01/07/2013
Nelson Mandela à Johannesbourg le 17 juin 2010
Nelson Mandela a joué un rôle néfaste dans l’affaiblissement de la Republique Democratique du Congo (RDC), Ex-Zaïre, ainsi que des autres pays significatifs d’Afrique. En ayant reçu pour cela de l’argent de l’Occident pour effectuer la sale besogne.
Il va mourir, mais avant lui, plus de six millions de Congolais sont morts. Et sa responsabilité est en partie engagée dans cette tragédie que le monde entier occulte, au profit de l’épiphénomène syrien par exemple. En termes du nombre de morts.
Trois semaines après l’admission de Nelson Mandela dans cet hôpital de Pretoria, le formidable élan de sympathie qui a traversé l’humanité entière n’est pas près de s’estomper.
Et pourtant, il eut fallu un peu moins de naïveté et d’idolâtrie pour concéder que cette hospitalisation était probablement la dernière.
Car, en tant qu’humain et à cause de son âge avancé, l’icône mondiale ne pouvait pas ne pas arriver à la fin de son pèlerinage sur terre. C’est une loi de la nature. N’empêche.
Le dernier communiqué relatif à la mise du malade sous assistance respiratoire semble ramener les uns et les autres à la dure réalité : Madiba va tirer sa révérence.
Inexorablement.Ce n’est qu’une question de jours, sinon de semaines.
Mais mourir à 94 ans constitue, me semble t-il, une belle manière de mourir. L’homme, à cet âge, doit en principe avoir épuisé sa feuille de route sur terre. Dans le bon comme dans le mauvais sens. Car la vie est une balance. D’un côté il y a le bien et, de l’autre, il y a le mal.
On ne peut pas prétendre qu’un être humain fait de chair et de sang ne peut être que totalement bon ou totalement mauvais. Tel est le cas de Nelson Mandela. N’en déplaise aux idolâtres.
En âme et conscience, j’ai décidé de prendre le contre-pied du sentiment général ambiant.
En effet, on ne peut pas avoir été ce qu’a été Nelson Mandela, et ne pas avoir causé du tort à des hommes, à un État ou à des organisations.
En tant que patriote congolais, je mesure l’action d’un homme politique de l’envergure de Nelson Mandela à travers sa contribution à l’avancement non pas seulement de son propre pays, de l’Afrique dans sa globalité, mais aussi et surtout par rapport à son apport dans l’avancement ou le recul de mon pays, la République Démocratique du Congo.
C’est dans ce contexte que j’ai décidé de partager avec mes compatriotes, un témoignage de premier plan relatif au rôle du futur de cujus dans l’affaiblissement de notre pays et de certains autres pays d’Afrique dont la prospérité et le développement font peur à l’occident.
Réchauffement des relations bilatérales
J’ai eu le privilège, sinon la grâce de prendre part à la toute première mission de réchauffement des relations diplomatiques entre l’Afrique du Sud postapartheid et la République du Zaïre. C’était en aout 1996.
A cette occasion, j’ai pu prendre connaissance, de la bouche de monsieur Thabo Mbeki alors vice-président, des affres qu’avait causé l’apartheid sur le devenir de ce pays en général et sur l’efficacité du nouveau pouvoir en particulier.
J’ai pris la mesure de la méchanceté des Blancs qui, en léguant le pouvoir aux Noirs, leur avaient également légué toutes les tares engendrées par le système abject d’apartheid : un chômage masculin rampant, avec comme corollaire la pauvreté, l’alcoolisme et la criminalité.
De la bouche même du vice-président, à leur accession au pouvoir, les nouveaux dirigeants noirs n’avaient pas pris la pleine mesure de l’étendue du désastre. Les Blancs leur avaient caché la réalité. Cette situation expliquait le silence relatif qui avait suivi leur arrivée au pouvoir, bloquant quelque peu le développement des relations bilatérales.
Négociations avec la délégation américaine
Au cours de la guerre dite de libération menée par le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda avec l’assistance multiforme de certains pays occidentaux, j’ai pris part à toutes les négociations qui se déroulaient en Afrique du Sud.
Qu’il s’agisse de Pretoria, de Johannesburg, ou de Cape Town, j’ai été de toutes les négociations. De la même manière, j’ai été à Kampala et à Gulu, mais aussi ailleurs pour les mêmes raisons. J’ai pu également prendre part à des missions de médiation entre des chefs d’Etat africains en brouille plus ou moins ouverte.
