Par webmaster, le 18 janvier 2011
« Nous sommes à l’aube de l’an 1 d’un processus de profond changement dans le monde arabe. »
Les gestes désespérés, notamment les immolations par le feu, se multiplient de l’Egypte à l’Algérie en passant par la Mauritanie. Est-ce qu’on peut dire que les événements en Tunisie ont réveillé la contestation dans le reste du monde arabe ?
Bien sûr, je dirais même qu’ils ont réveillé les consciences. Chasser un dictateur, c’était inimaginable il y a encore quelques mois ! La chute de Ben Ali a ouvert l’horizon des possibles. Elle renforce la conviction des opposants et plus largement, de tous les citoyens, que ce type de régime peut tomber sous la pression de la rue. La résignation des populations s’est muée en espérance... L’exemple tunisien montre la voie à suivre pour des millions de personnes qui aspirent à vivre dans une véritable démocratie.
Peut-il y avoir un effet domino ?
Le scénario tunisien ne va sûrement pas se reproduire à l’identique ailleurs. Tout dépendra des conditions socio-économiques , du poids de la répression qui règnent dans les autres pays. Et il ne sert à rien de faire de la politique-fiction ! Mais cette révolution tunisienne, c’est comme un petit mur de Berlin qui tombe. On se retrouve un peu comme en Pologne au début des années 1980, lorsque Solidarnosc a ouvert la première fenêtre vers la liberté dans un monde communiste complètement verrouillé. Nous voilà, incontestablement, à l’aube de l’an 1 d’un processus de profond changement dans le monde arabe.
Quels sont les régimes les plus fragiles aujourd’hui dans le monde arabe ?
Tous les régimes sont fragilisés par ce qui s’est passé en Tunisie. L’Algérie, dont la jeunesse est exaspérée par la situation économique et sociale ; l’Egypte, dont le verrouillage sécuritaire suscite de plus en plus de colère. Les régimes les plus fermés, comme celui de Kadhafi en Libye, sont aussi menacés, parce que ce sont les moins légitimes. Il est difficile de savoir quel régime peut tomber le premier... Personne ne s’attendait à ce qui s’est passé en Tunisie, où les conditions socio-économiques ne sont pas les plus difficiles de la région.
Comment réagissent les régimes actuels face à cette révolution tunisienne ? Vont-ils avoir tendance à s’assouplir ou au contraire à se durcir ?
Les dirigeants de ces pays vont à la fois tenter d’acheter la paix sociale en lançant quelques mesures de démagogie, pour donner l’impression aux populations que les choses évoluent dans le bon sens. Et en même temps, ils vont renforcer leurs appareils sécuritaires, pour éviter toute étincelle. Au risque d’exaspérer encore plus les citoyens...
Propos recueillis par Clémence Mortier
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