26/02/2014
Joseph KABILA - Président sortant de la RDC
Le pouvoir de Joseph Kabila vacille. La succession des maladresses politiques, des brutalités policières et la violence du discours (notamment contre l’opposant Vital Kamerhe), ces derniers temps, le montrent. Les récentes bavures policières au Sud-Kivu en sont un signe patent de plus.
Car le recours au fusil a toujours été un aveu d’incapacité à vaincre par la persuasion, par la stratégie, par le jeu politique normal. Et l’échec est davantage déshonorant lorsqu’on ouvre le feu sur des adversaires non…armés sans venir à bout d’eux, sans anéantir leur détermination.
Les images de jeudi 20 février à Bukavu le montrent, au détriment du pouvoir. On y voit Vital Kamerhe et ses partisans refaire le tour de la ville aussitôt après la charge policière.
Rien, alors rien, n’a justifié le refus des autorités provinciales d’autoriser Kamerhe d’accéder à la tribune de la place de l’indépendance où sa procession a pourtant bien abouti, laquelle a traversé la ville pendant des heures, en chants et dans la bonne humeur, sans incident constaté.
Comme l’a également été la « joyeuse entrée » de l’ancien président de l’Assemblée nationale à Goma, deux jours auparavant, où brutalité envers autrui ni casse de bien privé ou public n’ont non pas été déplorées.
Marcel Cishambo, le très kabiliste gouverneur de la province – et « fabrication » politique de…Kamerhe, apprend-on -, a fait de la provocation et a donc sciemment voulu, faire couler, une fois encore, le sang des Kivutiens présents à cette place symbolique de la ville, et dont le « tort » est de ne pas être des partisans de Joseph Kabila et d’avoir exprimé leur préférence pour un autre acteur politique, un des leurs, fils du terroir.
Car on n’imagine pas Cishambo permettre aux mêmes policiers de brutaliser des militants du Pprd, le parti présidentiel, qui se seraient rassemblés quelque part dans la ville, avec ou sans autorisation municipale.
Le pouvoir congolais vient tristement d’ajouter une nouvelle tâche de sang qui restera dans les annales de la longue et pénible démocratisation du pays. Et qui nous rappelle celle, indélébile, du 16 février 1992, date à laquelle tombèrent une dizaine des Congolais (Zaïrois) sous les balles de la toute autant zéléé soldatesque – une tradition congolaise ? - du pouvoir mobutiste de l’époque.
Vaillants compatriotes abattus pour avoir, eux, commis le « péché» de manifester…pacifiquement pour réclamer la réouverture de la Conférence nationale dont les travaux avaient été brutalement et unilatéralement arrêtés (et le Palais du Peuple, où l’on siègeait, fermé) par le Premier ministre, le défunt Jean Nguz.
Ce qui doit se savoir aujourd’hui est que la RDC entre dans une période de terreur, de violence « voulue » par le pouvoir qui, selon toute vraissemblance, est déterminé à l’entretenir.
A défaut de modifier l’article 220 de la Constitution, qui l’empêche de briguer un nouveau mandat, le président Kabila et sa très large cour (politique et militaire) pour qui une alternance en 2016 serait l’apocalypse, la fin du monde, recourront, pour se pérenniser, à deux stratégies qui pourraient se combiner ou s’alterner: la première, alléguer du manque de moyens pour ne pas organiser l’élection au terme du mandat présidentiel en 2016 et s’adjuger une prolongation qui pourrait durer.
Apollinaire Malu Malu - et certainement Lambert Mende en appui - balancera l’argument financier aux Congolais, le moment venu.
Et si par bonheur, la Céni recevait l’argent nécessaire à l’organisation du scructin, les satrapes de Kinshasa – et ça se serait la seconde stratégie – fomenteront, ça et là, des troubles pour arguer de l’impossibilité de circuler et d’organiser le vote.
On ne s’étonnera alors pas de voir « essaimer » dans le pays plusieurs autres nouveaux M23 et Bakata Katanga. L’avenir nous contredira-t-il ?
Il est conseillé à tous ceux qui agissent en politique de lire l’histoire, d’interroger en permanence le passé.
Le Congo-Zaïre a une histoire. Il a eu ses précédents présidents de la République, des premiers ministres, des généraux, des administrateurs de la sûreté nationale, des procureurs généraux, etc.
Certains d’entre eux, au summum de leur pouvoir, avaient complètement oublié que le pouvoir s’acquiert et se cède, d’une façon ou d’une autre. Pour eux, leurs fonctions avaient cessé d’être des charges temporaires, citoyennement rotatives.
Elles étaient devenues des patrimoines familiaux, des rentes viagères. Et que sans elles, la vie s’arrêtait. Et pour les préserver, ils ont fait arrêter, torturer, humilier, empoisonner, tuer toute personne qu’ils ont soupçonnée de vouloir les empêcher de continuer d’en jouir.
Mais ils ont un jour fini par perdre leurs fonctions, le pouvoir. Un certain 17 mai 1997. Et, contrairement à ce qu’ils redoutaient, ils n’en sont pas pour autant morts. Ils ont continué à…vivre.
Avec la conscience chargée d’avoir causé du tort, d’avoir ôté la vie à plusieurs compatriotes, d’avoir rendu une vie misérable à des veuves et à des orphelins. La plupart de ces derniers sont morts simplement pour avoir été considérés comme des « gêneurs », d’empêcheurs de « voler » à l’aise.
Car il fallait amasser de l’argent qui est la finalité de l’action politique pour bien des Congolais.
Amasser de l’argent, beaucoup d’argent…de l’Etat. Pour se construire d’impressionnantes maisons personnelles chiquement équipées, posséder au même moment plusieurs véhicules de grosse cylindrée et de toutes marques, de très beaux vêtements. Il fallait manger bien et à satiété, boire quotiennement du champagne et du vin du bon cru, choyer abondamment sa famille.
Les hommes ont « troussé » toutes les jolies femmes de leurs environs qu’ils ont comblées de véhicules et de jolis bijoux. Il fallait voyager à travers le monde en first class, etc.
Bref, il fallait « paraître », paraître partout, grand et puissant. Normal, peut-être. A moins d’un choix de vie spartiate de moine austère, il n’est pas interdit de se faire plaisir, de posséder. L’être humain n’est pas un animal qui se contente du nécessaire vital.
Mais faut-il pour toutes ces jouissances, hier comme aujourd’hui, tuer systématiquement des compatriotes parce que l’on estime qu’ils n’ont pas, eux, le droit de parler et de profiter de leur pays ?
La jouissance du pouvoir demande-t-elle qu’on viole tous les principes (juridiques, politiques, économiques, sociaux, moraux,…) de la société ? Un pays en est-il encore un quand seuls les besoins de quelques personnes font loi et priment sur la vie humaine ?
Ainsi se sont comportées plusieurs et successives autorités congolaises depuis 1960. Et les mêmes avatars continuent. Que gagnent franchement Marcelin Cishambo et ses « associés » tortionnaires en tirant, à balles létales ou non, sur des Congolais non armés et marchant pacifiquement ?
Le président Kabila améliore-t-il son image en laissant ses sbires commettre des crimes à répétition ? Ne donne-t-il pas là du grain à moudre à ceux (les « Combattants », le M23, Bakata Katanga, la bande à Mukungubila,…) qui estiment que la violence est la seule réponse à opposer à son pouvoir ?
Quelle différence les kabilistes font-ils finalement entre leur régime et celui de la Deuxième République mobutiste qu’ils continuent curieusement de décrier?
« Qui tue par l’épée périt par l’épée ». L’adage n’arrête pas de se confirmer depuis des siècles. Nous invitons les « puissants » actuels de Kinshasa à aller sur Youtube et taper les noms « Mussolini, Samuel Doe, Ceausescu, Saddam Hussein, Kaddafi,… ».
Les images, visionnées l’une après l’autre montrant les débuts et les fins de pouvoirs de ces derniers, devraient les faire réflechir et les ramener à la raison. Nous le souhaitons vivement. Puissent-ils penser à demain.
Le président ukrainien Ianoukovitch a été, il y a tous justes deux jours, l’ « homme fort » de son pays. Il est aujourd’hui un paria fuyard. Qui aurait pu l’imaginer ?
Devant la colère du peuple, son armée et son « puissant » ami Poutine n’ont rien pu faire pour lui. Juste à côté de la RDC, en République centrafricaine, François Bozizé et son incompétent successeur eurent également leurs armées et des « amis ».
Ils doivent certainement aujourd’hui se morfondre dans leurs exils, regrettant des erreurs commises. « Hommes forts actuels du Congo », ressaisissez-vous, tempérez vos ardeurs tyranniques !