C’est à cette occasion que j’ai pu prendre la mesure de l’implication de l’Afrique du Sud aux côtés du Rwanda. En effet, j’ai pu comprendre que la diplomatie de notre pays, aphone et défaillante - déjà ! - n’avait fourni aucun effort auprès des pays aussi importants que l’Afrique du Sud, le Nigeria ou l’Égypte.
À telle enseigne que le pays hôte ignorait que c’est la coalition conduite par le Rwanda qui avait agressé le Zaïre. Nelson Mandela lui-même n’en revint pas lorsqu’il l’apprit.
En effet, dans son mensonge légendaire, le gouvernement rwandais avait fait croire à Pretoria qu’il était agressé par le Zaïre. Dès lors, choqué par cette situation dans laquelle le Rwanda, un petit poucet, était victime d’agression de la part du Zaïre, un géant, Nelson Mandela n’hésita pas à fournir des armes au Rwanda pour lui permettre de se défendre.
C’est alors que j’ai apprécié la réactivité de Nelson Mandela qui, en toute simplicité et franchise, révéla que c’est pour cette raison que son pays fournissait des armes à Kigali.
Et le président Mandela d’ajouter : d’ailleurs, au moment où je vous reçois, un avion chargé d’armes est en attente de décollage à destination de Kigali. Il décida toutefois d’annuler et le vol, et la livraison d’armes.
Etait-il sincère, ou voulait-il tout simplement faire semblant, afin de préserver ses chances en tant que futur médiateur dans ce conflit qui, près de dix-sept ans plus tard, n’arrête pas de faire des victimes dans mon pays ?
Est-ce que par la suite, Pretoria n’avait pas repris la livraison d’armes à Kigali, des armes qui ont servi à massacrer des millions de mes compatriotes ? Là n’est cependant pas la quintessence de mon propos de ce jour.
Révélations du président Sani Abacha
Je voudrais donc, comme je l’écrivais supra, livrer à l’attention de mes compatriotes, un renseignement de premier plan émanant d’un chef d’État africain, d’un grand pays d’Afrique, sinon le plus puissant d’Afrique noire : le Nigeria.
Quitte à mes compatriotes d’examiner, à l’aune de ce renseignement si, par rapport à la tragédie que vit le Congo depuis cette année funeste de 1996, Nelson Mandela mérite t-il cette idolâtrie, y compris de la part des Congolais, que je trouve choquante, au regard de plus de six millions de morts que déplore le peuple congolais tout entier.
En effet, en avril 1996, j’ai eu l’occasion de faire partie du voyage d’Abuja où nous devions mener une médiation entre le président du Nigeria, feu Sani Abacha, et Nelson Mandela.
Il se fait justement que le Nigeria est un pays pétrolier. Et que ce ne sont pas de petites compagnies pétrolières qui y opèrent. Shell, l’une des principales majors du secteur, opère sur plusieurs champs pétroliers de ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Et c’est le lobby pétrolier qui soutenait le pouvoir nigérian, qui révéla au président Abacha que les occidentaux, notamment les américains, ont toujours été effrayés par l’axe Pretoria – Kinshasa – Abuja – Le Caire.
Ils sont conscients que si ces quatre pays marchent, ils se verraient privés des ressources naturelles qui les font vivre, et des débouchés pour leurs produits.
Pis, ils cesseraient d’avoir la même influence qu’ils ont actuellement sur les affaires du continent, parce que ces pays africains étaient capables et aptes à régler eux-mêmes les affaires survenant dans d’autres pays du continent. Aussi, mettaient-ils tout en œuvre afin d’affaiblir chacun de ces quatre pays.
Il se fait que, comme aime à le répéter mon compatriote l’abbé Jean-Pierre Mbelu, le grand capital n’aime guère se salir les mains. Il a toujours l’habitude de faire sous-traiter des sordides opérations que les laboratoires de ses services secrets conçoivent.
Ce fut le cas avec le lâche et infâme assassinat de Patrice Lumumba : le grand capital se sentant en danger face à la vision prospective et à la lucidité précoce de ce patriote et panafricaniste, utilisa des mains congolaises pour l’étouffer politiquement, mais surtout pour son élimination physique.
On peut multiplier des exemples sur tout le continent, mais je préfère rester scotché à mon pays, la République Démocratique du Congo.
