Mardi, 30 Octobre 2012

Tous les ingrédients sont réunis au Bas-Congo pour un remake des événements cinglants du Bundu dia Congo. D'un côté, le régime déterminé à faire le forcing pour faire élire son protégé Déo Nkusu, en face, une opinion très hostile qui risque de basculer dans la violence si jamais Jacques Mbadu, soutenu par une nette majorité des députés provinciaux, n'accède pas à la tête de la province.
En 2007, le décor était presque. Le ticket Fuka Unzola-Ne Mwanda Nsemi avait la sympathie de la population dans une province réputée acquise largement à l'opposition comme l'ont démontré les résultats de l'élection présidentielle du 28 novembre 2011.
Manigances et intrigues de la kabilie ont conduit à un hold-up qui a vu Mbatshi Mbatshia l'emporter avec son colisitier Déo Nkusu. Ce qui était inadmissible pour la grande partie des Bas-Congolais.
S'en est suivi une frustration collective à laquelle l'étincelle du Bundu dia Kongo est venue mettre le feu. Le bilan reste à ce jour controversé.
Des sources indépendantes parlent d'un véritable massacre avec des centaines de morts à la clé là où le gouvernement minimise. Toujours est-il que Kinshasa avait dû envoyer des renforts de la Police qui avaient agi avec une rare violence.
Pire qu'hier, le malaise du «timoré» peuple du Bas-Congo se nourrit depuis plusieurs mois de la contestation tshisekediste née des dernières élections générales.
Cela est perceptible à la tension qui a régné le jour du premier tour de l'élection du gouverneur où des gens s'étaient massés aux alentours du siège de l'Assemblée provinciale pour se rassurer de la loyauté des députés provinciaux, loyauté envers la volonté populaire.
La veille, les esprits s'étaient surchauffés avec le mot d'ordre du député de l'opposition Albert Fabrice Pwela qui avait appelé à observer une journée ville morte à Matadi, Boma et Manterne si jamais Mbadu n'était pas élu.
Appel relayé vivement dans les milieux de la société civile bas-congolaises irritée par la mal gouvernance qui a caractérisé les années Mbatshi-Nkusu. Ce couple sait que le peuple kongo est dit, à tort ou à raison» timoré mais qu'il est capable des pires réactions que nul ne peut prévenir.
L'ancien gouverneur du Bas-Congo l'a appris à ses dépens en 2001.
Nommé gouverneur sous Laurent-Désiré Kabila, ce docteur expatrié aux Etats-Unis pendant plusieurs années excella à narguer ses administrés. Un jour, il alla jusqu'à déclarer publiquement que Matadi, la capitale de la province, n'était pas le Bas-Congo.
C'était sans compter qu'un jour Joseph Kabila viendra à Matadi, quelques semaines après son accession au pouvoir, dans le cadre d'une tournée dans la partie du pays sous son contrôle pendant que le RCD-Goma et le MLC tenait entre leurs mains plus de la moitié du territoire national.
Ce jour là Bavuidi aura vécu le pire moment de sa vie. Quelques jours auparavant, des bruits persistants l'avaient alerté que les Matadiens envisageaint de manifester en présence de Kabila.
Le gouv' avait anticipé en circonvenant des étudiants et des jeunes à organiser une contre-manifestation moyennant rémunération. Il s'imaginait pas à quel point il allait être dépassé par l'ampleur de l'événement.
Déjà au port de Matadi, une clameur accueille Kabila aux cris de «Toboyi Bavuidi». La réplique de ses manifestants à lui se fait à peine entendre. Il en sera ainsi jusqu'au stade Redjaf.
Le meeting de Kabila est interrompu toutes les 30 secondes au rythme de la partition très populaire «Bavuidi toboyi eh, bima na libanda. Quel embarras pour Bavuidi assis à côté du «Raïs» que d'être l'élément pertubateur de la première apparition publique du nouveau Président de la République à Matadi.
Il faudra que Kabila dise à la foule qu'il a compris son message pour que les esprits se calment.
Au sortir du stade, instruction sera donnée d'écarter le véhicule de Bavuidi dans le cortège présidentiel. Des semaines plus tard, l'homme est évincé de son poste.
Celui-là au moins a appris ce que signifie le peuple timoré du Bas-Congo, l'air toujours obséquieux à la manière des Japonais mais intraitable quand il a pris une résolution.
Qui avait cru qu'avec la corruption, le chantage, les intimidations qui ont prévalu dans la campagne pour l'élection du gouverneur au Bas-Congo que Kabila allait s'en tirer avec un camouflet alors qu'il avait fait lui-même le déplacement de la province pour persuader les députés provinciaux.
