lundi 31 mars 2014

A la Une: Charles Blé Goudé persiste et signe

le vendredi 28 mars 2014



Après sa première intervention hier devant la Cour pénale internationale, l’ancien président des Jeunes patriotes trône ce matin sur les Unes de la quasi-totalité des principaux quotidiens ivoiriens disponibles en ligne. 


A commencer, bien sûr, par les journaux qui lui sont proches. « Blé Goudé casse la baraque », lance ainsi Notre Voie, au-dessus d’une photo de celui qui fut baptisé le « général de la rue », costard, cravate, tout sourire et poing levé. Même photo à la Une deLG infos

« Blé Goudé parle au monde », titre le quotidien, qui qualifie d’« historique » son « adresse aux démocrates ». Le journal Le Temps souligne sa « grande sérénité » comme son « hommage à Gbagbo ».

Autre titre de la presse dite « bleue », c'est-à-dire la presse pro-Gbagbo, Le Nouveau Courrier, de retour dans les kiosques, qui livre surtout une analyse judiciaire en expliquant que l’avocat de Charles Blé Goudé va plaider ce qu’on appelle des « exceptions d'irrecevabilité » pour tenter de démonter le dossier de la CPI. 


Le journal invoque ainsi l’article 17 du statut de Rome, socle de la CPI, qui stipule qu’un dossier est « irrecevable » si « l'affaire fait l'objet d'une enquête ou de poursuites d'un Etat ayant compétence en l'espèce ».

Or, rappelle le journal, Blé Goudé a déjà été inculpé par la justice ivoirienne de « crimes de guerre, assassinats, vols en réunion, dégradation et destruction de biens d'autrui ». 


Procédure ivoirienne qui, selon Le Nouveau Courrier, ressemble à la « jurisprudence Abdallah Senoussi », du nom d'un proche collaborateur de l’ex-guide libyen Kadhafi, que la CPI ne jugera pas car, avait dit le porte-parole de la Cour pénale internationale, les autorités libyennes sont « compétentes », pour le juger elles-mêmes.

Blé Goudé : blé en verve

La presse ivoirienne indépendante, elle aussi, fait ses gros titres sur Charles Blé Goudé. En rapportant en Une la « petite » phrase de l’ancien président des Jeunes patriotes affirmant devant la CPI : « Je sais que je repartirai chez moi », le quotidien L’Inter, en manchette, a vu, dans ce premier face-à-face avec les juges, le « show de Blé Goudé ». 


Lequel « se décharge sur les autorités », lance Soir Info. Réaction du « conseiller de Ouattara » Touré Mamadou en Une du journal : « On est dans un théâtre ».

Commentaire du même tonneau dans la presse proche du pouvoir. « La grosse comédie de Blé Goudé », dénonce ainsi L’Expression. « Eloquence et mensonges », concède et dénonce tout à la fois Le Démocrate au sujet de Blé Goudé. 


« Blé ment, ment ! », lance Le Patriote. « Comme Gbagbo, il se moque du martyre des victimes », complète le quotidien proche du président Ouattara. 

Quant au journal Le Nouveau Réveil, proche de l’ex-président Bédié, il a trouvé Blé Goudé « comme à Ficgayo », du nom d’une célèbre place de Yopougon, véritable chaudron politique de cette commune réputée pro-Gbagbo de l’agglomération d’Abidjan.

Même intérêt de la presse satirique ivoirienne

L’Eléphant Déchaîné a trouvé Blé Goudé « pugnace (…) rempli d’énergie ». Et le confrère estime que l’ex-ministre de l’éphémère gouvernement Aké-N’Gbo a « retrouvé les qualités de tribun qu’on lui a connues à Abidjan ». 


Et pour résumer son intervention devant la CPI, l’irrévérencieux pachyderme de la presse ivoirienne estime que l’ancien leader des jeunes patriotes « aurait voulu provoquer le sanglot de la juge unique et du monde entier, qu’il ne s’y serait pas pris autrement ».

Blé Goudé : droit dans ses bottes

La presse de la sous-région a également suivi avec attention cette première intervention de Charles Blé Goudé devant la CPI. Guinée Conakry Info l’a trouvé « droit dans ses bottes ». Mais sa posture d’hier « risque bien de l’enfoncer davantage », prédit le site guinéen.

« Droit dans ses bottes », c’est également la formule employé au Burkina-Faso par L’Observateur Paalga, qui dénonce la « ténacité sélective » de la CPI dans le dossier ivoirien. 


« Jusque-là elle ne drague que les eaux du Gbagboland, s’indigne L’Observateur, alors que dans le marigot tout aussi sanguinolent de l’ADOkro, se repaissent, en toute impunité, de méchants crocodiles sur lesquels pèsent de nombreux soupçons de crimes contre l’humanité », je cite, bien sûr, le quotidien ouagalais.
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Norbert Navarro

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