En termes clairs, si les pays concernés à savoir, l’Afrique du Sud, l’ex-Zaïre, le Nigeria et l’Egypte mettaient de l‘ordre dans leur gestion et, du coup, prétendaient à l’émergence sinon au développement, ce serait le chaos généralisé en Occident.
Par conséquent, il fallait à tout prix les déstabiliser. Et c’est Nelson Mandela qui reçut des moyens financiers pour mener à bien cette sale besogne.
Le choix porté sur cet homme découlait d’un calcul simple : avec ce qu’il venait de réaliser dans son pays - en pardonnant à ses geôliers d’hier, il venait de sauver son pays du désastre et s’attirait une aura, une autorité et une influence inégalées à travers le continent.
Il était tout simplement au-dessus de tout soupçon. Sa nouvelle stature lui conférait une indiscutable ascendance sur les hommes et sur les événements du continent.
De fait, je voudrais tout de même relativiser en disant que de ces quatre pays, l’Afrique du Sud et l’Egypte étaient déjà sous contrôle de l’Occident. L’Afrique du Sud, pour cause d’inexpérience des noirs.
Ceux-ci ne pouvaient pas se permettre se mettre à dos un Occident dominateur. Les dirigeants noirs sud-africains admiraient même ceux des africains qui arrivaient à tenir tête aux Occidentaux.
Je me souviens qu’après un débat houleux entre la délégation américaine, composée de George Moose, Susan Rice et d’une solide équipe de la Cia d’une part et celle de Kinshasa dont l’auteur des présentes lignes faisait partie, les facilitateurs sud-africains, en l’occurrence Aziz Pahad, vice-ministre des Affaires étrangères, Billy Masethla, patron des services secrets ainsi que toute leur équipe, tinrent à rester avec nous au Diplomatic Guest House de Waterklaus pour nous féliciter de notre courage. Ils ne comprenaient tout simplement pas comment pouvions-nous oser tenir tête aux américains !
C’est dire l’état d’esprit ambiant des dirigeants noirs qui venaient d’accéder au pouvoir. Des poltrons face aux Occidentaux. Quoi de plus logique qu’en sus des qualités vantées supra, Nelson Mandela fût chargé d’une telle mission qui n’avait pour finalité que de maintenir l’Afrique sous le joug occidental.
Après l’Afrique du Sud, on peut dire que l’Egypte était également sous contrôle : à l’issue de la guerre de Yom Kippour, l’Egypte avait accepté de signer un traité de paix avec l’Etat d’Israël, en échange d’une aide financière directe d’un milliard de dollars annuels, passée à deux milliards de dollars quelques années plus tard, si ma mémoire ne me trahit pas.
Cette manne dont le gouvernement égyptien ne pouvait se passer sous peine de déstabilisation économique, suffisait à calmer les ardeurs belliqueuses des généraux égyptiens et des revendications sociales des populations, grosses consommatrices de blé [américain].
Mais on ne sait jamais, Pretoria et le Caire méritaient de demeurer sous surveillance américaine. Et tout était mis en œuvre dans cette optique.
Le cas du Zaïre était différent. En effet, préparé – pour ne pas dire fabriqué - par la CIA et ses sous-traitants belges à diriger le Zaïre selon leurs desiderata, Mobutu finit par devenir un monstre incontrôlable. Ses patrons ne pouvaient plus le maîtriser.
L’ancien élève avait dépassé certains de ses maitres. Qu’on se rappelle tout simplement avec quelle morgue le défunt président se targuait de disposer du contenu des délibérations des conseils de ministres belges bien avant le roi !
Devenu ainsi incontrôlable, Mobutu devenait du coup un danger pour les desseins des maîtres de ce monde. Il fallait dès lors l’affaiblir et, pourquoi pas, l’éliminer, au regard de la nouvelle, mise à jour des richesses dont le sous-sol de ce pays regorgeait. Car, et nos dirigeants devraient tirer les leçons de l’histoire, l’Occident n’a pas d’ami, il n’a que des intérêts.
Serait bien naïf le dirigeant africain qui croirait pouvoir plaire aux Occidentaux ad vitam aeternam. Les Occidentaux ne sont que des «amis» conjoncturels.
Leur «amitié» évolue au gré de leurs intérêts et des circonstances multiples. Mobutu en sait quelque chose. Un travail méticuleux de démolition d’image fut donc entrepris, avec l’aide de la presse occidentale réputée libre et indépendante, mais en réalité à la solde de sordides intérêts.
