Jeudi, 02 Mai 2013
La sous-région des Grands-Lacs aurait la conversion politique de ses populations. Elles ne seraient que des Tutsis, des Hutus, des Bakongos, des Balubas, des Bangalas, des Baswahilis aidés en permanence par les Américains, les Britanniques, les Français, les Allemands, les Chinois et les Belges.
Très peu attentives à l’instrumentalisation idéologique et stratégique de leurs appartenances tribales et ethniques, elles seraient convaincues pour l’éternité que l’homme est un loup pour l’homme.
Finiront-elles par comprendre un jour que la citoyenneté est une valeur indispensable à l’édification des cités paisibles et solidaires dans la paix et la justice ?
L’une des grandes chances que nous avons aujourd’hui est d’avoir des médias alternatifs (aux médiamensonges). Ils nous ouvrent l’ accès à une bonne quantité d’informations et de documentations pouvant nous permettre d’étudier, de débattre et d’approfondir certaines questions majeures face auxquelles le monde se trouve confronter depuis le début de la crise du capitalisme dans les années 70.
La paresse intellectuelle peut, dans ce contexte, conduire à « la crise de la culture ». Pour cause. Elle peut nous rendre dépendants des médias dominants et de la culture de l’ensauvagement qu’ils véhiculent et nous ravir par exemple la clef de la connaissance de certaines stratégies des guerres interminables dont certaines régions du monde sont parfois des victimes consentantes par l’ignorance de leurs masses populaires, par l’avarice et la cupidité de « leurs élites compradores », par la démission de leurs mandataires publics, etc.
D’où l’importance de l’étude et de la lecture (ou de l’entretien de la culture) pour situer certaines questions trop régionalisées (ou particularisées) dans un contexte un peu plus large, plus global ; sans minimiser le niveau local. Cela pourrait nous aider à comprendre par exemple que la guerre de basse intensité imposée à la RDC participe de la crise systémique du capitalisme.
La matrice « trinitaire » de ce système idéologique axée sur la libéralisation, la privatisation et la dérégulation du marché sur fond de la concurrence et de la compétitivité a fini par marquer ses limites.
Et « un autre capitalisme n’est plus possible ». Voilà ce que nient « ses petites mains » et les poussent à organiser « des croisades ». Car leurs cœurs et leurs esprits sont mangés en permanence par le dieu-argent, bon serviteur er mauvais maître. Elles ont vendu leur âme.
En effet, note Mohamed Hassan, « depuis les années 70, le capitalisme est en crise. La réaction des dirigeants mondiaux du capitalisme dans les années 80 a consisté en une politique ultralibérale et une offensive idéologique acharnée contre le communisme.
En Afrique, en Asie et en Amérique latine, cette politique a été formulée dans les fameux programmes d’adaptation structurelle (PAS) qui ont fortement affaibli les États et ont balayé tout ce qui restait encore des infrastructures et des services sociaux.
Dans le monde capitaliste, toutes les règles ont été supprimées, surtout — et de la façon la plus radicale — dans le monde bancaire.
La législation du travail, la sécurité sociale et les droits syndicaux ont été également remis en question. [1]» Et « sur le plan stratégique, il y a eu le livre influent de l’Américain d’origine polonaise, Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier avec, comme sous-titre, American Primacy and Its Geostrategic Imperatives (littéralement : « L’hégémonie américaine et ses impératifs stratégiques » ; c’est devenu « L’Amérique et le reste du monde », dans la version française.
Pour Brzezinski, les États-Unis devaient s’appuyer sur l’Union européenne et les grands pays est-européens comme la Pologne et l’Ukraine afin de pouvoir contrôler la totalité de l’Eurasie, la plus vaste étendue de terre émergée du monde, que composent à la fois l’Europe et le continent asiatique.[2] »
Aussi, l’avènement des pays émergents sur l’échiquier mondial et l’échec des USA pour conduire la Chine à imploser comme ils l’ont fait avec l’Union Soviétique ont accru l’importance de l’Afrique.
