dimanche 10 octobre 2010

Joseph KABILA face au changement sociétal en RDC


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Joseph KABILA - President de la RDC.
 

Le 16 mai 1997, Laurent-DÉSIRÉ Kabila remplaçait Joseph-DÉSIRÉ Mobutu à la tête de l’État congolais. Le peuple de Kinshasa avait célébré dans l'euphorie ce qu’il croyait être le début d’une une ère des libertés démocratiques et de développement. Mais, de Désiré Mobutu à Désiré Kabila, le style d’exercice du pouvoir n’a fait que passer des mains de Saint-Paul à celles de Saint-Pierre. La dictature est restée le lot du peuple congolais.
En janvier 2001, à la faveur d’une triste circonstance, JOSEPH-Kanambe Kabila a accédé à l'ancien siège de JOSEPH-Désiré Mobutu. La jeunesse de Kinshasa avait adhéré, dans un élan de compassion, au discours d’«ouverture» de celui qu'elle découvrait comme un agneau indolent. Ceux qui  se prénommèrent alors «la génération Joseph Kabila» ignoraient qu’ils cautionnaient la continuité de la  dictature à la Mobutu. Ausitôt la transition 4+1 terminée, l'agneau faible d'hier s'est câbré. Il est devenu un léopard cruel.
Le règne de L-DÉSIRÉ Kabila comme celui de JOSEPH-K Kabila n’auront été que des variantes de la dictature inaugurée en 1965 par JOSEPH-DÉSIRÉ  Mobutu. Mais, à l’opposé du règne de JOSEPH-DÉSIRÉ Mobutu, qui s’est nourri des contradictions inter-systémiques d’une scène internationale bipolaire d'alors, JOSEPH-K Kabila se trompe de compter sur le sable mouvant de l’économie-monde du 21e siècle en oeuvrant pour la crétinisation des libertés et le mépris de la vie des nationaux qui ne pensent pas comme lui.
Mobutu et ses agents du SNIP  procédaient à des exécutions extrajudiciaires à une époque où les réseaux étaient encore structurés  en système d’information verticale.  Le secret y était une règle scrupuleusement observée. Ce qui permettait au dictateur de dissimuler les assassinats et autres crimes d'État pendant que les mêmes services traquaient en silence les auteurs des rumeurs, engendrant un climat de peur. Naturellement, une telle stratégie appliquée à l’époque des parapluies automatiques d’inspiration idéologique, rendait difficile toute réaction populaire. C’est ce qui a permis au premier dictateur de régner pendant 32 ans.
Au 21e siècle, la mise en œuvre de la commutation électronique a permis le déploiement de la connectivité des réseaux immatériels, aussi bien au niveau local qu'au niveau extralocal, donnant lieu au développement des autoroutes d’information dont la composante verticale, est généralement dirigée contre le discours hiérarchisé et orienté. De cette manière, les flux horizontaux d’information ont banalisé la hiérarchie dans un monde qui est devenu un village global. Dans l'opinion des Congolais d'aujourd'hui, par exemple, le «guide éclairé» dont toute parole publique avait force de loi hier a simplement cédé la place à un premier citoyen de la cité dont les faits et gestes sont analysé et critiqués par des réseaux d'acteurs. Le magistrat suprême est perçu comme un acteur majeur dont la société civile peut dénoncer des mauvaises décisions. La diffusion instantanée a démystifié le secret d’État. Les  bavures odieuses autrefois gardées secrètes  sont divulguées et rapportées avec force détails et en temps réels  dans des documents multimédias. L’émergence de la société civile comme acteur crédible et allié du global,  a outillé le peuple dont la capacité d’expression à l'égard de l'autorité s’accroît. Face à ces changements, JOSEPH Kabila, en partisan d'un gouvernement des acteurs centraux refuse d'adopter le style dit de la  bonne gouvernance du territoire qui met de l'avant la participation populaire par la concertation des acteurs-clés. Même la démocratie parlementaire a été vidée de son sens, le parlement ayant été retourné à son rôle de chambre d'enregistrement hérité de l'ère du mobutisme.
