09/04/2015
Comment les autorités d'un pays peuvent-elles enterrer leurs compatriotes dans des fosses communes, sans dignité humaine? Cela dénote que c'est le diable en personne qui dirige la République Démocratique du Congo (RDC).
Les autorités n'ont même pas honte de qualifier cela d'acte routinier. Donc, nous pouvons comprendre qu'il y a plusieurs charniers tout autour de la capitale. Seule, une enquête internationale peut éclairer la population congolaise et la communauté internationale.
Enquête indépendante
Les membres socialistes du parlement européen en séjour à Kinshasa ont demandé mercredi 8 avril qu’une enquête indépendante soit diligentée pour faire la lumière sur l’affaire de 425 personnes enterrées le 19 mars dernier dans une fosse commune à Maluku, dans la périphérie Est de Kinshasa, capitale de la RDC.
ACAJ accuse le régime de Kinshasa
Le président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) a accusé mercredi 08 avril 2015 à Kinshasa le gouvernement de la RD Congo de n’avoir « pas fourni des explications sérieuses quant au choix de l'heure et du lieu de l'enterrement, et sur le fait que les morts aient été enterrés sans publicité préalable ni cercueils, mais dans des simples sacs en plastique, entassés dans une fosse commune ».
« Enterrés sans croix ni identification quelconque de la présence d’une dépouille humaine pour les villageois qui habitent dans les environs, il faut une commission d’enquête indépendante », a déclaré Me Georges Kapiamba dans un communiqué.
L’ACAJ dit avoir constaté que « les explications données par les ministres de l'Intérieur et de la Justice du gouvernement congolais tant sur l'heure et les conditions de l’enterrement de ces victimes que sur les victimes elles-mêmes qui seraient, selon eux, des indigents et des bébés mort-nés ne sont pas convaincantes ».
« Nous nous méfions totalement de l’enquête confiée actuellement à la justice civile et militaire à cause de leur manque d’indépendance avérée vis-à-vis du gouvernement et des services de sécurité » a souligné Me Georges Kapiamba.
Exigences de l’ACAJ
Dans son communiqué, l’ACAJ « exige la mise en place d’une commission indépendante et impartiale qui devra :
1. Etre constituée des représentants du gouvernement, de la MONUSCO et des ONG des droits de l’homme.
Ces membres devront être choisis sur la base de leur compétence en droit et médecine légale, de leur indépendance avérée et de leur impartialité reconnue, sans liens avec le gouvernement, les partis politiques ni toute autre personne et organismes susceptibles d’être impliquées dans le dossier faisant l'objet de l’enquête ;
2. Etre présidée par une personne indépendante, d’une haute autorité morale, et ayant une expérience solide du droit congolais ;
3. Le mandat de la commission devrait comporter les dispositions suivantes :
• Jouir de l’autorité nécessaire pour recueillir toutes les informations qu’elle jugera pertinentes pour l’enquête, décrire le contexte et les circonstances des morts ainsi que leur ensevelissement.
• Être habilitée à imposer la participation et la coopération de témoins, y compris les représentants de l’autorité publique, et d’exiger la production des documents officiels et médicaux.
• D’encourager les familles ayant enregistré des disparitions de leurs membres à se manifester auprès d’elle pour la vérification d’ADN notamment à l’occasion de l’opération Likofi et des manifestations des 19, 20 et 21 janvier 2015 de Kinshasa et des autres villes de la RDC.
• Recourir aux services des conseils indépendants et de tout autre experts selon les besoins de ses travaux.
• Clarifier les faits et recommander les responsabilités pénales individuelles.
• Identifier les mesures à prendre pour éviter que de tels faits ne se reproduisent à l’avenir.
• Prescrire toute autre mesure susceptible de contribuer au rétablissement de la dignité humaine des personnes honteusement enterrées dans la fosse commune.
4. La commission devrait régulièrement rendre compte des progrès de ses travaux et publier ses conclusions dans un bref délai qui ne devrait pas dépasser 3 mois.
5. Elle doit prendre en compte et garantir la protection des témoins, y compris la protection des membres de familles des morts, avec l’assistance de la MONUSCO si nécessaire.
6. Elle doit recevoir des ressources financières et logistiques suffisantes pour mener à bien ses travaux. Si la responsabilité des moyens budgétaires incombe au gouvernement, nous recommandons à ce que les partenaires internationaux de la RDC contribuent à cet effort par des moyens financiers et techniques ».
Dans l’entendement de l’ACAJ, « le gouvernement congolais ainsi que la MONUSCO devront assumer la responsabilité conjointe de garantir la protection des membres de la commission pendant la durée de la conduite de leur travail ».
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[Jean-marie Demba]
© KongoTimes
Comment les autorités d'un pays peuvent-elles enterrer leurs compatriotes dans des fosses communes, sans dignité humaine? Cela dénote que c'est le diable en personne qui dirige la République Démocratique du Congo (RDC).
Les autorités n'ont même pas honte de qualifier cela d'acte routinier. Donc, nous pouvons comprendre qu'il y a plusieurs charniers tout autour de la capitale. Seule, une enquête internationale peut éclairer la population congolaise et la communauté internationale.
Parce que jusqu'ici le gouvernement est pointé du doigt qu'il a enterré les soi-disant kulunas abattus lors des différentes « opérations likofi » et ceux tués en janvier 2015 lors de la manifestation contre la loi électorale.