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Wina Lokondo
© KongoTimes
Joseph KABILA - Président sortant de la RDC
Le pouvoir de Joseph Kabila vacille. La succession des maladresses politiques, des brutalités policières et la violence du discours (notamment contre l’opposant Vital Kamerhe), ces derniers temps, le montrent. Les récentes bavures policières au Sud-Kivu en sont un signe patent de plus.
Car le recours au fusil a toujours été un aveu d’incapacité à vaincre par la persuasion, par la stratégie, par le jeu politique normal. Et l’échec est davantage déshonorant lorsqu’on ouvre le feu sur des adversaires non…armés sans venir à bout d’eux, sans anéantir leur détermination.
Les images de jeudi 20 février à Bukavu le montrent, au détriment du pouvoir. On y voit Vital Kamerhe et ses partisans refaire le tour de la ville aussitôt après la charge policière.
Rien, alors rien, n’a justifié le refus des autorités provinciales d’autoriser Kamerhe d’accéder à la tribune de la place de l’indépendance où sa procession a pourtant bien abouti, laquelle a traversé la ville pendant des heures, en chants et dans la bonne humeur, sans incident constaté.
Comme l’a également été la « joyeuse entrée » de l’ancien président de l’Assemblée nationale à Goma, deux jours auparavant, où brutalité envers autrui ni casse de bien privé ou public n’ont non pas été déplorées.
Marcel Cishambo, le très kabiliste gouverneur de la province – et « fabrication » politique de…Kamerhe, apprend-on -, a fait de la provocation et a donc sciemment voulu, faire couler, une fois encore, le sang des Kivutiens présents à cette place symbolique de la ville, et dont le « tort » est de ne pas être des partisans de Joseph Kabila et d’avoir exprimé leur préférence pour un autre acteur politique, un des leurs, fils du terroir.
Car on n’imagine pas Cishambo permettre aux mêmes policiers de brutaliser des militants du Pprd, le parti présidentiel, qui se seraient rassemblés quelque part dans la ville, avec ou sans autorisation municipale.
Le pouvoir congolais vient tristement d’ajouter une nouvelle tâche de sang qui restera dans les annales de la longue et pénible démocratisation du pays. Et qui nous rappelle celle, indélébile, du 16 février 1992, date à laquelle tombèrent une dizaine des Congolais (Zaïrois) sous les balles de la toute autant zéléé soldatesque – une tradition congolaise ? - du pouvoir mobutiste de l’époque.
Vaillants compatriotes abattus pour avoir, eux, commis le « péché» de manifester…pacifiquement pour réclamer la réouverture de la Conférence nationale dont les travaux avaient été brutalement et unilatéralement arrêtés (et le Palais du Peuple, où l’on siègeait, fermé) par le Premier ministre, le défunt Jean Nguz.
Ce qui doit se savoir aujourd’hui est que la RDC entre dans une période de terreur, de violence « voulue » par le pouvoir qui, selon toute vraissemblance, est déterminé à l’entretenir.
A défaut de modifier l’article 220 de la Constitution, qui l’empêche de briguer un nouveau mandat, le président Kabila et sa très large cour (politique et militaire) pour qui une alternance en 2016 serait l’apocalypse, la fin du monde, recourront, pour se pérenniser, à deux stratégies qui pourraient se combiner ou s’alterner: la première, alléguer du manque de moyens pour ne pas organiser l’élection au terme du mandat présidentiel en 2016 et s’adjuger une prolongation qui pourrait durer.
Apollinaire Malu Malu - et certainement Lambert Mende en appui - balancera l’argument financier aux Congolais, le moment venu.
Et si par bonheur, la Céni recevait l’argent nécessaire à l’organisation du scructin, les satrapes de Kinshasa – et ça se serait la seconde stratégie – fomenteront, ça et là, des troubles pour arguer de l’impossibilité de circuler et d’organiser le vote.
On ne s’étonnera alors pas de voir « essaimer » dans le pays plusieurs autres nouveaux M23 et Bakata Katanga. L’avenir nous contredira-t-il ?
Il est conseillé à tous ceux qui agissent en politique de lire l’histoire, d’interroger en permanence le passé.
Le Congo-Zaïre a une histoire. Il a eu ses précédents présidents de la République, des premiers ministres, des généraux, des administrateurs de la sûreté nationale, des procureurs généraux, etc.