Dans ce contexte « conquérir le contrôle de l’Afrique devient donc urgent pour Washington, et cela ne peut se faire uniquement par la concurrence des acteurs économiques au sein d’un marché « libre ».
Pour le bloc impérialiste, il s’agit tout autant d’une question militaire. D’où le rôle décisif joué par les armées des États-Unis et des pays européens depuis 2011 dans les guerres en Côte d’Ivoire, en Libye et aujourd’hui au Mali.
Ce qui surprend ici, c’est que les États-Unis se profilent de façon peut-être plus discrète, aux yeux de l’extérieur, tandis qu’en même temps, par leur Africom et leur énorme réseau politique et diplomatique, ils tiennent malgré tout fermement les rênes en main. » Mohamed Hassan ajoute :
« Cette stratégie, Washington l’applique depuis des années déjà dans deux pays qui sont très importants sur le plan géostratégique : la Somalie et la République démocratique du Congo. Les armées, respectivement, de l’Éthiopie, de l’Ouganda et du Rwanda se chargent sur place du boulot.
Aujourd’hui, les États-Unis passent à la vitesse supérieure dans le travail préparatoire de ce genre d’interventions. En 2012, une brigade de l’armée américaine a reçu la mission de mener des activités dans pas moins de 35 pays africains, un nombre record.[3] »
Comment fonctionne cette stratégie militaire ? Ou comment devrait-elle fonctionner ?
Une étude ayant recourt au passé de l’Occident conseille ce qui suit : « Les puissances occidentales devraient guider les ennemis vers un affrontement interminable en aidant le côté qui perd quel qu'il soit, de manière à prolonger leur conflit.[4] » Daniel Pipes note que « cette politique a des précédents.
Pendant la majeure partie de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne nazie ouvrit l'offensive contre la Russie soviétique et le fait de garder les troupes allemandes immobilisées sur le front de l'Est était essentiel à la victoire des Alliés. Franklin D. Roosevelt a donc aidé Joseph Staline à approvisionner ses forces et à coordonner l'effort de guerre avec lui.
Rétrospectivement, cette politique moralement répugnante, mais stratégiquement nécessaire, a réussi.[5] » Elle a réussi à garantir les intérêts US ; surtout ceux de ses multinationales. Le livre de Jacques R. Pauwels[6] est très explicite sur cette « réussite stratégique ».
Pour dire les choses platement, opposer et soutenir à la fois l’Allemagne nazie et l’URSS de Joseph Staline a permis aux entreprises US de se faire du fric et beaucoup de fric. Ce n’est pas tout. « La guerre Iran-Irak de 1980- 1988 a créé une situation similaire.
Après la mi-1982, lorsque les forces de l'ayatollah Khomeiny passèrent à l'offensive contre les forces de Saddam Hussein, les gouvernements occidentaux ont commencé à soutenir l'Irak. Oui, le régime irakien avait commencé les hostilités et a été plus brutal, mais le régime iranien était passé à l'offensive et était idéologiquement plus dangereux.
Ce qui arriva de mieux fut que les hostilités tinrent les deux côtés occupés et empêchèrent l'un ou l'autre de sortir victorieux sur l'autre. Selon les mots apocryphes de Henry Kissinger: «C'est dommage que les deux ne puissent pas perdre.[7] »
Et quand les hostilités occupent les deux côtés, elles bénéficient (souvent) à ceux qui les entretiennent.
Etudier les questions liées à la stratégie de la guerre occidentale peut nous aider à comprendre, tant soit peu, ce qui se passe depuis les années 90 dans la sous-région des Grands Lacs africains : l’instrumentalisation de Museveni, Kagame, Kabila (Josph) et de plusieurs d’entre nous dans la guerre de basse intensité menée contre la RDC.