Tous les défauts de l’ancien élève furent mis sur la place publique. Vilipendé et jeté en pâture, Mobutu fut tellement houspillé et humilié qu’il en perdit et son superbe, et le pouvoir. Mais à quel prix !
Au prix de la déstabilisation du pays, au profit des nouveaux amis qu’étaient – que sont toujours – Yoweri K. Museveni et Paul Kagamé, du moins pour ce qui concerne les Grands Lacs africains.
Car un Mobutu devenu incontrôlable constituait un danger pour leur stratégie de domination de l’Afrique des Grands Lacs. Il était capable de faire obstacle à la libre exploitation des ressources naturelles de ce pays. Il fut sévèrement puni.
Et du coup, la République Démocratique du Congo qui, en dépit du délitement du pouvoir de Mobutu, pouvait encore faire peur, devint la proie de l’ogre occidental et d’un quarteron de chefs d’Etat africains qui constituaient, selon la trouvaille de William Jefferson Clinton, le nouveau leadership africain.
Progressivement, on chemine vers la balkanisation et donc, vers la disparition du Congo dans ses dimensions actuelles, ce qui constituerait une épine de moins dans le pied de l’occident. Et Nelson Mandela y a été pour beaucoup.
Ainsi donc, l’Egypte de Hosni Mubarak et l’Afrique du Sud étant sous contrôle, la République Démocratique du Congo durablement affaibli sinon démembré et en perte d’influence, le Nigeria de Sani Abacha affaibli à son tour par la présence à sa tête d’Olusegun Obasanjo,un autre pion de l’occident, Nelson Mandela avait finalement réussi sa mission.
Voilà donc cet homme-là que même des congolais adorent, sous des prétextes qui ne relèvent que du commun jugement. Il suffit cependant d’approfondir la question comme nous venons de tenter de le faire, à la lumière des renseignements non disponibles pour le grand public, pour finalement se rendre compte que Mandela, ce n’était que du vernis pour nous africains.
Icône, Nelson Mandela l’est assurément pour son pays. Mais de là à l’idolâtrer comme je le vois à travers les médias, je ne puis le supporter.
Car, le travail abattu par cet homme nous vaut aujourd’hui d’avoir un pays en voie de balkanisation, avec, à la clé, plus de six millions de morts.
Nous nous focalisons uniquement sur le Rwanda et l’Ouganda, alors que le panel des agents de l’Occident est très large et fourni.
Devrais-je idolâtrer pareil personnage ? Ma réponse est un non catégorique.
Et, je préfère fixer une bonne fois pour toutes l’opinion du lecteur : que Mobutu et Sani Abacha aient été en réalité des dictateurs, ne fait l’ombre d’aucun doute. A leur charge, existent des griefs endogènes importants dans l’affaiblissement de leurs pays respectifs. Et mon propos ne consistait d’ailleurs pas à disserter sur la nature de leurs régimes.
Au demeurant, et sans aller jusqu’à absoudre l’un et l’autre, n’est-ce pas ce même Occident qui avait favorisé cette dictature ? Car en définitive, c’est l’Occident qui fixe la nature de nos systèmes et régimes politiques, selon ses propres besoins et intérêts.
Je voulais tout simplement révéler au lecteur la face cachée mais hideuse de Nelson Mandela, le rôle néfaste qu’il a joué dans l’affaiblissement de notre pays, ainsi que des autres pays significatifs d’Afrique. En ayant reçu pour cela de l’argent de l’Occident pour effectuer la sale besogne.
Ce Mandela là, je n’en veux pas, même si je demeure admiratif devant l’autre Mandela, celui qui a réussi le tour de force de pardonner à ses geôliers et de les associer à la gestion de l’économie du pays, sous peine de voir celui-ci s’effondrer et provoquer un cataclysme. Ce n’est pas antinomique.
D’ailleurs, avait-il le choix ?
Mais encore une fois, je refuse de l’idolâtrer. Il va mourir, mais avant lui, plus de six millions de Congolais sont morts. Et sa responsabilité est en partie engagée dans cette tragédie que le monde entier occulte, au profit de l’épiphénomène syrien par exemple. En termes du nombre de morts.
