samedi 4 mai 2013

Détournement de 500.000 $ de lutte contre le paludisme - Des partenaires exigent des comptes à Kinshasa

VENDREDI, 03 MAI 2013



Désormais, le doute n’est plus permis : la contribution du Gouvernement congolais aux efforts du Fonds mondial dans le cadre de la lutte contre le paludisme en République Démocratique du Congo, soit un montant de 500.000 dollars américains, a pris une destination inconnue.

Par ailleurs, cet argent n’est jamais passé au Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), les traces s’étant limitées de la BCC à une banque dont le nom n’a jamais été révélé.

L’ancien directeur adjoint du PNLP, Dr Jean Angbalu a donné toutes ces précisions au cours d’une réunion qu’il a présidée, jeudi 28 février 2013, à l’intention de tout le personnel du programme au moment où il assumait l’intérim du directeur.

L’affaire du détournement de cet argent s’et limitée à l’audition de quelques cadres du PNLP à la Police des parquets dans la commune de la Gombe. Des sources dignes de foi rapportent que les médecins Jean Angbalu, Lydie Kal, l’ancien chef de division des Finances Yvon Mbomb... ont défilé successivement sur l’avenue Kalemie pour être entendus sur la disparition de 500.000 $ US et qu’aucun d’entre eux n’a donné la preuve du passage de cet argent dans les deux comptes détenus par le PNLP à Raw Bank.

La police des parquets est allée jusqu’à convoquer un expert congolais travaillant à la représentation de Kinshasa de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en vue d’éclairer sa religion sur cette affaire.

Le Phare avait révélé à l’époque que le détournement de cette importante somme d’argent serait passé inaperçu, n’eut été le coup de fil parti de l’Ambassade du Canada en RDC au Pr Okitolonda, Coordonnateur de la Revue de Performance du Programme (RPP) au moment des faits.

De l’avis de plusieurs experts engagés dans la lutte contre la malaria en RDC, cet argent constituait un acompte sur le 1 million de dollars américains représentant la contrepartie du Gouvernement Matata Ponyo à la contribution du Fonds Mondial et des autres partenaires de l’initiative “Faire Reculer le Paludisme” (FRP) dans le volet de la lutte contre le paludisme en RDC.

C’était, en fait une façon pour le gouvernement de tenir la promesse faite à la Directrice Exécutive de FPR, Dr Nafo Traoré Fatoumata, lors de son séjour du 06 au 07 Août 2012 en RDC.

Des questions sans réponses

Ce qui étonne plus d’un observateur ainsi que tous les partenaires de FRP, c’est non seulement le silence du Ministère et du Secrétariat Général de la Santé Publique dans cette affaire mais aussi et surtout le comportement de ces deux entités à faciliter le départ du directeur du PNLP, Dr Benjamin Atua Matindii qui en est l’acteur principal, à Bangui en Centrafrique.

En effet, ce médecin preste depuis janvier 2013 comme consultant à l’UNICEF dans la capitale de la République Centrafricaine, après avoir pris son congé annuel d’une part et déposé, d’autre part, sa lettre de mise en disponibilité.

C’est avec l’accord et l’assentiment de ses chefs hiérarchiques que Dr Atua est à Bangui. Son éloignement constitue ainsi un message clair qui peut être interprété comme une stratégie de laisser passer la tempête pour faire oublier l’affaire.

D’où, l’on peut se poser les questions suivantes : peut-on désormais considérer l’affaire de 500.000 $ comme close ? Pourquoi le ministre Félix Kabange Numbi a-t-il autorisé un directeur sur qui pesaient des soupçons de détournement de quitter le pays?

Pourquoi le ministre de la Santé Publique ne veut-il pas tirer au clair cette affaire pour punir les coupables?

Ne se sent-il pas gêné par ce dossier alors que le pays ploie sous la menace de la malaria ?

A-t-il vraiment la volonté de contrôler cette endémie ? Qu’est ce que la RDC va présenter comme bilan au rendez-vous de 2015 visant l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)?

La volonté de tuer la vérité

Comme si cela ne suffisait pas, la Commission d’affectation collective n°1250/CAB/MIN/SP/O9/DCA/OMP/2013 du 22 avril dernier du ministre Félix Kabange Numbi, sortie peu avant son départ pour Addis-Abeba, contente l’ancien directeur du PNLP, Dr Benjamin Atua.

Elle propulse à la tête du PNLP Dr Losimba Likwela Joris, est un ancien chef de service de la coordination provinciale du paludisme dans la Province Orientale, qui a choisi la profession enseignante après l’obtention de son doctorat à l’Université de Kisangani.

Il est secondé au PNLP par Dr Lukuka Albert. C’est cet homme qui gérait à l’institut National des Recherches Biomédicales (INRB) des milliers des dollars du PNLP destinés à la Chimio sensibilité, une activité que Dr Atua avait délocalisée à ce laboratoire.

L’on se demande dans les milieux des partenaires, l’opportunité d’une mise en place ne répondant à aucun critère objectif et ne visant pas le renforcement des capacités.

Pour le cas du PNLP, cette mise en place est interprétée comme le retour en force du Dr Atua mais surtout une intention de tuer la vérité pour que l’opinion ne se fasse une idée de la gestion du PNLP.


Les partenaires ne jurent que par l’audit de ce programme pour savoir les interventions réalisées avec des millions de dollars engloutis dans la lutte contre le paludisme. Il y va de la crédibilité du pays.

A moins que la RDC se satisfasse de sa situation d’éternelle lanterne rouge dans la lutte contre le paludisme en tant que deuxième Etat africain après le Nigeria à supporter le fardeau de ce fléau.

Kangolis Sawemba
(CP)

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