lundi 15 juillet 2013

RDC : Les rebelles islamistes Al-Shabbaab occupent le Nord-Kivu

15/07/2013


Al-Shabbaab - Islamistes somaliens

Le monde est suffisamment informé de la situation sécuritaire en Rdc. La situation va en s’empirant sous l’indifférence totale de la communauté internationale. Pourtant, il y a des enjeux qui l’engagent à aider le Congo de sortir de ce pétrin.

La présence confirmée des miliciens somaliens « Shabab » aux côtés du M23 et des rebelles ougandais ADF/NALU est une menace grave pour la paix mondiale.

Des scènes horribles se passent à l’Est de la Rdc. Personne alors personne ne s’y intéresse. La communauté internationale préfère soutenir le Mali contre les terroristes islamistes. Pourtant, la même situation est en train de conquérir le territoire congolais. Cela, c’est la politique de deux poids, deux mesures.

Cette politique a été décriée par Abdou Diouf, au sommet de la Francophonie à Kinshasa au mois d’octobre 2012.

Il a conseillé le monde qu’en laissant perdurer une politique du « deux poids, deux mesures », « deux poids, deux discours », en dénonçant chez certains les manquements que l’on s’abstient de dénoncer chez d’autres au nom d’intérêts commerciaux ou stratégiques, en décidant, au nom de ces mêmes intérêts, que tous les conflits, si meurtriers soient-ils, ne méritent pas que s’exerce notre responsabilité de protéger, ce sont les valeurs universelles que nous mettons en danger, tout en donnant argument à ceux qui réfutent l’universalité des droits de l’homme, à ceux qui récusent le droit international, à ceux qui prônent le relativisme culturel, ou qui appellent à la guerre des civilisations ou des religions ».

Ces paroles d’un sage sont encore d’actualité au moment où la communauté internationale feint de mettre fin à la situation qui prévaut dans l’Est congolais. Une situation qui, il ne faut pas l’oublier, a été quelque part engendrée par la même communauté internationale.

Il faut donc se rappeler que lors du génocide rwandais, au nom de la solidarité humanitaire, les occidentaux avaient demandé au Congo de recevoir les réfugiés rwandais. Pourtant, ce sont les militaires qui se réarmeront quelques temps après. Voilà qu’aujourd’hui, la bonhomie congolaise est payée en monnaie de singes.

Mais ce que le monde oublie c’est que la conquête de l’Est congolais son islamisation par les terroristes somaliens est une entreprise qui mettrait en mal l’impérialisme occidental dans le monde et en Afrique.

La position géostratégique de la Rdc voudrait que tout celui qui a sa main mise sur elle, contrôle le reste du monde. Un chercheur a dit l’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve en Rdc. Il avait analysé tous les contours géostratégiques pour arriver à cette conclusion.

Or, est-il aujourd’hui que, au nom des intérêts mesquins et mercantilistes de cette même communauté internationale ou du moins de certains lobbyings qui pèsent dans la balance mondiale, les agresseurs de la Rdc soient protégés de tout soupçon.

C’est ce qu’Abdou Diouf dénonce dans ses précédents propos. Le silence de l’Onu et des grandes puissances sur la situation ou sur le génocide qui se passe en RDC est coupable et complice.

Le conflit en RDC passe pour le plus meurtrier après la deuxième guerre mondiale. L’Onu est présente en Rdc depuis plusieurs années à travers la Monusco dont le mandat n’a cessé d’être renouvelé.

Cette mission est devenue la plus longue et la plus coûteuse de l’histoire de l’Onu. Pour quel résultat ?

Aucun. Certains Congolais parlent d’une mission touristique venue pour entretenir le statu quo qui est profitable aux mandants.

L’indifférence de la Communauté internationale sur la situation congolaise est une erreur grave qu’elle regrettera dans l’avenir. Alors que les « shabab » viennent en renfort au M23, en perte de vitesse sur terrain, et aux rebelles ougandais ADF/NALU très acculés par les forces loyalistes, la menace est plus que grandissante.

Tout semble aller vers « l’afghanisation », « la somalisation » et « la soudanisation » de l’Est de la RDC.

Et la boucherie humaine dans l’Est de la Rdc ?

A la base de la forte mobilisation pour le Mali, les observateurs peuvent évoquer la menace de balkanisation du pays, la menace terroriste de groupes rebelles islamistes qui ont occupé le Nord du pays.

La France, qui s’est jetée à l’eau la première pour traquer ces rebelles, doit justifier son intervention par le fait que ces rebelles avaient pris en otage plusieurs de ses citoyens.

Les pays voisins, notamment membres de la Communauté économique pour le développement de l’Afrique de l’Ouest (Cédao), avaient aussi tout intérêt de protéger le Mali car leur sécurité en dépend. Une question de la sous-région a percé les frontières de toute l’Afrique et du monde.

Ce qui n’est pas le cas pour la Rdc. Le pays de Kabila va fournir beaucoup d’efforts pour résoudre ses équations. Déjà, les négociations de Kampala entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23 n’ont pas bonne mine.

Elles vont de blocage en blocages et d’incompréhension en incompréhensions.

Pourtant, la communauté internationale conseille les deux parties à négocier afin d’endiguer l’insécurité grandissante dans l’Est.

Un conseil qui détourne vite l’attention des Congolais du vrai problème. En effet, selon plusieurs rapports des experts de l’Onu et de différentes organisations des droits de l’Onu, le M23 est un mouvement rebelle créé et soutenu par le Rwanda et l’Ouganda.

En ce moment là, les Congolais attendaient, même si les deux pays accusés niaient toute implication dans la guerre en Rdc – ce qui n’a pas d’ailleurs convaincu le conseil de sécurité de l’Onu – des sanctions contre les agresseurs selon la charte de l’Onu.

A ce sujet, l’Onu est restée silencieuse jusqu’au point de faire oublier cela. Dans cette attente, les Congolais ont dénoncé, lors de leurs différentes marches de protestation contre la nouvelle guerre, un complot international visant la balkanisation de leur pays, le viol massif des femmes, l’enrôlement des enfants dans les milices, les tueries massives des populations, les déplacements massifs…

En tout, un drame humanitaire dans l’Est congolais. D’autres parleront d’un génocide silencieux en Rdc. Voilà pourquoi les Congolais demandaient au monde l’endiguement de cet océan du sang qui coule dans les Kivu.

Les cris et gémissements congolais n’auront aucun effet. L’Onu ou la communauté internationale ont choisi l’indifférence face au drame congolais.

Les sanctions contre les pays agresseurs accusés ne sont jamais venues. La Monusco, cette longue mission de l’Onu dans un pays, se contente plutôt d’observer plutôt qu’intervenir pour pacifier. Les analystes se demanderont donc le rôle de cette mission en Rdc.

Détourner l’attention des Congolais aux sanctions à infliger aux agresseurs de la Rdc, est vu comme la première forfaiture de la communauté internationale. Les déclarations, comme celles de recommander de respecter l’intégrité territoriale de la Rdc, ne seraient que de simples intentions des uns et des autres.

L’indifférence du monde face au malheur congolais va crescendo. La Rdc a des raisons d’envier le Mali. La mobilisation sur le cas du Mali et le silence sur la Rdc renvoient à la politique de deux poids, deux mesures.

[Yvon RAMAZANI]
© KongoTimes

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