Mardi 30 juillet 2013
Depuis le vote de la résolution 2098 par le Conseil de sécurité de l’ONU et les contributions de la Tanzanie, de l’Afrique du Sud et du Malawi à composition de la brigade d’intervention spéciale de le l’ONU chargée de traquer les forces négatives dans l’Est du Congo, au nombre desquels le M23, ce mouvement avait lancé en vain au printemps dernier une série d’actions de lobbying et de séduction auprès des pays susmentionnés et des dirigeants de la SADC.
Le M23 est allé même menacer ces pays en promettant l’enfer à leurs troupes. Cela n’a pas été du goût du président tanzanien, qui ayant compris la manœuvre du M23 téléguidé depuis Kigali, a exiger au Rwanda et à l’Ouganda d’ouvrir un espace politique de dialogue avec leurs rébellions respectives installées en RDC.
Depuis, c’est le grand je t’aime moi non plus entre Kagame en perte de vitesse et Kikwete de plus en plus pressenti pour reprendre la direction et le leadership régional de la région des Grands Lacs.
Ainsi, après son échec diplomatique et ses défaites militaires, le M23 passe à l’acte en exhibant la carte et les photos d’un militaire tanzanien capturé lors de derniers combats qui se sont déroulés les semaines écoulées au Nord-Kivu. Une stratégie de heurter la sensibilité de l’opinion publique tanzanienne afin de faire pression sur leur président pour retirer ses troupes du Congo.
Quoi que tout à fait in opérationnelle, la présence dissuasive de la brigade d’intervention déjoue la tactique du m23 et son parrain rwandais. Ce dernier, par la voix de son président, Paul Kagame, dans une allocution tenue le 30 Juin 2013 devant la jeunesse Rwandaise sur la culpabilité.
Des jeunes Hutu tenus pour responsables des crimes commis par leurs parents, s’est permis de s’attaquer au Président Tanzanien, Kikwete en ces mots d’abord en Kinyarwanda : « Ces gens [le président tanzanien Jakaya Kikwete] vous venez d’entendre prendre langue avec les Interahamwe et FDLR et exhortant des négociations … des négociations?
Moi, je n’ai même pas à discuter de ce sujet, parce que [s’exprimant ensuite en anglais pour que Kikwete le comprenne clairement] « je vais t’attendre » [le président tanzanien Jakaya Kikwete] à la bonne place et je vais te frapper! Il [le président tanzanien Jakaya Kikwete] ne méritait pas ma réponse. Je ne perds pas mon temps a lui répondre … c’est bien connu. Il ya une ligne qu’il ne faut jamais franchir. C’est impossible … » qui recommande au Rwanda de négocier avec les FDLR.
La réponse du berger à la bergère ne s’est pas fait attendre, le président tanzanien a réagi avec fermeté en swahili cette fois-ci [pour que Kagame le comprenne bien et les analystes apprécieront cette rhétorique diplomatico-belliqueuse] en prévenant Kagame qu’il sera frappé comme un gamin. Voilà une passe d’armes diplomatiques qui ne cessera pas d’alimenter des débats dans la région.
Ainsi, dans une communication faite le weekend dernier aux médias ougandais, les responsables du M23 ont annoncé avoir capturé un soldat tanzanien identifié au nom de Christopher George Yohana qui a déclaré avoir combattu avec au moins 70 autres ressortissants tanzaniens, experts en artillerie, aux côtés des FARDC/FDLR.
Le M23 a même exhibé le passeport avec la photo du soldat tanzanien et a déclaré que l’intéressé était détenteur d’un fusil d’assaut AK47 avec le numéro de série 1372.
Il commandait, au moment de sa capture une unité d’éléments des FDLR. Depuis l’annonce de cette information, le M23 est resté avare de déclarations à ce sujet. On comprend que le M23 désemparé, tente par tous les moyens à justifier l’entrée officielle des troupes de son allié rwandais au Congo depuis que la communauté internationale a redoublé de pression sur l’implication du Rwanda au Congo.
Le M23 et le Rwanda essayent de mener par tous les moyens, des actions pour discréditer les FARDC et la Monusco en ternissant leur image. Des allégations rejetées par les autorités tanzaniennes qui n’ont pas confirmé la détention d’un militaire tanzanien par le M23.
Se dirige-t-on vers un remake Idi Amin Dada – Julius Nyerere ?
Les invectives verbales entre Kagame et Kikwete font rappeler un précédent similaire qui s’est déroulé 38 ans plus tôt entre cette fois-là l’Ouganda et la Tanzanie.
En octobre 1978, les troupes ougandaises d’Idi Amin Dada envahissent une partie du territoire tanzanien, dans la région de la Kagera. Le Julius Nyerere, le président tanzanien de l’époque, qui entretenait déjà de mauvaises relations avec Amin Dada, décide de punir son voisin envahissant.
Avec l’aide de nombreux mouvements de résistance à la junte militaire, Nyerere crée le Front national de libération de l’Ouganda (UNLF) et l’UNLA. En avril 1979, l’UNLA occupe Kampala.
Malgré un ultime appui de la part de la Lybie et du Soudan, Idi Amin Dada est contraint à l’exil en Libye.
Des exilés ougandais vont former un gouvernement provisoire avec à sa tête Yusufu Lule. Le 27 mai 1980, Apolo Milton Obote, évincé du pouvoir par Idi Amin Dada en 1971, quitte la Tanzanie et revient au pays pour reprendre son poste de président le 15 décembre 1980.
Milton Obote sera à son tour évincé du pouvoir en 1986 au profit de Yoweri Kaguta Museveni avec l’aide des services secrets zaïrois de Mobutu dirigés à l’époque par M. Honoré Ngbanda.
Or à y regarder de près, la guerre des mots entre Kagame et Kikwete ressemble à s’y méprendre au scenario ci-haut décrit. Puisque l’histoire africaine reste un éternel retour à la case départ, le Rwanda risque de subir le sort et la correction affligés par la Tanzanie à l’ouganda en 1979. Un Kagame averti en vaut doublement (Mobutu et idi Amin) deux!
Un trio en exercice de leurs derniers mandats présidentiels respectifs ?
Ce qui est excitant pour les analystes politiques est de faire les projections sur ce que sera le leadership dans les années à venir des trois pays voisins qui occupent le bas du pavé de l’actualité macabre des Grands Lacs : Ouganda, RDC et Rwanda. En effet, Museveni et Kabila exercent leurs derniers mandats présidentiels jusqu’en 2016 et Kagame jusqu’en 2017.
On sent déjà une certaine effervescence politique dans leurs pays respectifs.
En Ouganda, Museveni doit décider s’il briguera un quatrième mandat en 2016. Cependant, même les électeurs qui reconnaissent son travail accompli depuis le coup d’Etat qui a renversé Milton Obote sont d’avis qu’il est temps de changer de dirigeant.
Des rumeurs font état qu’il se préparerait à « léguer » le pouvoir à son fils, Muhoozi Kainerugaba (né le 24 Avril 1974 – voir photo ci-contre).
Ce dernier a gravi de manière supersonique les échelons militaires et a connu une ascension fulgurante avec le grade de Général de brigade de l’armée ougandaise (UPDF) où il a est le commandant du Groupe de forces spéciales, qui englobe l’unité appelée Brigade de la Garde présidentielle chargée d’assurer la sécurité du président de l’Ouganda et aux monarques constitutionnels de l’Ouganda.
Le groupe de forces spéciales est également chargé d’assurer la sécurité des installations pétrolières ougandaises. Il ne se passe pas un jour sans que la presse ougandaise fasse de ce « bébé général gâté et doré » ses choux gras.
Au Rwanda, avec une fin de présidence de plus en plus controversée et décriée un peu partout, en plus d’être ternie par son implication négative au Congo, Kagame refuse de se prononcer sur son éventuelle succession à la tête du pays.
Il a même évoqué la possibilité de convoquer un débat national à ce sujet: « le Rwanda d’aujourd’hui n’a pas été fait pour moi » s’exprimait-il sur Jeune Afrique et qu’il souhaitait que le débat sur son possible maintien à la tête de l’État se poursuive : « Le changement est nécessaire (…) mais il doit obéir à deux conditions : la poursuite du progrès dans tous les domaines et la sécurité nationale. Que je reste ou pas, il s’agit là d’impératifs absolus. »
Quant au Congo voisin, on constate déjà une levée de boucliers au niveau de l’opposition, de l’église catholique et de la société civile quant aux tentatives de modification de la constitution en vue de permettre à Kabila de rempiler pour un troisième mandat avec la sortie test de la réaction de l’opinion publique du livre du Mazarin déchu Evariste Boshab ?
Avec la tenue prochaine des concertations / dialogue sur la cohésion nationale, la tension politique ne cessera sans doute de monter à chaque jours que l’on s’approche à petits pas de 2016, année de tous les dangers au Congo et dans la région.
En 1986, un homme écrivait : « Le problème de l’Afrique en général et de l’Ouganda en particulier, ce n’est pas son peuple, mais les dirigeants qui veulent rester trop longtemps au pouvoir ».
Cet homme n’était autre que Museveni lui-même, qui venait d’arriver à la tête du pays. Quelle est son opinion après avoir régné 27 ans à la tête de ce pays, sans partage du pouvoir, qu’un de ses généraux, détenu depuis, a jugé de prison à ciel ouvert ? C’est tout simplement schizophrénique non !
Jean-Jacques Wondo
VERITAS
Depuis le vote de la résolution 2098 par le Conseil de sécurité de l’ONU et les contributions de la Tanzanie, de l’Afrique du Sud et du Malawi à composition de la brigade d’intervention spéciale de le l’ONU chargée de traquer les forces négatives dans l’Est du Congo, au nombre desquels le M23, ce mouvement avait lancé en vain au printemps dernier une série d’actions de lobbying et de séduction auprès des pays susmentionnés et des dirigeants de la SADC.
Le M23 est allé même menacer ces pays en promettant l’enfer à leurs troupes. Cela n’a pas été du goût du président tanzanien, qui ayant compris la manœuvre du M23 téléguidé depuis Kigali, a exiger au Rwanda et à l’Ouganda d’ouvrir un espace politique de dialogue avec leurs rébellions respectives installées en RDC.
Depuis, c’est le grand je t’aime moi non plus entre Kagame en perte de vitesse et Kikwete de plus en plus pressenti pour reprendre la direction et le leadership régional de la région des Grands Lacs.
Ainsi, après son échec diplomatique et ses défaites militaires, le M23 passe à l’acte en exhibant la carte et les photos d’un militaire tanzanien capturé lors de derniers combats qui se sont déroulés les semaines écoulées au Nord-Kivu. Une stratégie de heurter la sensibilité de l’opinion publique tanzanienne afin de faire pression sur leur président pour retirer ses troupes du Congo.
Quoi que tout à fait in opérationnelle, la présence dissuasive de la brigade d’intervention déjoue la tactique du m23 et son parrain rwandais. Ce dernier, par la voix de son président, Paul Kagame, dans une allocution tenue le 30 Juin 2013 devant la jeunesse Rwandaise sur la culpabilité.
Des jeunes Hutu tenus pour responsables des crimes commis par leurs parents, s’est permis de s’attaquer au Président Tanzanien, Kikwete en ces mots d’abord en Kinyarwanda : « Ces gens [le président tanzanien Jakaya Kikwete] vous venez d’entendre prendre langue avec les Interahamwe et FDLR et exhortant des négociations … des négociations?
Moi, je n’ai même pas à discuter de ce sujet, parce que [s’exprimant ensuite en anglais pour que Kikwete le comprenne clairement] « je vais t’attendre » [le président tanzanien Jakaya Kikwete] à la bonne place et je vais te frapper! Il [le président tanzanien Jakaya Kikwete] ne méritait pas ma réponse. Je ne perds pas mon temps a lui répondre … c’est bien connu. Il ya une ligne qu’il ne faut jamais franchir. C’est impossible … » qui recommande au Rwanda de négocier avec les FDLR.
La réponse du berger à la bergère ne s’est pas fait attendre, le président tanzanien a réagi avec fermeté en swahili cette fois-ci [pour que Kagame le comprenne bien et les analystes apprécieront cette rhétorique diplomatico-belliqueuse] en prévenant Kagame qu’il sera frappé comme un gamin. Voilà une passe d’armes diplomatiques qui ne cessera pas d’alimenter des débats dans la région.
Ainsi, dans une communication faite le weekend dernier aux médias ougandais, les responsables du M23 ont annoncé avoir capturé un soldat tanzanien identifié au nom de Christopher George Yohana qui a déclaré avoir combattu avec au moins 70 autres ressortissants tanzaniens, experts en artillerie, aux côtés des FARDC/FDLR.
Le M23 a même exhibé le passeport avec la photo du soldat tanzanien et a déclaré que l’intéressé était détenteur d’un fusil d’assaut AK47 avec le numéro de série 1372.
Il commandait, au moment de sa capture une unité d’éléments des FDLR. Depuis l’annonce de cette information, le M23 est resté avare de déclarations à ce sujet. On comprend que le M23 désemparé, tente par tous les moyens à justifier l’entrée officielle des troupes de son allié rwandais au Congo depuis que la communauté internationale a redoublé de pression sur l’implication du Rwanda au Congo.
Le M23 et le Rwanda essayent de mener par tous les moyens, des actions pour discréditer les FARDC et la Monusco en ternissant leur image. Des allégations rejetées par les autorités tanzaniennes qui n’ont pas confirmé la détention d’un militaire tanzanien par le M23.
Se dirige-t-on vers un remake Idi Amin Dada – Julius Nyerere ?
Les invectives verbales entre Kagame et Kikwete font rappeler un précédent similaire qui s’est déroulé 38 ans plus tôt entre cette fois-là l’Ouganda et la Tanzanie.
En octobre 1978, les troupes ougandaises d’Idi Amin Dada envahissent une partie du territoire tanzanien, dans la région de la Kagera. Le Julius Nyerere, le président tanzanien de l’époque, qui entretenait déjà de mauvaises relations avec Amin Dada, décide de punir son voisin envahissant.