Certains d’entre eux, au summum de leur pouvoir, avaient complètement oublié que le pouvoir s’acquiert et se cède, d’une façon ou d’une autre. Pour eux, leurs fonctions avaient cessé d’être des charges temporaires, citoyennement rotatives.
Elles étaient devenues des patrimoines familiaux, des rentes viagères. Et que sans elles, la vie s’arrêtait. Et pour les préserver, ils ont fait arrêter, torturer, humilier, empoisonner, tuer toute personne qu’ils ont soupçonnée de vouloir les empêcher de continuer d’en jouir.
Mais ils ont un jour fini par perdre leurs fonctions, le pouvoir. Un certain 17 mai 1997. Et, contrairement à ce qu’ils redoutaient, ils n’en sont pas pour autant morts. Ils ont continué à…vivre.
Avec la conscience chargée d’avoir causé du tort, d’avoir ôté la vie à plusieurs compatriotes, d’avoir rendu une vie misérable à des veuves et à des orphelins. La plupart de ces derniers sont morts simplement pour avoir été considérés comme des « gêneurs », d’empêcheurs de « voler » à l’aise.
Car il fallait amasser de l’argent qui est la finalité de l’action politique pour bien des Congolais.
Amasser de l’argent, beaucoup d’argent…de l’Etat. Pour se construire d’impressionnantes maisons personnelles chiquement équipées, posséder au même moment plusieurs véhicules de grosse cylindrée et de toutes marques, de très beaux vêtements. Il fallait manger bien et à satiété, boire quotiennement du champagne et du vin du bon cru, choyer abondamment sa famille.
Les hommes ont « troussé » toutes les jolies femmes de leurs environs qu’ils ont comblées de véhicules et de jolis bijoux. Il fallait voyager à travers le monde en first class, etc.
Bref, il fallait « paraître », paraître partout, grand et puissant. Normal, peut-être. A moins d’un choix de vie spartiate de moine austère, il n’est pas interdit de se faire plaisir, de posséder. L’être humain n’est pas un animal qui se contente du nécessaire vital.
Mais faut-il pour toutes ces jouissances, hier comme aujourd’hui, tuer systématiquement des compatriotes parce que l’on estime qu’ils n’ont pas, eux, le droit de parler et de profiter de leur pays ?
La jouissance du pouvoir demande-t-elle qu’on viole tous les principes (juridiques, politiques, économiques, sociaux, moraux,…) de la société ? Un pays en est-il encore un quand seuls les besoins de quelques personnes font loi et priment sur la vie humaine ?
Ainsi se sont comportées plusieurs et successives autorités congolaises depuis 1960. Et les mêmes avatars continuent. Que gagnent franchement Marcelin Cishambo et ses « associés » tortionnaires en tirant, à balles létales ou non, sur des Congolais non armés et marchant pacifiquement ?
Le président Kabila améliore-t-il son image en laissant ses sbires commettre des crimes à répétition ? Ne donne-t-il pas là du grain à moudre à ceux (les « Combattants », le M23, Bakata Katanga, la bande à Mukungubila,…) qui estiment que la violence est la seule réponse à opposer à son pouvoir ?
Quelle différence les kabilistes font-ils finalement entre leur régime et celui de la Deuxième République mobutiste qu’ils continuent curieusement de décrier?
« Qui tue par l’épée périt par l’épée ». L’adage n’arrête pas de se confirmer depuis des siècles. Nous invitons les « puissants » actuels de Kinshasa à aller sur Youtube et taper les noms « Mussolini, Samuel Doe, Ceausescu, Saddam Hussein, Kaddafi,… ».
Les images, visionnées l’une après l’autre montrant les débuts et les fins de pouvoirs de ces derniers, devraient les faire réflechir et les ramener à la raison. Nous le souhaitons vivement. Puissent-ils penser à demain.
Le président ukrainien Ianoukovitch a été, il y a tous justes deux jours, l’ « homme fort » de son pays. Il est aujourd’hui un paria fuyard. Qui aurait pu l’imaginer ?
Devant la colère du peuple, son armée et son « puissant » ami Poutine n’ont rien pu faire pour lui. Juste à côté de la RDC, en République centrafricaine, François Bozizé et son incompétent successeur eurent également leurs armées et des « amis ».
Ils doivent certainement aujourd’hui se morfondre dans leurs exils, regrettant des erreurs commises. « Hommes forts actuels du Congo », ressaisissez-vous, tempérez vos ardeurs tyranniques !
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Wina Lokondo
© KongoTimes
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