le 17 avril 2014
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Selon le régime de Paul Kagame, le génocide des Rwandais tutsis aurait été planifié dès les premiers pogroms dans les années 1950 et préparé dans le cadre d’une idéologie ethno-nationaliste.
Serge Dupuis déconstruit cette thèse de la planification et propose une autre lecture du génocide rwandais.
Synthèse
Récit « officiel » et histoire complexe
Le récit officiel considère le génocide comme l’aboutissement d’un long processus où le racisme anti-tutsi dominait sous Kayibanda et Habyarimana.
L’offensive du FPR aurait constitué le prétexte pour accomplir le génocide tandis que la lutte contre la menace génocidaire aurait été à la base de l’action du FPR.
Cependant, sous les deux présidents, l’apaisement des relations interethniques est significatif, un processus de démocratisation est à l’œuvre et la question des réfugiés tutsis discutée.
Selon Serge Dupuis, la thèse intentionnaliste du génocide n’est pas recevable : le génocide est le résultat du conflit opposant le FPR et le régime en place. Il relève d’une question de pouvoir, les uns cherchant à le garder, les autres à le conquérir.
Le FPR savait que l’offensive réveillerait l’idéologie raciste. Animé par la conquête du pouvoir, il a mis en œuvre une stratégie de la violence pour pousser le régime à s’en prendre aux Tutsis et ainsi légitimer l’offensive du FPR.
Menacé par la rébellion, le camp hutu s’est alors radicalisé, de peur de perdre son hégémonie, et a mené une politique de la tension jusqu’au génocide.
La planification
L’auteur rappelle que le Tribunal pénal international pour le Rwanda n’a jamais reconnu la planification du génocide en raison de l’impréparation du camp hutu comme le montrent l’évacuation à la hâte de la garde présidentielle pro-hutue ou encore l’exemple du colonel ThéonesteBagosora, extrémiste hutu freiné par la majorité de l’armée, ce qui met en évidence l’importance des résistances institutionnelles.
L’urgence et l’improvisation qualifient la stratégie des extrémistes hutus. La politique génocidaire s’institue à la fin du mois de mai quand la plus grande partie des massacres a déjà été commise.
Les extrémistes ont assassiné les opposants politiques, formé le gouvernement intérimaire rwandais qui a ordonné les premiers massacres de Tutsis appuyé par une propagande haineuse.
Ils ont ensuite procédé à l’épuration de l’administration territoriale et de l’armée et utilisé les populations hutues pour tuer les Tutsis.
Conclusion
La légitimité internationale du régime du président Paul Kagame réside dans ce récit officiel. Serge Dupuis dénonce l’exploitation politique du génocide qui permet au régime de bénéficier d’aides financières conséquentes en dépit de sa politique autoritaire et de l’impunité des membres du FPR que le régime cautionne.
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Serge Dupuis
chercheur spécialisé dans l’Afrique des Grands Lacs
Fondation Jean-Jaurès – www.jean-jaures.org/Publications
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Selon le régime de Paul Kagame, le génocide des Rwandais tutsis aurait été planifié dès les premiers pogroms dans les années 1950 et préparé dans le cadre d’une idéologie ethno-nationaliste.
Serge Dupuis déconstruit cette thèse de la planification et propose une autre lecture du génocide rwandais.
Synthèse
Récit « officiel » et histoire complexe
Le récit officiel considère le génocide comme l’aboutissement d’un long processus où le racisme anti-tutsi dominait sous Kayibanda et Habyarimana.
L’offensive du FPR aurait constitué le prétexte pour accomplir le génocide tandis que la lutte contre la menace génocidaire aurait été à la base de l’action du FPR.
Cependant, sous les deux présidents, l’apaisement des relations interethniques est significatif, un processus de démocratisation est à l’œuvre et la question des réfugiés tutsis discutée.
Selon Serge Dupuis, la thèse intentionnaliste du génocide n’est pas recevable : le génocide est le résultat du conflit opposant le FPR et le régime en place. Il relève d’une question de pouvoir, les uns cherchant à le garder, les autres à le conquérir.
Le FPR savait que l’offensive réveillerait l’idéologie raciste. Animé par la conquête du pouvoir, il a mis en œuvre une stratégie de la violence pour pousser le régime à s’en prendre aux Tutsis et ainsi légitimer l’offensive du FPR.
Menacé par la rébellion, le camp hutu s’est alors radicalisé, de peur de perdre son hégémonie, et a mené une politique de la tension jusqu’au génocide.
La planification
L’auteur rappelle que le Tribunal pénal international pour le Rwanda n’a jamais reconnu la planification du génocide en raison de l’impréparation du camp hutu comme le montrent l’évacuation à la hâte de la garde présidentielle pro-hutue ou encore l’exemple du colonel ThéonesteBagosora, extrémiste hutu freiné par la majorité de l’armée, ce qui met en évidence l’importance des résistances institutionnelles.
L’urgence et l’improvisation qualifient la stratégie des extrémistes hutus. La politique génocidaire s’institue à la fin du mois de mai quand la plus grande partie des massacres a déjà été commise.
Les extrémistes ont assassiné les opposants politiques, formé le gouvernement intérimaire rwandais qui a ordonné les premiers massacres de Tutsis appuyé par une propagande haineuse.
Ils ont ensuite procédé à l’épuration de l’administration territoriale et de l’armée et utilisé les populations hutues pour tuer les Tutsis.
Conclusion
La légitimité internationale du régime du président Paul Kagame réside dans ce récit officiel. Serge Dupuis dénonce l’exploitation politique du génocide qui permet au régime de bénéficier d’aides financières conséquentes en dépit de sa politique autoritaire et de l’impunité des membres du FPR que le régime cautionne.
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Serge Dupuis
chercheur spécialisé dans l’Afrique des Grands Lacs
Fondation Jean-Jaurès – www.jean-jaures.org/Publications
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