samedi 3 août 2013

Des jeunes Congolais du Nord-Kivu expriment aux Etats-Unis "l’impatience de la population du Nord-Kivu face à la léthargie de la MONUSCO"

Saturday, 03 August 2013



Des jeunes Congolais du Nord-Kivu (étudiants et employés dans des professions diverses) ont adressé le 25 juillet 2013 une correspondance à la représentante des Etats-Unis aux Nations unies exprimant « l’impatience de la population du Nord-Kivu à la léthargie de la MONUSCO et aux atermoiements de la communauté internationale ».

Ils demandent au Conseil de Sécurité et à l’ensemble de la communauté internationale :

- L’abandon des pressions et de tout soutien pour les « pourparlers de Kampala » et la pression diplomatique sur le M23 et le Rwanda afin que ce mouvement dépose les armes ;


- L’opérationnalisation de la brigade d’intervention et la fin de sa mission de neutralisation des groupes armés en mars 2014 au plus tard ;


- La réduction des effectifs de la MONUSCO et l’affectation des moyens économisés à la réforme du secteur de sécurité de la RDC, à travers un mécanisme ad hoc bien coordonné et un plan bien défini, ainsi que la fixation d’un calendrier de son désengagement complet à court terme (quatorze ans déjà passés en RDC sans rétablissement de la paix c’est déjà trop) ;


- La fin de l’impunité des crimes commis en RDC depuis plus de 20 ans par l’arrestation et le jugement des principaux auteurs, dont certaines hautes autorités civiles et militaires rwandaises et congolaises ;


- La prise de sanctions sévères contre le Rwanda et ses dirigeants civils et militaires pour leur implication reconnue dans la déstabilisation de l’est de la RDC ;


- La subordination de la coopération et de l’aide internationales directes à la RDC, au Rwanda, à l’Ouganda et au Burundi à des progrès concrets dans la mise en œuvre des réformes attendues et au respect des engagements pris aux niveaux régional et international.
 

Ci-dessous, la correspondance de ces jeunes Congolais dont une copie est parvenue à lepontentielonline.com. 

A l’attention de Son Excellence Madame l’Ambassadrice Rosemary DiCarlo
Représentante des Etats-Unis d’Amérique à l’ONU


En votre qualité de présidente en exercice du Conseil de Sécurité
New-York, Etats-Unis d’Amérique.

Résumé : Nous demandons ce qui suit au Conseil de Sécurité, et à l’ensemble de la communauté internationale :

- L’abandon des pressions et de tout soutien pour les « pourparlers de Kampala » et la pression diplomatique sur le M23 et le Rwanda afin que ce mouvement dépose les armes ;


- L’opérationnalisation de la brigade d’intervention et la fin de sa mission de neutralisation des groupes armés en mars 2014 au plus tard ;


- La réduction des effectifs de la MONUSCO et l’affectation des moyens économisés à la réforme du secteur de sécurité de la RDC, à travers un mécanisme ad hoc bien coordonné et un plan bien défini, ainsi que la fixation d’un calendrier de son désengagement complet à court terme (quatorze ans déjà passés en RDC sans rétablissement de la paix c’est déjà trop) ;


- La fin de l’impunité des crimes commis en RDC depuis plus de 20 ans par l’arrestation et le jugement des principaux auteurs, dont certaines hautes autorités civiles et militaires rwandaises et congolaises ;


- La prise de sanctions sévères contre le Rwanda et ses dirigeants civils et militaires pour leur implication reconnue dans la déstabilisation de l’est de la RDC ;


- La subordination de la coopération et de l’aide internationales directes à la RDC, au Rwanda, à l’Ouganda et au Burundi à des progrès concrets dans la mise en œuvre des réformes attendues et au respect des engagements pris aux niveaux régional et international 

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Excellence Madame l’Ambassadrice,

1 – Plusieurs mois se sont écoulés depuis la signature de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région, ainsi que l’adoption par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies de la Résolution S/RES/2098. 


