dimanche 6 juillet 2014

Côte d'Ivoire: Vous connaîtrez la vérité...

05/07/2014

Garder le président Gbagbo pour quelques années encore, dans les geôles de la CPI, brise-t-elle définitivement le rêve des partisans de Laurent Gbagbo, comme le soutiennent les pro-Ouattara ? Cela ne semble pas être le cas. La page Gbagbo ne sera pas tournée. Bien au contraire.



La Cour pénale internationale (CPI) vient de mettre fin à plus de deux ans d'une saga judiciaire à rebondissements, en confirmant les charges qui pesaient contre Laurent Gbagbo.

A Abidjan, les réactions étaient diamétralement opposées entre les deux et principaux camps rivaux. Chez les pro-Gbagbo, le moral était en berne. Affi N'guessan, président du FPI, parti politique de Laurent Gbagbo, décrit cet évènement comme : « (...) un moment de grande tristesse et de profondes appréhensions (...) pour toutes les personnes éprises de justice, de liberté et de paix, en Côte d'Ivoire, en Afrique et dans le monde ». 

Chez les pro-Ouattara on a plutôt crié victoire et on a chanté le « rêve brisé » du FPI. Quel rêve ? Celui de voir Laurent Gbagbo rentrer dans son pays, accueilli en triomphe, ses partisans requinqués, nourrissant le secret espoir de voir leur parti revenir au pouvoir ? Certainement.

Le constat est donc clair : la décision des juges de la CPI est loin de créer l'union en Côte d'Ivoire. Bien au contraire, elle est de nature à exaspérer d'avantage les positions dans un pays où malgré la fin de la crise post-électorale, la division est palpable et les tensions encore vives.

On attendait avec intérêt la réaction du FPI, dont l'avenir, nul ne l'ignore, reste intimement lié au sort du plus célèbre prisonnier de Scheveningen. Elle n'a pas mis longtemps à venir. 

Dans le texte lu par Affi N'Guessan au cours du point de presse organisé par le FPI, il s'agissait avant tout de rassurer les militants et sympathisants sur la vacuité des éléments de preuve fournis par la procureure de la CPI, Fatou Bensouda. 

Mais il s'agissait aussi d'envoyer un signal fort, au pouvoir en place et - certainement - à ses soutiens extérieurs : « La libération du président Laurent Gbagbo est le moteur de la réconciliation nationale (...) La réconciliation nationale est la clé de l'émergence (...)».

Devrions-nous entendre par là que tant que Laurent Gbagbo continuera d'être l'objet d'emprisonnement à la CPI, les ivoiriens resteront profondément divisés au point de retarder la marche vers le progrès de leur pays? Sans doute.

Laurent Gbagbo incarne en Côte d'Ivoire, une idéologie politique qui a besoin de s'exprimer dans un cadre démocratique sain et libre. Or, l'on sait que la démocratie a pour principes la liberté, la pluralité d'expressions et d'opinions politiques. 

Dans ce cas, Laurent Gbagbo en prison, c'est effectivement une grande partie des ivoiriens qui se sentent victimes d'une injustice flagrante ; ce sont des ivoiriens bâillonnés dans leur élan de... vivre leur rêve. Affi N'guessan ne semble pas dire le contraire. 

En parlant du procès à venir de Laurent Gbagbo à la CPI, il affirme : « Ce procès n'est pas le procès d'un homme. C'est le procès d'une ambition, d'une vision, d'un idéal. C'est le procès de la démocratie, c'est le procès de la liberté, le procès de la dignité. C'est le procès de l'Afrique ».

Pour autant, la perspective d'un long procès et l'idée de voir leur mentor croupir - peut-être - pour quelques années encore dans les geôles de la CPI, brise-t-elle définitivement le rêve des partisans de Laurent Gbagbo, comme le soutiennent les pro-Ouattara ? Cela ne semble pas être le cas. La page Gbagbo ne sera pas tournée. Bien au contraire.

Affi N'guessan, engage ici ses partisans à la détermination plutôt qu'à se laisser abattre : « C'est notre procès. Nous devons le gagner ». Puis il les invite à passer à l'action : « Notre part c'est de nous mobiliser et d'assurer une plus grande coordination de nos activités en vue de réussir efficacement la libération du Président Laurent Gbagbo ».

Maître Altit, principal avocat de Laurent Gbagbo, quant à lui, se dit satisfait : « C'est une bonne décision. C'est une étape nécessaire pour le dévoilement de la vérité (...) Cet évènement sera l'occasion de faire le procès de tous ceux qui ont déstabilisés la Côte d'Ivoire, de tous ceux qui avaient intérêt à répandre la violence. En somme, des tenants de la françafrique ».

Ce qu'il faut retenir que le procès de Laurent sera, en définitive, l'occasion pour les ivoiriens d'avoir ce qui leur fait cruellement défaut. 

A savoir, connaître toute la vérité sur les sombres périodes de leur histoire : qui sont les responsables de leurs malheurs et leurs commanditaires ? Quelles sont leurs réelles motivations ? Autant de questions qui méritent des réponses.

Tout compte fait, la vérité fini toujours pas triompher, dit-on. Ce procès pourrait donc avoir le mérite de répondre aux questions qui hantent encore les esprits des ivoiriens ; il pourrait mettre à nu les lourds secrets que l'on cache et qui continuent de faire du mal aux uns ; dissiper ou confirmer, une fois pour toute, les soupçons qui pèsent sur les autres...

Bref, les ivoiriens sauront la vérité pour sortir définitivement de la spirale de crises, pour un nouveau départ. Car la vérité impose un changement d'attitude, même pour ceux qui la rejettent au profit de leurs intérêts égoïstes. « La vérité rougie les yeux, mais elle ne les casse pas », dira le dicton populaire ;

Laurent Gbagbo, du fond de sa prison a, semble -t-il décidé, de dire sa part de vérité sur la crise ivoirienne en co-signant un livre avec le journaliste français François Mattei pour, dit-on: « la vérité et la justice ». Une œuvre intitulée : « Côte d'Ivoire : Révélations sur un scandale français ».

Coïncidence ? Gildas Le Lidec, ex-ambassadeur de France en Côte d'Ivoire, vient de sortir de son côté : « De Phnom Penh à Abidjan, fragments de vie d'un diplomate », un livre un livre dans lequel - de toute évidence - il innocente Gbagbo et accable les dirigeants actuels.

Des publications qui ne sont à l'évidence pas du goût des partisans d'Alassane Ouattara. Des partisans qui n'ont d'autres recours que de crier au mensonge : « Tout est faux ! », disent-ils, non sans accuser les auteurs de ces différentes œuvres de « tordre le coup à l'histoire ».

De toutes manières, seul le peuple ivoirien sortira gagnant de ce procès historique, car la vérité sera sue, d'une façon ou d'une autre ; la vérité qui libère. Car il est écrit : « Vous connaitrez la vérité et la vérité vous affranchira ».
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Marc Micael
marcmicael@gmail.com
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Cameroonvoice

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