lundi 4 juin 2012

Assemblée nationale : l'audition à huis clos de deux ministres fait jaser


Vendredi, 01 Juin 2012

La question orale initiée en rapport avec l'insécurité prévalant au Nord et au Sud-Kivu a été débattue hors caméras, en raison du secret-défense que l'institution était appelée à respecter. Le public qui a effectué le déplacement du Palais du peuple, le 30 mai pour assister à la séance plénière consacrée aux questions orales avec débat en rapport avec la situation prévalant actuellement à l'est du pays, n'a pas accédé à la salle.

Le président de l'Assemblée nationale a signifié que la séance du jour devait se tenir à huis clos, conformément à l'article 60 du règlement intérieur consacré aux matières sensibles. L'assistance a vidé la salle, à l'exception des seuls agents administratifs de la chambre basse, du reste triés sur le volet.

Aubin Minaku qui s'est voulu respectueux des textes régissant son institution ne pouvait pas faire autrement, à cause de la sensibilité des matières à traiter qui touchent directement au secret-défense.

Le président de l'Assemblée nationale a évoqué « des raisons de haute sensibilité sécuritaire » pour justifier ce huis clos, étant entendu que les forces armées de la RDC sont présentement engagées au front pour défendre l'intégrité territoriale et l'unité nationale.

Alexandre Luba Ntambo et Richard Muyej, respectivement vice-Premier ministre en charge de la Défense et ministre de l'Intérieur chargé de la sécurité, devraient donc s'expliquer devant les seuls députés, loin de la population.

« Cette démarche vise à permettre aux élus de s'assumer et de débattre en toute indépendance les matières inscrites à l'ordre du jour », s'est enquis un député de la majorité.

Aucune retransmission en direct n'a ponctué cette séance plénière, au grand regret de la population qui y voit une tendance à vouloir lui priver de son droit à l'information.

De nombreux Congolais veulent, en effet, connaître les dessous des accords signés récemment entre le Rwanda et la RDC ainsi que les raisons profondes de la récurrence de l'insécurité au Nord et au Sud-Kivu.

D'autres députés, notamment ceux de l'opposition, n'ont pas approuvé ce huis clos qu'ils considèrent comme une fuite en avant du gouvernement.

« Il faut que la nation soit éclairée sur cette question d'importance capitale. C'est une question dont tout le monde parle, les médias locaux tout comme internationaux », a tempêté Martin Fayulu, un des initiateurs de la question orale.

Il pense que des instructions auraient été données dans ce sens en haut lieu, sans en dire plus.

Tout en approuvant le huis clos, d'autres députés à l'instar de Puis Muabilu estiment, pour leur part, qu'une telle question devrait être débattue au niveau de la commission Défense et sécurité afin que des détails jugés sensibles soient déjà traités en amont, quitte à faire rapport à la plénière.

À tout prendre, ce huis clos n'aura fait que renforcer, d'après une certaine opinion, la conviction selon laquelle il y a bien anguille sous roche dans ce qui se trame actuellement dans la partie est du pays.


Alain Diasso

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