mercredi 04 décembre 2013
Réélu dans des conditions douteuses, Mugabe joue la carte populiste: les étrangers ne pourront plus détenir de commerce.
Après toutes les promesses d’indigénisation faites pendant la campagne électorale de juillet, qui a mené à la réélection de Robert Mugabe, il fallait bien que le gouvernement zimbabwéen indigénise quelque chose.
D’ici à la fin de l’année, les commerçants étrangers de certains secteurs devront avoir cédé la majorité de leur capital à des Zimbabwéens noirs. C’est ce qu’a annoncé, la semaine dernière, le nouveau ministre de l’Indigénisation et de l’Emancipation économique, George Magosvongwe, selon le quotidien pro-gouvernemental "The Herald".
Alors que la politique d’indigénisation, entamée en 2007, s’était jusqu’ici concentrée sur les entreprises appartenant à des étrangers qui valent au moins un demi-million de dollars, ce sont cette fois les petits commerces qui sont visés : agences de voyages et immobilières, commerces de détail, les agences de pub, les salons de coiffure, etc.
Depuis sa réélection, il y a quatre mois, à l’issue d’un scrutin entaché de fraudes massives, Robert Mugabe a affirmé son intention d’aller de l’avant dans sa politique de transfert des richesses aux Zimbabwéens de souche.
Il a fait savoir que le redressement de l’économie était sa priorité et, alors que le taux de chômage atteint 80 %, a multiplié les promesses aux paysans, aux hommes d’affaires, aux jeunes désœuvrés.
"Le Zimbabwe ne sera plus jamais une colonie" , martèle-t-il.
Et cette dernière annonce populiste pourrait être guidée par la volonté du gouvernement de couvrir ses échecs avec la nationalisation des mines et des banques, son véritable objet de convoitise.
"Des amendements devraient aussi être apportés prochainement à la loi d’indigénisation. Et on peut penser que le gouvernement voudra l’adapter afin d’attirer plus d’investissements étrangers , pense l’économiste zimbabwéen Eric Bloch. Mais Robert Mugabe ne veut pas perdre la face par rapport à ses électeurs."
Reste à voir si cette mesure sera réellement appliquée. Si c’est le cas, des centaines d’immigrés originaires de Chine, du Nigeria ou d’Afrique australe, qui se sont installés au Zimbabwe et ont réussi à maintenir leur petit commerce à flots dans une économie en crise, risquent de se retrouver forcés de mettre la clé sous la porte. Quelques expatriés occidentaux encore présents dans le pays, pourraient aussi être affectés.
Le chocolatier belge a un plan B
"Pour le moment, je ne suis pas trop inquiet , nous explique Hans Van Hooreweghe, chocolatier belge installé dans la capitale Harare. Je commence à avoir l’habitude de ce type de déclaration et j’ai appris à ne plus m’alarmer à chaque fois."
Il reconnaît néanmoins qu’il envisage quand même "un plan B, au cas où" .
Après plus de vingt ans passés dans le pays, le commerçant connaît des Zimbabwéens en qui il a confiance et avec qui il pourrait, si c’est nécessaire, s’associer. "Mais si le gouvernement décide de nous imposer quelqu’un, là ce sera vraiment problématique."
Les autorités seraient sur le point de proposer "des candidats" , disposant des qualifications nécessaires, officiellement pour éviter de reproduire les erreurs de la réforme agraire.
Mais les avoirs dont les commerçants étrangers devraient se défaire, pourraient aussi être proposés à des cadres de la Zanu-PF, le parti au pouvoir, et leurs proches, comme récompense de leur loyauté.
"Ce qui est certain, c’est que ce type d’annonce ne va pas favoriser le développement d’une économie déjà totalement moribonde. Les fermetures d’entreprises se multiplient au quotidien" , constate un diplomate européen.
Les pays occidentaux semblent néanmoins vouloir normaliser leurs relations avec le Zimbabwe et l’UE a levé l’embargo sur les diamants du pays au mois de septembre.
Face aux perspectives économiques, notamment dans le secteur minier, les intérêts de quelques petits commerçants ne pèseront pas lourd.
