Par Le Potentiel
La RDC vit une crise sans précédent dans son histoire et les échéances électorales constituent un espoir dans le cœur de plus d’un Congolais. Dans son ouvrage « La responsabilité des intellectuels dans la crise en RD Congo », Mulumba Kabuayi Wa Bondo s’insurge contre l’absence ou l’inféodation des intellectuels dans la gestion de la cité. En 58 pages, l’essayiste dresse un portait au vitriol de l’élite intellectuelle congolaise. Retour sur un livre à mettre entre toutes les mains en cette période pré-électorale.
Avant tout, il faut saluer le courage de Mulumba Kabuayi Wa Bondo qui critique ses pairs sans craindre les foudres corporatistes et dénonce une question qui brûle les lèvres de plus d’un Congolais : pourquoi avec autant d’intelligences avérées, pourquoi avec autant de diplômés de l’école occidentale, et qui ont vu d’autres réalités, le Congo ne décolle pas ?
La critique est d’autant plus sévère qu’elle explore les relations entre l’intellectuel et le politique. Ici, point d’harmonie ! L’auteur identifie trois postures : la vérité, la survie ou l’exil. Au centre de ces postures, le mal qui touche en profondeur la société congolaise : la pauvreté. Ainsi, M. Mulumba Kabuayi Wa Bondo écrit en page 7 : « la privation s’accommode assez mal, en effet, de l’intégrité intellectuelle». La pauvreté entraîne un marchandage du savoir à tous les niveaux : établissements scolaires, cercles politiques… L’auteur arrive à un constat amer : l’aliénation vaut mieux que la mort ou l’exil.
Quand l’intellectuel ose apporter sa contribution à l’édification du pays en faisant simplement son travail, le politique ne l’écoute pas et préfère une expertise étrangère quelque soit la valeur de cette expertise. L’auteur prend pour exemple le professeur Malu Wa Kalenga à propos du barrage d’Inga 2 : « Les études menées par la société italienne SICAI sur la construction du barrage d’Inga 2 sont révélatrices : au moment où SICAI présentait ses conclusions, le professeur Malu Wa Kalenga, docteur en Sciences appliquées et Directeur général de l’Office National de Recherche et du Développement (ONRD), révélait son étude sur le même projet, mettant en garde le gouvernement congolais – zaïrois à l’époque – contre la construction de la deuxième phase du barrage sans des études approfondies. Tous les interlocuteurs firent la sourde oreille et les études de la société italienne furent maintenues » (p.33).
Ce qui intéressant dans cet essai est qu’il souligne un paradoxe : l’intellectuel congolais attend de l’extérieur la manne qui le fera vivre alors qu’il est considéré comme celui qui doit résoudre les problèmes de la société. L’auteur dénonce la culture de la cueillette qui s’est étendue à toute la société congolaise. Si l’intellectuel ne peut créer de lui-même les conditions de sa survie, que vaut-il ? En effet, l’élite congolaise semble seulement capable de reproduire ce qu’elle apprit de l’école ou l’information qu’elle reçoit de l’Occident, mais elle est incapable de mettre en place des concepts opératoires pour changer la société.
Cette œuvre est aussi un plaidoyer pour un renouveau de la pensée congolaise, pour une revalorisation des valeurs éthiques et spirituelles au sein de ce corps social en général et au sein de la société. Tout espoir est-il perdu ? Non, tant qu’il existera des auteurs comme Mulumba Kabuayi Wa Bondo, Modeste Mutinga… des hommes et des femmes qui parleront de leurs pays autrement et quoi contribueront à réfléchir pour lui au-delà de toutes compromissions.
Madimba Kadima-Nzuji Madi_kadima@yahoo.fr
La RDC vit une crise sans précédent dans son histoire et les échéances électorales constituent un espoir dans le cœur de plus d’un Congolais. Dans son ouvrage « La responsabilité des intellectuels dans la crise en RD Congo », Mulumba Kabuayi Wa Bondo s’insurge contre l’absence ou l’inféodation des intellectuels dans la gestion de la cité. En 58 pages, l’essayiste dresse un portait au vitriol de l’élite intellectuelle congolaise. Retour sur un livre à mettre entre toutes les mains en cette période pré-électorale.
Avant tout, il faut saluer le courage de Mulumba Kabuayi Wa Bondo qui critique ses pairs sans craindre les foudres corporatistes et dénonce une question qui brûle les lèvres de plus d’un Congolais : pourquoi avec autant d’intelligences avérées, pourquoi avec autant de diplômés de l’école occidentale, et qui ont vu d’autres réalités, le Congo ne décolle pas ?
La critique est d’autant plus sévère qu’elle explore les relations entre l’intellectuel et le politique. Ici, point d’harmonie ! L’auteur identifie trois postures : la vérité, la survie ou l’exil. Au centre de ces postures, le mal qui touche en profondeur la société congolaise : la pauvreté. Ainsi, M. Mulumba Kabuayi Wa Bondo écrit en page 7 : « la privation s’accommode assez mal, en effet, de l’intégrité intellectuelle». La pauvreté entraîne un marchandage du savoir à tous les niveaux : établissements scolaires, cercles politiques… L’auteur arrive à un constat amer : l’aliénation vaut mieux que la mort ou l’exil.
Quand l’intellectuel ose apporter sa contribution à l’édification du pays en faisant simplement son travail, le politique ne l’écoute pas et préfère une expertise étrangère quelque soit la valeur de cette expertise. L’auteur prend pour exemple le professeur Malu Wa Kalenga à propos du barrage d’Inga 2 : « Les études menées par la société italienne SICAI sur la construction du barrage d’Inga 2 sont révélatrices : au moment où SICAI présentait ses conclusions, le professeur Malu Wa Kalenga, docteur en Sciences appliquées et Directeur général de l’Office National de Recherche et du Développement (ONRD), révélait son étude sur le même projet, mettant en garde le gouvernement congolais – zaïrois à l’époque – contre la construction de la deuxième phase du barrage sans des études approfondies. Tous les interlocuteurs firent la sourde oreille et les études de la société italienne furent maintenues » (p.33).
Ce qui intéressant dans cet essai est qu’il souligne un paradoxe : l’intellectuel congolais attend de l’extérieur la manne qui le fera vivre alors qu’il est considéré comme celui qui doit résoudre les problèmes de la société. L’auteur dénonce la culture de la cueillette qui s’est étendue à toute la société congolaise. Si l’intellectuel ne peut créer de lui-même les conditions de sa survie, que vaut-il ? En effet, l’élite congolaise semble seulement capable de reproduire ce qu’elle apprit de l’école ou l’information qu’elle reçoit de l’Occident, mais elle est incapable de mettre en place des concepts opératoires pour changer la société.
Cette œuvre est aussi un plaidoyer pour un renouveau de la pensée congolaise, pour une revalorisation des valeurs éthiques et spirituelles au sein de ce corps social en général et au sein de la société. Tout espoir est-il perdu ? Non, tant qu’il existera des auteurs comme Mulumba Kabuayi Wa Bondo, Modeste Mutinga… des hommes et des femmes qui parleront de leurs pays autrement et quoi contribueront à réfléchir pour lui au-delà de toutes compromissions.
Madimba Kadima-Nzuji Madi_kadima@yahoo.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire