dimanche 22 avril 2012

La manipulation des masse selon Noam Chomsky

Vous êtes manipulés!

Nous vous proposons de passer en revue ces dix stratégies de manipulation des masse.

Noam Chomsky est est un linguiste et philosophe américain devenu Professeur émérite du Massachussetts Institute of Technology (MIT) où il enseigna toute sa carrière durant. Une carrière qu'il consacra aussi à étudier les comportements, les codes linguistiques et la communication verbale. Il a joué un rôle important dans ce qu'il est désormais convenu de nommer la Révolution Cognitive qui, à la fin des années cinquante, structura la compréhension des mécanismes de la pensée humaine.

Volontiers anarchiste, à 81 ans Noam Chomsky, qui imagina la grammaire générative et transformationelle reste une référence en matière de comportement humain. Fin septembre 2010, Chomsky a édité une liste qui regroupe les dix stratégies de manipulations des masses car il ne fait aucun doute, selon lui, que les masses sont manipulées par ceux qui dirigent le monde, que ce soient les financiers, les politiciens ou les médias. L'agence de presse internationale Pressenza, connue pour ses prises de positions pacifiques, vient de rendre publique la Liste de Chomsky(1).

Pour établir cette liste, Noam Chomsky se base sur le fossé qui s'est creusé entre les connaissances publiques et les connaissances de ce qu'il appelle "l'élite dirigeante", un fossé qui permet désormais à cette élite de mieux connaitre l'individu lambda que celui-ci ne se connait luimême... Cette forme de métaconnaissance facilite, toujours selon Chomsky, le contrôle des individus...

Nous vous proposons de passer en revue ces dix stratégies de manipulation des masse. A chacun de faire son commentaire.

La stratégie de la distraction : élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. «Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux» Extrait de «Armes silencieuses pour guerres tranquilles» (1979).

Créer des problèmes, puis offrir des solutions : cette méthode est aussi appelée «problème- réaction-solution». On crée d’abord un problème, une «situation» prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

La stratégie de la dégradation : pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en «dégradé», sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.

La stratégie du différé : une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme «douloureuse mais nécessaire», en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que «tout ira mieux demain» et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.

S’adresser au public comme à des enfants en bas- âge : la plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant.

Pourquoi ? «Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans». Extrait de «Armes silencieuses pour guerres tranquilles»

Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion : faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise : faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. «La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures». Extrait de «Armes silencieuses pour guerres tranquilles»

Encourager le public à se complaire dans la médiocrité : encourager le public à trouver «cool» le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…

Remplacer la révolte par la culpabilité : faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution !

10° Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes. (Comme conséquence des 9 précédentes)

Olivier Moch
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(1) Les dix stratégies de manipulations des masses, par Noam Chomsky, in Pressenza, 21 septembre 2010
(2) Le temps passé devant la télé à augmenté en 2009, par Frédéric Bianchi, on lsa.fr, 18 mars 2010
(3) La pub en chiffres, on L'Internaute, novembre 2005

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