Leur opposition apparente cache souvent, mal, cette instrumentalisation. Celle-ci a conduit à la montée de la haine entre les Congolais(es) , entre les Ougandais(es) et entre les Rwandais(es).
En Ouganda, au Rwanda et en RDC, il y a une grande division entre les partisans de ces marionnettes, leurs collabos et une bonne partie de la population.
En marge de la peur et de la paralysie psychologique auxquelles cette guerre mène, la mort qu’elle cause depuis les années 90 crée de la haine dans les cœurs et dans les esprits de plusieurs compatriotes de cette sous-région.
Cette haine entretient l’idée de la violence et de la vengeance comme issue à cette guerre de basse intensité. Elle entretient aussi la fausse idée des armées bien formées et capables de neutraliser l’ennemi.
L’ennemi est fabriqué par ceux-là même qui entraînent « nos armées », les financent et les équipent. L’inimitié créée de toute pièce par les différentes procédures de sous-humanisation conduit à « l’affrontement interminable » et à l’ensauvagement.
Elle entretient l’ensauvagement tout en permettant aux multinationales occidentales de poursuivre le pillage des matières premières stratégiques dont regorge la sous-région.
Celles-ci sont utilisées dans la fabrication des machines et des armes plus sophistiquées dont nos armées seront encore équipées par les mêmes pyromanes-pompiers pour s’affronter afin que l’inimitié et la haine soient entretenues davantage et transmises à nos enfants ; afin que l’Afrique centrale ne connaisse jamais la paix.
Dans ce cercle vicieux, des compatriotes de cette sous-région sont supposés être éternellement maintenus (ou se maintiennent) au niveau de l’identité tribale et ethnique. Ils apprennent à cultiver des identités meurtrières[8] opposées à toute conversion à la citoyenneté ; c’est-à-dire à l’adhésion aux valeurs de la cité rendant le vivre-ensemble beau et paisible.
Ils seront toujours des Tutsis, des Hutus, des Balubas, des Bakongos, des Bangalas, des Baswahilis, etc. (et non des citoyens congolais, ougandais et rwandais) en attente de l’aide des Américains, des Britanniques, des Français, des Allemands, des Belges, des Chinois, etc.
Sans nier nos multiples appartenances, nous voudrions relever le fait que souvent, nous sommes tombés dans le piège de leur instrumentalisation idéologique et stratégique (par notre faute, par ignorance ou par manipulation, etc.) au point de croire que dans la sous-région des Grands-Lacs l’homme est et doit demeurer un loup pour l’homme ; au point de croire qu’il est vital de nous livrer à un ensauvagement consenti.
Pris dans le piège de cet ensauvagement, nous peinons à trouver des alternatives crédibles au système de notre mort collective. Certains d’entre nous deviennent même rebelles à la culture humaniste et/ou humanisante. Les stratégies immorales des guerres que « les petites mains du capital » mènent à travers le monde les ont convaincus de ceci : « Homo homini lupus » !
Or c’est cette culture hégémonique ensauvagée qu’il faut désarmer -en travaillant avec toutes les femmes et tous les hommes de paix- en commençant par nous désarmer nous-mêmes, en faisant la vérité avec nous-mêmes pour mieux imaginer, inventer et créer des structures politiques humaines et humanisantes reposant sur la souveraineté, la solidarité et la coopération. (A suivre)
Mbelu Babanya Kabudi
Congoone
________
[1] M. HASSAN, L’Occident à la reconquête de l’Afrique, www.michelcollon.info, le 30 avril 2013
[2] Ibidem
[3] Ibidem.
[4] D. PIPES, Support Assad, in The Washington Times, 11 avril 2013
[5] Ibidem
[6] J. PAUWELS, Le mythe de la bonne guerre. Les Etats-Unis et la deuxième guerre mondiale, tr de l’anglais par Jean-François Crombois, Paris, Aden, 2005.
[7] D. PIPES, Art. Cit.
[8] Lire A. MAALOUF, Les identités meurtrières, Paris, Grasset, 1998.
