Les politiciens Congolais parlent. Ils sont applaudis par les foules. Ils leur présentent leurs projets de société et leurs visions du Congo de demain. Cependant, il n’est pas très sûr qu’ils écoutent ces foules (malgré leur versatilité).
Chanson : Ya Tshitshi Zongisa Ye na Rwanda
Prenons l’exemple de Monsieur Etienne Tshisekedi. Presque partout où il est passé, un petit hymne a été entonné. Cet hymne a été repris en chœur au stade des Martyrs à Kinshasa : « Ya Tshitshi zongisa ye na Rwanda. » Qui est ce « ye » ? C’est « Joseph Kabila ».
Pourquoi les foules demandent-elles à « Ya Tshitshi » qu’il puisse le renvoyer au Rwanda ?
L’une des réponses la plus écoutée dans les échanges avec nos populations est que « Ye » est de nationalité Rwandaise ; il est un « Cheval de Troie » du Rwanda. Il doit retourner chez lui.
Comment « Ya Tshitshi » a-t-il répondu à ce cri de la foule ? Comment répond-t-il ?
Après son accueil triomphal du Katanga, il a affirmé qu’il pourrait gagner les élections probables de novembre 2011 avec 100%.
Avec qui « Ya Tshitshi » va-t-il concourir aux élections de novembre 2011 ? Avec (entre autres) « Ye » que les foules qui applaudissent « Ya Tshitshi » qualifient de « Rwandais ». Or « Ya Tshitshi » est un légaliste reconnu. Et les candidats devant concourir aux élections sont supposées être Congolais (faute d’avoir une carte d’identité en bonne et due forme).
A ce sujet, la Constitution Congolaise stipule que la nationalité Congolaise est une et indivisible. Si « Ya Tshitshi » concourt aux élections avec un « Ye » Rwandais, il va à l’encontre de la Constitution ; il accepte l’illégalité. Sa crédibilité pourrait en pâtir.
Ou « Ya Tshitshi » s’en prend aux foules et leur demandent d’accepter les conséquences de leur choix de 2006-2007 : elles savaient que « Ye » était Rwandais mais elles l’ont voté quand même comme «un moindre mal ». Ce faisant, elles ont accepté d’être dirigées par « Ye » jusqu’au moment où elles ont trouvé qu’elles pouvaient s’en débarrasser.
Et là, ça ne serait pas le travail de « Ya Tshitshi » seul. Ou bien « Ya Tshitshi », en bon légaliste, dit aux foules : « Par respect pour la légalité, je vous écoute et refuse d’aller aux élections contre un « Ye » Rwandais et vous, les foules, vous vous organisez pour le chasser du pays. Ainsi, pourrons-nous, après, organiser les élections libres, transparentes et apaisées entre nous. »
Cette petite analyse indique qu’il y a un réel problème entre nos foules et les politiciens Congolais : la question de l’écoute mutuelle et des choses à faire ensemble. Les politiciens ayant leurs projets de société et leurs programmes de gouvernement n’écoutent presque pas les cris de nos populations.
Ou quand ils les écoutent, ils font la sourde oreille. Souvent, ils procèdent, presque tous, de la même façon. C’est-à-dire comme des « maîtres » ayant de la matière à dispenser à leurs « élèves ». Plus nos populations sont dociles et applaudissent, mieux les politiciens Congolais sont sûrs d’être écoutés. Mais quand ces populations crient, les réponses des politiciens ne suivent presque pas. L’écoute ne donne pas l’impression d’être réciproque.
Revenons au cas de « Ya Tshitshi ». Est-il capable, avec les partis politiques et les associations de la société civile qui le soutiennent, d’initier la mise sur pied des commissions qui aillent vers ces populations qui crient pour qu’ensemble, ils édifient les procédures et les mécanismes pouvant conduire à des actions concertées ?
Cette démarche aurait l’avantage de répondre à l’indignation de nos populations, ne fût-ce que de la minorité qui crie, en l’associant à la quête de réponse à une question qui rassemble.
La défense des projets de société ne suffit plus. La démocratie parlementaire et capitaliste a déçu les populations de la base à travers le monde. Et elles se lèvent de partout pour crier leur ras-le-bol.
