mercredi 22 mai 2013

RDC-Rwanda : absence d’équité de l’ONU

Mercredi 22 mai 2013 
 
Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, et Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale, entament ce mercredi une visite dans les Grands Lacs. Première étape, la RDC. Le peuple congolais, médusé par ce ballet diplomatique, s’interroge sur ce que cette énième visite pourrait  apporter au retour d’une paix durable en RDC et dans la sous-région. 

Si jamais le tandem BM-ONU n’arrive pas à répondre à cette attente, en réduisant la capacité de nuisance de Kigali, indexé comme point focal de la déstabilisation des Grands Lacs, il se sera rendu complice du projet de l’éclatement de la RDC. Bien plus, il aura choisi de se placer du mauvais côté de l’histoire en faisant preuve d’absence d’équité. 
 
Kigali et son pantin de M23 n’ont pas caché leur opposition au déploiement de la Brigade spéciale d’intervention recommandée par l’Accord de paix d’Addis-Abeba et décidée par la Résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’ONU. Sans froid aux yeux, le M23 a proféré des menaces contre cette brigade et les FARDC. Depuis lundi, cette menace a été mise à exécution.

Les deux parties s’affrontent autour de la ville de Goma. Hier mardi, des sources ont indiqué que des obus lancés par le M23 sont tombés à Mugunga ; un enfant a été tué et une femme amputée d’une jambe. Conséquence : une psychose s’installe dans la ville de Goma où l’on assiste à un nouveau mouvement de déplacement des populations civiles.  

Voilà le bouquet de fleurs que Kigali et son filleul offrent, en guise d’accueil, au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et au président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim. Ce couple est attendu ce mercredi à Kinshasa pour un séjour de deux jours avant de s’envoler pour Kigali et Kampala. 

Officiellement, Ban Ki-moon et Jim Yong Kim viennent prendre la mesure des dégâts causés par des crises intermittentes qui minent la région des Grands Lacs mais également les préparatifs de la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.  

Durant leur séjour en RDC, les deux personnalités rencontreront le président Joseph Kabila, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo ainsi que d’autres responsables de haut niveau. « Cela leur donnera l’occasion de discuter avec eux de la façon dont l’ONU et la Banque mondiale peuvent soutenir au mieux l’accord-cadre », note un communiqué de la Banque mondiale. 

Cette visite permettra « d’attirer l’attention sur le sort des pays en situation de fragilité ou de conflit qui s’emploient tant bien que mal à atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement, et de souligner la détermination de deux organisations internationales à s’attaquer ensemble aux conflits et à la pauvreté à travers le monde », poursuit le communiqué.

La source rappelle que cette visite est consécutive à la signature, en février dernier, de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région des Grands Lacs. 

Accord signé par 11 pays, à savoir l’Afrique du Sud, l’Angola, le Burundi, la République centrafricaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo, l’Ouganda, Rwanda, le Soudan du Sud, la Tanzanie et la Zambie.

Dans une déclaration rendu publique la veille de son arrivée, Ban Ki-moon a précisé en des termes clairs l’engagement des Nations unies et du Groupe de la Banque mondiale à « travailler en étroite collaboration et par des moyens nouveaux et plus poussés, en suivant l’impulsion donnée par les pays », réaffirmant leur devoir de « faire en sorte que la mise en œuvre des aspects politiques et sécuritaires de l’accord-cadre aille de pair avec le développement économique qui est essentiel à une paix et une stabilité durables ». 

En d’autres termes, la plus grande partition devrait être jouée par les pays de la région.

« Cette approche nouvelle et de grande envergure fournit à la RDC et à la région des Grands Lacs le meilleur espoir de paix qu’elles aient connu depuis bien des années », a-t-il renchéri le secrétaire général des Nations unies qui estime que « les engagements sur le papier doivent se traduire par une action sur le terrain. 

Un accord de paix doit produire un dividende de la paix, sous forme de développement, d’opportunités et d’espoir pour des populations qui ont trop longtemps souffert ». 

Attente du peuple congolais

Depuis les enquêtes menées en 2002 par le panel des Nations unies sur le pillage des ressources naturelles de la RDC, la plaque tournante d’où partent toutes les tentatives de déstabilisation des Grands Lacs a été clairement identifiée. 

