mercredi 8 mai 2013

Kivu, Soudanisation ou Somalisation?



La situation sécuritaire dans les Kivu fait penser. On se demande quelle sauce conviendra pour la recette congolaise. Pas trop de choix. Au regard de la situation actuelle, c’est soit la Somalisation ou la Soudanisation.

Le mot est trouvé, «la somalisation»! Kris Berwouts, l’auteur de ce terme qui fait froid dans le dos et qui est à la une de l’actualité, n’est pas non seulement un prophète de malheur pour le Congo-Kin, mais aussi un visionnaire, un analyste.

Au regard de ce qui se passe à l’Est du pays avec la multiplication de mouvements rebelles, il y a bien lieu de se remettre en cause sans passion. Il y a péril en la demeure!

Le pays de Joseph Kasa-Vubu, Joseph Mobutu, Laurent Désiré Kabila et Joseph Kabila fait face à une menace réelle d’une longue instabilité sécuritaire comme jamais auparavant.

L’intégrité de la nation congolaise est désormais mise à la rude épreuve de sa survie. Avec la scission du M23 en deux branches, l’équation se complique davantage pour Kinshasa qui est à la quête d’une solution durable à la crise qui frappe le Grand Kivu depuis plus d’une décennie maintenant.

Les groupes armés rebelles se multiplient. Ils naissent presque quotidiennement. Ce qui rend très compliqué le processus de l’intégration ou du désarmement de ces assaillants qui pillent les ressources naturelles, violent les femmes et massacrent les populations civiles.

Dans les officines occidentales, on imagine une sauce qui pourra convenir à la recette Congolaise.

Les «pro-balkanisation» ne sont pas en panne d’imagination. Ils pensent déjà à un processus: la Somalisation, puis la Soudanisation.

En fait, depuis les années 1990, la Somalie est confrontée à un grave problème d’insécurité semé par des multiples groupes armés dont certains ont même déclaré l’indépendance des territoires sous leur contrôle.

Les multiples accords de paix n’ont pu rien donner. La guerre s’est déplacée aujourd’hui jusque dans la capitale où se battent chaque jour les rebelles contre les éléments de l’armée régulière et ceux de la Force de l’Union africaine. C’est le chaos total.

A l’Est de la RDC, c’est exactement à ce jeu que s’adonnent les groupes armés qui écument les montagnes du Nord et Sud Kivu.

Depuis 1998, cette partie du pays connait une instabilité sécuritaire sans précédent.

Tout a commencé avec la guerre d’agression rwando-ougandaise menée par le Rassemblement de Congolais Démocrates -RCD- et le Mouvement de Libération du Congo -MLC. Ce fut un mariage de courte durée.

Il a fallu moins d’une année pour assister à un divorce entre les alliés d’hier. Le RCD, soutenu par le Rwanda, s’éclate en plusieurs factions.

Ce n’est pas tout! Le cycle va continuer. Au lendemain de l’accord global et inclusif, une dissidence voit le jour au sein du RCD/Goma, la plus grande faction de ce mouvement rebelle dirigé par Azarias Ruberwa.

Le groupe de Laurent Nkunda nie l’existence de l’accord signé par Ruberwa et d’autres chefs rebelles à Sun City, en Afrique du Sud, et refuse d’intégrer les institutions de la République. En 2004, en collaboration avec un autre dissident, Jules Mutebusi, ils attaquent la ville de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu.

Quelques temps après, aidé par ses mentors Rwandais, Nkunda crée le Congrès National pour la Défense du peuple -CNDP. Ce mouvement sème la terreur et pousse au déplacement de plus de 200.000 civiles.

Après plusieurs cessez-le-feu non respectés, Nkunda fini par signé un accord avec le gouvernement et accepter le brassage de ses acolytes au sein des FARDC.

Il se fait accompagner d’une cinquantaine d’autres mouvements rebelles. Un piège pour Kabila! Ce n’était qu’un mort-né!

Le mariage vole en éclat, Nkunda reprend les armes avec un autre général, Bosco Ntaganda, avant d’être arrêté et placé en résidence surveillé au Rwanda. Une vraie paix ne sera jamais au rendez-vous!

En mars 2012, la faction du CNDP qui avait intégré l’armée fait défection et crée le Mouvement du 23 mars -M23-, dirigé par Sultani Makenga. Au bout de quelques mois seulement, juste après le début des pourparlers avec le Gouvernent de Kinshasa, le M23 éclate à son tour en pro-Ntaganda et pro-Makenga.

Ce qui complique l’équation pour Kinshasa qui doit choisir avec qui conclure un deal. Exactement comme opèrent les groupes armés en Somalie.

Soudanisation

Rien que dans la région de deux Kivu, on compte plus de 50 mouvements rebelles. Le but poursuivi est visiblement celui de déstabiliser le plus longtemps possible la partie Est de la RDC, très riche en ressources naturelles.

Ensuite, essayer de faire avaler à la population locale l’idée d’une sécession longtemps réclamée par la communauté Banyamulenge -les tutsis de la RDC-, mais dans des termes voilés.

C’est qui constituera la deuxième recette de pros-balkanisation de la RDC. Ça va s’appeler la Soudanisation. C’est-à-dire, le démembrement de la RDC, comme c’est actuellement le cas avec le Soudan qui a perdu sa partie sud. Le décore pour réaliser ce projet machiavélique qui date de longtemps semble planté.

Tous les ingrédients vraissemblament réunis. La signature d’un accord entre Kinshasa et la branche M23 de Sultani Makenga ne résoudra aucun problème. C’est du déjà vu! La branche fidèle par Runiga, bien qu’en débandade, pourra toujours rebondir, à la Rwandaise.

Surtout lorsqu’on pense aux accointances du duo Runiga-Ntaganda avec le Rwanda, il y a lieu de craindre le pire… De toutes les façons, ça ne sera que l’accomplissement d’un plan concocté depuis quelque part, le Congo étant un champ expérimental.

Ce qui pourra peut être sauver le Congo d’une éventuelle scission, c’est le vouloir vivre collectif qui caractérise toute la population.

Les congolais s’aiment et manifestent ce désir de continuer à vivre ensemble. Quand ça tire à Goma, le peuple de Kisangani, du Bandundu, de Kinshasa…se lève et manifeste contre tout nouveau décryptement de balles de Kalachnikov et des obus lourds. Ça s’appelle cohésion interne.

Une arme puissante contre la Somalisation et la Soudanisation. C’est certainement grâce à celle-ci que le Congo est encore entier. Dialogue, concertations, pourparlers… il serait peut-être temps de mettre tout sur table.

HKM,
Le Matoiseur, Direct.cd

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