Enquête indépendante
Les membres socialistes du parlement européen en séjour à Kinshasa ont demandé mercredi 8 avril qu’une enquête indépendante soit diligentée pour faire la lumière sur l’affaire de 425 personnes enterrées le 19 mars dernier dans une fosse commune à Maluku, dans la périphérie Est de Kinshasa, capitale de la RDC.
«Ce n’est pas parce que ce sont des indigents qu’ils doivent être mis dans une fosse commune», a déclaré Mme Cécile Kyenge, vice-présidente de l’assemblée parlementaire de l’UE-Afrique Caraïbe- Pacifique, qui conduit la délégation qui a rencontré le ministre de la Justice, Thambwe Mwamba.
La Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco) a annoncé mercredi qu’elle allait accompagner les enquêtes initiées par le gouvernement.
Le vice-Premier ministre belge et ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo, a accepté, mardi 7 avril, de débloquer 1,5 million d’euros en faveur du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) qui compte appuyer les enquêtes des autorités congolaises.
La Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco) a annoncé mercredi qu’elle allait accompagner les enquêtes initiées par le gouvernement.
Le vice-Premier ministre belge et ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo, a accepté, mardi 7 avril, de débloquer 1,5 million d’euros en faveur du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) qui compte appuyer les enquêtes des autorités congolaises.
Le gouvernement belge estime que le BCNUDH pourrait assister les autorités congolaises dans l’enquête, entre autres par l’interrogation de témoins.
ACAJ accuse le régime de Kinshasa
Le président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) a accusé mercredi 08 avril 2015 à Kinshasa le gouvernement de la RD Congo de n’avoir « pas fourni des explications sérieuses quant au choix de l'heure et du lieu de l'enterrement, et sur le fait que les morts aient été enterrés sans publicité préalable ni cercueils, mais dans des simples sacs en plastique, entassés dans une fosse commune ».
« Enterrés sans croix ni identification quelconque de la présence d’une dépouille humaine pour les villageois qui habitent dans les environs, il faut une commission d’enquête indépendante », a déclaré Me Georges Kapiamba dans un communiqué.
L’ACAJ dit avoir constaté que « les explications données par les ministres de l'Intérieur et de la Justice du gouvernement congolais tant sur l'heure et les conditions de l’enterrement de ces victimes que sur les victimes elles-mêmes qui seraient, selon eux, des indigents et des bébés mort-nés ne sont pas convaincantes ».
« Nous nous méfions totalement de l’enquête confiée actuellement à la justice civile et militaire à cause de leur manque d’indépendance avérée vis-à-vis du gouvernement et des services de sécurité » a souligné Me Georges Kapiamba.
Exigences de l’ACAJ
Dans son communiqué, l’ACAJ « exige la mise en place d’une commission indépendante et impartiale qui devra :
1. Etre constituée des représentants du gouvernement, de la MONUSCO et des ONG des droits de l’homme.
Ces membres devront être choisis sur la base de leur compétence en droit et médecine légale, de leur indépendance avérée et de leur impartialité reconnue, sans liens avec le gouvernement, les partis politiques ni toute autre personne et organismes susceptibles d’être impliquées dans le dossier faisant l'objet de l’enquête ;
2. Etre présidée par une personne indépendante, d’une haute autorité morale, et ayant une expérience solide du droit congolais ;
3. Le mandat de la commission devrait comporter les dispositions suivantes :
• Jouir de l’autorité nécessaire pour recueillir toutes les informations qu’elle jugera pertinentes pour l’enquête, décrire le contexte et les circonstances des morts ainsi que leur ensevelissement.
• Être habilitée à imposer la participation et la coopération de témoins, y compris les représentants de l’autorité publique, et d’exiger la production des documents officiels et médicaux.
• D’encourager les familles ayant enregistré des disparitions de leurs membres à se manifester auprès d’elle pour la vérification d’ADN notamment à l’occasion de l’opération Likofi et des manifestations des 19, 20 et 21 janvier 2015 de Kinshasa et des autres villes de la RDC.
• Recourir aux services des conseils indépendants et de tout autre experts selon les besoins de ses travaux.
• Clarifier les faits et recommander les responsabilités pénales individuelles.
• Identifier les mesures à prendre pour éviter que de tels faits ne se reproduisent à l’avenir.
• Prescrire toute autre mesure susceptible de contribuer au rétablissement de la dignité humaine des personnes honteusement enterrées dans la fosse commune.
4. La commission devrait régulièrement rendre compte des progrès de ses travaux et publier ses conclusions dans un bref délai qui ne devrait pas dépasser 3 mois.
5. Elle doit prendre en compte et garantir la protection des témoins, y compris la protection des membres de familles des morts, avec l’assistance de la MONUSCO si nécessaire.
6. Elle doit recevoir des ressources financières et logistiques suffisantes pour mener à bien ses travaux. Si la responsabilité des moyens budgétaires incombe au gouvernement, nous recommandons à ce que les partenaires internationaux de la RDC contribuent à cet effort par des moyens financiers et techniques ».
Dans l’entendement de l’ACAJ, « le gouvernement congolais ainsi que la MONUSCO devront assumer la responsabilité conjointe de garantir la protection des membres de la commission pendant la durée de la conduite de leur travail ».
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[Jean-marie Demba]
© KongoTimes
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