît un mutant. L’attaque de cette année est du même ordre.
Le virus actuel progresse lentement: il est apparu en avril 2012 en Jordanie, 24 cas ont été identifiés provocant la mort de 18 personnes. « Il semble être contagieux en cas de contact très proches, ce qui fait du personnel de santé la population la plus à risques » estime le professeur François Bricaire, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Parisien de la Pitié-Salpétrière.
La surveillance, discrète mais efficace, recommandée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) s’impose donc. Sans panique, sans psychose sciemment orchestrée par les laboratoires comme à propos du H1NI en 2009 et scrupuleusement relayée par la ministre de la Santé de l’époque, Roselyne Bachelot. Pour l’heure, Marisole Touraine, l’actuelle ministre, ne succombe pas aux sirènes des laboratoires. Pourvu que ça dure !
Jean-Claude Jaillette
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