samedi 26 juillet 2014

RDC/KINSHASA : ‘’la question Prof. André Mbata’’ et ce qu’elle révèle

le samedi 26 juillet 2014



« Ils nous dominent plus par l’ignorance que par la force. » S. BOLIVAR

Le débat d’idées peine à trouver de la place dans l’espace public congolais. Ne pas être thuriféraire de ‘’la kabilie’’ peut y coûter très cher. Floribert Chabeya a payé de sa vie pour avoir cru qu’on ne lutte pas en se cachant. 

André Mbata Mangu est désormais assis sur des charbons ardents pour avoir soutenu qu’il y a une vie après la présidence à une période où certains d’entre nous disent au ‘’Raïs’’ : « Joseph Kabila, totondi yo nainu te ! ».

Ceux et celles d’entre nous qui suivent l’actualité congolaise au quotidien savent qu’un professeur d’université ayant prouvé par ses écrits que Joseph Kabila peut avoir une autre vie après ‘’la présidence de la République’’ sans que le Congo connaisse ‘’l’inanition’’ vit désormais avec une épée de Damoclès sur sa tête. 

Le Professeur André Mbata –c’est de lui qu’il s’agit- l’un des rares Congolais à avoir créé le débat sur la révision constitutionnelle avant les interventions de ‘’la communauté occidentale’’ est aujourd’hui assis sur les charbons ardents dans son propre pays ; un pays où il est au service de la jeunesse, espoir de demain. Faisons quelques constats. Il n’est pas le premier intellectuel à subir ce sort sous ‘’la kabilie’’. 

Plusieurs journalistes et activistes des droits de l’homme l’ont subi avant lui. Certains ont payé de leur vie leur audace de défendre leurs idées. Ceux-ci comme lui sont victimes d’un espace public verrouillé, confisqué par les thuriféraires de la pensée unique, celle qui estime que la mise sous tutelle du Congo par la force brute doit se perpétuer.

La question ‘’André Mbata’’ révèle que la pensée plurielle, ‘’le conflit maîtrisé’’ est rejeté par ‘’les nouveaux prédateurs’’ tout comme le véritable pluralisme politique. Elle révèle aussi comment le débat d’idées fait peur. 

Si, comme en témoigne Amba Wetshi[1], les étudiants huaient ‘’le chef d’Etat ‘’ congolais chaque fois qu’un rétroprojecteur faisait défilé son image au cours de l’exposé du livre de Mbata, ce qu’il y a là un signe qui ne ment pas : « Les nouveaux prédateurs nous dominent plus par l’ignorance que par la force. » Un Congo ouvert au véritable débat politique et idéologique, avec dix de ses fils et filles de la trempe de Mbata disséminés à ses quatre coins, se débarrasserait de ‘’la kabilie’’ sans coup férir.

En d’autres mots, le Congo a encore besoin de création des espaces de liberté ; surtout d’une liberté d’expression assumée en conscience par ses fils et filles du genre Mbata. De toutes les façons, ces espaces de libertés ne s’offrent pas sur un plateau doré ; ils s’arrachent à force d’activisme politique et citoyen.

‘’La question André Mbata’’ devrait pousser plusieurs d’entre nous à s’interroger sur ce qu’ils gobent comme information venant du pays au travers des médias officiels. 

Quelle serait leur crédibilité ? 

Pouvaient-ils paraître au quotidien s’ils abordaient certaines questions ‘’franchement’’ comme Mbata ? ‘’La question Mbata’’ interpelle la qualité des messages culturels livrés à notre peuple au quotidien. Sont-ils de nature à l’aider à se prendre en charge ? Nous ne le pensons pas.

‘’La question André Mbata’’ interpelle notre émotion et notre indignation. Souvent, leurs effets sont limités dans le court terme. Armand Tungulu, Bapuwa Muamba, Floribert Chebeya, Fidèle Bazana, plusieurs compatriotes de l’Equateur, etc. ont été assassinés et ont suscité notre émotion et notre indignation. 

Qu’avons-nous fait pour qu’il n’en ait pas d’autres ? Certains d’entre nous ont travaillé pour que les épouses de Bazana et Chebeya sortent du pays. 

Ils ont livré Paul Mwilambwe, l’un des témoins dans l’assassinat de Chebeya et Bazana, à la justice sénégalaise. Puissent-ils être remerciés de tout cœur ! 

Saurons-nous suivre leur exemple pour qu’André Mbata ne soit pas livré à la vindicte de ‘’la kabilie’’ ? Celle-ci tue de sang froid. 

Rappelons-nous, en dehors de nos compatriotes susmentionnés, ceux qui ont été tués à balles réelles le 26 décembre 2011 et le 30 décembre 2013.


Il y a là un défi qui nous est lancé en tant que communauté congolaise pour que nous puissions veiller et tout faire afin que ‘’l’un des meilleurs d’entre nous’’ ne soit pas tués par ‘’les nouveaux prédateurs’’ ou leurs thuriféraires. André Mbata nous représente dignement comme Professeur au Congo, en Afrique du Sud et à Paris. 

Tobelela !!!
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Mbelu Babanya Kabudi
 

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