Tout récemment, le rapport du groupe d’experts des Nations unies sur la RDC est revenu à la charge en indexant le Rwanda comme principal foyer de déstabilisation de l’Est de la RDC, au regard de son soutien aux rebelles du M23.

Tous, s’inspirant des preuves apportées, par les experts des Nations unies, sont donc unanimes sur l’implication avérée du Rwanda dans le plan de déstabilisation de la région des Grands Lacs. 

L’ONU, la première, en sait un bon bout. Au point qu’aujourd’hui, la présence sur le sol congolais de son secrétaire général doit être l’occasion d’enclencher la machine en vue d’amener le Rwanda à adhérer au Mécanisme de pacification et de stabilisation des Grands Lacs, prévu dans l’accord-cadre d’Addis-Abeba. 

Pour que Ban Ki-moon gagne le cœur des Congolais, il doit poser des actes qui rassurent, en rompant le mur de compromission qui a toujours caractérisé la communauté internationale chaque fois qu’il s’agit d’aborder la crise dans l    a région les Grands Lacs.

Le problème dans la région c’est le Rwanda qui, fort du soutien qu’il continue de bénéficier de ses parrains occidentaux, trouve encore des raisons pour couvrir tous ses crimes, pour lesquels plus de cinq (5) millions des Congolais ont déjà payé de leur vie.

Absence d’équité de l’Onu et de la Banque mondiale 

L’ONU et la Banque mondiale ont le devoir de recadrer leur action pour ne pas se trouver du mauvais de l’histoire. En agissant autrement, l’histoire reconnaîtra tôt ou tard qu’ils sont restés passifs face aux crimes de Kigali, en lui octroyant à la ronde des satisfecits pour des performances économiques réalisées, pourtant, au prix du sang des Congolais et du pillage systématique des ressources naturelles de la RDC. 

Que Kigali se targue d’avoir réalisé des performances en matière de gouvernance et de succès économique passe encore comme cynisme. Mais que la Banque mondiale se mette à lui jeter des fleurs dans un communiqué annonçant l’arrivée de son président sur le territoire congolais passerait bien pour une provocation sinon une insulte à l’endroit des Congolais. 

Qu’est-ce la Banque mondiale a à rappeler aux Congolais que le Rwanda « a fait des avancées significatives depuis dix ans en matière de gouvernance et porté son taux de croissance de 1% en 2003 à 8,2% en 2013 » ? 

Cela ne peut s’interpréter autrement que comme une absence d’équité dans le chef de l’ONU à l’endroit de deux de ses membres. Car la Banque mondiale ne peut pas aujourd’hui, en tant que structure de l’ONU, déclarer la main sur le cœur, qu’elle a apporté à la RDC les contributions financières et autres facilités nécessaires pour l’aider à relever ses faiblesses et la booster vers un décollage.  

Si elle ne l’avait pas fait suffisamment auparavant, le moment est venu de passer à l’action. Au lieu de se moquer de la RDC et du peuple congolais, il serait intéressant de couper le cordon ombilical qui continue de lier le Rwanda à ses parrains de l’Occident. 

Aucune initiative de paix ne produira d’effets dans les Grands Lacs aussi longtemps que le Rwanda aura les mains libres pour se comporter comme un conquistador ou un gendarme dans la sous-région.  

Responsabilité de Kinshasa 

Dans le schéma qui se met en place pour une issue définitive de la crise dans les Grands Lacs, le gouvernement de la RDC a également un grand rôle à jouer. La RDC doit donc sortir de sa torpeur en élevant haut sa voix pour faire entendre sa cause. Kinshasa doit par conséquent briser le lien compromettant qu’il continue à entretenir, de manière coupable, avec le régime de Kigali. 

Affichant l’incapacité de la communauté internationale à agir efficacement pour une paix durable dans la région des Grands Lacs, le secrétaire général des Nations unies a fait remarquer que « les dirigeants de la région des Grands Lacs seront les vecteurs essentiels de paix, de stabilité et de croissance économique ».

Autrement dit, la balle est lancée dans le camp de Kinshasa, notamment.  Cela en démontrant sa bonne volonté par le lancement d’actions de grande envergure. Kinshasa est donc appelé à quitter son attitude de mi-figue mi-raisin qui contribue à rendre utopique le retour de la paix dans l’Est de la RDC. Il doit cesser de prêter le flanc à Kigali.

Le Potentiel

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