« Tout ce qui brille n’est pas forcement de l’or ».
Même si faute d’avoir les moyens pour s’offrir de l’or en vrai, la pacotille scintillant comme de l’or peut faire l’affaire pour un moment.
« Tout ce qui brille n’est pas forcement de l’or ». Même si faute d’avoir les moyens pour s’offrir de l’or en vrai, la pacotille scintillant comme de l’or peut faire l’affaire pour un moment.
Cet adage n’est pas loin de trouver application dans les relations sino-africaines qui sonnent comme un mariage d’amour dans lequel la mariée paie la dote en lieu et place de l’époux.
Une autre façon de dire à l’Afrique qu’elle doit avoir un regard moins excité sur le nouvel entrant chinois, chercher à comprendre la modélisation de l’investissement direct chinois en Afrique, son évolution avec le temps et les risques dont il est porteur, afin d’éviter de lui donner le beurre et l’argent du beurre.
Pour faire comme Monsieur Tout-le-Monde, cessons de réfléchir en technicien et regardons aux chiffres qui font rêver l’Africain.
Mais pour faire cet exercice, il faut distinguer entre investissement commerciaux chinois, c’est-à-dire, la valeur cumulée des achats de matières premières en Afrique par les Chinois et l’investissement direct chinois en Afrique.
Entre 2010 et 2011, les achats de matières premières sont passés de 127 milliards de dollars soit 65 500 milliards de FCFA à 166 milliards de dollars soit 83 000 milliards de FCFA.
Ces chiffres représentent le cumul en valeur des importations chinoises de matières premières d’Afrique. Ramenés au niveau des Etats Africains, ces chiffres deviennent très modestes parce qu’ils sont égaux à la valeur du commerce de la Chine avec l’Allemagne.
Mieux, 80% des achats chinois à l’Afrique portent dans l’ordre, sur le pétrole brut, le minerai de fer, le manganèse et le cuivre.
Les pays qui n’ont donc pas ces matières premières doivent cesser de se faire de l’eau à la bouche car seuls en bénéficient réellement l’Afrique du Sud et l’Angola, pour moitié au moins, puis viennent le Soudan, le Nigéria, l’Egypte ou l’Algérie.
En matière d’investissement direct chinois en Afrique, en 2013 par exemple, la Chine promet un stock d’investissements en Afrique de l’ordre de 20 milliards de dollars soit 10 000 milliards de FCFA, ce qui représente environ 3% des réalisations chinoises dans le monde.
Du côté des subventions, prêts sans intérêts et prêts de type concessionnels de toutes sortes et même en ajoutant les crédits-acheteurs de l’Exim Bank chinoise, la Chine n’accorde qu’environ 6 milliards de dollars (3 000 milliards de FCFA) quand le Bloc Occidental Offensif Décadent (BLOOD) composé de l’Europe et des Etats-Unis donnent (d’une main et récupèrent de l’autre, tout comme la Chine) en termes d’aide au développement un "appui" dans l’ordre de 23 milliards de dollars (11 500 milliards de FCFA).
Mais au-delà des chiffres, quel est le vrai problème avec l’investissement chinois en Afrique ?
Premièrement, il y a ce qu’il convient d’appeler le « modèle chinois » de l’investissement ou prêt conditionné.
Lorsque la Chine investit en Afrique, elle ne crée de l’emploi pour personne durant la réalisation du projet. Les circuits bancaires sont chinois. Jamais une banque locale n’est choisie comme banque correspondante car tous les achats se font en Chine.
L’outillage est chinois. Les ouvriers qui travaillent sur les chantiers sont Chinois.
Là où les ouvriers dorment pour travailler est toujours un camping avec des maisons préfabriquées et démontables appartenant à l’entreprise chinoise de travaux. Ce que les ouvriers chinois mangent vient de la Chine. Tout le matériau utilisé vient de Chine.
Ce qui en clair revient à dire qu’aucun chantier chinois ne crée quelque opportunité d’emploi ou de commerce saisonniers en Afrique.
Or c’est avec ces opportunités qu’en situation d’investissements publics, les petits ménagent, lesquels constituent le pilier de la consommation en Afrique, améliorent leurs conditions de vie et scolarisent leurs enfants.
Sur ce seul axe, l’investissement direct chinois en Afrique est un instrument de précarisation de la vie des petits ménages.
Deuxièmement, il y a le choc des normes techniques entre ingénieurs africains et ingénieurs chinois.
La plupart des ingénieurs africains qui conçoivent les projets et en assurent le contrôle appliquent les normes européennes ou américaines en matière de construction, d’ouvrages d’arts et de travaux publics.
Sur bien des points, ces normes européennes et américaines entrent en forte contradiction avec les normes chinoises, écrites généralement en langue chinoise, donc inaccessibles.
Dans un tel environnement de travail, les ingénieurs africains commis pour assurer le contrôle des travaux effectués par les Chinois ne sont juste là que pour faire de la figuration sur les chantiers. Ils ne disposent d’aucun moyen pour contrôler le niveau et la qualification des ouvriers chinois avec leurs diplômes en Chinois.
Par exemple, à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, cette situation a dégénéré en bagarre entre ingénieurs ivoiriens et chinois sur le Chantier de l’Hôtel des Députés et, sous la pression politique, les Ingénieurs du BNETD dirigé alors par le Dr Ahoua DON MELLO aujourd’hui contraint à l’exil, ont été obligés de laisser faire.
Le résultat : il s’est imposé de rénover le bâtiment neuf, moins d’un an après sa livraison et le coût de la rénovation était l’équivalent de celui de la construction.
Plus grave, selon des sources bien introduites, les ingénieurs du BNETD ont été obligés de reprendre toutes les installations électriques et le câblage téléphonique avant que l’édifice ne soit momentanément exploitable.
Au bout du compte, cet investissement s’est révélé n’être qu’une bonne chinoiserie proche de l’arnaque.
S’endetter à coup de milliards de dollars et être obligé de rénover un édifice moins d’un an après sa réalisation, c’est cela qu’on appelle emprunter le chemin du « développement précaire ».
Troisièmement, les pratiques chinoises sur les projets
Pour ceux des Experts africains qui ont participé à des grands projets avec des Chinois, ce que nous alors dire va les ramener à des souvenirs récents et continus.
Dans l’approche chinoise des marchés, le montage économique et la synoptique de projets sont plus importants que les études techniques détaillées.
En général, cela ne tient qu’à des photos et diapositives. Les descriptions techniques sont de type commercial et pour les apporteurs du financement, on ne doit s’en tenir qu’à ça et attendre la réalisation de l’ouvrage dont l’étude détaillée, en Chinois, reste une affaire de bois sacré chinois.
Nous avons des exemples de projets de data center au Nigeria où les ingénieurs nigérians, bluffés par les belles images de serveurs, se sont réveillés comme d’une hypnose après la livraison du projet, découvrant que seuls les hardwares ont été livrés ; donc un data center sans les softwares qui devraient permettre au data center de fonctionner.
Résultat : des grosses armoires, des serveurs en rack ont été installés mais en l’absence de softwares, le data center ne pouvait pas fonctionner. Quand ils ont protesté, les Chinois ont répondu aux ingénieurs nigérians, qu’ils n’avaient facturé que les hardwares, c’est pourquoi c’était moins cher.
C’est à tomber des nues. Comment un Etat peut-il commanditer un data center et se faire livrer des machines sans aucun logiciel de gestion de données installé sur ces machines, et l’entreprise chinoise ose se justifier ainsi ? Qu’est-ce qui fait un data center ? N’est-ce pas le software installé sur des hardwares ?
Mais tout ça est possible parce que dès qu’une entreprise chinoise obtient un marché, elle devient allergique au contrôle des ingénieurs de l’Etat commanditaire, utilisant dès lors des instruments politiques pour dissuader les ingénieurs contrôleurs de faire leur travail afin qu’elle ait le temps de livrer de la pacotille.
Ce comportement là aussi est fondamentalement porteur d’un risque de « développement précaire » car après l’inauguration politique, le peule va rembourser le coût d’un emprunt qui ne profitera pas au peuple ou qui ne lui profitera que de façon précaire.
Enfin, il y a la question nouvelle du mercenariat technique.
