• La première mission de Mary Robinson en Rdc s’est révélée peu convaincante, à bien analyser son rapport adressé au Conseil de sécurité par vidéoconférence depuis Dublin
• Quand l’Envoyée spéciale de Ban ki-Moon déclare que la Brigade agira de manière essentiellement préventive, comme un élément dissuasif, qui ne devrait mener que des opérations militaires stratégiques limitées,… le décret de balkanisation semble bien signé et livré par la grande porte, en défaveur des Congolais.
Mary Robinson a rendu compte de sa tournée dans les Grands Lacs au Conseil de sécurité de l’Onu. C’était lundi que l’Envoyée spéciale de Ban ki-Moon s’exprimait par vidéoconférence depuis Dublin (Irlande). Elle a réitéré son engagement ferme à amener les leaders et gouvernements de la région à construire la paix et à traduire leur engagement en plan et action tangibles.
Tout ceci fait suite à sa première mission de neuf jours dans la région. Mary Robinson n’a pas manqué d’exprimer son espoir sur les possibilités de relever les défis de l’accord-cadre que les 11 pays de la région ont signé le 24 février dernier à Addis-Abeba (Ethiopie), en présence de 4 grands témoins.
Engagement de la région
Dans le contexte de l’Accord-cadre, la région est définie par les pays signataires de cet accord. Il est stipulé que celle-ci devra renouveler son engagement à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats voisins ; ne pas tolérer, ni fournir une assistance ou un soutien quelconque à des groupes armés ; respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des Etats voisins.
Elle devra en outre renforcer la coopération régionale, y compris à travers l’approfondissement de l’intégration économique avec une attention particulière accordée à la question de l’exploitation des ressources naturelles ; respecter les préoccupations et intérêts légitimes des Etats voisins, en particulier au sujet des questions de sécurité.
La région devra enfin s’interdire d’héberger ni fournir une protection de quelque nature que ce soit aux personnes accusées de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, d’actes de génocide ou de crimes d’agression, ou aux personnes sous le régime de sanctions des Nations Unies. Cela, en facilitant l’administration de la justice, grâce à la coopération judiciaire dans la région.
Les 11 présidents de la Région et les 4 témoins sont : Joseph Kabila Kabange, de la République démocratique Congo, François Bozizé de la République centrafricaine (actuellement Michel Djatodja, Président de la transition centrafricaine) ; José Eduardo dos Santos de l’Angola ; Pierre Nkurunziza, du Burundi ; Denis Sassou Nguesso du Congo ; Paul Kagame du Rwanda ; Jacob Zuma de la République d’Afrique du Sud ; Salva Kiir Mayardit du Soudan du Sud ; Yoweri Kaguta Museveni de l’Ouganda ; Michael Chilufya Sata de Zambie ; Jakaya Mrisho Kikwete de Tanzanie.
Et les quatre témoins sont : le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon, la Présidente de la Commission de l’Union africaine Dr. Nkosazana Dlamini Zuma, le Président de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe Armando Emílio Guebuza, le Président de la Conférence Internationale des Grands Lacs, Yoweri Kaguta Museveni, même si c’est le Président Sassou Nguesso qui devrait en être aux destinées de celle-ci depuis le 1er janvier dernier.
Du mécanisme de suivi
Les points 6 à 11 de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba mettent un accent particulier sur le mécanisme de suivi, sujet à l’ordre du jour des assises convoquées fin mai 2013 par Mary Robinson. En effet, la République démocratique du Congo, les pays limitrophes, les partenaires régionaux et la communauté internationale sont invités à travailler de façon synchronisée afin de promouvoir ces principes.
Pour ce faire, un mécanisme de suivi régional impliquant les dirigeants des pays de la région, jouissant de bons offices des témoins, en qualité de garants du présent accord, sera établi et se réunira régulièrement pour passer en revue les progrès dans la mise en œuvre des engagements régionaux ci-dessus, dans le respect de la souveraineté des Etats concernés.
Ce mécanisme dit « 11+4 » est en soutien aux efforts régionaux en cours et sera par conséquent soutenu par et étroitement lié à l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la Communauté pour le développement de l’Afrique australe, ainsi qu’à d’autres partenaires internationaux, y compris l’Union européenne, la Belgique, les Etats-Unis d’Amérique, la France et le Royaume-Uni.
Un plan détaillé pour la mise en œuvre de l’accord sera développé conjointement, y compris l’établissement de critères et mesures de suivi appropriées.
Il est de ce fait demandé au Président de la République démocratique du Congo de mettre en place, au sein du gouvernement, un mécanisme national de suivi en vue d’accompagner et de superviser la mise en œuvre des engagements pris au niveau national pour les réformes susmentionnées.
Les Nations Unies, l’Union africaine, la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement et d’autres partenaires bilatéraux ou multilatéraux qui seront convenus apporteront leur soutien à ce mécanisme.
Le mécanisme de suivi national fonctionnera dans le respect total de la souveraineté de la République démocratique du Congo, précise l’Accord-cadre qui précise enfin qu’en République démocratique du Congo, la MONUSCO fera partie de la solution, et continuera à travailler en étroite collaboration avec le gouvernement.
Quand la montagne accouche d’une souris
Mary Robinson estime qu’il faut de l’optimisme et du courage plutôt que du cynisme pour que cette nouvelle tentative réussisse là où les autres ont échoué.
Elle a déclaré devant le conseil que l’objectif de sa mission était d’écouter les points de vue des leaders sur la mise en œuvre de l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération dans l’Est de la RDC.
L’Envoyée spéciale de l’Onu a, durant sa mission, partagé sa vision sur la paix dans cette région et encouragé la participation des leaders de la région à la première réunion de 11+4 du mécanisme de supervision, prévue le 26 mai prochain à Addis-Abeba.
Elle a souligné que la brigade "devait être considérée comme un élément d’un processus politique beaucoup plus large" pour régler la crise dans l’Est de la Rdc.
Cependant, contre toute attente, Mme Robinson affirme que cette brigade devrait "agir de manière essentiellement préventive, comme un élément dissuasif" et ne devrait mener que "des opérations militaires stratégiques limitées" afin de réduire les risques, notamment pour les civils, affirmant que de nombreux travailleurs humanitaires et des responsables qu’elle a rencontrés au Rwanda, en Ouganda et au Burundi "ont exprimé des craintes à propos de la nécessité de gérer les conséquences possibles des opérations militaires" et que par contre, "l’écrasante majorité des Congolais que j’ai rencontrés à Kinshasa et Goma se sont montrés enthousiastes à propos du déploiement de la brigade, ce qui est compréhensible".
Pour qui alors roule l’Envoyée spéciale de Ban ki- Moon ? Et l’Afrique du Sud, la Tanzanie et le Malawi fourniraient 3.069 hommes à la brigade pour quoi faire ?
Pourtant, Mme Robinson reconnaît face à la population de la RDC "que la paix amènerait des bénéfices" économiques par une meilleure coopération régionale’’. Mais suivant sa manière de définir les choses, cela est-il possible ? Certes non.
Et le risque serait de donner raison à ceux qui ne donnaient aucune chance à cette initiative, et même à d’autres qui taquinent qu’en cette affaire, entre Kinshasa et Kigali, le choix du Conseil de sécurité est clair.
L’Avenir
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