Il y aurait moyen d’anticiper le virage à 180% de nos populations chez nous en procédant autrement que par l’unique débat sur les 400 projets de société que peut compter notre pays.
Non. Notre futur n’est pas dans le passé de ceux dont le système représentatif tel que les politiciens Congolais veulent le reconduire déchante. A Madrid, à Bruxelles, à Paris, à Athènes, au Caire, à Tunis, à Jérusalem, les populations se lèvent pour protester contre une démocratie représentative au service des oligarchies d’argent et dressée contre la justice sociale.
Reconduire ce modèle avec des projets de société et des programmes de gouvernement à présenter à nos populations sans écouter leurs cris, c’est rester en marge de la marche actuelle du monde.
Ailleurs, là où l’échec du modèle représentatif vendu par l’Occident a été remis en cause en profondeur, les gouvernements sont devenus populaires en promouvant le modèle participatif à partir d’en-bas.
Les pré-campagnes électorales Congolaises consistant à organiser des tournées au cours desquelles les politiciens se présentent en « sauveurs » des filles et fils de notre peuple réduits au rang des applaudisseurs devraient être accompagnées d’ un travail interactif les poussant à aller vers les jeunes de Masina, de Kimbanseke, de Ndjili, de Furu, de Katwa, de Bena-Dibele, de Kanyuka, etc. pour leur demander :
« Que devons-nous faire ensemble pour devenir maîtres de notre destin ?
Ou comment faites-vous pour résister aux escadrons de la mort ?
Comment votre expérience peut-elle profiter aux autres jeunes de notre pays ? »
Ce travail interactif peut conduire, petit à petit, à la conversion des foules en un peuple conscient de ses droits et de ses devoirs.
Pour tout prendre, avouons que plusieurs de nos politiciens ont du mal à rompre avec un modèle représentatif déphasé pour un travail interactif mettant nos populations dans le coup.
Ils fabriquent des promesses sans dire comment les populations pourront, régulièrement, vérifier leur réalisation. Comment peuvent-ils, en conscience, prétendre qu’ils vont faire mieux que les gouvernants actuels en ne créant pas la différence dans les procédures ? Il y a pire.
Certains de ceux qui ont été les porte-paroles des gouvernants actuels avouent qu’ils ont fauté, demandent pardon et s’adonnent aux mêmes promesses qu’hier : vous aurez l’Etat de droit, l’eau, l’électricité, les écoles, les emplois, l’armée républicaine, trois repas par jour, etc. Mais ils ne disent pas à nos populations comment elles pourront agir pour ne pas endurer la misère pendant tout un mandat avant que d’autres compatriotes ayant travaillé avec eux ne reprennent le même refrain.
Ils n’indiquent pas d’où viendra l’argent et comment ils devront procéder pour rompre avec « les assassins économiques » ayant appauvri le Congo de Lumumba. Du point de vue de l’inventivité, ils sont loin de penser aux autres lieux d’écoute du peuple que le classique Parlement. Pourtant, il y a urgence !
Nous ne le dirons jamais assez. L’une des questions épineuses du Congo (RD) n’est pas celui du manque de projets de société et de programmes de gouvernement. Non. Elle est celle des redditions des comptes ; de la responsabilité, pour ceux qui ont géré la chose publique, de dire à nos populations comment ils ont procédé et de se laisser sanctionner (et par la justice et par nos populations). Pas seulement à la fin d’une législature.
Mais tout au long de la législature. Une autre question récurrente est celle de savoir « qui a fait quoi ». Une question devenue taboue ! Elle est tellement taboue que répondre à l’hymne « zongisa ye na Rwanda » devient compliqué pour les acteurs politiques Congolais, fanatiques des élections probables de 2011.
Pour les lecteurs avertis de notre histoire, si l’opération « retour au Rwanda » n’est pas réalisée, les politiciens Congolais (fanatiques des élections) risquent d’être assimilés par les foules aux « collabos ».
Par exemple, de « Ya Tshitshi » (affectueux) adoubé, les foules risquent de passer à « Ya Tshitshi collabo ». Les foules sont versatiles. Elles peuvent être très versatiles. Jésus de Nazareth en sait quelque chose.
Mais si elles sont transformées en peuple, elles peuvent assumer les conséquences de leurs choix dévoyés et accepter de poursuivre la lutte d’émancipation et d’autodétermination. Quoi qu’il arrive.