Comme de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer cette supercherie chinoise en matière d’investissement direct, notamment avec des Etats qui ont pris des décisions draconiennes pour modifier les conditions de réalisation de certains projets avec les entreprises chinoises ou pour les remplacer par d’autres entreprises, souvent indiennes ou russes et même européennes, la Chine elle-même a décidé sur certains projets, de recruter des entreprises européennes ou américaines en cotraitance pour faire le travail.
Généralement, c’est sous la forme de joint-ventures que cela se passe. Du coup, ceux qui croyaient rompre avec l’Europe afin d’échapper aux surfacturations, seront obligés de traiter avec des Européens en peau de Chinois.
« Les exemples récents abondent. La China Construction Bank syndique ses prêts à l’Afrique du Sud avec le gratin des banquiers occidentaux.
Chinalco s’embarque dans le projet minier guinéen de Simandou, mais en compagnie de Rio Tinto. Sinopec construit un oléoduc au Ghana avec Technip et Intecsea (Etats-Unis). CNOOC développe une concession pétrolière en Ouganda avec Total et Tullow (Royaume Uni).
Les pétroles de Daqing travaillent à Madagascar avec la compagnie indienne Varun. » Source : Symposium annuel HEC, Asie 2013.
Mais où est le danger de cette dernière façon de faire ?
Très simple. La Chine apprend par imitation. Elle se rend compte que si elle est veut pratiquer des prix raisonnables, faire du bon travail et mériter la confiance des Africains tout en maximisant ses bénéfices comme une bonne société d’Economie sociale de marché para-communiste, elle doit apprendre « l’ingénierie de la surfacturation à l’usure ».
La surfacturation à l’usure est une technique vieille comme le monde pour les entreprises européennes qui ont fait toute leur fortune en Afrique. Cette ingénierie juridico-financière s’adosse à une pratique de corruption qui prend en compte les cadres contrôleurs de projets et les décideurs.
Dans sa mise en œuvre, d’abord, l’entreprise fait une offre moins-disante (spécialité des Chinois). Une fois le marché obtenu, les choses sérieuses commencent.
En fait, dans le processus de réalisation d’un projet public, il y a trois études générales à faire. D’abord, il y a ce qui s’appelle l’APS (Avant projet Sommaire).
C’est avec cette étude qu’on conçoit le projet dans ces grandes lignes et on fixe on coût estimatif. Ensuite, on élabore l’APD (Avant projet détaillé). Il est la boussole du maître d’ouvrage ou du maître d’œuvre pour évaluer les offres techniques et financières des entreprises intéressées à la réalisation du projet.
Une fois l’entreprise choisie, elle fait l’ER (Etude de réalisation). Cette étude est pointue, faite par les Experts de l’Entreprise qui connaissent la technologie proposée et les moyens d’implémentation.
C’est là que la facturation à l’usure va apparaître. Les ingénieurs de l’entreprise choisie vont démontrer que l’APS et après l’APD ont occulté certains aspects du projet.
En les prenant en compte dans l’Etude de Réalisation, l’offre financière initiale doit être révisée. Elle peut parfois dépasser les 30% du coût du marché initial et donner lieu à la signature d’un nouveau marché.
Ou parfois, être en-dessous de 30% et donner lieu à un avenant au marché initial. Puis après, on propose une amélioration architecturale et "un petit" 15 ou 18% s’ajoutent.
Au bout du compte, on augmente l’enveloppe initiale du projet de 50% au moins et le tour est joué. Mais dans tous ces montages, les chefs de projet doivent coopérer et le décideur doit approuver les rajouts. Alors, bonjour la corruption. Bref.
Quoiqu’il en soit, pour l’heure, la Chine non encadrée au niveau des normes, des pratiques, des procédures et des modèles qu’elle expérimente en Afrique va transformer le rêve d’émergence africaine, en un cauchemar qui fera de l’Afrique, un Continent avec un niveau de développement précaire.
A nous d’agir dès maintenant en créant au prochain sommet sino-africain, un cadre permanent de Normalisation de l’investissement direct chinois en Afrique mais aussi d’harmonisation des normes techniques. Nous aurons tout à y gagner.
A Très Bientôt.
______________
Hassane Magued
La Révolution Permanente
avec Cameroonvoice
Même si faute d’avoir les moyens pour s’offrir de l’or en vrai, la pacotille scintillant comme de l’or peut faire l’affaire pour un moment.
« Tout ce qui brille n’est pas forcement de l’or ». Même si faute d’avoir les moyens pour s’offrir de l’or en vrai, la pacotille scintillant comme de l’or peut faire l’affaire pour un moment.
Cet adage n’est pas loin de trouver application dans les relations sino-africaines qui sonnent comme un mariage d’amour dans lequel la mariée paie la dote en lieu et place de l’époux.
Une autre façon de dire à l’Afrique qu’elle doit avoir un regard moins excité sur le nouvel entrant chinois, chercher à comprendre la modélisation de l’investissement direct chinois en Afrique, son évolution avec le temps et les risques dont il est porteur, afin d’éviter de lui donner le beurre et l’argent du beurre.
Pour faire comme Monsieur Tout-le-Monde, cessons de réfléchir en technicien et regardons aux chiffres qui font rêver l’Africain.
Mais pour faire cet exercice, il faut distinguer entre investissement commerciaux chinois, c’est-à-dire, la valeur cumulée des achats de matières premières en Afrique par les Chinois et l’investissement direct chinois en Afrique.
Entre 2010 et 2011, les achats de matières premières sont passés de 127 milliards de dollars soit 65 500 milliards de FCFA à 166 milliards de dollars soit 83 000 milliards de FCFA.
Ces chiffres représentent le cumul en valeur des importations chinoises de matières premières d’Afrique. Ramenés au niveau des Etats Africains, ces chiffres deviennent très modestes parce qu’ils sont égaux à la valeur du commerce de la Chine avec l’Allemagne.
Mieux, 80% des achats chinois à l’Afrique portent dans l’ordre, sur le pétrole brut, le minerai de fer, le manganèse et le cuivre.
Les pays qui n’ont donc pas ces matières premières doivent cesser de se faire de l’eau à la bouche car seuls en bénéficient réellement l’Afrique du Sud et l’Angola, pour moitié au moins, puis viennent le Soudan, le Nigéria, l’Egypte ou l’Algérie.
En matière d’investissement direct chinois en Afrique, en 2013 par exemple, la Chine promet un stock d’investissements en Afrique de l’ordre de 20 milliards de dollars soit 10 000 milliards de FCFA, ce qui représente environ 3% des réalisations chinoises dans le monde.
Du côté des subventions, prêts sans intérêts et prêts de type concessionnels de toutes sortes et même en ajoutant les crédits-acheteurs de l’Exim Bank chinoise, la Chine n’accorde qu’environ 6 milliards de dollars (3 000 milliards de FCFA) quand le Bloc Occidental Offensif Décadent (BLOOD) composé de l’Europe et des Etats-Unis donnent (d’une main et récupèrent de l’autre, tout comme la Chine) en termes d’aide au développement un "appui" dans l’ordre de 23 milliards de dollars (11 500 milliards de FCFA).
Mais au-delà des chiffres, quel est le vrai problème avec l’investissement chinois en Afrique ?
Premièrement, il y a ce qu’il convient d’appeler le « modèle chinois » de l’investissement ou prêt conditionné.
Lorsque la Chine investit en Afrique, elle ne crée de l’emploi pour personne durant la réalisation du projet. Les circuits bancaires sont chinois. Jamais une banque locale n’est choisie comme banque correspondante car tous les achats se font en Chine.
L’outillage est chinois. Les ouvriers qui travaillent sur les chantiers sont Chinois.
Là où les ouvriers dorment pour travailler est toujours un camping avec des maisons préfabriquées et démontables appartenant à l’entreprise chinoise de travaux. Ce que les ouvriers chinois mangent vient de la Chine. Tout le matériau utilisé vient de Chine.
Ce qui en clair revient à dire qu’aucun chantier chinois ne crée quelque opportunité d’emploi ou de commerce saisonniers en Afrique.
Or c’est avec ces opportunités qu’en situation d’investissements publics, les petits ménagent, lesquels constituent le pilier de la consommation en Afrique, améliorent leurs conditions de vie et scolarisent leurs enfants.
Sur ce seul axe, l’investissement direct chinois en Afrique est un instrument de précarisation de la vie des petits ménages.
Deuxièmement, il y a le choc des normes techniques entre ingénieurs africains et ingénieurs chinois.
La plupart des ingénieurs africains qui conçoivent les projets et en assurent le contrôle appliquent les normes européennes ou américaines en matière de construction, d’ouvrages d’arts et de travaux publics.
Sur bien des points, ces normes européennes et américaines entrent en forte contradiction avec les normes chinoises, écrites généralement en langue chinoise, donc inaccessibles.
Dans un tel environnement de travail, les ingénieurs africains commis pour assurer le contrôle des travaux effectués par les Chinois ne sont juste là que pour faire de la figuration sur les chantiers. Ils ne disposent d’aucun moyen pour contrôler le niveau et la qualification des ouvriers chinois avec leurs diplômes en Chinois.
Par exemple, à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, cette situation a dégénéré en bagarre entre ingénieurs ivoiriens et chinois sur le Chantier de l’Hôtel des Députés et, sous la pression politique, les Ingénieurs du BNETD dirigé alors par le Dr Ahoua DON MELLO aujourd’hui contraint à l’exil, ont été obligés de laisser faire.
Le résultat : il s’est imposé de rénover le bâtiment neuf, moins d’un an après sa livraison et le coût de la rénovation était l’équivalent de celui de la construction.
Plus grave, selon des sources bien introduites, les ingénieurs du BNETD ont été obligés de reprendre toutes les installations électriques et le câblage téléphonique avant que l’édifice ne soit momentanément exploitable.
Au bout du compte, cet investissement s’est révélé n’être qu’une bonne chinoiserie proche de l’arnaque.
S’endetter à coup de milliards de dollars et être obligé de rénover un édifice moins d’un an après sa réalisation, c’est cela qu’on appelle emprunter le chemin du « développement précaire ».
Troisièmement, les pratiques chinoises sur les projets
Pour ceux des Experts africains qui ont participé à des grands projets avec des Chinois, ce que nous alors dire va les ramener à des souvenirs récents et continus.
Dans l’approche chinoise des marchés, le montage économique et la synoptique de projets sont plus importants que les études techniques détaillées.
En général, cela ne tient qu’à des photos et diapositives. Les descriptions techniques sont de type commercial et pour les apporteurs du financement, on ne doit s’en tenir qu’à ça et attendre la réalisation de l’ouvrage dont l’étude détaillée, en Chinois, reste une affaire de bois sacré chinois.
Nous avons des exemples de projets de data center au Nigeria où les ingénieurs nigérians, bluffés par les belles images de serveurs, se sont réveillés comme d’une hypnose après la livraison du projet, découvrant que seuls les hardwares ont été livrés ; donc un data center sans les softwares qui devraient permettre au data center de fonctionner.
Résultat : des grosses armoires, des serveurs en rack ont été installés mais en l’absence de softwares, le data center ne pouvait pas fonctionner. Quand ils ont protesté, les Chinois ont répondu aux ingénieurs nigérians, qu’ils n’avaient facturé que les hardwares, c’est pourquoi c’était moins cher.
C’est à tomber des nues. Comment un Etat peut-il commanditer un data center et se faire livrer des machines sans aucun logiciel de gestion de données installé sur ces machines, et l’entreprise chinoise ose se justifier ainsi ? Qu’est-ce qui fait un data center ? N’est-ce pas le software installé sur des hardwares ?
Mais tout ça est possible parce que dès qu’une entreprise chinoise obtient un marché, elle devient allergique au contrôle des ingénieurs de l’Etat commanditaire, utilisant dès lors des instruments politiques pour dissuader les ingénieurs contrôleurs de faire leur travail afin qu’elle ait le temps de livrer de la pacotille.
Ce comportement là aussi est fondamentalement porteur d’un risque de « développement précaire » car après l’inauguration politique, le peule va rembourser le coût d’un emprunt qui ne profitera pas au peuple ou qui ne lui profitera que de façon précaire.
Enfin, il y a la question nouvelle du mercenariat technique.
Comme de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer cette supercherie chinoise en matière d’investissement direct, notamment avec des Etats qui ont pris des décisions draconiennes pour modifier les conditions de réalisation de certains projets avec les entreprises chinoises ou pour les remplacer par d’autres entreprises, souvent indiennes ou russes et même européennes, la Chine elle-même a décidé sur certains projets, de recruter des entreprises européennes ou américaines en cotraitance pour faire le travail.
Généralement, c’est sous la forme de joint-ventures que cela se passe. Du coup, ceux qui croyaient rompre avec l’Europe afin d’échapper aux surfacturations, seront obligés de traiter avec des Européens en peau de Chinois.
« Les exemples récents abondent. La China Construction Bank syndique ses prêts à l’Afrique du Sud avec le gratin des banquiers occidentaux.
Chinalco s’embarque dans le projet minier guinéen de Simandou, mais en compagnie de Rio Tinto. Sinopec construit un oléoduc au Ghana avec Technip et Intecsea (Etats-Unis). CNOOC développe une concession pétrolière en Ouganda avec Total et Tullow (Royaume Uni).
Les pétroles de Daqing travaillent à Madagascar avec la compagnie indienne Varun. » Source : Symposium annuel HEC, Asie 2013.
Mais où est le danger de cette dernière façon de faire ?
Très simple. La Chine apprend par imitation. Elle se rend compte que si elle est veut pratiquer des prix raisonnables, faire du bon travail et mériter la confiance des Africains tout en maximisant ses bénéfices comme une bonne société d’Economie sociale de marché para-communiste, elle doit apprendre « l’ingénierie de la surfacturation à l’usure ».
La surfacturation à l’usure est une technique vieille comme le monde pour les entreprises européennes qui ont fait toute leur fortune en Afrique. Cette ingénierie juridico-financière s’adosse à une pratique de corruption qui prend en compte les cadres contrôleurs de projets et les décideurs.
Dans sa mise en œuvre, d’abord, l’entreprise fait une offre moins-disante (spécialité des Chinois). Une fois le marché obtenu, les choses sérieuses commencent.
En fait, dans le processus de réalisation d’un projet public, il y a trois études générales à faire. D’abord, il y a ce qui s’appelle l’APS (Avant projet Sommaire).
C’est avec cette étude qu’on conçoit le projet dans ces grandes lignes et on fixe on coût estimatif. Ensuite, on élabore l’APD (Avant projet détaillé). Il est la boussole du maître d’ouvrage ou du maître d’œuvre pour évaluer les offres techniques et financières des entreprises intéressées à la réalisation du projet.
Une fois l’entreprise choisie, elle fait l’ER (Etude de réalisation). Cette étude est pointue, faite par les Experts de l’Entreprise qui connaissent la technologie proposée et les moyens d’implémentation.
C’est là que la facturation à l’usure va apparaître. Les ingénieurs de l’entreprise choisie vont démontrer que l’APS et après l’APD ont occulté certains aspects du projet.
En les prenant en compte dans l’Etude de Réalisation, l’offre financière initiale doit être révisée. Elle peut parfois dépasser les 30% du coût du marché initial et donner lieu à la signature d’un nouveau marché.
Ou parfois, être en-dessous de 30% et donner lieu à un avenant au marché initial. Puis après, on propose une amélioration architecturale et "un petit" 15 ou 18% s’ajoutent.
Au bout du compte, on augmente l’enveloppe initiale du projet de 50% au moins et le tour est joué. Mais dans tous ces montages, les chefs de projet doivent coopérer et le décideur doit approuver les rajouts. Alors, bonjour la corruption. Bref.
Quoiqu’il en soit, pour l’heure, la Chine non encadrée au niveau des normes, des pratiques, des procédures et des modèles qu’elle expérimente en Afrique va transformer le rêve d’émergence africaine, en un cauchemar qui fera de l’Afrique, un Continent avec un niveau de développement précaire.
A nous d’agir dès maintenant en créant au prochain sommet sino-africain, un cadre permanent de Normalisation de l’investissement direct chinois en Afrique mais aussi d’harmonisation des normes techniques. Nous aurons tout à y gagner.
A Très Bientôt.
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