19-07-2013
Malgré les engagements des exploitants forestiers, à l'Equateur, des millions d'hectares de forêts détruits ne sont pas reconstitués. Habitants, services de l'environnement et société civile haussent le ton pour que les fonds perçus par l'Etat congolais servent réellement à reboiser.
En peu de temps, le paysage a radicalement changé.
De la forêt dense équatoriale avec ses gros arbres dont certains trônaient à près de 40 mètres de haut et de ses lianes en tous genres qui bordaient jadis le petit village d'Ekele, à une trentaine de kilomètres en aval de Mbandaka, sur la rive droite du fleuve Congo, il ne reste, dix ans après, qu'une grande clairière parsemée de souches d'arbres blanchies par le soleil, des parasoliers et autres petits arbustes.
La luxuriante végétation a été dévastée par des exploitants forestiers et des fabricants de braise. Ce spectacle désolant est familier dans plusieurs coins et recoins de la province de l’Equateur où d'immenses étendues de forêts ont du mal à retrouver leur exubérance d'antan.
Qui déboise reboise
Coordinateur de Service de réinvention, d'accompagnement et de réinsertion sociale, une ONG qui s'occupe de la protection de l'écosystème aquatique et forestier, Antoine Efeko, affirme qu’une vingtaine de sociétés industrielles appartenant à des expatriés et des milliers d’exploitants artisanaux Congolais œuvrent dans le domaine du bois à l'Equateur.
La superficie totale exploitée et déclarée par les premières citées s'élève à ce jour à plus de 5 millions d’hectares, couvrant 32 titres d’exploitation répartis dans 13 territoires. Concernant les exploitants artisanaux, "l'étendue de leurs dégâts n'est ni connue, ni maîtrisée".
Après les avoir exploitées, les uns et les autres abandonnent ces immenses étendues à leur triste sort et aux aléas de la nature.
Pour atténuer cette dégradation, le Code forestier congolais recommande le reboisement comme palliatif. Ce texte réglemente la gestion des écosystèmes en RDC et instaure le régime applicable à la conservation, à l’exploitation et à la mise en valeur des ressources forestières sur l’ensemble du pays.
Le Code stipule notamment (article 52) que "tout déboisement doit être compensé par un reboisement équivalent, en qualité et en superficie, au couvert forestier initial réalisé par l'auteur du déboisement ou à ses frais".
Mais, selon la Coordination provinciale de l'Environnement, le reboisement n'est pas du tout effectif à l'Equateur, malgré l'existence dans la province d'un bureau de reboisement.
A en croire Ekolo, agent de l'Environnement en retraite, pas un seul mètre carré de forêt n'aurait été reboisé à l'Equateur. Le dernier en date remonte, selon lui, à l'époque coloniale sur les sites de Lukolela et Lolanga.
Efforts des ONG
Antoine Efeko, lui, ne comprend pas pourquoi ça ne bouge pas alors que les exploitants forestiers continuent de s’acquitter de leurs taxes de déboisement à l’Etat et qu’il existe un bureau du Fonds forestier national (FFN) qui a, entre autres missions, de financer les projets de reboisement.
La loi veut que les exploitants forestiers payent la taxe de reboisement tandis que l'Etat s'occupe de l'exécution des travaux.
"C'est la raison même de notre combat à travers le forum de gouvernance, déclare-t-il. Nous multiplions les plaidoyers afin que cet argent puisse réellement servir au reboisement..."
Une soixantaine d'hectares ont néanmoins été reboisés par des structures de la société civile avec l'appui du Pnud et du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) à Ingende et dans l'hinterland de Mbandaka.
Des arbres fruitiers, le "Wenge", le "Sipo" et des arbres à chenilles ont été plantés. "Certes, c'est insignifiant par rapport à l'ampleur du désastre, mais c'est quand même un début...", se félicitent des ONG locales.
D’après elles, l’absence de reboisement expose les forêts de l'Equateur, une des principales pourvoyeuses d’oxygène de la planète, à des risques de dégradation avec des conséquences sur l’homme et son environnement.
C’est ainsi que s’y observe la disparition de certaines espèces animales et végétales, le tarissement de cours d'eau, la multiplication des érosions, la baisse de la production agricole, la perturbation du cycle saisonnier, etc.
Dans certaines contrées, ces effets se font sentir avec acuité. Des villageois affirment par exemple que les chenilles ne se ramassent plus en grande quantité comme autrefois, car les arbres qui leur servaient de lieu de reproduction ont été décimés par des exploitants forestiers.
Au village Ekele, l'érosion des rives dénudées du fleuve Congo s'accentue au fil des ans, menaçant dangereusement les habitations.