J.-P. Mbelu
Brussels-Belgïe
© Beni-Lubero Online
Chanson : Ya Tshitshi Zongisa Ye na Rwanda
Prenons l’exemple de Monsieur Etienne Tshisekedi. Presque partout où il est passé, un petit hymne a été entonné. Cet hymne a été repris en chœur au stade des Martyrs à Kinshasa : « Ya Tshitshi zongisa ye na Rwanda. » Qui est ce « ye » ? C’est « Joseph Kabila ».
Pourquoi les foules demandent-elles à « Ya Tshitshi » qu’il puisse le renvoyer au Rwanda ?
L’une des réponses la plus écoutée dans les échanges avec nos populations est que « Ye » est de nationalité Rwandaise ; il est un « Cheval de Troie » du Rwanda. Il doit retourner chez lui.
Comment « Ya Tshitshi » a-t-il répondu à ce cri de la foule ? Comment répond-t-il ?
Après son accueil triomphal du Katanga, il a affirmé qu’il pourrait gagner les élections probables de novembre 2011 avec 100%.
Avec qui « Ya Tshitshi » va-t-il concourir aux élections de novembre 2011 ? Avec (entre autres) « Ye » que les foules qui applaudissent « Ya Tshitshi » qualifient de « Rwandais ». Or « Ya Tshitshi » est un légaliste reconnu. Et les candidats devant concourir aux élections sont supposées être Congolais (faute d’avoir une carte d’identité en bonne et due forme).
A ce sujet, la Constitution Congolaise stipule que la nationalité Congolaise est une et indivisible. Si « Ya Tshitshi » concourt aux élections avec un « Ye » Rwandais, il va à l’encontre de la Constitution ; il accepte l’illégalité. Sa crédibilité pourrait en pâtir.
Ou « Ya Tshitshi » s’en prend aux foules et leur demandent d’accepter les conséquences de leur choix de 2006-2007 : elles savaient que « Ye » était Rwandais mais elles l’ont voté quand même comme «un moindre mal ». Ce faisant, elles ont accepté d’être dirigées par « Ye » jusqu’au moment où elles ont trouvé qu’elles pouvaient s’en débarrasser.
Et là, ça ne serait pas le travail de « Ya Tshitshi » seul. Ou bien « Ya Tshitshi », en bon légaliste, dit aux foules : « Par respect pour la légalité, je vous écoute et refuse d’aller aux élections contre un « Ye » Rwandais et vous, les foules, vous vous organisez pour le chasser du pays. Ainsi, pourrons-nous, après, organiser les élections libres, transparentes et apaisées entre nous. »
Cette petite analyse indique qu’il y a un réel problème entre nos foules et les politiciens Congolais : la question de l’écoute mutuelle et des choses à faire ensemble. Les politiciens ayant leurs projets de société et leurs programmes de gouvernement n’écoutent presque pas les cris de nos populations.
Ou quand ils les écoutent, ils font la sourde oreille. Souvent, ils procèdent, presque tous, de la même façon. C’est-à-dire comme des « maîtres » ayant de la matière à dispenser à leurs « élèves ». Plus nos populations sont dociles et applaudissent, mieux les politiciens Congolais sont sûrs d’être écoutés. Mais quand ces populations crient, les réponses des politiciens ne suivent presque pas. L’écoute ne donne pas l’impression d’être réciproque.
Revenons au cas de « Ya Tshitshi ». Est-il capable, avec les partis politiques et les associations de la société civile qui le soutiennent, d’initier la mise sur pied des commissions qui aillent vers ces populations qui crient pour qu’ensemble, ils édifient les procédures et les mécanismes pouvant conduire à des actions concertées ?
Cette démarche aurait l’avantage de répondre à l’indignation de nos populations, ne fût-ce que de la minorité qui crie, en l’associant à la quête de réponse à une question qui rassemble.
La défense des projets de société ne suffit plus. La démocratie parlementaire et capitaliste a déçu les populations de la base à travers le monde. Et elles se lèvent de partout pour crier leur ras-le-bol.
Il y aurait moyen d’anticiper le virage à 180% de nos populations chez nous en procédant autrement que par l’unique débat sur les 400 projets de société que peut compter notre pays.
