samedi 8 janvier 2011

SEM Philip Carter III (ambassadeur des Etats-Unis) : “J’ai été surpris de voir Youssouf Bakayoko à l’hôtel du Golf”

SEM Philip Carter III, ambassadeur des Etats-Unis en Côte d’Ivoire, s’est prononcé sur la crise post-électorale, au cours d’un petit déjeuner de presse à sa résidence, sise à Cocody. Le diplomate américain a confirmé les accusations portées contre lui par le président Gbagbo, quant à l’implication des Etats-Unis dans le complot international contre la Côte d’Ivoire. De larges extraits de la conférence de presse.

Les Etats-Unis n’ont pas de candidat. Nous sommes ici pour soutenir un processus. J’ai été bien impressionné par le déroulement du scrutin du 28 novembre. Comme la plupart des observateurs nationaux et internationaux, nous avons noté que le scrutin s’est grosso modo bien déroulé. Il y a eu des incidents, mais le taux de participation de plus de 80% pour les deux scrutins est, à mon avis, positif pour le processus démocratique. Malheureusement, il y a eu une confusion entre les institutions. 



Les Nations unies ont certifié l’élection, comme c’était prévu dans l’Accord politique de Ouagadougou et dans les deux résolutions du Conseil de sécurité. Cette certification était claire, indiquant que M. Ouattara a gagné les élections avec 54% et que M. Gbagbo a recueilli 46%. La Cedeao, l’Union européenne, l’Union africaine et les Nations unies ont accepté ces résultats. 


Nous sommes en train de voir comment on peut trouver une solution à la crise entre le président sortant, M. Gbagbo, et le président Ouattara. Nous avons beaucoup de soucis par rapport à l’évolution de la situation. Notamment les violations des Droits de l’Homme à Abidjan et surtout à l’ouest. Nous sommes très inquiet de la situation à Duékoué et Man. Il y a plus de 22000 réfugiés au Liberia. Ce chiffre augmente chaque jour. Nous avons également des réfugiés en Guinée. A cela, s’ajoute le cas des personnes portées disparues.


Les Nations unies ont enregistré 210 personnes qui ont été tuées ou assassinées après le premier tour du scrutin présidentiel. Je constate que ce chiffre va augmenter. Il y a des questions de milices et d’escadrons de mort. C’est très inquiétant. Il est clair qu’il y aura une comptabilité. Il est aussi clair que tout le monde veut une transition pacifique. Ces élections étaient censées faire sortir la Côte d’Ivoire de quinze années de crise. Elles étaient également importantes pour renforcer le processus de réconciliation et de cohésion sociale, pour aider le pays à relever sa situation économique.


Malheureusement, la non-acceptation des résultats par M. Gbagbo crée une crise. Nous avons des problèmes de Droits de l’Homme, de régression économique, de menace de guerre civile. Pour nous, c’est clair que si vous avez accepté le processus démocratique qui s’est bien déroulé, qui a été accepté par la communauté internationale, vous devez accepter les résultats. Je sais qu’il y a ici un débat entre la Cei et le Conseil constitutionnel. Mais, à mon avis, c’est un dilemme institutionnel. Je pense que le gouvernement de M. Ouattara va régler ce problème pour qu’une telle situation ne se reproduise plus. Mais la situation électorale en Côte d’Ivoire est unique. C’est ça qui justifie notre position.


Les Nations unies étaient invitées pour certifier les élections. On peut dire que c’est bon ou mauvais, mais c’est un fait. Nous pensons que la certification a été faite de façon rigoureuse. De manière transparente et très impartiale. La question du vainqueur de l’élection présidentielle n’était pas une question d’interprétation, mais une question de fait. Les données sont là. On veut comprendre les choses. Pour nous, M. Gbagbo doit accepter que c’est M. Ouattara qui a remporté le 2ème tour et partir donc. Nous voulons avoir une sortie honorable de M. Gbagbo, parce qu’il a fait beaucoup de choses.


Il a, par exemple, lutté pour l’avènement du multipartisme, l’avènement du bulletin unique. Il a aussi trouvé une solution au problème d’identité en Côte d’Ivoire. C’est très impressionnant. En outre, Lmp a eu 46%. Le président Ouattara doit en tenir compte pour avancer… Nous avons une crise politique ; ce n’est pas une crise électorale. Parce que nous avons la certification des Nations unies. Le taux de participation est le plus élevé au monde. Bon déroulement des élections, bonne observation des élections par les Nations unies, bon comptage des voix. Il n’y a pas de problème d’élection. Il y a un problème d’acceptation de résultats par une partie des acteurs politiques. Nous sommes prêt à travailler avec tout le monde pour assurer cette transition politique. Toute la communauté internationale a accepté les résultats.


Ce n’est pas une question d’un pays qui soutient quelqu’un. C’est quelque chose de globale. Il faut que M. Gbagbo parte, sinon ça va poser beaucoup de problèmes. M. Gbagbo et son entourage sont isolés. Cet isolement va se poursuivre avec des sanctions concernant les voyages de ses poches et lui, sans oublier les sanctions financières. La solution est simple, mais en même temps difficile : convaincre quelqu’un qu’il a perdu... 


Nous avons réduit le personnel de l’ambassade après la manifestation du 16 décembre. L’ambassade est située dans un lieu très sensible. La représentation a été touchée par un tir de Rpg. Nous avons décidé de poursuivre nos relations avec la Côte d’Ivoire. Pour nous, la Côte d’Ivoire est un pays clé dans la sous-région et pour l’Afrique. Cette élection est très importante pour le renforcement de la démocratie africaine. Nous allons collaborer avec toutes les institutions panafricaines pour trouver une solution. J’attends vos questions. Propos recueillis par César Ebrokié

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