La République démocratique du Congo est en danger. Il en est de même de l’avenir de 60 millions de Congolais. Ce danger est incarné par un homme. Il s’agit du président sortant «Joseph Kabila».
Après dix années de fiasco au plan social, économique, politique et sécuritaire, ce dernier a engagé le pari pour le moins provocateur d’imposer sa présence à la tête de l’Etat au cours des cinq prochaines années. «Kabila» et ses hommes de main sont en ce moment occupés à traficoter la loi électorale, la Constitution et les fichiers électoraux en prévision de l’élection présidentielle prévue cette année.
«Le chef de l’Etat doit avoir plus de pouvoir», déclarait l’actuel ministre du Plan, l’ex-MLC Olivier Kamitatu Etsu (Voir Jeune Afrique n°2564 du 28 février au 6 mars 2010). Scrutin présidentiel à un tour, instauration d’un «régime présidentiel fort» où l’appareil judiciaire cesse d’être un «Pouvoir» indépendant de l’Exécutif et du Législatif, réduction des prérogatives des Provinces et des entités territoriales, révision de la Constitution sans nécessairement recourir au référendum. Ce sont là les «armes fatales» trouvées par «Kabila» et son clan pour maintenir ce beau pays et sa population dans la misère et l’opprobre.
A quel jeu se livre «Joseph Kabila»?
Flashback. L’année 2010 a commencé en RD Congo par une controverse. Une controverse née suite à un communiqué publié en date du 16 janvier 2010 par l’association de défense des droits de l’Homme «La Voix des Sans Voix». C’était à l’occasion du 9ème anniversaire de l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila. «La VSV, écrivait cette association, souhaite voir le mot d’ordre du gouvernement «Tolérance Zéro» appliqué en faveur de la manifestation de la vérité sur l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila en poursuivant les enquêtes pouvant déboucher sur un procès véritablement juste et équitable où comparaîtront les coupables, commanditaires et exécutants.» Dans une interview accordée le 17 janvier à la télévision publique française «France 5», l’archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo Pasinya d’abonder dans le même sens en se penchant sur le sort des personnalités civiles et militaires condamnées lors de ce procès : «Je demande que la justice fasse son travail le plus vite possible pour que ces gens soient jugés ou libérés. Le jugement du tribunal disait qu’il fallait compléter les enquêtes. Nous disons donc : complétez ces enquêtes ou libérez-les!». Contre toute attente, le prélat catholique s’est fait lyncher par la presse kabiliste : «De quoi se mêle-t-il pour une affaire qui est déjà entre les mains de la justice?» ; «De quel premier jugement parle-t-il ?» ; «(…) on n’a jamais parlé d’un autre jugement après le procès.» ; «En tant que qui parle-t-il d’accélérer la compilation des éléments du dossier ou, à défaut, procéder à la libération des détenus ?» ; « (…) le dossier est déjà clos, l’affaire jugée par la Cour d’ordre militaire, une juridiction d’exception dont l’arrêt ne peut être cassé que par la grâce présidentielle. Et en attendant cette éventualité, les assassins n’ont qu’à purger leurs peines.» N’est-ce pas un devoir filial que de rendre justice à son "géniteur"? L’assassinat de LD Kabila serait-il devenu un sujet tabou alors que lors de son investiture, le 26 janvier 2001, l’actuel président assurait la population que "la lumière sera faite sur les circonstances de l’assassinat de l’illustre disparu"?C’est un secret de Polichinelle de clamer ici que Laurent-Désiré Kabila n’a jamais été le fondateur de l’AFDL (Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo). Cette organisation est une trouvaille de Paul Kagame, alors ministre de la Défense et vice-président du Rwanda et du président ougandais Yoweri Museveni. Elle a vu le jour le 18 octobre 1996. Les Zaïrois d’alors ont été recrutés par…des officiels rwandais et ougandais pour donner l’apparence d’une rébellion zaïroise. C’est le cas notamment de LD Kabila qui a été introduit auprès de Kagame par Museveni. Aller au secours des «Banyamulenge» «privés de leur citoyenneté zaïroise» n’était qu’une vaste mystification. «Très vite, fin 1996, nous avons constaté que l’opération faisait de nous l’instrument du Rwanda ; nous avons refusé d’entrer dans l’AFDL. Nous voulions vivre en pays avec les autres Congolais ; nous voulions seulement revendiquer nos droits de Congolais…» L’homme qui parle s’appelle Müller Ruhimbika (Voir La Libre Belgique du 01.09.2000). Il s’est fait connaître à partir du mois de septembre 1996. C’est lui qui alimentait la presse internationale en communiqués émis depuis Kigali. Il se disait le représentant des «Banyamulenge» et parlait au nom du parti «Alliance démocratique des peuples» (ADP). On le voit, la «libération» du 17 mai 1997. La véritable motivation était plus prosaïque. Suspectant le régime zaïrois de soutenir en sous mains leurs opposants respectifs, «Paul» et «Yoweri», soutenus par certaines puissances occidentales et certains milieux maffieux, ambitionnaient d’installer un homme-lige à Kinshasa. Un «régime ami». Ils avaient cru trouver en LD Kabila l’«oiseau rare» tant recherché. Une année après la prise du pouvoir à Kinshasa, LD Kabila décide de rompre la «coopération militaire» avec le Rwanda et l’Ouganda. Dès août 1998, c’est de nouveau la guerre. Un nouveau mouvement rebelle…congolais voit le jour à… Kigali. Il s’agit du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie). Le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) a été créé selon le même modus operandi.
Les déclarations faites à Colette Braeckman, fin décembre, par l’ancien procureur de Kigali, Gérard Gahima, viennent jeter un éclairage nouveau sur la guerre menée en RD Congo à partir de 1998 par le Rwanda et l’Ouganda. Ce magistrat aujourd’hui en dissidence a dit notamment que l’homme fort de Kigali voulait «diriger» la RD Congo. C’est le refus de LD Kabila qui a mis le feu aux poudres. « (…). Autrefois, en 1998, je m’étais déjà opposé à la deuxième guerre du Congo, mais Kagame voulait à tout prix chasser Laurent Désiré Kabila, qu’il venait de mettre au pouvoir un an plus tôt. Cette démarche était surtout inspirée par l’orgueil, il voulait diriger le Congo à distance, ce que Kabila refusait…Cette deuxième guerre fut une erreur immense, qui a semé la mort et la haine dans toute la région…».
Après la défaite des FARDC à Mushake fin 2008, Paul Kagame a manifestement atteint son objectif. Il a trouvé la marionnette qui lui manquait pour lui permettre de «diriger à distance» la RD Congo. Depuis deux ans, «Joseph Kabila» est tiré par le bout du nez par son homologue rwandais. «Kabila» ne fait même plus semblant de jouir d’une certaine autonomie. Il se plie aux quatre volontés du son homologue rwandais : déploiement de l’armée rwandaise sur le sol congolais dans le cadre des opérations militaires dites «Umoja Wetu» et autres «Kimia I» et «Kimia II». Objectif : traquer les miliciens FDLR. Ceux-ci sont toujours là ! Visite de Kagame à Goma et à Kinshasa. Maintien des cadres étiquetés RCD à des postes névralgiques tant civils que militaires. Intégration et promotion anarchiques des combattants du CNDP dans les FARDC. L’adhésion du CNDP dans la mouvance présidentielle (AMP) constitue le dernier acte d’une grande mystification.
"Joseph Kabila" représente plus que jamais une grave menace tant pour l’unité et la souveraineté nationales que pour l’intégrité physique du pays. Les Congolais doivent se lever, ici et maintenant, pour barrer la route, par tous les moyens, à cet homme. Laisser le président sortant rempiler pour un nouveau bail de cinq ans - alors qu’il est incapable de proposer aux Congolais un autre avenir - équivaudrait à condamner la RD Congo à devenir un condominium rwando-ougandais. Une perspective inacceptable. Sauvons le Congo !
Baudouin Amba Wetshi
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