- Par Sabine Cessou
Alors que 15 élections sont prévues cette année en Afrique, la Côte d'Ivoire va jouer comme un précédent important. Les présidents sortants, Idriss Déby au Tchad, Paul Biya au Cameroun ou Robert Mugabe au Zimbabwe, vont-ils continuer à se maintenir au pouvoir par la fraude, le coup de force électoral ou l'anéantissement de toute opposition ?
Au Nigeria, un pays qui va de coups d'Etat militaires en élections de civils depuis son indépendance, le dernier président élu, Yar'Adua, l'a été en 2007 lors d'un scrutin contesté. A l'approche de la présidentielle d'avril, l'actuel président "sudiste" et chrétien Goodluck Jonathan, qui a succédé à Yar'Adua à sa mort en mai 2010, va chercher à s'imposer comme le candidat de son parti, lors de primaires prévues pour le 13 janvier prochain, face à un candidat musulman du Nord, Atiku Abubakar.
Or, c'est le Nigeria qui fournit l'essentiel des effectifs d'une force militaire ouest-africaine, l'Ecomog (créée en 1990 pour s'interposer dans la guerre civile au Libéria) et qui se trouve aujourd'hui en première ligne pour organiser un raid visant Gbagbo en Côte d'Ivoire. A priori, les Casques blancs de l'Ecomog n'ont pas d'expérience en matière d'enlèvement de président sortant accroché au pouvoir. Dans leurs faits d'armes, ils comptent cependant la réinstallation d'un président élu. Ahmed Tedjan Kabbah, en Sierra Leone, avait retrouvé son fauteuil en 1998 après avoir été renversé un an plus tôt par une rébellion.
L'Ecomog s'était ensuite déployée avec moins de succès en Guinée Bissau, en 1998, pour s'interposer entre le président Nino Vieira et une mutinerie militaire. Malgré la négociation d'un accord de paix qui devait déboucher sur des élections, Nino Vieira avait été renversé en 1999 par un coup d'Etat.
Les pertes essuyées au Liberia et en Sierra Leone, le rôle parfois controversé joué par les soldats nigérians, accusés d'avoir pris part à toutes sortes de trafics au Libéria, et l'apprentissage de la violence qu'ont faits de jeunes officiers devenus putschistes à leur retour au pays (en Gambie et en Guinée notamment), ont mis un frein aux ambitions de l'Ecomog. Depuis l'échec patent de l'intervention en Guinée-Bissau, le Nigeria préfère associer d'autres puissances à la force d'interposition ouest-africaine, telles que les Nations unies et l'Union africaine (UA). L'idée étant de ne plus assumer l'essentiel de la responsabilité dans la résolution des conflits de la sous-région.
© Reuters / Soldats nigérians de l'Ecomog en février 1998 à Freetown, en Sierra Leone.
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