Avec l’aide de nombreux mouvements de résistance à la junte militaire, Nyerere crée le Front national de libération de l’Ouganda (UNLF) et l’UNLA. En avril 1979, l’UNLA occupe Kampala.
Malgré un ultime appui de la part de la Lybie et du Soudan, Idi Amin Dada est contraint à l’exil en Libye.
Des exilés ougandais vont former un gouvernement provisoire avec à sa tête Yusufu Lule. Le 27 mai 1980, Apolo Milton Obote, évincé du pouvoir par Idi Amin Dada en 1971, quitte la Tanzanie et revient au pays pour reprendre son poste de président le 15 décembre 1980.
Milton Obote sera à son tour évincé du pouvoir en 1986 au profit de Yoweri Kaguta Museveni avec l’aide des services secrets zaïrois de Mobutu dirigés à l’époque par M. Honoré Ngbanda.
Or à y regarder de près, la guerre des mots entre Kagame et Kikwete ressemble à s’y méprendre au scenario ci-haut décrit. Puisque l’histoire africaine reste un éternel retour à la case départ, le Rwanda risque de subir le sort et la correction affligés par la Tanzanie à l’ouganda en 1979. Un Kagame averti en vaut doublement (Mobutu et idi Amin) deux!
Un trio en exercice de leurs derniers mandats présidentiels respectifs ?
Ce qui est excitant pour les analystes politiques est de faire les projections sur ce que sera le leadership dans les années à venir des trois pays voisins qui occupent le bas du pavé de l’actualité macabre des Grands Lacs : Ouganda, RDC et Rwanda. En effet, Museveni et Kabila exercent leurs derniers mandats présidentiels jusqu’en 2016 et Kagame jusqu’en 2017.
On sent déjà une certaine effervescence politique dans leurs pays respectifs.
En Ouganda, Museveni doit décider s’il briguera un quatrième mandat en 2016. Cependant, même les électeurs qui reconnaissent son travail accompli depuis le coup d’Etat qui a renversé Milton Obote sont d’avis qu’il est temps de changer de dirigeant.
Des rumeurs font état qu’il se préparerait à « léguer » le pouvoir à son fils, Muhoozi Kainerugaba (né le 24 Avril 1974 – voir photo ci-contre).
Ce dernier a gravi de manière supersonique les échelons militaires et a connu une ascension fulgurante avec le grade de Général de brigade de l’armée ougandaise (UPDF) où il a est le commandant du Groupe de forces spéciales, qui englobe l’unité appelée Brigade de la Garde présidentielle chargée d’assurer la sécurité du président de l’Ouganda et aux monarques constitutionnels de l’Ouganda.
Le groupe de forces spéciales est également chargé d’assurer la sécurité des installations pétrolières ougandaises. Il ne se passe pas un jour sans que la presse ougandaise fasse de ce « bébé général gâté et doré » ses choux gras.
Au Rwanda, avec une fin de présidence de plus en plus controversée et décriée un peu partout, en plus d’être ternie par son implication négative au Congo, Kagame refuse de se prononcer sur son éventuelle succession à la tête du pays.
Il a même évoqué la possibilité de convoquer un débat national à ce sujet: « le Rwanda d’aujourd’hui n’a pas été fait pour moi » s’exprimait-il sur Jeune Afrique et qu’il souhaitait que le débat sur son possible maintien à la tête de l’État se poursuive : « Le changement est nécessaire (…) mais il doit obéir à deux conditions : la poursuite du progrès dans tous les domaines et la sécurité nationale. Que je reste ou pas, il s’agit là d’impératifs absolus. »
Quant au Congo voisin, on constate déjà une levée de boucliers au niveau de l’opposition, de l’église catholique et de la société civile quant aux tentatives de modification de la constitution en vue de permettre à Kabila de rempiler pour un troisième mandat avec la sortie test de la réaction de l’opinion publique du livre du Mazarin déchu Evariste Boshab ?
Avec la tenue prochaine des concertations / dialogue sur la cohésion nationale, la tension politique ne cessera sans doute de monter à chaque jours que l’on s’approche à petits pas de 2016, année de tous les dangers au Congo et dans la région.
En 1986, un homme écrivait : « Le problème de l’Afrique en général et de l’Ouganda en particulier, ce n’est pas son peuple, mais les dirigeants qui veulent rester trop longtemps au pouvoir ».
Cet homme n’était autre que Museveni lui-même, qui venait d’arriver à la tête du pays. Quelle est son opinion après avoir régné 27 ans à la tête de ce pays, sans partage du pouvoir, qu’un de ses généraux, détenu depuis, a jugé de prison à ciel ouvert ? C’est tout simplement schizophrénique non !
Jean-Jacques Wondo
VERITAS
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