jeudi 13 juin 2013

A Tripoli, l’obsession Kadhafi

Les katibas, ces brigades de combattants créées pendant le conflit libyen pour renverser le régime de Mouammar Kadhafi, continuaient jeudi 2 mai à encercler le ministère des affaires étrangères, ainsi que celui de la justice, à Tripoli, la capitale libyenne.

Lourdement armées, ces milices post-révolutionnaires, venues de Misrata, de Tajoura ou d'Ifren, réclament, depuis dimanche 28 avril, l'application de la loi d'exclusion. En cours d'examen au Congrès national, ce texte prévoit l'épuration de la vie publique et politique des fonctionnaires qui ont travaillé sous l'ancien régime.

Au-delà des débats tendus que ce projet suscite, sur l'étendue de l'exclusion, comme sur le pouvoir que ces katibas s'arrogent par les armes, l'ombre de l'ex-dictateur continue à hanter les Libyens. Dix-huit mois après la chute de l'ancien régime en octobre 2011, l'obsession de Kadhafi, même mort, se lit sur tous les murs de Tripoli.


"En avant!" crie Mouammar Kadhafi

Présents dès le début du conflit, les graffitis et les caricatures de l'ancien "guide" libyen se sont petit à petit répandus dans tous les quartiers.


Echec et mat. Sous la main qui renverse le "roi" Kadhafi, figure en arabe le nom des grandes katibas des combattants de Benghazi, Misrata, Zaouïa, Zenten...


Kadhafi entouré de mouches

Après quarante-deux ans de dictature, les Libyens se vengent en se défoulant et en ridiculisant leur ancien dirigeant. Lui qui avait comparé les rebelles à des rats qu'il traquerait "zenga, zenga", rue par rue, le voici justement croqué dans la rue sous forme de rat.


Juste en-dessous est écrit en anglais "Never give up"

La liberté d'expression recouvrée en Libye se manifeste de la sorte, par dizaines de dessins. Communs à l'ensemble des pays touché par le "printemps arabe", les graffitis sont cependant nulle part ailleurs aussi personnalisés.

A Tunis, les caricatures de Zine El-Abidine Ben Ali, réfugié depuis janvier 2011 en Arabie Saoudite, sont rares. Ici, elles explosent au regard.


Fuyant sous les bombes...


...Ou discutant avec le diable

Pour de nombreux Libyens, les partisans de l'ancien régime restent une menace, qu'ils soient dans le pays ou dispersés à l'étranger, en Egypte, en Tunisie, où à Oman, où se trouve Aïcha Kadhafi, la fille de l'ancien dirigeant et une partie de sa famille.

"Ils sont actifs, et ils ont des moyens estimés à 150 milliards de dollars", affirmait récemment au Monde, Mohamed Abdelaziz, le ministre des affaires étrangères libyen, pourtant lui-même visé par la loi d'exclusion politique.

Personne n'a oublié le massacre, en 1996, de 1 200 prisonniers, en majorité islamistes, dans la terrible prison d'Abou Selim, en passe de devenir un musée. Avec ses peintures sur les murs, elle aussi...




Prison d'Abou Selim, Tripoli

Le Monde.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire