mercredi 30 octobre 2013

Quelles contreparties pour la libération des quatre Français enlevés au Niger par Aqmi ?

29/10/2013 

 

Les quatre otages enlevés le 16 septembre 2010 au Niger. © AFP

Enlevés en septembre 2010 par Aqmi au Niger, les quatre Français Thierry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand ont été libérés mardi. Ils sont attendus mercredi à la mi-journée en France, où ils doivent être accueillis par le président François Hollande, à l'aéroport de Villacoublay en région parisienne.

Ils sont restés plus de trois ans en captivité dans le Sahara. Enlevés le 16 septembre 2010 par un commando d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sur le site minier d'Arlit, dans le nord du Niger, les quatre Français Thierry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand ont été libérés, mardi 29 octobre, par leurs ravisseurs.

C'est le président François Hollande qui a mis fin à l'interminable attente des familles en annonçant, depuis Bratislava, où il est actuellement en déplacement, la libération des otages travaillant pour Areva ou Sogea-Satom. 


"Je veux vous annoncer une heureuse nouvelle, a déclaré le chef de l'État français. Je viens d'apprendre par le président du Niger que nos quatre otages du Sahel, les otages d'Arlit, viennent d'être libérés".

Libérés au Nord-Mali

Les ex-otages, en bonne santé mais très fatigués, sont arrivés mardi soir à l'aéroport militaire de Niamey et sont attendus mercredi en fin de matinée à Paris. 


Ils ont été accueillis dans la capitale nigérienne par le président Mahamadou Issoufou, accompagné des ministres nigériens et français des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum et Laurent Fabius, et de leurs homologues de la Défense, Mahamadou Karidjo et Jean-Yves Le Drian.

Selon un haut gradé nigérien et un proche du président, cela faisait quelques jours que la libération des quatre Français était toute proche.

Selon un haut gradé nigérien et un proche du président, cela faisait quelques jours que la libération des quatre Français était toute proche. Le feu vert définitif de leur libération a été donné mardi matin par les ravisseurs. 


Un hélicoptère de l'armée nigérienne a immédiatement décollé de Niamey, en direction du Nord-Mali où les otages étaient détenus. À son bord se trouvaient Mohamed Akotey, l'émissaire des autorités nigériennes sur ce dossier et président du conseil d'administration d'Imouraren SA (une filiale locale d'Areva), ainsi que le chef des services de renseignement nigérien, le général Lawel Chékou Koré.

Quelles contreparties ?

Au lendemain de leur libération, la question des contreparties offertes aux ravisseurs et aux différents intermédiaires est sur toutes les lèvres. Mardi, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a assuré que la France n'avait pas payé de rançon. 


"Ce que je peux vous dire c'est que la France ne paye pas de rançon, c'est clair et net. La consigne du président (François Hollande) est de ne pas payer de rançon, cette consigne est respectée", a-t-il déclaré.

"Il n'y a pas eu d'assaut. Il y a eu une initiative prise par les réseaux du président (nigérien Mahamadou) Issoufou qui a permis une libération sans heurts", avait affirmé un peu plus tôt le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

Interrogé par RFI, Louis Caprioli, ancien responsable de la lutte anti-terroriste à la Direction française de la sûreté du territoire (DST), a lui estimé qu'il était vraisemblable que les otages aient été libérés "en échange d'une rançon. (...) Je ne vois pas d’autre possibilité (…), parce que malgré tout le talent du président de la République du Niger et des négociateurs, je ne vois pas pour quelle raison les gens d’Amqi auraient libéré des gens qu’ils détiennent depuis trois ans, uniquement pour faire plaisir à la France", a-t-il déclaré, tout en précisant que cette rançon a plus probablement été payée par l'entreprise Areva et son sous-traitant Satom qui employaient les quatre otages.

Même s'il ne s'agit pas de rançon, une chose est sûre : les "compensations financières" octroyées aux uns et aux autres dans le cadre des négociations ont dû être nombreuses et de natures diverses. Une autre contrepartie évoquée, mais qui reste une simple hypothèse, serait la sécurité de certains chefs touaregs alliés avec Aqmi. 


Certains évoquent ainsi le rôle qu'aurait pu jouer Iyad Ag Ghali, le chef d'Ansar Eddine, dans la libération des otages. En septembre, une source citée par le quotidien français Libération affirmait que cette figure de la galaxie touarègue aurait pu récupérer la garde des otages. 

"Au minimum, il aurait réussi à se placer au centre des tractations menées par la DGSE", écrivait le quotidien français. Avant de rallier le camp islamiste, ce dernier avait d’ailleurs déjà servi d’intermédiaire à de nombreuses reprise dans des affaires d’otages.
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Benjamin Roger
Jeune Afrique

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