La sous-région des Grands-Lacs aurait la conversion politique de ses populations. Elles ne seraient que des Tutsis, des Hutus, des Bakongos, des Balubas, des Bangalas, des Baswahilis aidés en permanence par les Américains, les Britanniques, les Français, les Allemands, les Chinois et les Belges.
Très peu attentives à l’instrumentalisation idéologique et stratégique de leurs appartenances tribales et ethniques, elles seraient convaincues pour l’éternité que l’homme est un loup pour l’homme.
Finiront-elles par comprendre un jour que la citoyenneté est une valeur indispensable à l’édification des cités paisibles et solidaires dans la paix et la justice ?
L’une des grandes chances que nous avons aujourd’hui est d’avoir des médias alternatifs (aux médiamensonges). Ils nous ouvrent l’ accès à une bonne quantité d’informations et de documentations pouvant nous permettre d’étudier, de débattre et d’approfondir certaines questions majeures face auxquelles le monde se trouve confronter depuis le début de la crise du capitalisme dans les années 70.
La paresse intellectuelle peut, dans ce contexte, conduire à « la crise de la culture ». Pour cause. Elle peut nous rendre dépendants des médias dominants et de la culture de l’ensauvagement qu’ils véhiculent et nous ravir par exemple la clef de la connaissance de certaines stratégies des guerres interminables dont certaines régions du monde sont parfois des victimes consentantes par l’ignorance de leurs masses populaires, par l’avarice et la cupidité de « leurs élites compradores », par la démission de leurs mandataires publics, etc.
D’où l’importance de l’étude et de la lecture (ou de l’entretien de la culture) pour situer certaines questions trop régionalisées (ou particularisées) dans un contexte un peu plus large, plus global ; sans minimiser le niveau local. Cela pourrait nous aider à comprendre par exemple que la guerre de basse intensité imposée à la RDC participe de la crise systémique du capitalisme.
La matrice « trinitaire » de ce système idéologique axée sur la libéralisation, la privatisation et la dérégulation du marché sur fond de la concurrence et de la compétitivité a fini par marquer ses limites.
Et « un autre capitalisme n’est plus possible ». Voilà ce que nient « ses petites mains » et les poussent à organiser « des croisades ». Car leurs cœurs et leurs esprits sont mangés en permanence par le dieu-argent, bon serviteur er mauvais maître. Elles ont vendu leur âme.
En effet, note Mohamed Hassan, « depuis les années 70, le capitalisme est en crise. La réaction des dirigeants mondiaux du capitalisme dans les années 80 a consisté en une politique ultralibérale et une offensive idéologique acharnée contre le communisme.
En Afrique, en Asie et en Amérique latine, cette politique a été formulée dans les fameux programmes d’adaptation structurelle (PAS) qui ont fortement affaibli les États et ont balayé tout ce qui restait encore des infrastructures et des services sociaux.
Dans le monde capitaliste, toutes les règles ont été supprimées, surtout — et de la façon la plus radicale — dans le monde bancaire.
La législation du travail, la sécurité sociale et les droits syndicaux ont été également remis en question. [1]» Et « sur le plan stratégique, il y a eu le livre influent de l’Américain d’origine polonaise, Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier avec, comme sous-titre, American Primacy and Its Geostrategic Imperatives (littéralement : « L’hégémonie américaine et ses impératifs stratégiques » ; c’est devenu « L’Amérique et le reste du monde », dans la version française.
Pour Brzezinski, les États-Unis devaient s’appuyer sur l’Union européenne et les grands pays est-européens comme la Pologne et l’Ukraine afin de pouvoir contrôler la totalité de l’Eurasie, la plus vaste étendue de terre émergée du monde, que composent à la fois l’Europe et le continent asiatique.[2] »
Aussi, l’avènement des pays émergents sur l’échiquier mondial et l’échec des USA pour conduire la Chine à imploser comme ils l’ont fait avec l’Union Soviétique ont accru l’importance de l’Afrique.