Non. Notre futur n’est pas dans le passé de ceux dont le système représentatif tel que les politiciens Congolais veulent le reconduire déchante. A Madrid, à Bruxelles, à Paris, à Athènes, au Caire, à Tunis, à Jérusalem, les populations se lèvent pour protester contre une démocratie représentative au service des oligarchies d’argent et dressée contre la justice sociale.
Reconduire ce modèle avec des projets de société et des programmes de gouvernement à présenter à nos populations sans écouter leurs cris, c’est rester en marge de la marche actuelle du monde.
Ailleurs, là où l’échec du modèle représentatif vendu par l’Occident a été remis en cause en profondeur, les gouvernements sont devenus populaires en promouvant le modèle participatif à partir d’en-bas.
Les pré-campagnes électorales Congolaises consistant à organiser des tournées au cours desquelles les politiciens se présentent en « sauveurs » des filles et fils de notre peuple réduits au rang des applaudisseurs devraient être accompagnées d’ un travail interactif les poussant à aller vers les jeunes de Masina, de Kimbanseke, de Ndjili, de Furu, de Katwa, de Bena-Dibele, de Kanyuka, etc. pour leur demander :
« Que devons-nous faire ensemble pour devenir maîtres de notre destin ?
Ou comment faites-vous pour résister aux escadrons de la mort ?
Comment votre expérience peut-elle profiter aux autres jeunes de notre pays ? »
Ce travail interactif peut conduire, petit à petit, à la conversion des foules en un peuple conscient de ses droits et de ses devoirs.
Pour tout prendre, avouons que plusieurs de nos politiciens ont du mal à rompre avec un modèle représentatif déphasé pour un travail interactif mettant nos populations dans le coup.
Ils fabriquent des promesses sans dire comment les populations pourront, régulièrement, vérifier leur réalisation. Comment peuvent-ils, en conscience, prétendre qu’ils vont faire mieux que les gouvernants actuels en ne créant pas la différence dans les procédures ? Il y a pire.
Certains de ceux qui ont été les porte-paroles des gouvernants actuels avouent qu’ils ont fauté, demandent pardon et s’adonnent aux mêmes promesses qu’hier : vous aurez l’Etat de droit, l’eau, l’électricité, les écoles, les emplois, l’armée républicaine, trois repas par jour, etc. Mais ils ne disent pas à nos populations comment elles pourront agir pour ne pas endurer la misère pendant tout un mandat avant que d’autres compatriotes ayant travaillé avec eux ne reprennent le même refrain.
Ils n’indiquent pas d’où viendra l’argent et comment ils devront procéder pour rompre avec « les assassins économiques » ayant appauvri le Congo de Lumumba. Du point de vue de l’inventivité, ils sont loin de penser aux autres lieux d’écoute du peuple que le classique Parlement. Pourtant, il y a urgence !
Nous ne le dirons jamais assez. L’une des questions épineuses du Congo (RD) n’est pas celui du manque de projets de société et de programmes de gouvernement. Non. Elle est celle des redditions des comptes ; de la responsabilité, pour ceux qui ont géré la chose publique, de dire à nos populations comment ils ont procédé et de se laisser sanctionner (et par la justice et par nos populations). Pas seulement à la fin d’une législature.
Mais tout au long de la législature. Une autre question récurrente est celle de savoir « qui a fait quoi ». Une question devenue taboue ! Elle est tellement taboue que répondre à l’hymne « zongisa ye na Rwanda » devient compliqué pour les acteurs politiques Congolais, fanatiques des élections probables de 2011.
Pour les lecteurs avertis de notre histoire, si l’opération « retour au Rwanda » n’est pas réalisée, les politiciens Congolais (fanatiques des élections) risquent d’être assimilés par les foules aux « collabos ».
Par exemple, de « Ya Tshitshi » (affectueux) adoubé, les foules risquent de passer à « Ya Tshitshi collabo ». Les foules sont versatiles. Elles peuvent être très versatiles. Jésus de Nazareth en sait quelque chose.
Mais si elles sont transformées en peuple, elles peuvent assumer les conséquences de leurs choix dévoyés et accepter de poursuivre la lutte d’émancipation et d’autodétermination. Quoi qu’il arrive.
J.-P. Mbelu
Brussels-Belgïe
© Beni-Lubero Online
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