jeudi 13 juin 2013

En Ethiopie, avec les paysans expropriés

En écho avec le message d’alerte remis le 5 juin 2013 par plusieurs collectifs africains à Vincent Bolloré, dénonçant les conditions de vie et de travail, au sein ou à proximité de ses immenses plantations en Afrique (lire notre article), voici ce reportage en Éthiopie, premier volet d’un vaste projet d'Alfredo Bini sur l’accaparement de terres dans le monde.

Ces terres riches car fertiles ou recelant en sous-sol des matières premières sont exploitées par des multinationales ou des États, appauvrissant les populations locales.

Le prochain reportage d'Alfredo Bini est prévu en Argentine, s’il arrive à trouver les financements nécessaires. Pour le soutenir ou s'informer du projet, on peut entrer en contact avec le photographe sur ses comptes Facebook et Twitter (@alfredobini75)

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Awash, près de la réserve naturelle d'Aledeghi. Un berger afar, menacé d'expropriation par les projets de la compagnie Metahara, indique l'emplacement de la future route qui servira au transport de la canne à sucre. Alors que l'agriculture destinée à l'exportation est en plein boom, le Programme alimentaire mondial et l'administration américaine sont obligés de subvenir aux besoins en nourriture des habitants.

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Dans le complexe de Karuturi, à Gambela. Abago arrose les palmiers à huile de la pépinière. Son village sera probablement détruit pour faire de la place pour les plantations.

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Gawani. John, travailleur agricole, n'a pas été payé depuis trois mois. Il est l'un des dix employés qui auraient dû travailler sur les 2 000 hectares loués par un investisseur saoudien pour la production de luzerne destinée aux élevages bovins d'Arabie saoudite. Mais la production n'a jamais démarré.

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Dans les environs de Gambela. Adam et Nebiyu sont bergers. Depuis qu'une partie de leurs terres ancestrales ont été cédées à des investisseurs et clôturées, ils n'ont plus accès à certains pâturages. Ils mettent beaucoup plus de temps qu'auparavant à conduire leurs troupeaux aux points d'eau encore accessibles.

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Dans la région de Tigray. La moyenne de la superficie allouée aux fermiers locaux ne dépasse pas 0,6 hectare, ce qui est insuffisant pour subvenir aux besoins en nourriture des familles des environs. L'Éthiopie est le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique.

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L'école d'Arabhara, un petit village afar non loin de la réserve naturelle d'Aledeghi. Le village, dont une grande partie de la nourriture consommée provient de l'aide humanitaire, se trouve dans la zone de 20 000 hectares convoitée par la Metahara pour étendre sa production de canne à sucre.

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Jeune Afar dont le village doit être déplacé afin de permettre à la compagnie sucrière Metahara, propriété du gouvernement, de se développer. Les Afars se disent prêts à prendre les armes pour défendre leurs terres.

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Des hommes armés gardent les tuyaux d'irrigation des plantations de la compagnie sucrière Metahara, pour empêcher les sabotages ou les attaques des paysans locaux.

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Gambela. Brûlis dans le complexe de la compagnie Karuturi. Cette pratique vise à faciliter le travail des bulldozers qui doivent préparer la terre pour la plantation de palmiers à huile et de canne à sucre.

L'exploitation occupera 300 000 hectares et l'on construit un canal pour acheminer l'eau depuis le fleuve Boro. L'exploitation est toute proche d'un parc national réputé, second plus grand lieu de migration d'animaux en Afrique.

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Gawani. Des paysannes afars cueillent du coton sur la plantation d'Herrie Hamedi Ali.

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Awash, près de la réserve naturelle d'Aledeghi. Plantation de canne à sucre pour la compagnie gouvernementale Metahara. Un plan d'expansion de 20 000 hectares est prévu pour booster la production. La canne sera également exploitée pour la fabrication de biocarburants.

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La compagnie sucrière de Metahara, à 80 km de la ville du même nom, produit du sucre et des bio-carburants. Lopiso Lagedo, ouvrier agricole, travaille aux champs de 5 heures du matin à 1 heure de l'après-midi pour 0,60 euro par jour.

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Le département des expéditions de Jittu, dans l'usine d'Awasa. Birtukan Maneko, 28 ans, polit les poivrons qui seront expédiés dans les Émirats arabes unis. Jittu est notamment, via un distributeur dubaïote, le fournisseur exclusif de la chaîne d'hôtels Hilton. 80 % de la production éthiopienne est destinée à l'exportation.

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Awasa. Les serres de l'entreprise saoudienne Jittu Horticulture, où sont cultivées des tomates cœur de bœuf. Jittu, propriété du cheikh Al Amoudi (63e au classement des hommes les plus riches de la planète), est l'une des plus grosses compagnies agricoles d'Éthiopie et la première exportatrice vers l'Union européenne. Dans ses serres réparties sur plus de 800 hectares, elle emploie quelque 1 300 ouvriers payés environ 0,80 euro par jour.

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Metahara. La route qui conduit au port de Djibouti longe l'ancien chemin de fer. Construit dans les années 1930 par les colons italiens, il va être remis en service, grâce notamment à des financements européens. Cela afin de favoriser l'exportation des produits agricoles qui ne peuvent être acheminés vers les pays destinataires par avion.

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Addis-Abeba. M. Birinder Singh, directeur de Karuturi Agro Industries, désigne tous les territoires appartenant au géant indien. Karaturi est le numéro 1 mondial de la production de roses coupées. Autrefois établi au Kenya, il se déplace désormais vers l'Éthiopie, les conditions de travail y étant plus avantageuses.

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Addis-Abeba. Des traders à la bourse éthiopienne des matières premières (essentiellement le café, le blé, le maïs, le sésame et le coton). Les volumes d'échanges ne dépassent pas 1 million de dollars par jour, mais on s'attend à un boum dans les cinq prochaines années, en raison de la croissance exponentielle du secteur agricole.

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Riyad, Arabie saoudite. Conférence pour les investissements en Afrique des pays du Golfe. Réunion de travail de la commission dédiée aux échanges commerciaux.

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Al Charjah, Émirats arabes unis. L'un des centres de stockage où l'entreprise Jittu achemine ses cargaisons de fruits et légumes en provenance d'Éthiopie.

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Addis-Abeba. Un marchand de primeurs au grand marché. Les paysans locaux font pousser leurs produits selon des méthodes traditionnelles, sans pesticides, sur de petites parcelles situées pour la plupart aux abords de la capitale. Leur activité est menacée par l'actuel processus d'industrialisation de l'agriculture.

Alfredo Bini 

 en partenariat avec MEDIAPART

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