Dans ce contexte « conquérir le contrôle de l’Afrique devient donc urgent pour Washington, et cela ne peut se faire uniquement par la concurrence des acteurs économiques au sein d’un marché « libre ».
Pour le bloc impérialiste, il s’agit tout autant d’une question militaire. D’où le rôle décisif joué par les armées des États-Unis et des pays européens depuis 2011 dans les guerres en Côte d’Ivoire, en Libye et aujourd’hui au Mali.
Ce qui surprend ici, c’est que les États-Unis se profilent de façon peut-être plus discrète, aux yeux de l’extérieur, tandis qu’en même temps, par leur Africom et leur énorme réseau politique et diplomatique, ils tiennent malgré tout fermement les rênes en main. » Mohamed Hassan ajoute :
« Cette stratégie, Washington l’applique depuis des années déjà dans deux pays qui sont très importants sur le plan géostratégique : la Somalie et la République démocratique du Congo. Les armées, respectivement, de l’Éthiopie, de l’Ouganda et du Rwanda se chargent sur place du boulot.
Aujourd’hui, les États-Unis passent à la vitesse supérieure dans le travail préparatoire de ce genre d’interventions. En 2012, une brigade de l’armée américaine a reçu la mission de mener des activités dans pas moins de 35 pays africains, un nombre record.[3] »
Comment fonctionne cette stratégie militaire ? Ou comment devrait-elle fonctionner ?
Une étude ayant recourt au passé de l’Occident conseille ce qui suit : « Les puissances occidentales devraient guider les ennemis vers un affrontement interminable en aidant le côté qui perd quel qu'il soit, de manière à prolonger leur conflit.[4] » Daniel Pipes note que « cette politique a des précédents.
Pendant la majeure partie de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne nazie ouvrit l'offensive contre la Russie soviétique et le fait de garder les troupes allemandes immobilisées sur le front de l'Est était essentiel à la victoire des Alliés. Franklin D. Roosevelt a donc aidé Joseph Staline à approvisionner ses forces et à coordonner l'effort de guerre avec lui.
Rétrospectivement, cette politique moralement répugnante, mais stratégiquement nécessaire, a réussi.[5] » Elle a réussi à garantir les intérêts US ; surtout ceux de ses multinationales. Le livre de Jacques R. Pauwels[6] est très explicite sur cette « réussite stratégique ».
Pour dire les choses platement, opposer et soutenir à la fois l’Allemagne nazie et l’URSS de Joseph Staline a permis aux entreprises US de se faire du fric et beaucoup de fric. Ce n’est pas tout. « La guerre Iran-Irak de 1980- 1988 a créé une situation similaire.
Après la mi-1982, lorsque les forces de l'ayatollah Khomeiny passèrent à l'offensive contre les forces de Saddam Hussein, les gouvernements occidentaux ont commencé à soutenir l'Irak. Oui, le régime irakien avait commencé les hostilités et a été plus brutal, mais le régime iranien était passé à l'offensive et était idéologiquement plus dangereux.
Ce qui arriva de mieux fut que les hostilités tinrent les deux côtés occupés et empêchèrent l'un ou l'autre de sortir victorieux sur l'autre. Selon les mots apocryphes de Henry Kissinger: «C'est dommage que les deux ne puissent pas perdre.[7] »
Et quand les hostilités occupent les deux côtés, elles bénéficient (souvent) à ceux qui les entretiennent.
Etudier les questions liées à la stratégie de la guerre occidentale peut nous aider à comprendre, tant soit peu, ce qui se passe depuis les années 90 dans la sous-région des Grands Lacs africains : l’instrumentalisation de Museveni, Kagame, Kabila (Josph) et de plusieurs d’entre nous dans la guerre de basse intensité menée contre la RDC.
Leur opposition apparente cache souvent, mal, cette instrumentalisation. Celle-ci a conduit à la montée de la haine entre les Congolais(es) , entre les Ougandais(es) et entre les Rwandais(es).
En Ouganda, au Rwanda et en RDC, il y a une grande division entre les partisans de ces marionnettes, leurs collabos et une bonne partie de la population.
En marge de la peur et de la paralysie psychologique auxquelles cette guerre mène, la mort qu’elle cause depuis les années 90 crée de la haine dans les cœurs et dans les esprits de plusieurs compatriotes de cette sous-région.
Cette haine entretient l’idée de la violence et de la vengeance comme issue à cette guerre de basse intensité. Elle entretient aussi la fausse idée des armées bien formées et capables de neutraliser l’ennemi.
L’ennemi est fabriqué par ceux-là même qui entraînent « nos armées », les financent et les équipent. L’inimitié créée de toute pièce par les différentes procédures de sous-humanisation conduit à « l’affrontement interminable » et à l’ensauvagement.
Elle entretient l’ensauvagement tout en permettant aux multinationales occidentales de poursuivre le pillage des matières premières stratégiques dont regorge la sous-région.
Celles-ci sont utilisées dans la fabrication des machines et des armes plus sophistiquées dont nos armées seront encore équipées par les mêmes pyromanes-pompiers pour s’affronter afin que l’inimitié et la haine soient entretenues davantage et transmises à nos enfants ; afin que l’Afrique centrale ne connaisse jamais la paix.
Dans ce cercle vicieux, des compatriotes de cette sous-région sont supposés être éternellement maintenus (ou se maintiennent) au niveau de l’identité tribale et ethnique. Ils apprennent à cultiver des identités meurtrières[8] opposées à toute conversion à la citoyenneté ; c’est-à-dire à l’adhésion aux valeurs de la cité rendant le vivre-ensemble beau et paisible.
Ils seront toujours des Tutsis, des Hutus, des Balubas, des Bakongos, des Bangalas, des Baswahilis, etc. (et non des citoyens congolais, ougandais et rwandais) en attente de l’aide des Américains, des Britanniques, des Français, des Allemands, des Belges, des Chinois, etc.
Sans nier nos multiples appartenances, nous voudrions relever le fait que souvent, nous sommes tombés dans le piège de leur instrumentalisation idéologique et stratégique (par notre faute, par ignorance ou par manipulation, etc.) au point de croire que dans la sous-région des Grands-Lacs l’homme est et doit demeurer un loup pour l’homme ; au point de croire qu’il est vital de nous livrer à un ensauvagement consenti.
Pris dans le piège de cet ensauvagement, nous peinons à trouver des alternatives crédibles au système de notre mort collective. Certains d’entre nous deviennent même rebelles à la culture humaniste et/ou humanisante. Les stratégies immorales des guerres que « les petites mains du capital » mènent à travers le monde les ont convaincus de ceci : « Homo homini lupus » !
Or c’est cette culture hégémonique ensauvagée qu’il faut désarmer -en travaillant avec toutes les femmes et tous les hommes de paix- en commençant par nous désarmer nous-mêmes, en faisant la vérité avec nous-mêmes pour mieux imaginer, inventer et créer des structures politiques humaines et humanisantes reposant sur la souveraineté, la solidarité et la coopération. (A suivre)
Mbelu Babanya Kabudi
Congoone
________
[1] M. HASSAN, L’Occident à la reconquête de l’Afrique, www.michelcollon.info, le 30 avril 2013
[2] Ibidem
[3] Ibidem.
[4] D. PIPES, Support Assad, in The Washington Times, 11 avril 2013
[5] Ibidem
[6] J. PAUWELS, Le mythe de la bonne guerre. Les Etats-Unis et la deuxième guerre mondiale, tr de l’anglais par Jean-François Crombois, Paris, Aden, 2005.
[7] D. PIPES, Art. Cit.
[8] Lire A. MAALOUF, Les identités meurtrières, Paris, Grasset, 1998.
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