mercredi 9 juillet 2014

RDC: Qu’avons-nous fait de l’indépendance ?


Patrice-Emery Lumumba, le tout premier Premier ministre du Congo "indépendant"

Le lundi 30 juin 2014, le Congo-Kinshasa a commémoré le 54è anniversaire de son accession à la «souveraineté». 

Cinquante-quatre années après, nombreux sont les Congolais, jeunes et moins jeunes, qui continuent à courber l’échine comme si leur pays ployait encore et toujours sous le poids du pouvoir colonial. Cette fois-ci le nouveau « pouvoir colonial » est exercé par des Noirs. Des filles et fils du pays.

Selon l’Agence congolaise de presse, des défilés sont prévus à travers les onze provinces du pays. Y a-t-il une raison de festoyer?

Fort heureusement, il semble que certains médias audiovisuels auraient prévu des émissions de débat afin de rappeler «les grands moments de l’indépendance du pays et faire un état de lieu de la RDC dans les différents secteurs, 54 ans après l’accession à l’indépendance».

Les Congolais ont tendance à confondre la simple «proclamation» de l’indépendance et l’indépendance en elle-même. 

Sur papier, le 30 juin 1960, le Congo-belge est devenu un Etat ayant une assise territoriale, une population, un "pouvoir" et la reconnaissance internationale.

 Le nouvel Etat indépendant est-il devenu pour autant maître de son destin ?

Au lieu de parader, boire, manger et danser à l’occasion de cette fête nationale, les Congolais ne devraient-ils pas consacrer cette date à une introspection sans rémission autour d’une question simple : Qu’avons-nous fait de l’indépendance ?

Selon diverses sources, en 1959, le produit intérieur brut (PIB) de la Corée du Sud et celui du Congo-belge était au même niveau. Cinquante-cinq années après, la Corée fait partie des pays industrialisés. Le Congo-Kinshasa paraît scotché au point de départ.

En 1960, les forces onusiennes étaient déployées au pays au lendemain de la mutinerie de la Force publique et des mouvements sécessionnistes au Katanga et au Kasaï. 

Depuis 1999 à ce jour, les mêmes forces onusiennes sont chargées de « stabiliser » le Congo qui est redevenu "l’homme malade de l’Afrique centrale".

La noblesse avec laquelle Nelson Mandala a dirigé l’Afrique du Sud postapartheid confirme que l’homme reste plus que jamais la première richesse d’une nation. Peu importe que cet homme soit blanc ou noir.

En 1960, les commentateurs politiques avaient mis l’instabilité politique au Congo sur le compte de l’impréparation des citoyens du pays à prendre la relève des fonctionnaires coloniaux civils et militaires. Que dire aujourd’hui?

Cinquante-quatre années après la proclamation de l’indépendance de l’espace territorial appelé « Congo-Kinshasa », le pays dispose d’une pléthore des cadres. 

Etrangement, pour assurer la sécurité des personnes et des biens sur son propre territoire, le Congo a encore besoin de l’assistance de la « communauté internationale ». Il en est de même pour éduquer, soigner et nourrir sa population. Le pays ne produit plus rien. Il importe tout.

Quel est le problème ?

Le problème se situe au niveau des hommes. Le leadership.

Que constate-t-on? 

Le tribalisme et le régionalisme font un retour en force. Ils menacent gravement l’unité nationale. Le Congo peut-il être fort et prospère sans la cohésion de tous ses habitants? 

Est-il exagéré, de dire haut et fort que le Congo-Kinshasa est dirigé par quelques individus médiocres?

Des minables incapables de montrer le chemin. Des individus sortis du néant qui vivent dans l’opulence la plus scandaleuse pendant que la population, elle, broie du noir. Sans jeu de mots.

Cinquante-quatre années après son accession à la « souveraineté », le Congo-Kinshasa est à la recherche d’un Charles de Gaule ou d’un Nelson Mandela. 

Les deux hommes d’Etat avaient le signe particulier de faire passer l’intérêt national avant l’intérêt partisan. Pour eux, la politique ne pouvait signifier autre chose que l’action au service de l’homme et de la nation. 

"La seule querelle qui vaille est celle de l’homme", disait De Gaule. "

Le premier devoir de la politique est de se mettre au service de la nation", ajoutait-il. La démocratie est et reste la moins mauvaise voie de "débusquer" un tel homme.

Qu’avons-nous fait de l’indépendance ? 
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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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