Réélu dans des conditions douteuses, Mugabe joue la carte populiste: les étrangers ne pourront plus détenir de commerce.
Après toutes les promesses d’indigénisation faites pendant la campagne électorale de juillet, qui a mené à la réélection de Robert Mugabe, il fallait bien que le gouvernement zimbabwéen indigénise quelque chose.
D’ici à la fin de l’année, les commerçants étrangers de certains secteurs devront avoir cédé la majorité de leur capital à des Zimbabwéens noirs. C’est ce qu’a annoncé, la semaine dernière, le nouveau ministre de l’Indigénisation et de l’Emancipation économique, George Magosvongwe, selon le quotidien pro-gouvernemental "The Herald".
Alors que la politique d’indigénisation, entamée en 2007, s’était jusqu’ici concentrée sur les entreprises appartenant à des étrangers qui valent au moins un demi-million de dollars, ce sont cette fois les petits commerces qui sont visés : agences de voyages et immobilières, commerces de détail, les agences de pub, les salons de coiffure, etc.
Depuis sa réélection, il y a quatre mois, à l’issue d’un scrutin entaché de fraudes massives, Robert Mugabe a affirmé son intention d’aller de l’avant dans sa politique de transfert des richesses aux Zimbabwéens de souche.
Il a fait savoir que le redressement de l’économie était sa priorité et, alors que le taux de chômage atteint 80 %, a multiplié les promesses aux paysans, aux hommes d’affaires, aux jeunes désœuvrés.
"Le Zimbabwe ne sera plus jamais une colonie" , martèle-t-il.
Et cette dernière annonce populiste pourrait être guidée par la volonté du gouvernement de couvrir ses échecs avec la nationalisation des mines et des banques, son véritable objet de convoitise.
"Des amendements devraient aussi être apportés prochainement à la loi d’indigénisation. Et on peut penser que le gouvernement voudra l’adapter afin d’attirer plus d’investissements étrangers , pense l’économiste zimbabwéen Eric Bloch. Mais Robert Mugabe ne veut pas perdre la face par rapport à ses électeurs."
Reste à voir si cette mesure sera réellement appliquée. Si c’est le cas, des centaines d’immigrés originaires de Chine, du Nigeria ou d’Afrique australe, qui se sont installés au Zimbabwe et ont réussi à maintenir leur petit commerce à flots dans une économie en crise, risquent de se retrouver forcés de mettre la clé sous la porte. Quelques expatriés occidentaux encore présents dans le pays, pourraient aussi être affectés.
Le chocolatier belge a un plan B
"Pour le moment, je ne suis pas trop inquiet , nous explique Hans Van Hooreweghe, chocolatier belge installé dans la capitale Harare. Je commence à avoir l’habitude de ce type de déclaration et j’ai appris à ne plus m’alarmer à chaque fois."
Il reconnaît néanmoins qu’il envisage quand même "un plan B, au cas où" .
Après plus de vingt ans passés dans le pays, le commerçant connaît des Zimbabwéens en qui il a confiance et avec qui il pourrait, si c’est nécessaire, s’associer. "Mais si le gouvernement décide de nous imposer quelqu’un, là ce sera vraiment problématique."
Les autorités seraient sur le point de proposer "des candidats" , disposant des qualifications nécessaires, officiellement pour éviter de reproduire les erreurs de la réforme agraire.
Mais les avoirs dont les commerçants étrangers devraient se défaire, pourraient aussi être proposés à des cadres de la Zanu-PF, le parti au pouvoir, et leurs proches, comme récompense de leur loyauté.
"Ce qui est certain, c’est que ce type d’annonce ne va pas favoriser le développement d’une économie déjà totalement moribonde. Les fermetures d’entreprises se multiplient au quotidien" , constate un diplomate européen.
Les pays occidentaux semblent néanmoins vouloir normaliser leurs relations avec le Zimbabwe et l’UE a levé l’embargo sur les diamants du pays au mois de septembre.
Face aux perspectives économiques, notamment dans le secteur minier, les intérêts de quelques petits commerçants ne pèseront pas lourd.
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