_____________
[Gombo N’gongo]
Ancien conseiller à la Présidence de la République du Zaïre]
© KongoTimes
Nelson Mandela à Johannesbourg le 17 juin 2010
Nelson Mandela a joué un rôle néfaste dans l’affaiblissement de la Republique Democratique du Congo (RDC), Ex-Zaïre, ainsi que des autres pays significatifs d’Afrique. En ayant reçu pour cela de l’argent de l’Occident pour effectuer la sale besogne.
Il va mourir, mais avant lui, plus de six millions de Congolais sont morts. Et sa responsabilité est en partie engagée dans cette tragédie que le monde entier occulte, au profit de l’épiphénomène syrien par exemple. En termes du nombre de morts.
Trois semaines après l’admission de Nelson Mandela dans cet hôpital de Pretoria, le formidable élan de sympathie qui a traversé l’humanité entière n’est pas près de s’estomper.
Et pourtant, il eut fallu un peu moins de naïveté et d’idolâtrie pour concéder que cette hospitalisation était probablement la dernière.
Car, en tant qu’humain et à cause de son âge avancé, l’icône mondiale ne pouvait pas ne pas arriver à la fin de son pèlerinage sur terre. C’est une loi de la nature. N’empêche.
Le dernier communiqué relatif à la mise du malade sous assistance respiratoire semble ramener les uns et les autres à la dure réalité : Madiba va tirer sa révérence.
Inexorablement.Ce n’est qu’une question de jours, sinon de semaines.
Mais mourir à 94 ans constitue, me semble t-il, une belle manière de mourir. L’homme, à cet âge, doit en principe avoir épuisé sa feuille de route sur terre. Dans le bon comme dans le mauvais sens. Car la vie est une balance. D’un côté il y a le bien et, de l’autre, il y a le mal.
On ne peut pas prétendre qu’un être humain fait de chair et de sang ne peut être que totalement bon ou totalement mauvais. Tel est le cas de Nelson Mandela. N’en déplaise aux idolâtres.
En âme et conscience, j’ai décidé de prendre le contre-pied du sentiment général ambiant.
En effet, on ne peut pas avoir été ce qu’a été Nelson Mandela, et ne pas avoir causé du tort à des hommes, à un État ou à des organisations.
En tant que patriote congolais, je mesure l’action d’un homme politique de l’envergure de Nelson Mandela à travers sa contribution à l’avancement non pas seulement de son propre pays, de l’Afrique dans sa globalité, mais aussi et surtout par rapport à son apport dans l’avancement ou le recul de mon pays, la République Démocratique du Congo.
C’est dans ce contexte que j’ai décidé de partager avec mes compatriotes, un témoignage de premier plan relatif au rôle du futur de cujus dans l’affaiblissement de notre pays et de certains autres pays d’Afrique dont la prospérité et le développement font peur à l’occident.
Réchauffement des relations bilatérales
J’ai eu le privilège, sinon la grâce de prendre part à la toute première mission de réchauffement des relations diplomatiques entre l’Afrique du Sud postapartheid et la République du Zaïre. C’était en aout 1996.
A cette occasion, j’ai pu prendre connaissance, de la bouche de monsieur Thabo Mbeki alors vice-président, des affres qu’avait causé l’apartheid sur le devenir de ce pays en général et sur l’efficacité du nouveau pouvoir en particulier.
J’ai pris la mesure de la méchanceté des Blancs qui, en léguant le pouvoir aux Noirs, leur avaient également légué toutes les tares engendrées par le système abject d’apartheid : un chômage masculin rampant, avec comme corollaire la pauvreté, l’alcoolisme et la criminalité.
De la bouche même du vice-président, à leur accession au pouvoir, les nouveaux dirigeants noirs n’avaient pas pris la pleine mesure de l’étendue du désastre. Les Blancs leur avaient caché la réalité. Cette situation expliquait le silence relatif qui avait suivi leur arrivée au pouvoir, bloquant quelque peu le développement des relations bilatérales.
Négociations avec la délégation américaine
Au cours de la guerre dite de libération menée par le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda avec l’assistance multiforme de certains pays occidentaux, j’ai pris part à toutes les négociations qui se déroulaient en Afrique du Sud.
Qu’il s’agisse de Pretoria, de Johannesburg, ou de Cape Town, j’ai été de toutes les négociations. De la même manière, j’ai été à Kampala et à Gulu, mais aussi ailleurs pour les mêmes raisons. J’ai pu également prendre part à des missions de médiation entre des chefs d’Etat africains en brouille plus ou moins ouverte.
