lundi 15 juillet 2013

Acquitement de Zimmerman: un "porte-voix" pour la communauté noire américaine

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Le verdict rendu dans l'affaire "Trayvon Martin", suscite l'indignation. 
 
Pour Charles Corprew, professeur en psychologie à l’université de Tulane (Nouvelle-Orléans), l’acquittement de George Zimmerman est symptomatique du contexte historique américain.

Pourquoi ce procès a-t-il déclenché un débat national ? 

Il existe un contexte historique de violences contre les hommes noirs aux Etats-Unis. L’esclavagisme, d’abord, puis les lois ségrégationnistes de Jim Crow, et enfin les tensions, surtout dans le sud du pays, liées à la lutte pour les droits civiques des Africains-Américains. Il y a eu aussi plusieurs cas célèbres, comme celui d’Amadou Diallo à New York, ou récemment, celui de Jordan Davis, tué d’un coup de revolver par un homme blanc en Floride. Trayvon Martin, un adolescent noir non armé abattu par une personne associée à la race blanche, est devenu le symbole de la violence répétée envers l’homme noir aux Etats-Unis. Son cas est devenu un porte-voix pour ce genre de situation. 

Etes-vous surpris par cet acquittement ? 

Malheureusement, non. Le contexte historique fait que la vie des afro-américains est perçue comme moins importante que celle des autres ethnicités aux Etats-Unis. Nous avons vu des hommes blancs être acquittés pour des crimes bien plus haineux que celui de George Zimmerman. 

Suis-je déçu ? 

Bien sûr. Car la vie d’un adolescent, qui rentrait chez lui avec un paquet des friandises à la main, s’est envolée. C’est tragique, mais je ne suis pas surpris, alors que je devrais l’être. 

Quel va être l’effet de ce verdict sur les relations raciales aux Etats-Unis ? 

Je pense qu’il ne faut pas utiliser un verre grossissant. D’une part, il est vrai que ce verdict renforce l’idée que les afro-américains sont toujours considérés comme une sous-classe et qu’ils ne reçoivent pas la justice qu’ils méritent dans leur pays. Il est vrai qu’il existe encore beaucoup de problèmes. Certains droits acquis dans le passé sont même remis en cause. Je pense à la récente décision de la Cour suprême de supprimer les garde-fous contre la discrimination raciale aux urnes dans les Etats au passé ségrégationniste. Et certaines personnes se vouent toujours une haine réciproque. Mais le pays a fait d’énormes progrès ,et nous, afro-américains, sommes très résistants. Ce verdict nous encourage à continuer à nous battre pour l’égalité. A 40 ans, je suis heureux de voir à quel point les jeunes générations se mélangent, indépendamment de leurs origines, sans contrainte idéologique. 

Les afro-américains représentent 14 % de la population américaine, mais 40 % des personnes incarcérées. Pourquoi ? 

Certaines lois sont discriminatoires : un vendeur ou consommateur de crack, une drogue associée au ghetto noir, sera plus sévèrement puni que quelqu’un qui achète de la cocaïne, la drogue des Blancs. Il y a aussi un degré de violence dans les quartiers noirs, qui mène à davantage d’arrestations pour mauvais comportement ou pour trafic illégal. Ce sont quelques-unes des raisons.
 
Entretien Stéphanie Fontenoy Correspondante aux Etats-Unis
La Libre.be

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