30/07/2013
Depuis lundi, ces images créent l’indignation au Congo-Brazzaville :
dans une forêt du centre-ville des femmes sont humiliées par des
éléments de la garde républicaine, qui les forcent à se déshabiller tout
en les filmant hilares. Selon nos Observateurs, ce corps d’élite
congolais bénéficierait d’une totale impunité.
D’après plusieurs témoignages recoupés par FRANCE 24, la scène se serait déroulée le 23 juillet dans la forêt Patte d’Oie, un lieu réputé pour abriter essentiellement des prostituées originaires
de la République démocratique du Congo.
La forêt est située à quelques
mètres du Palais du Parlement où s’ouvrait le même jour le Forum économique Forbes consacré à l’émergence des classes moyennes en Afrique.
Cinq femmes présentes dans la forêt sont forcées par les gardes de se déshabiller entièrement.
Sur la vidéo publiée par le site Brazzanews, les cinq femmes sont
forcées de se déshabiller devant une patrouille d’éléments de la garde
républicaine, reconnaissables à leurs bérets violets traditionnels.
La
vidéo est prise d’un téléphone portable par un des gardes assistant à la
scène. À plusieurs reprises un des gardes installés dans une voiture
ordonne "Madame, enlevez tout, rapidement !".
Une fois qu’elles sont
totalement nues, on leur lance "vous voyez à quoi vous ressemblez, vous
n’avez pas honte". Puis elles sont forcées de marcher dans de grandes
herbes urticantes. À la fin de la vidéo, les cinq femmes sont autorisées
à se rhabiller et reçoivent l’ordre de ne plus jamais revenir dans
cette forêt.
Postée sur Youtube puis Dailymotion,
la vidéo a depuis été censurée par les deux sites de partage de vidéo.
FRANCE 24, qui a récupéré les images, a choisi de n’en diffuser que des
captures d’écran.
Les gardes républicains leurs demandent ensuite de passer par les grandes herbes urticantes en guise de punition.
Contacté par FRANCE 24, le délégué en charge de la presse de la
présidence du Congo-Brazzaville, André Ondélé, a affirmé que la
présidence n’avait pas eu connaissance de cette scène. FRANCE 24 lui a
transmis les images et publiera la réaction lorsque celle-ci nous
parviendra.
Les femmes sont autorisées à se rhabiller avant d'être invitées à quitter les lieux par les gardes.
"Ces femmes sont probablement des prostituées de RDC (…) la garde a voulu leur dire qu’elle ne sont pas les bienvenues"
Les gardes républicains étaient en opération avant le forum pour
"nettoyer" les alentours du Palais du Parlement. Parmi ces femmes, qui
sont très probablement des prostituées, la plupart doivent être
originaires de RDC.
En effet, les "Zaïroises" viennent au Congo pour des
raisons économiques, souvent très pauvres, elles constituent la
quasi-totalité des prostituées à Brazzaville. Sur ces images,
l’objectif des gardes est de leur montrer qu’elles ne sont pas les
bienvenues.
Cette vidéo s’inscrit dans un contexte plus large de xénophobie
envers les personnes venues de RDC. Ces "étrangers Zaïrois" sont la
cible d’opérations de ratissage. Le 5 juillet, lors des célébrations du 50ème anniversaire de la ville d’Oyo
dans le nord du Congo-Brazzaville, la police avait chassé beaucoup de
ressortissants de République démocratique du Congo.
Récemment, une vidéo
publiée sur le Net a montré le directeur général de la police,
Jean-François N’Dengué, en train d’inviter la population à "tuer les Zaïrois" et plus précisément les Kulunas, un gang originaire de Kinshasa en lingala [la langue locale].
"On a tellement peur des bérets violets, qu'on rase les murs quand on les voit"
Quand j’ai vu la vidéo, j’ai eu les poils qui se sont hérissés,
c’était comme si on faisait ça à ma mère ! Ce qui me choque le plus,
c’est qu’à la fin de la séquence, on voit les gardes se filmer, comme
s’ils étaient fiers de ce qu’ils venaient de faire, et de se féliciter
ouvertement d’avoir mis les femmes toutes nues.
Ces gardes se permettent
tout, même de se filmer en train de faire leurs sévices, car ils savent
qu’ils n’auront aucune sanction tant que la vidéo ne sera pas rendue
publique.
Ce n’est pas la première fois que la garde républicaine agit ainsi,
on entend souvent des histoires d’humiliation publique.
En 2011,
j’avais été très choqué lorsque Paul Marie Mpouélé, un militant
politique d’opposition, avait été roué de coups et déshabillé dans les rues de Brazzaville
parce qu’il avait voulu organiser une marche pacifique [qui n’avait pas
reçu les autorisations de la gendarmerie].
On a tellement peur des
bérets violets, qu'on rase les murs quand on les voit.
Un des gardes, dans une voiture, donne les ordres aux cinq femmes.
La garde républicaine est la force la mieux formée du Congo, je
n’arrive pas à comprendre que des personnes qui sont l’élite de la
sécurité de notre pays puissent se comporter ainsi !
On a l’impression
que cette impunité est maintenant rentrée dans les mœurs. Et cette
absence de sanction autour des gardes républicains donnent des idées aux
policiers qui se permettent de faire le même genre de chose [en avril,
FRANCE 24 diffusait une vidéo montrant des abus sexuels commis par des policiers de Brazzaville].
À la fin de la vidéo, les soldats se filment et manifestent leur joie d'avoir réprimandé ces femmes.
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