C’est à cette occasion que j’ai pu prendre la mesure de l’implication de l’Afrique du Sud aux côtés du Rwanda. En effet, j’ai pu comprendre que la diplomatie de notre pays, aphone et défaillante - déjà ! - n’avait fourni aucun effort auprès des pays aussi importants que l’Afrique du Sud, le Nigeria ou l’Égypte.
À telle enseigne que le pays hôte ignorait que c’est la coalition conduite par le Rwanda qui avait agressé le Zaïre. Nelson Mandela lui-même n’en revint pas lorsqu’il l’apprit.
En effet, dans son mensonge légendaire, le gouvernement rwandais avait fait croire à Pretoria qu’il était agressé par le Zaïre. Dès lors, choqué par cette situation dans laquelle le Rwanda, un petit poucet, était victime d’agression de la part du Zaïre, un géant, Nelson Mandela n’hésita pas à fournir des armes au Rwanda pour lui permettre de se défendre.
C’est alors que j’ai apprécié la réactivité de Nelson Mandela qui, en toute simplicité et franchise, révéla que c’est pour cette raison que son pays fournissait des armes à Kigali.
Et le président Mandela d’ajouter : d’ailleurs, au moment où je vous reçois, un avion chargé d’armes est en attente de décollage à destination de Kigali. Il décida toutefois d’annuler et le vol, et la livraison d’armes.
Etait-il sincère, ou voulait-il tout simplement faire semblant, afin de préserver ses chances en tant que futur médiateur dans ce conflit qui, près de dix-sept ans plus tard, n’arrête pas de faire des victimes dans mon pays ?
Est-ce que par la suite, Pretoria n’avait pas repris la livraison d’armes à Kigali, des armes qui ont servi à massacrer des millions de mes compatriotes ? Là n’est cependant pas la quintessence de mon propos de ce jour.
Révélations du président Sani Abacha
Je voudrais donc, comme je l’écrivais supra, livrer à l’attention de mes compatriotes, un renseignement de premier plan émanant d’un chef d’État africain, d’un grand pays d’Afrique, sinon le plus puissant d’Afrique noire : le Nigeria.
Quitte à mes compatriotes d’examiner, à l’aune de ce renseignement si, par rapport à la tragédie que vit le Congo depuis cette année funeste de 1996, Nelson Mandela mérite t-il cette idolâtrie, y compris de la part des Congolais, que je trouve choquante, au regard de plus de six millions de morts que déplore le peuple congolais tout entier.
En effet, en avril 1996, j’ai eu l’occasion de faire partie du voyage d’Abuja où nous devions mener une médiation entre le président du Nigeria, feu Sani Abacha, et Nelson Mandela.
Il se fait justement que le Nigeria est un pays pétrolier. Et que ce ne sont pas de petites compagnies pétrolières qui y opèrent. Shell, l’une des principales majors du secteur, opère sur plusieurs champs pétroliers de ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Et c’est le lobby pétrolier qui soutenait le pouvoir nigérian, qui révéla au président Abacha que les occidentaux, notamment les américains, ont toujours été effrayés par l’axe Pretoria – Kinshasa – Abuja – Le Caire.
Ils sont conscients que si ces quatre pays marchent, ils se verraient privés des ressources naturelles qui les font vivre, et des débouchés pour leurs produits.
Pis, ils cesseraient d’avoir la même influence qu’ils ont actuellement sur les affaires du continent, parce que ces pays africains étaient capables et aptes à régler eux-mêmes les affaires survenant dans d’autres pays du continent. Aussi, mettaient-ils tout en œuvre afin d’affaiblir chacun de ces quatre pays.
Il se fait que, comme aime à le répéter mon compatriote l’abbé Jean-Pierre Mbelu, le grand capital n’aime guère se salir les mains. Il a toujours l’habitude de faire sous-traiter des sordides opérations que les laboratoires de ses services secrets conçoivent.
Ce fut le cas avec le lâche et infâme assassinat de Patrice Lumumba : le grand capital se sentant en danger face à la vision prospective et à la lucidité précoce de ce patriote et panafricaniste, utilisa des mains congolaises pour l’étouffer politiquement, mais surtout pour son élimination physique.
On peut multiplier des exemples sur tout le continent, mais je préfère rester scotché à mon pays, la République Démocratique du Congo.
