mercredi 6 novembre 2013

Après la défaite militaire du M23, la Monusco «va s’en prendre aux autres groupes armés»

mercredi 06 novembre 2013


A Kibati, près de Goma, le 4 septembre 2013. Les combats qui ont duré plus de 16 mois avec le M23 ont provoqué une crise humanitaire et la fuite de nombreux habitants du Nord-Kivu.
AFP PHOTO / CARL DE SOUZA

Par Sonia Rolley

Le M23 a proclamé, mardi 5 novembre, la fin immédiate de sa rébellion dans l’est de la RDC et affirme vouloir parvenir à une solution, tandis que le gouvernement congolais a proclamé une « victoire totale » sur le mouvement du 23-Mars. 


Lundi, la Monusco, la force des Nations unies, avait envoyé ses hélicoptères et ses chars contre les positions du M23. Abdallah Wafy, représentant du secrétaire général de l'ONU en charge des opérations dans l'est du Congo, numéro 2 de la Monusco, revient sur cette implication que beaucoup considèrent comme décisive.

RFI : Peut-on dire que l’appui militaire de la Monusco et de la Brigade d’intervention a été décisif dans la défaite du M23 ?

Abdallah Wafy : Cette victoire des FARDC [les Forces armées de la République démocratique du Congo, ndlr] sur le M23 est une victoire de l’armée congolaise et il ne faut pas les priver de leur succès. Je voudrais simplement me réjouir de l’appui et du soutien que nous avons apporté aux FARDC. Mais cette victoire reste et demeure une histoire des FARDC.

Comment expliquer que l’ONU soutenait les pourparlers de Kampala, tout en menant l’offensive aux côtés des forces congolaises ? N’y a-t-il pas un paradoxe ?

Il n’y a pas de paradoxe. Notre position a été claire. Notre position est basée sur notre mandat : tous les groupes armés doivent déposer leurs armes. Aujourd’hui, le M23 ne l’a pas entendu, il a été défait militairement. 


Dans les jours à venir, nous allons nous en prendre aux autres groupes armés parce que, encore une fois, la résolution 2098 invite tous les groupes armés à désarmer.

Faut-il toujours, aujourd’hui, que le gouvernement et le M23 signent un accord politique sur la base de ce qui a été négocié à Kampala ?

Vous avez dû voir la déclaration des groupes des cinq envoyés - y compris notre représentant spécial - appelant quand même à conclure un arrangement politique. Parce que, encore une fois, ce qui a été obtenu, le point d’accord, reste et demeure valable. 


Et pour permettre d’accorder l’amnistie - du moins à ceux qui ne sont pas responsables de violations des droits de l’homme - et pour permettre un désarmement, une démobilisation et une intégration de tous ces combattants - qu’ils soient d’ailleurs du M23 ou des autres groupes armés -, nous avons besoin d’avoir une base légale, c’est-à-dire un accord de paix.  

Donc, vous soutenez toujours la signature d’un accord de paix à Kampala. Et pourtant, de son côté, le gouvernement congolais ne parle plus d’accord, mais souhaite faire signer au M23 une simple déclaration...

La première étape, c’était, pour le M23, de déclarer la fin de la rébellion. Je crois que c’est fait. Maintenant, le gouvernement va prendre des mesures pour pouvoir, à son tour, déclarer l’amnistie des éléments du M23 et, éventuellement, des libérations au cas par cas et suivant les critères définis par la loi congolaise, notamment la loi sur les forces armées qui va être appliquée pour ceux qui devront postuler pour l’emploi militaire ou pour retourner à la vie civile.

Que va-t-il advenir des combattants du M23 qui se sont rendus à la Monusco et aux forces armées congolaises avant la signature d’un accord, si signature d’un accord il y a. Quel est leur statut ? Sont-ils des prisonniers de guerre ? Vont-ils pouvoir rentrer dans le cadre de l’accord ?

A Goma, j’ai discuté avec le gouverneur de la province du Nord-Kivu et son équipe. Et je poursuivrai ici à Kinshasa dans les jours à venir les consultations avec la partie gouvernementale pour que nous ayons une position harmonisée, une position commune, sur comment nous allons traiter tous les cas des DDR [Désarmement, Démobilisation et Réinsertion ndlr], que ce soit les éléments du M23, avant le 25 octobre et après le 25 octobre, ceux qui se sont rendus volontairement, aussi bien les éléments du M23 que tous les autres éléments de groupes armés qui sont en train de se rendre, que ce soit des éléments du FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda, ndlr] ou des éléments d’autres groupes armés.  


Cela veut-il dire qu’il y a un désaccord sur ce point ?

Je ne parlerais pas de désaccord. Mais il y a encore des éléments qui se sont rendus dans les bases des FARDC. Certains se rendent dans les bases de la Monusco. Il est extrêmement important que, Monusco et autorités gouvernementales congolaises, nous puissions avoir une procédure harmonisée pour que le même traitement soit réservé pour ceux qui se rendent aux FARDC et ceux qui se rendent dans les bases de la Monusco.

Justement, quelle est la position de la Monusco ?

Nous avons des positions de principes. Les combattants qui se rendent dans les camps de DDR ne doivent pas être considérés comme des prisonniers. Dès lors qu’ils acceptent de se faire désarmer volontairement, ils se présentent dans nos bases. 


Et pour pouvoir encourager l’ensemble des éléments de groupes armés à se rendre dans nos bases pour se faire désarmer, nous devrons leur réserver un autre traitement que de les traiter en prisonniers. Le camp DDR n’est pas un camp d’internement. Ce n’est pas une prison. 

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