Au niveau international, cependant, les systèmes nationaux de production étant de plus en plus interconnectés,  une véritable économie-monde émerge avec ses conséquences sur les alliances entres partenaires étatiques.  Une structuration trilatérale axée sur la concertation interpolaire s’est substituée à la confrontation idéologique bipolaire d’hier. Ainsi, si hier l’appui d’un bloc idéologique à un dirigeant était souvent inconditionnel et durable, aujourd’hui, les concessions potentielles entre acteurs trilatéraux fondent le caractère aléatoire des appuis extérieurs. JOSEPH Kabila a donc tort de rêver en la possibilité de reproduire la logique du système Mobutu sur la légitimité du pouvoir. Il a tort de mépriser les aspirations populaires pour miser esentiellement sur la légitimité extérieure de son pouvoir. On ne peut plus gouverner la RDC de 2010 comme Mobutu dirigeait le Zaire des années 1965-1980. Mais, mal conseillé, Joseph Kabila a eu tort de croire qu'il pouvait gouverner le Congo en méprisant l'opposition démocratique et en ignorant superblement la diaspora. Réagissant sans désemparer en affinant chaque jour ses stratégies, cette diaspora est de plus en plus écoutée et gagne en influence. Elle devient une pièrre d'achoppement pour son gouvrnement. Lui répondre par l'intensification de la brutalité, c'est précipiter sa chute.
Colette Braeckman qui a dernièrement fait état de la tentation des modèles rwandais et burudais chez Kabila, a défini ledit modèle comme étant une sysème qui s'appuie sur un certain progrès économique doublé d'un contrôle de poigne et d'un niveau élevé de brutalité, de violence. Cependant, en RDC Kabila exerce sa brutalité dans un contexte d'anarchie (manque de leadership) et de misère sociale généralisée. Les crises rwandaise et burundaise découlent d'une culture interne de la haine et de sang. Celle de la RDC, par contre, découle de l'exportation en terres congolaises des désaccords d'outre Rift Valley par des chefs de guerre rwandais appuyés par des acteurs globaux. Le style de gestion du Rwanda et du Burundi est axé sur la codification des rapports entre deux groupes ethniques  dominants alors que la RDC, une mosaique des cultures ne peut adopter un style de gestion basé sur les ethnies. Dès lors, Joseph Kabila ne peut appliquer une recette qui marche à Kigali et à Bujumbura dans le contexte fondamentalement différent de la RDC.
Le monde a beaucoup changé depuis l'instauration de la première dictature postindépendance en RDC. Le peuple congolais se bât pour l'instauration de la démocratie intégrale deppuis 1981. Les deux gouvernements qui se sont établis en RDC depuis la chute de Mobutu ont continué la dictature dans un environnement où des pratiques émergentes favorisent un conflit ouvert avec une société civile devenue bicéphale (interne et externe). Le développement de la communication horizontale ayant remis en question l'autoritarisme et la brutalité des gouvernements des acteurs centraux, Joseph Kabila n'a qu'à se plier au développement de la bonne gouvernance. Mais, tout indique qu'il n'est pas préparé à le faire. De son côté le peuple congolais bien qu'appauvri, est aujourd'hui différent de celui de 1965. Il est conscient des ses droits. Il serait souhaitable que Joseph Kabila songe à s'effacer au plus vite de la scène politique nationale. Les élections qui s'approchent seraient une bonne occasion pour ce faire. Il devrait permettre à une autre personnalité de l'AMP de se présenter au nom de son parti.
En s'entichant avec des pratiques devenues anachroniques, notamment, les exécutions extrajudiciaires, Joseph Kabila s'est disqualifié. En prévision de la campagne électorale qui s'approche, des personnalités mieux équipées se sont annoncées. Nous avons enregistré, entre autre l'entrée en scène, tour à tour, d'Oscar Kashala,  Vital Kamhere, Guillame Ngefa  et aujourd'hui Étienne Tshisekedi. Les échéances politiques que Joseph Kabila considérait Cela introduit une donne nouvelle dans laquelle la longue liste de crimes de Kabila va lui revenir sur le visage. Il s'agit à titre indicatif des assassinats des journalistes, des activités des droits de l'homme et des membres de la  diaspora; les allégation sur une possible implication à la commission du genocide des Hutu en territoire congolais et la perpétuation des crimes économiques qui vont s'ajouter au sience personnel de Joseph Kabila sur la problématique de son identité pour créer une dynamique difficile à contrôler avec l'argent puisé dans le trésor public.
Pour Hinterland,
Lambert Opula.

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