01/09/2014
© AFP
"Qui a tué le général Bahuma ?" Les
habitants de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo,
ont exprimé lundi inquiétude et colère après la mort de ce gradé qu'ils
voyaient comme leur libérateur contre l'oppression des milices.
Les rassemblements remettaient en cause la version livrée dimanche par les autorités, selon laquelle le général Lucien Bahuma, commandant de la 8e région militaire congolaise, est mort des suites d'un accident vasculaire cérébral.
Mais de nombreux habitants sont persuadés que le vainqueur de la rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23) a été assassiné.
Comme dimanche, plusieurs dizaines de femmes de militaires sont sorties du camp Katindo pour manifester leur colère.
Selon les témoins, des étudiants ont aussi manifesté à l'université, tandis que des jeunes dressaient des barricades et ont incendié des pneus sur l'un des grands axes de la ville.
Les très nombreux taxis-motos y ont circulé très souvent phare allumé en plein jour, en signe de deuil. Beaucoup d'automobilistes ont fait de même.
Dans l'après-midi, le calme était revenu mais la mort du général était dans toutes les conversations.
"Les gens ne comprennent pas", a expliqué une femme, qui tenait à rester anonyme. "C'est un sujet qui suscite la colère de la population".
A Bunagana (environ 60 kilomètres au nord-est de Goma), dont le M23 avait fait sa "capitale", un "ancien" a déclaré à l'AFP : "Nous voulons que les commanditaires de la mort du général soient connus. "
- Demande d'enquête -
Dès dimanche, la Lutte pour le changement (Lucha), mouvement de jeunes indignés basé à Goma, avait exigé une "enquête indépendante, rapide et transparente" pour déterminer les causes de la mort du général.
Selon les autorités congolaises, il est mort dans la nuit de samedi à dimanche en Afrique du Sud, où il avait été évacué après avoir fait un AVC lors d'une réunion d'état-major mixte en Ouganda, destinée à coordonner la lutte contre des rebelles ougandais présents au Nord-Kivu.
Après une succession de défaites des forces loyalistes face au M23, soutenu alors par le Rwanda et l'Ouganda, le général Bahuma était arrivé en 2012 à la tête de l'état-major de cette province déchirée par les conflits depuis plus de vingt ans.
Sous son impulsion, les Forces armées de la RDC (FARDC), réputées jusque-là pour leur indiscipline, leur propension à fuir les combats et à maltraiter les civils, enregistrent à partir de 2013 une série de succès et finissent par venir à bout du M23 en novembre de la même année, avec l'aide des Casques bleus.
Depuis cette victoire, l'armée a intensifié ses offensives contre plusieurs milices congolaises de la province et le général Bahuma sillonnait sans relâche le territoire pour soutenir ses hommes et constater les progrès sur le terrain.
Pour nombre d'habitants de Goma, sa mort, moins de huit mois après l'assassinat du colonel de commando Mamadou Ndala, autre "libérateur" populaire du Nord-Kivu, accrédite l'idée que l'officier a été assassiné ou victime d'un complot.
Elle suscite aussi l'inquiétude alors que la presse congolaise parle depuis plusieurs jours d'une possible résurgence du M23 à partir de l'Ouganda et du Rwanda, voire au Nord-Kivu même.
Le gouverneur de la province, Julien Paluku, a appelé les habitants à rester "calmes et vigilants pendant ce moment difficile", dont "les ennemis de la paix" pourraient chercher à "profiter".
AFP
Jeune Afrique
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