vendredi 31 décembre 2010

Rdc | Président Kabila : votre inaction a été troublante en 2010


Photo : Armand Tungulu, Joseph Kabila et Floribert Chebeya (DR)

(AfriSCOOP Analyse) — 2010 devrait rester une année noire dans l’Histoire des droits de l’Homme en Rdc. Non pas parce que la violation des droits humains soit une nouveauté sous le ciel togolais, mais elle a tout simplement connu un pic mémorable. A 10 mois de la prochaine présidentielle au pays de Mobutu, il y a de quoi secouer le cocotier congolais.


« La situation des droits de l’Homme en Rdc est une catastrophe », a, de façon voilée, accusé François Wilmeret (ambassadeur pour les Droits de l’Homme de la France), à l’issue d’une visite dans le grand Congo. Une lecture qui a été vigoureusement dénoncée par Lambert Mende (ministre congolais de la Communication) qui a estimé qu’il « faut arrêter la flagellation de la Rdc ».


Pourtant, sans forcément épouser totalement le point de vue du diplomate précité, il faut reconnaître que les signaux en matière du respect des droits humains sur la terre natale de Patrice Lumumba sont bel et bien au rouge. Armand Tungulu, Floribert Chebeya ainsi que la pléthore de journalistes brutalement tués ces derniers mois justifient à suffisance les cris d’orfraie poussés ici et là par divers activistes en matière des Droits de l’Homme. Une situation qui cadre en outre avec des déclarations de Vital Kamere (ancien président du parlement congolais) qui a fait savoir que d’une manière générale, en Rdc, « quand nous avançons de 100 m, nous reculons de 1.000 m » !! Un vital Kamere qui a été empêché d’organiser des manifestations publiques, après avoir quitté la barque Pprd (parti au pouvoir en Rdc). Une manœuvre gouvernementale qui veut tout dire, quand on sait que M. Kamere fut le directeur de campagne de Kabila en 2006… Et de surcroît, est un homme de l’est comme le président Kabila.


Violation des droits de l’Homme : enfant de la mal gouvernance en Rdc


Kinshasa a été retiré de la liste des pays africains bénéficiant de l’Agoa (African growth opportunity act) pour non respect des Droits de l’Homme. Une donne qui dépeint le tableau de la gouvernance en général dans une Rdc que beaucoup d’observateurs continuent de qualifier de « scandale géologique » ! Les actes répétés des “criminels du vagin” dans les zones instables de ce pays d’Afrique centrale sont sûrement passés par-là. L’on est un peu plus éberlué par ces viols venus d’une autre époque quand l’on se rend compte que même des soldats de l’armée nationale y sont impliqués.


Après son populaire retour au bercail en cette fin d’année 2010, Etienne Tsisekedi (opposant historique à différents pouvoirs congolais), a laissé entendre que la « corruption est à une échelle jamais vue dans l’humanité en Rdc » ! Et d’enfoncer le clou en précisant : « Ceux qui ont (à l’étranger) positionné Kabila pour qu’il soit élu en 2006 sont aujourd’hui déçus par ses rendements. Il faut en profiter »… Difficile de contester les propos du vieux opposant ; tant on peine à croire qu’avec ses immenses potentialités en ressources minières et énergétiques, la Rdc paresse encore à s’engager véritablement sur la voie du développement. Comment ne pas être pessimiste au sujet de l’avenir de cet Etat qui fournit au monde la matière première indispensable pour la fabrication de batteries de téléphones cellulaires (le coltan), mais qui peine toujours à disposer de moyens de télécommunications dignes de ce nom ? Comment croire en un avenir radieux d’une immense République qui demeure sous la coupe d’une pléthore de groupes armés ?


Comme au Togo, Joseph Kabila, dans cet hideux contexte, condamne seulement les faits et gestes de ces violateurs des droits humains. La règle ici, à l’image du régime de Lomé, est et demeure : « Condamnation du bout des lèvres, ou encore de beaux discours jamais accompagnés d’actes novateurs et parlants tendant à éviter l’impunité ». Que réserve alors 2011 aux Congolais ?

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