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Le verdict rendu dans l'affaire "Trayvon Martin", suscite l'indignation.
Pour Charles Corprew, professeur en psychologie à l’université de Tulane
(Nouvelle-Orléans), l’acquittement de George Zimmerman est
symptomatique du contexte historique américain.
Pourquoi ce procès a-t-il déclenché un débat national ?
Pourquoi ce procès a-t-il déclenché un débat national ?
Il
existe un contexte historique de violences contre les hommes noirs aux
Etats-Unis. L’esclavagisme, d’abord, puis les lois ségrégationnistes de
Jim Crow, et enfin les tensions, surtout dans le sud du pays, liées à
la lutte pour les droits civiques des Africains-Américains. Il y a eu
aussi plusieurs cas célèbres, comme celui d’Amadou Diallo à New York,
ou récemment, celui de Jordan Davis, tué d’un coup de revolver par un
homme blanc en Floride. Trayvon Martin, un adolescent noir non armé
abattu par une personne associée à la race blanche, est devenu le
symbole de la violence répétée envers l’homme noir aux Etats-Unis. Son
cas est devenu un porte-voix pour ce genre de situation.
Etes-vous surpris par cet acquittement ?
Malheureusement,
non. Le contexte historique fait que la vie des afro-américains est
perçue comme moins importante que celle des autres ethnicités aux
Etats-Unis. Nous avons vu des hommes blancs être acquittés pour des
crimes bien plus haineux que celui de George Zimmerman.
Suis-je déçu ?
Bien
sûr. Car la vie d’un adolescent, qui rentrait chez lui avec un paquet
des friandises à la main, s’est envolée. C’est tragique, mais je ne suis
pas surpris, alors que je devrais l’être.
Quel va être l’effet de ce verdict sur les relations raciales aux Etats-Unis ?
Je
pense qu’il ne faut pas utiliser un verre grossissant. D’une part, il
est vrai que ce verdict renforce l’idée que les afro-américains sont
toujours considérés comme une sous-classe et qu’ils ne reçoivent pas la
justice qu’ils méritent dans leur pays. Il est vrai qu’il existe encore
beaucoup de problèmes. Certains droits acquis dans le passé sont même
remis en cause. Je pense à la récente décision de la Cour suprême de
supprimer les garde-fous contre la discrimination raciale aux urnes dans
les Etats au passé ségrégationniste. Et certaines personnes se vouent
toujours une haine réciproque. Mais le pays a fait d’énormes progrès ,et
nous, afro-américains, sommes très résistants. Ce verdict nous
encourage à continuer à nous battre pour l’égalité. A 40 ans, je suis
heureux de voir à quel point les jeunes générations se mélangent,
indépendamment de leurs origines, sans contrainte idéologique.
Les afro-américains représentent 14 % de la population américaine, mais 40 % des personnes incarcérées. Pourquoi ?
Certaines
lois sont discriminatoires : un vendeur ou consommateur de crack, une
drogue associée au ghetto noir, sera plus sévèrement puni que quelqu’un
qui achète de la cocaïne, la drogue des Blancs. Il y a aussi un degré
de violence dans les quartiers noirs, qui mène à davantage
d’arrestations pour mauvais comportement ou pour trafic illégal. Ce sont
quelques-unes des raisons.
La Libre.be
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