En termes clairs, si les pays concernés à savoir, l’Afrique du Sud, l’ex-Zaïre, le Nigeria et l’Egypte mettaient de l‘ordre dans leur gestion et, du coup, prétendaient à l’émergence sinon au développement, ce serait le chaos généralisé en Occident.
Par conséquent, il fallait à tout prix les déstabiliser. Et c’est Nelson Mandela qui reçut des moyens financiers pour mener à bien cette sale besogne.
Le choix porté sur cet homme découlait d’un calcul simple : avec ce qu’il venait de réaliser dans son pays - en pardonnant à ses geôliers d’hier, il venait de sauver son pays du désastre et s’attirait une aura, une autorité et une influence inégalées à travers le continent.
Il était tout simplement au-dessus de tout soupçon. Sa nouvelle stature lui conférait une indiscutable ascendance sur les hommes et sur les événements du continent.
De fait, je voudrais tout de même relativiser en disant que de ces quatre pays, l’Afrique du Sud et l’Egypte étaient déjà sous contrôle de l’Occident. L’Afrique du Sud, pour cause d’inexpérience des noirs.
Ceux-ci ne pouvaient pas se permettre se mettre à dos un Occident dominateur. Les dirigeants noirs sud-africains admiraient même ceux des africains qui arrivaient à tenir tête aux Occidentaux.
Je me souviens qu’après un débat houleux entre la délégation américaine, composée de George Moose, Susan Rice et d’une solide équipe de la Cia d’une part et celle de Kinshasa dont l’auteur des présentes lignes faisait partie, les facilitateurs sud-africains, en l’occurrence Aziz Pahad, vice-ministre des Affaires étrangères, Billy Masethla, patron des services secrets ainsi que toute leur équipe, tinrent à rester avec nous au Diplomatic Guest House de Waterklaus pour nous féliciter de notre courage. Ils ne comprenaient tout simplement pas comment pouvions-nous oser tenir tête aux américains !
C’est dire l’état d’esprit ambiant des dirigeants noirs qui venaient d’accéder au pouvoir. Des poltrons face aux Occidentaux. Quoi de plus logique qu’en sus des qualités vantées supra, Nelson Mandela fût chargé d’une telle mission qui n’avait pour finalité que de maintenir l’Afrique sous le joug occidental.
Après l’Afrique du Sud, on peut dire que l’Egypte était également sous contrôle : à l’issue de la guerre de Yom Kippour, l’Egypte avait accepté de signer un traité de paix avec l’Etat d’Israël, en échange d’une aide financière directe d’un milliard de dollars annuels, passée à deux milliards de dollars quelques années plus tard, si ma mémoire ne me trahit pas.
Cette manne dont le gouvernement égyptien ne pouvait se passer sous peine de déstabilisation économique, suffisait à calmer les ardeurs belliqueuses des généraux égyptiens et des revendications sociales des populations, grosses consommatrices de blé [américain].
Mais on ne sait jamais, Pretoria et le Caire méritaient de demeurer sous surveillance américaine. Et tout était mis en œuvre dans cette optique.
Le cas du Zaïre était différent. En effet, préparé – pour ne pas dire fabriqué - par la CIA et ses sous-traitants belges à diriger le Zaïre selon leurs desiderata, Mobutu finit par devenir un monstre incontrôlable. Ses patrons ne pouvaient plus le maîtriser.
L’ancien élève avait dépassé certains de ses maitres. Qu’on se rappelle tout simplement avec quelle morgue le défunt président se targuait de disposer du contenu des délibérations des conseils de ministres belges bien avant le roi !
Devenu ainsi incontrôlable, Mobutu devenait du coup un danger pour les desseins des maîtres de ce monde. Il fallait dès lors l’affaiblir et, pourquoi pas, l’éliminer, au regard de la nouvelle, mise à jour des richesses dont le sous-sol de ce pays regorgeait. Car, et nos dirigeants devraient tirer les leçons de l’histoire, l’Occident n’a pas d’ami, il n’a que des intérêts.
Serait bien naïf le dirigeant africain qui croirait pouvoir plaire aux Occidentaux ad vitam aeternam. Les Occidentaux ne sont que des «amis» conjoncturels.
Leur «amitié» évolue au gré de leurs intérêts et des circonstances multiples. Mobutu en sait quelque chose. Un travail méticuleux de démolition d’image fut donc entrepris, avec l’aide de la presse occidentale réputée libre et indépendante, mais en réalité à la solde de sordides intérêts.