Mathieu Mokolo
Syfia-Info
Malgré les engagements des exploitants forestiers, à l'Equateur, des millions d'hectares de forêts détruits ne sont pas reconstitués. Habitants, services de l'environnement et société civile haussent le ton pour que les fonds perçus par l'Etat congolais servent réellement à reboiser.
En peu de temps, le paysage a radicalement changé.
De la forêt dense équatoriale avec ses gros arbres dont certains trônaient à près de 40 mètres de haut et de ses lianes en tous genres qui bordaient jadis le petit village d'Ekele, à une trentaine de kilomètres en aval de Mbandaka, sur la rive droite du fleuve Congo, il ne reste, dix ans après, qu'une grande clairière parsemée de souches d'arbres blanchies par le soleil, des parasoliers et autres petits arbustes.
La luxuriante végétation a été dévastée par des exploitants forestiers et des fabricants de braise. Ce spectacle désolant est familier dans plusieurs coins et recoins de la province de l’Equateur où d'immenses étendues de forêts ont du mal à retrouver leur exubérance d'antan.
Qui déboise reboise
Coordinateur de Service de réinvention, d'accompagnement et de réinsertion sociale, une ONG qui s'occupe de la protection de l'écosystème aquatique et forestier, Antoine Efeko, affirme qu’une vingtaine de sociétés industrielles appartenant à des expatriés et des milliers d’exploitants artisanaux Congolais œuvrent dans le domaine du bois à l'Equateur.
La superficie totale exploitée et déclarée par les premières citées s'élève à ce jour à plus de 5 millions d’hectares, couvrant 32 titres d’exploitation répartis dans 13 territoires. Concernant les exploitants artisanaux, "l'étendue de leurs dégâts n'est ni connue, ni maîtrisée".
Après les avoir exploitées, les uns et les autres abandonnent ces immenses étendues à leur triste sort et aux aléas de la nature.
Pour atténuer cette dégradation, le Code forestier congolais recommande le reboisement comme palliatif. Ce texte réglemente la gestion des écosystèmes en RDC et instaure le régime applicable à la conservation, à l’exploitation et à la mise en valeur des ressources forestières sur l’ensemble du pays.
Le Code stipule notamment (article 52) que "tout déboisement doit être compensé par un reboisement équivalent, en qualité et en superficie, au couvert forestier initial réalisé par l'auteur du déboisement ou à ses frais".
Mais, selon la Coordination provinciale de l'Environnement, le reboisement n'est pas du tout effectif à l'Equateur, malgré l'existence dans la province d'un bureau de reboisement.
A en croire Ekolo, agent de l'Environnement en retraite, pas un seul mètre carré de forêt n'aurait été reboisé à l'Equateur. Le dernier en date remonte, selon lui, à l'époque coloniale sur les sites de Lukolela et Lolanga.
Efforts des ONG
Antoine Efeko, lui, ne comprend pas pourquoi ça ne bouge pas alors que les exploitants forestiers continuent de s’acquitter de leurs taxes de déboisement à l’Etat et qu’il existe un bureau du Fonds forestier national (FFN) qui a, entre autres missions, de financer les projets de reboisement.
La loi veut que les exploitants forestiers payent la taxe de reboisement tandis que l'Etat s'occupe de l'exécution des travaux.
"C'est la raison même de notre combat à travers le forum de gouvernance, déclare-t-il. Nous multiplions les plaidoyers afin que cet argent puisse réellement servir au reboisement..."
Une soixantaine d'hectares ont néanmoins été reboisés par des structures de la société civile avec l'appui du Pnud et du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) à Ingende et dans l'hinterland de Mbandaka.
Des arbres fruitiers, le "Wenge", le "Sipo" et des arbres à chenilles ont été plantés. "Certes, c'est insignifiant par rapport à l'ampleur du désastre, mais c'est quand même un début...", se félicitent des ONG locales.
D’après elles, l’absence de reboisement expose les forêts de l'Equateur, une des principales pourvoyeuses d’oxygène de la planète, à des risques de dégradation avec des conséquences sur l’homme et son environnement.
C’est ainsi que s’y observe la disparition de certaines espèces animales et végétales, le tarissement de cours d'eau, la multiplication des érosions, la baisse de la production agricole, la perturbation du cycle saisonnier, etc.
Dans certaines contrées, ces effets se font sentir avec acuité. Des villageois affirment par exemple que les chenilles ne se ramassent plus en grande quantité comme autrefois, car les arbres qui leur servaient de lieu de reproduction ont été décimés par des exploitants forestiers.
Au village Ekele, l'érosion des rives dénudées du fleuve Congo s'accentue au fil des ans, menaçant dangereusement les habitations.
Mathieu Mokolo
Syfia-Info
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