Cette Résolution et l’Accord-cadre qui l’a précédée ont suscité l’espoir de voir enfin rétablies durablement la sécurité, la stabilité et la paix dont nous sommes privés depuis plus de vingt ans. D’une part parce que la communauté internationale se rendait enfin à l’évidence qu’il était absurde de prétendre œuvrer à la protection des civils sans œuvrer à l’imposition de la paix. 

D’autre part, parce que l’accent était mis, sans équivoque, sur les réformes nécessaires à entreprendre au niveau interne par les autorités congolaises, et, simultanément, sur d’importants engagements de la part des pays voisins de la RDC, dont le Rwanda.

2 – Cependant, force est de constater qu’à ce jour, aucune avancée concrète n’a été réalisée. Ni les opérations militaires de « neutralisation des groupes armés » par la Brigade d’intervention qui entame le cinquième mois de son mandat de douze mois ; ni la mise en œuvre des réformes pour lesquelles les autorités congolaises se sont engagées pour la nième fois (réforme du secteur de sécurité, décentralisation, démocratisation, réformes dans la gestion économique, …). 


Sans parler des élections locales qui sont attendues depuis 2006 ; de la « nouvelle » Commission électorale nationale indépendante qui est loin de rassurer quant à son indépendance et son impartialité ; etc.

Ajouté à cela les récentes promotions de Généraux au sein des Forces armées de la République Démocratique du Congo qui n’ont nullement tenu compte de la nécessité d’écarter de cette institution les auteurs présumés de crimes internationaux, de détournements, de trafics illicites de tous genres, et de les mettre à la disposition de la justice.

Dans notre pays l’ampleur des crimes impunis depuis deux décennies a atteint des proportions inimaginables, or l’impunité est l’une des principales raisons de la persistance du cycle des violences et des conflits. 


Des dispositions pertinentes de l’Accord-cadre sont constamment violées par les Parties signataires : le cas du Rwanda qui héberge des centaines de membres du M23, dont l’ancien président Runiga Lugerero, et des officiers comme Ngaruye Baudouin qui sont sous le coup des sanctions des Nations-Unies, et qui continue de soutenir de manière substantielle le M23.

3 – Par ailleurs, les déclarations de Monsieur Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l’ONU, et celles de Madame Mary Robinson, Envoyée Spéciale pour la Région des Grands-Lacs, consistant à privilégier les pourparlers de Kampala, ne rencontrent pas notre assentiment ni celui de la majorité des Congolais.

D’abord parce qu’il y a déjà eu par le passé des négociations et des accords qui ont plus conduit à la prolifération des groupes armés et à la distribution de primes aux criminels plutôt qu’à la fin des violences.

Ensuite parce qu’il est clair que le Rwanda est depuis le début le principal instigateur de la rébellion du M23 (les Etats-Unis d’Amérique viennent de le reconnaître récemment, de manière on ne peut plus explicite), à quoi sert-il de négocier avec les dirigeants du M23 qui ne sont que des émissaires dans cette guerre ?

Et enfin, pourquoi doit-on presser la reprise des pourparlers avec un mouvement qui ne veut pas déposer les armes, qui a pris en otage des millions de populations civiles, et qui commet chaque jour des atrocités innombrables ? 


Ce genre de prises de position par les responsables de l’ONU accroissent le doute sur la volonté de la communauté internationale à contribuer réellement au rétablissement de la paix durable dans notre pays.

4 – Les événements qui se sont produits dans la ville de Goma, les 18 et 19 juillet derniers, où la population s’est attaquée ouvertement aux convois des Casques Bleus de la MONUSCO peuvent être diversement appréciés et jugés.

Pour notre part, nous n’approuvons aucun acte de violence, d’où qu’il vienne et quelles qu’en soient les motivations. Mais ces actes traduisent l’impatience de la population, pour qui la présence de la MONUSCO n’a que trop duré, sans aucun résultat concret, même après le renforcement.

Il est choquant d’entendre les responsables de la MONUSCO déclarer que « toute offensive sur la ville de Goma sera considérée comme une menace directe sur la population civile », comme si la présence du M23 et des autres groupes armés dans d’autres contrées du Nord-Kivu était sans danger et tolérable.

Si la communauté internationale n’y prend garde, l’impatience de la population pourrait prendre des tournures insoupçonnables face à la léthargie de la MONUSCO dont l’opulence des moyens humains et matériels ne peut qu’offusquer la sensibilité d’un Peuple en manque de tout.

5 – L’appel lancé le 23 juillet 2013 par les Etats-Unis d’Amérique au Rwanda de mettre fin à leur soutien au M23 et de retirer ses militaires de l’Est de la République Démocratique du Congo est un signal fort, bien qu’il soit arrivé tardivement.

Mais la communauté internationale doit aller plus loin et prendre des sanctions sévères contre les régimes et les personnes qui contribuent à faire perdurer les conflits, les violences et les pillages de ressources naturelles dans l’est de la RDC.

Ces régimes et ces personnes sont bien connus pour la plupart, et leurs actions bien documentées tant dans le rapport du Projet Mapping que dans différents rapports du Groupe d’Experts des Nations-Unies (S/RES/2078), ainsi que dans de multiples rapports d’ONG internationales crédibles. 


Il n’y aura pas de paix durable dans cette région tant que les personnes qui orchestrent ces crimes depuis vingt ans resteront impunies et tolérées pour quelque considération que ce soit.

6 – Eut égard à ce qui précède, et pour peu que la communauté internationale tient réellement à aider le peuple Congolais à s’en sortir ; nous, les jeunes Congolais militant au sein du mouvement citoyen Lutte pour le Changement, demandons au Conseil de Sécurité de l’ONU et à l’ensemble de la communauté internationale ce qui suit:

Sur la brigade d’intervention :

Le Conseil de Sécurité doit s’assurer urgemment que la Brigade d’intervention applique effectivement son mandat de neutralisation des groupes armés et d’imposition de la paix tel que prévu dans la Résolution S/RES/2098.

Le processus politique devant être soutenu est celui qui est défini dans la résolution 2098, à l’exception de tout autre. En particulier, les pourparlers de Kampala doivent être définitivement abandonnés car ils sont loin de constituer une issue crédible et durable à la crise et qu’ils ne font que particulariser indûment un groupe armé ;

La réduction sensible des effectifs de la force ordinaire de la MONUSCO : cette réduction doit permettre d’économiser des moyens pouvant être orientés dans la réforme du secteur de sécurité, qui a en même temps besoin d’être mieux coordonnée à travers un mécanisme ad hoc, et avec un plan clair.

Par ailleurs, le Conseil de Sécurité doit fixer un délai au-delà duquel la Brigade d’intervention et ensuite la MONUSCO devraient avoir accompli leur mission et quitter la RDC, et ainsi agir en conséquence. Nous refusons d’être sous la tutelle permanente de la communauté internationale ;

Des sanctions conséquentes contre le Rwanda et ses dirigeants civils ou militaires doivent être prises par le Conseil de Sécurité ainsi que par les autres Etats et institutions internationales, afin de mettre fin aux aventures de ce pays qui se croit tout permis dans l’est de la RDC ;

Mettre fin à l’impunité des principaux auteurs directs ou indirects des crimes commis en RDC, y compris ceux qui occupent actuellement des fonctions importantes au sein des gouvernements et armées du Rwanda, de la RDC, de l’Ouganda et du Burundi. Ils doivent être arrêtés et jugés, au-delà de simples gels des avoirs, pour donner l’exemple.

La communauté internationale a à sa disposition de multiples rapports bien fouillés qu’il serait temps d’exploiter utilement (le rapport du projet Mapping, les rapports du Groupe des Experts, ceux des rapporteurs spéciaux, …ne doivent pas rester lettre morte) ;

Conditionner la coopération et l’aide à des avancées concrètes dans les réformes et le respect des engagements pris : la poursuite de la coopération et de l’aide directe par la communauté internationale aux gouvernements congolais, rwandais, ougandais et burundais devrait être conditionnée à la réalisation de progrès concrets dans la mise en œuvre des réformes attendues, ainsi qu’au respect de différents engagements pris aux niveaux régional et international.

CC à leurs Excellences : - Monsieur Joseph Kabila Kabange, président de la République Démocratique du Congo ;


- Monsieur le président de l’assemblée nationale de la RDC ;


- Monsieur Raymond Tshibanda, ministre congolais des affaires étrangères ;


- Monsieur Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l’ONU ;


- Monsieur Madame Mary Robinson, Envoyée Spéciale de l’ONU pour la région des Grands-lacs ;


- Madame Catherine Ashton, Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ;


- Monsieur Russ Feingold, Représentant spécial des Etats-Unis d’Amérique pour la région des Grands-lacs ;


- Monsieur Martin Kobler, Représentant spécial de Monsieur le Secrétaire Général de l’ONU en RDC ;


- Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs accrédités à Kinshasa (tous) ;


- Messieurs les présidents en exercice de la SADC et de la CIRGL ;

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Les signataires :

Noms
Genre
Profession/Occupation
Coordonnées


1.BADESIRE MUGARUKA Jean-Baptiste
   Avocat & activiste des droits de l’homme
   +243 991 988 371
2.BARAKA Pascal
     Mécanicien
 
3. BAUMA Freddy
     Etudiant en économie
     +243 990 512 768
4.BISIMWA Vianney
   Employé ONG & diplômé en agronomie et en Leadership
   +243 994 123 190
5.BUINGO Eugène
    Employé Organisation internationale
    +243 824 692 268
6. FAIDA MULENGA-BYUMA Chantal
     Employée ONG & bloggeuse
     +243 994 004 869
7.KOMBI Juvin
   (juriste)
   +243 992 575 301
8. KYUNGU Philippe
    Etudiant en médecine humaine (IIIème doctorat)
    +243 997 285 081
9. LUKAYA Reagan
     Etudiant en agronomie (deuxième année)
     +243 990 604 121
10. MAHAMBA Gisèle
       Etudiante en psychologie (première Licence)
       +243 992 577 532
11. MALEMBE Luc
      (Diplômé en relations internationales)
      +243 994 778 066
12. MATUMO Bienvenu
      Etudiant en agronomie (troisième année)
      +243 991 905 274
13. MUHIMA Dickson
      Etudiant en économie (troisième année)
      +243 994 432 640
14. MUHINDO MISONIA Gautier
      Avocat et président société civile/Goma
     +243 811 344 973
15.MUKENGE Simon
      Etudiant en relations internationales (première Licence)
      +243 970 051 235
16. MUKOVI Aline
      (diplômée en tourisme et développement)
      +243 998 802 427
17.MWENDIKE K. Micheline
     Employée ONG & diplômée en Economie
     +243 812 878 888
18. N’SENGA Jean-Mobert
       Avocat & blogueur
       +243 819 805 772
19. NGOY Gonnat
      Commerçant & diplômé en droit
       +243 973 633 131
20.NKULULA wa-MWAMBA Luc
     (diplômé en droit)
     +243 990 111 378
21. NTAWABO Justin
      Etudiant en sciences politiques
22. SIVYA Serge
       Etudiant en médecine humaine (IIème doctorat)
       +243 994 049 282
23.MURAIRI Janvier
      Activiste des droits de l’homme
      +243 997 250 214
24. ZAGABE Floris
       Etudiant en économie (première Licence)
       +243 990 512 568

________________
Angelo Mobateli
Le Potentiel

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