Tous les défauts de l’ancien élève furent mis sur la place publique. Vilipendé et jeté en pâture, Mobutu fut tellement houspillé et humilié qu’il en perdit et son superbe, et le pouvoir. Mais à quel prix !
Au prix de la déstabilisation du pays, au profit des nouveaux amis qu’étaient – que sont toujours – Yoweri K. Museveni et Paul Kagamé, du moins pour ce qui concerne les Grands Lacs africains.
Car un Mobutu devenu incontrôlable constituait un danger pour leur stratégie de domination de l’Afrique des Grands Lacs. Il était capable de faire obstacle à la libre exploitation des ressources naturelles de ce pays. Il fut sévèrement puni.
Et du coup, la République Démocratique du Congo qui, en dépit du délitement du pouvoir de Mobutu, pouvait encore faire peur, devint la proie de l’ogre occidental et d’un quarteron de chefs d’Etat africains qui constituaient, selon la trouvaille de William Jefferson Clinton, le nouveau leadership africain.
Progressivement, on chemine vers la balkanisation et donc, vers la disparition du Congo dans ses dimensions actuelles, ce qui constituerait une épine de moins dans le pied de l’occident. Et Nelson Mandela y a été pour beaucoup.
Ainsi donc, l’Egypte de Hosni Mubarak et l’Afrique du Sud étant sous contrôle, la République Démocratique du Congo durablement affaibli sinon démembré et en perte d’influence, le Nigeria de Sani Abacha affaibli à son tour par la présence à sa tête d’Olusegun Obasanjo,un autre pion de l’occident, Nelson Mandela avait finalement réussi sa mission.
Voilà donc cet homme-là que même des congolais adorent, sous des prétextes qui ne relèvent que du commun jugement. Il suffit cependant d’approfondir la question comme nous venons de tenter de le faire, à la lumière des renseignements non disponibles pour le grand public, pour finalement se rendre compte que Mandela, ce n’était que du vernis pour nous africains.
Icône, Nelson Mandela l’est assurément pour son pays. Mais de là à l’idolâtrer comme je le vois à travers les médias, je ne puis le supporter.
Car, le travail abattu par cet homme nous vaut aujourd’hui d’avoir un pays en voie de balkanisation, avec, à la clé, plus de six millions de morts.
Nous nous focalisons uniquement sur le Rwanda et l’Ouganda, alors que le panel des agents de l’Occident est très large et fourni.
Devrais-je idolâtrer pareil personnage ? Ma réponse est un non catégorique.
Et, je préfère fixer une bonne fois pour toutes l’opinion du lecteur : que Mobutu et Sani Abacha aient été en réalité des dictateurs, ne fait l’ombre d’aucun doute. A leur charge, existent des griefs endogènes importants dans l’affaiblissement de leurs pays respectifs. Et mon propos ne consistait d’ailleurs pas à disserter sur la nature de leurs régimes.
Au demeurant, et sans aller jusqu’à absoudre l’un et l’autre, n’est-ce pas ce même Occident qui avait favorisé cette dictature ? Car en définitive, c’est l’Occident qui fixe la nature de nos systèmes et régimes politiques, selon ses propres besoins et intérêts.
Je voulais tout simplement révéler au lecteur la face cachée mais hideuse de Nelson Mandela, le rôle néfaste qu’il a joué dans l’affaiblissement de notre pays, ainsi que des autres pays significatifs d’Afrique. En ayant reçu pour cela de l’argent de l’Occident pour effectuer la sale besogne.
Ce Mandela là, je n’en veux pas, même si je demeure admiratif devant l’autre Mandela, celui qui a réussi le tour de force de pardonner à ses geôliers et de les associer à la gestion de l’économie du pays, sous peine de voir celui-ci s’effondrer et provoquer un cataclysme. Ce n’est pas antinomique.
D’ailleurs, avait-il le choix ?
Mais encore une fois, je refuse de l’idolâtrer. Il va mourir, mais avant lui, plus de six millions de Congolais sont morts. Et sa responsabilité est en partie engagée dans cette tragédie que le monde entier occulte, au profit de l’épiphénomène syrien par exemple. En termes du nombre de morts.
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[Gombo N’gongo]
Ancien conseiller à la Présidence de la République du Zaïre]
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