jeudi 11 septembre 2014

RDC, un chaos annoncé

image "Joseph KABILA" - Président sortant de la RDC 

Au regard des événements politiques en cours en République Démocratique du Congo, et en dépit de l’impuissance du régime actuel à faire face et à répondre constructivement aux besoins primaires du peuple congolais et à la peur de ses incertitudes, inhérentes à la vie courante, et, en ignorant pourtant pas celles et ceux des indignés congolais, Joseph Kabila, ayant montré ses limites intellectuelles et politiques veut pourtant, obstinément, se maintenir au pouvoir, au delà de 2016, malgré le fait, que la Constitution, dans son article 220, l’en empêche. C’est la consternante évidence de conclusion possible !

C’est la motivation centrale pour laquelle, il recourt à plusieurs subterfuges et stratagèmes, tel que le recours au référendum, ainsi qu’à la nomination d’un gouvernement de « large union nationale » dans lequel, me semble-t-il, Joseph Kabila veut inclure une certaine opposition politique, avec pour conséquence, de déstabiliser encore davantage la configuration, ou mieux, le paysage politique du moment, pour pouvoir évoquer un prétendu « état d’urgence », qui lui permettra de déclarer la mise en application de « l’état de siège » qui lui laisse « l’usage de tous les pouvoirs », au moins pendant la durée du dit « état de siège ».

Cette contrainte ne l’autoriserait pourtant pas davantage à briguer un troisième mandat de président de la République.

Par contre, et si jamais, l’opposition politique, qui constitue le dernier rempart du peuple congolais, tombait dans le piège de ce mécanisme, peut-être même par l’achat des consciences, ce serait malheureusement, donner à Joseph Kabila, une occasion de se maintenir peut-être au pouvoir, au-delà de l’an 2020.

Dans ce contexte-là, Joseph Kabila demanderait, sans hésiter, aux forces politiques de l’opposition, ayant pris le risque, et qu’il aura donc déjà sous sa coupe, de l’autoriser à procéder au recensement et à l’identification de la population, afin de mieux contrôler le mouvement démographique.

Et, ce processus pourra freiner la procédure, trois ou quatre ans voire plus, avant de procéder à de nouvelles élections, après celles de 2011, pourtant déjà largement contestées, pour tricheries et irrégularités flagrantes.

Ce passage en force, permettrait donc, à Joseph Kabila de continuer à opérer ses procédures criminelles contre le Congo et le peuple congolais désabusé, par le non-respect des règles du jeu, par les tenants du pouvoir qui s’estiment en droit d’étouffer les aspirations légitimes, de tout un peuple à se libérer, des servitudes d’une tyrannie !

Au-delà, de ce qui précède, Joseph Kabila est en train d’imaginer une autre stratégie, et non la moindre. Il s’agit, en effet, de demander à l’opposition, qui lui est favorable, de présenter un de ses membres, pour qu’il soit institué aux fonctions de Vice-Président de la République.

Ce poste, pourtant, n’a pas été prévu dans l’actuelle Constitution, et d’ailleurs, est en voie de subir une agression, de réaction du peuple congolais qui veut faire ombrage à toute tentative machiavélique de prise de pouvoir par la force.

En fait, cette situation de passage en force , pour garder le pouvoir, agite la majorité des congolais qui broient la disette presque chaque jour, et qui s’estiment trahis par les intellectuels congolais, véritables fils du pays, qui gravitent, autour du pouvoir décadent et l’on a le sentiment très net, que ces grands commis de l’Etat, n’ont pas du tout retenu la leçon du passé, celle qu’a vécu le Mouvement Populaire de la Révolution, (MPR en sigle) lors de la fuite de Mobutu lorsqu’en pleine journée, traversant toute la largeur de la Ville de Kinshasa, sur la route des poids lourds, jusqu’à l’Aérodrome International de N’Djili, sous les cris et les huées humiliantes, pour prendre l’avion, à destination de l’inconnu !

Pris de panique, Mobutu a tout simplement eu peur, d’être tué, et que son cadavre ne soit trainé dans la rue, comme un animal nuisible, par une population qui a perdu son contrôle, qui a accumulé trente-deux années d’asservissement et de dictature impitoyable, et qui revendiquait sans plus aucun frein, sa liberté de parole et d’action, et, in fine, sa souveraineté complète.

Malgré son aura et sa forte personnalité, Joseph Désiré Mobutu qui, avec ses collaborateurs, ne mijotait que des merveilles, dans ses rapports complices avec le peuple du Zaïre, est pourtant, accusé, par l’opposition populaire, de manipulations et de débits mensongers.

Ce dernier, dans sa fuite inattendue, épuisé par la maladie, ne pourra pas être enterré au Congo, en dépit de son emprise réelle ou apparente sur le pays.

A ce jour, me semble-t-il, ses résidences, notamment celle de Kawele, de Gbadolite et de Kisangani non seulement, sont complètement en ruine, mais elles sont habitées par des herbes sauvages, des grenouilles ronflantes et des reptiles rares et inconnus dans notre biosphère.

Par devoir de mémoire, j’ai tenu à rappeler que je fus l’un des rares Commissaire de Zone de la République, à avoir été reçu par le Président Mobutu Sese Seko (paix à son âme) au sommet de sa gloire, dans son bateau Kamanyola, lors de son passage à Basoko, à la Cité de Lokutu,  précisément, où ce dernier fut surpris de me rencontrer dans ces lieux, alors qu’il me croyait encore en fonction à la Commune de Ngaliema.

Après une brève explication fournie à ce sujet par le Ministre de l’Intérieur, le Président de la république, Mobutu Sese Seko, entame immédiatement une conversation à bâton rompu avec moi, pendant plus d’une heure, à deux, dans le luxueux salon de son bateau.

Bref, Mobutu, se souvenant, des séquences de films, que montrait la « Voix du Zaïre » télévision d’Etat, sur mes prestations antérieures, en conférence-débat, dans les milieux universitaires notamment à l’Institut Pédagogique National, à l’Institut des Bâtiments et Travaux Publics et au Grand Séminaire Jean XXIII.

Après tout, Mobutu tenait donc à connaître la température réelle de l’état d’esprit de la population du « Zaïre » profond, afin d’en faire une possible extrapolation au niveau national.

La suite est connue : j’ai RELATÉ, avec honnêteté et méthode, tous les maux que ruminait la population de ma juridiction sur la mystification de la Deuxième République, thème d’ailleurs, qui a constitué, par la suite, l’objet de mes recherches fondamentales, pour l’obtention d’un doctorat en Sciences Politiques, à l’Université Catholique de Louvain.

Pour conclure, au terme de notre entretien, j’avais dit au président Mobutu, que la « démystification » du Parti-Etat au Zaïre s’imposait, pour une dynamique de renouveau démocratique. A défaut de ce faire, une contre révolution deviendrait, de plus en plus, inévitable.

Après coup, Mobutu me félicita de ce parler vrai, et donna des consignes à son officier d’ordonnance, le Colonel Bueno, pour un suivi des contacts. C’est dans un esprit de devoir accompli que j’ai reçu du chef de l’Etat, sa bénédiction pour me rendre en Belgique, afin de prendre mon inscription à l’Université Catholique de Louvain pour des études proprement dites.

Satisfait donc de notre entretien, Mobutu mettra à ma disposition son hélicoptère de commandement, avec ses gardes de corps pour me conduire du bateau jusqu’au chef-lieu de ma juridiction, à Basoko.

A une autre occasion, en voyage à Kinshasa, je fus de nouveau reçu par le président Mobutu, dans son bateau, en accostage au port de la Cité touristique de Nsele.

Après entretien, je n’ai quitté mon hôte, qu’à 21 heures. En cours de route, m’étant rendu compte que j’avais oublié un bien personnel, je tins à retourner pour le récupérer. Arrivé sur les lieux, dans ma VOITURE, en compagnie de mon garde du corps, j’ai pu constater, avec surprise, que le bateau en accostage, n’y était plus et personne d’autre ne pouvait me fournir des explications sur sa destination.

Heureusement pour moi, les commandos, un bataillon, naturellement qui assurait la garde du périmètre, nous ont laissé partir, après une brève explication de ma part.

Autant dire, que toutes ces mesures de sécurité étaient prises autour de Mobutu pour une raison évidente : protéger le Chef de l’Etat d’un attentat, parce qu’il avait effectivement peur de mourir. Il avait la conscience surchargée surtout du fait qu’il ne recevait pas d’informations fiables, ni sécurisantes !

Car, la Deuxième République fonctionnait en structure d’oignon, empêchant le président Mobutu, qui était au centre du système, et de la superstructure donc, d’être à l’écoute en permanence, avec le peuple, qui a fini à en avoir ras-le-bol, avec pour conséquence la chute du régime et du parti MPR qui incarnait l’Etat.

Il en est de même, aujourd’hui, la Majorité Présidentielle, avec à sa tête Joseph Kabila, tient, avec les moyens de répression à la disposition, à gouverner de nouveau le pays pendant 5 ans, voire plus et ce en dépit, du bilan calamiteux du régime, sans compter les multiples crimes perpétrés, contre nos paisibles concitoyens, cruautés dépeintes amplement par Robert Mbelo, dans ses différents réquisitoires.

 Pour moi, il est très justifié que votre maladresse Monsieur Joseph Kabila ainsi que celle de la Majorité Présidentielle y compris, vous acceptiez d’en être les seuls comptables.

Enfin, je tiens à rappeler à Joseph Kabila ; ainsi qu’à ceux qui l’entourent et qui peaufinent des stratégies pour son maintien au pouvoir, que certains parmi eux, ont milité, avec moi, dans l’opposition non armée en Europe !

Beaucoup, vous ont rejoint, par des canaux divers. J’ai refusé de les accompagner dans cette aventure périlleuse, évidement, par principe de cohérence et de logique intellectuelle.

J’ai donc, choisi le camp du peuple, que je tente de défendre, par l’unique arme : « la pensée ». Je voudrais tout simplement, marquer une époque, marquer mon nom dans l’histoire d’un Congo libéré, et situer ses repaires perdus au profit des prochaines générations, au lieu de m’attarder à des privilèges qui n’auront aucun sens, pour un homme mortel.

Il est à retenir, que tous vos collaborateurs, prendront bel et bien la fuite, d’ici-là, face à un chaos annoncé, par l’effet de votre obstination à ne pas modifier les termes de jeu et à vous maintenir au pouvoir, contre la volonté de ce qui est plus fort que vous : le peuple congolais.

Pour terminer, j’ai tenu à répéter, au peuple congolais, toute tendance confondue, ce principe : Tout change, sauf la loi du changement, Joseph Kabila ne peut donc pas, s’inscrire en faux, contre les « régularités constitutives » des lois qui régissent l’univers, et la société humaine.
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[Bamba-di-Lelo, Docteur en Sciences Politiques de l’UCL,
Analyste des questions politiques du Congo,
E-mail : jbadil@hotmail.be]
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