PAUL MULAND
Tous les ingrédients sont réunis au Bas-Congo pour un remake des événements cinglants du Bundu dia Congo. D'un côté, le régime déterminé à faire le forcing pour faire élire son protégé Déo Nkusu, en face, une opinion très hostile qui risque de basculer dans la violence si jamais Jacques Mbadu, soutenu par une nette majorité des députés provinciaux, n'accède pas à la tête de la province.
En 2007, le décor était presque. Le ticket Fuka Unzola-Ne Mwanda Nsemi avait la sympathie de la population dans une province réputée acquise largement à l'opposition comme l'ont démontré les résultats de l'élection présidentielle du 28 novembre 2011.
Manigances et intrigues de la kabilie ont conduit à un hold-up qui a vu Mbatshi Mbatshia l'emporter avec son colisitier Déo Nkusu. Ce qui était inadmissible pour la grande partie des Bas-Congolais.
S'en est suivi une frustration collective à laquelle l'étincelle du Bundu dia Kongo est venue mettre le feu. Le bilan reste à ce jour controversé.
Des sources indépendantes parlent d'un véritable massacre avec des centaines de morts à la clé là où le gouvernement minimise. Toujours est-il que Kinshasa avait dû envoyer des renforts de la Police qui avaient agi avec une rare violence.
Pire qu'hier, le malaise du «timoré» peuple du Bas-Congo se nourrit depuis plusieurs mois de la contestation tshisekediste née des dernières élections générales.
Cela est perceptible à la tension qui a régné le jour du premier tour de l'élection du gouverneur où des gens s'étaient massés aux alentours du siège de l'Assemblée provinciale pour se rassurer de la loyauté des députés provinciaux, loyauté envers la volonté populaire.
La veille, les esprits s'étaient surchauffés avec le mot d'ordre du député de l'opposition Albert Fabrice Pwela qui avait appelé à observer une journée ville morte à Matadi, Boma et Manterne si jamais Mbadu n'était pas élu.
Appel relayé vivement dans les milieux de la société civile bas-congolaises irritée par la mal gouvernance qui a caractérisé les années Mbatshi-Nkusu. Ce couple sait que le peuple kongo est dit, à tort ou à raison» timoré mais qu'il est capable des pires réactions que nul ne peut prévenir.
L'ancien gouverneur du Bas-Congo l'a appris à ses dépens en 2001.
Nommé gouverneur sous Laurent-Désiré Kabila, ce docteur expatrié aux Etats-Unis pendant plusieurs années excella à narguer ses administrés. Un jour, il alla jusqu'à déclarer publiquement que Matadi, la capitale de la province, n'était pas le Bas-Congo.
C'était sans compter qu'un jour Joseph Kabila viendra à Matadi, quelques semaines après son accession au pouvoir, dans le cadre d'une tournée dans la partie du pays sous son contrôle pendant que le RCD-Goma et le MLC tenait entre leurs mains plus de la moitié du territoire national.
Ce jour là Bavuidi aura vécu le pire moment de sa vie. Quelques jours auparavant, des bruits persistants l'avaient alerté que les Matadiens envisageaint de manifester en présence de Kabila.
Le gouv' avait anticipé en circonvenant des étudiants et des jeunes à organiser une contre-manifestation moyennant rémunération. Il s'imaginait pas à quel point il allait être dépassé par l'ampleur de l'événement.
Déjà au port de Matadi, une clameur accueille Kabila aux cris de «Toboyi Bavuidi». La réplique de ses manifestants à lui se fait à peine entendre. Il en sera ainsi jusqu'au stade Redjaf.
Le meeting de Kabila est interrompu toutes les 30 secondes au rythme de la partition très populaire «Bavuidi toboyi eh, bima na libanda. Quel embarras pour Bavuidi assis à côté du «Raïs» que d'être l'élément pertubateur de la première apparition publique du nouveau Président de la République à Matadi.
Il faudra que Kabila dise à la foule qu'il a compris son message pour que les esprits se calment.
Au sortir du stade, instruction sera donnée d'écarter le véhicule de Bavuidi dans le cortège présidentiel. Des semaines plus tard, l'homme est évincé de son poste.
Celui-là au moins a appris ce que signifie le peuple timoré du Bas-Congo, l'air toujours obséquieux à la manière des Japonais mais intraitable quand il a pris une résolution.
Qui avait cru qu'avec la corruption, le chantage, les intimidations qui ont prévalu dans la campagne pour l'élection du gouverneur au Bas-Congo que Kabila allait s'en tirer avec un camouflet alors qu'il avait fait lui-même le déplacement de la province pour persuader les députés provinciaux.
PAUL MULAND

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