Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi (DR)
(AfriSCOOP Analyse) — On le croyait être au bout du rouleau ces dernières heures. Mais le Guide libyen tient encore visiblement la route. Faiblesse des révolutionnaires ou clairvoyance du régime de Tripoli ?
La Libye n’est ni la Tunisie, ni l’Egypte. Le Guide de la Révolution libyenne l’a clairement signifié ce 22 février 2011 dans un discours au ton hyper véhément. Une chose est quasi certaine. Après cette sortie médiatique de M. Kadhafi qu’on annonçait au Venezuela, la répression sera encore terrible contre les révolutionnaires. A moins que les contestataires du pouvoir quarantenaire de Tripoli aient plus d’un tour dans leur sac.
Une donne essentielle semble avoir joué à la fois en faveur et en défaveur des opposants en Libye. La quasi absence d’Etat dans ce vaste pays. Difficile dans ces conditions de connaître d’où peut venir l’adversaire ! D’autant plus que contrairement à de nombreux pays arabes, le régime libyen s’efforce de redistribuer à la base les revenus que tire la Jamahiriya de l’exploitation pétrolière. Autrement dit, la haine envers le dirigeant n’y est pas aussi vivace comme en Tunisie ou en Egypte.
Le passé de la Libye a aussi joué contre les révolutionnaires !
Même si le colonel Kadhafi n’oubliera pas de si tôt la journée du 21 février 2011 qui a vu vaciller son pouvoir en profondeur, ses sbires semblent avoir repris le dessus, dans le bras de fer fratricide. A cause de deux raisons fondamentales : le passé militaire du Guide et “l’homogénéité” de sa population. Pour avoir trempé dans l’animation de sordides rébellions en Afrique et ailleurs dans le monde, le pouvoir central de Tripoli dispose d’un riche carnet d’adresses. Un atout dont a fait usage le Guide et son entourage, en recourant à des mercenaires d’Afrique subsaharienne. Plusieurs témoins des macabres violences en Libye ces derniers jours ont insisté avoir vu des Sub-sahariens exécutant les sales besognes. La somme mercenaires-hommes liges de M. Kadhafi constitue donc une redoutable arme contre laquelle il serait difficile à n’importe quelle rébellion de lutter.
Si l’homme fort de la Libye a repris le dessus dans les différends l’opposant à ses administrés, c’est aussi parce que son peuple n’est pas hétérogène comme les populations en Tunisie ou encore en Egypte. Ce n’est un secret pour personne ; les 06 millions d’âmes qui vivent sur le 1.757.000 km² ( !!) n’aiment pas trop l’étranger en général. Surtout quand il a la peau noire. Tous les Subsahariens ont en mémoire les récentes et lointaines vagues d’expulsions de leurs frères sur le sol libyen. Autre signe de l’autarcie dans laquelle vivent les Libyens et leurs dirigeants, peu de médias étrangers ont accès à leur territoire. Il suffit de se souvenir du rôle qu’ont joué les médias panarabes en Tunisie et en Egypte pour mesurer le grand vide laissé par l’absence de la presse étrangère dans le début de la révolution à la libyenne.
In fine, le Guide est bel et bien en place. Rares seront les puissances occidentales qui lui feront de vives remontrances après les sanglantes répressions populaires de ces derniers jours. Tout simplement au nom des immenses réserves pétrolières de la vaste Libye !
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