vendredi 31 août 2012

Les parrains de Kigali dos au mur

le vendredi 31 août 2012

Oral au Comité des sanctions des Nations unies




L’oral passé devant le Comité des sanctions des Nations unies par la délégation rwandaise n’a convaincu personne. Face à des preuves indémontables, la ruse de Kigali n’a pas trouvé preneur. Les parrains viennent de prendre la mesure des égarements du régime Kagame.

Face à ces évidences, les USA et la Grande-Bretagne sont soumis à une épreuve de choix entre un soutien aveugle aux conséquences humanitaires dramatiques et des sanctions plus coercitives contre Kigali.

Echec et mât ! La ligne défensive adoptée par Kigali au Conseil de sécurité des Nations unies n’a pas convaincu. La détermination de la délégation congolaise, conduite à New York par Raymond Tshibanda, ministre des Affaires étrangères et Coopération internationale, porte d’autant plus que les membres du Conseil n’ont pu disculper Kigali sur son soutien au M23.

Les envoyés de Paul Kagame ont eu du mal à démonter les preuves accablantes apportées par Kinshasa, leur laissant une seule issue : la compréhension des membres du Conseil de sécurité afin d’échapper aux sanctions et à des poursuites. Un exercice qui n’est pas gagné d’avance.

Kinshasa engrange des points

Le vent a tourné en faveur de Kinshasa. Kigali se trouve du mauvais côté du tableau, la roue de l’histoire ayant changé de cap. Les déboires diplomatiques qu’enregistre le régime de Paul Kagame démontrent que la communauté internationale n’est plus disposée à prendre comme de l’argent comptant les ruses de Kigali sur tout ce qui se produit depuis les années 1990 dans la partie Est de la RDC.

Devant le Conseil de sécurité, les ministres rwandais et congolais des Affaires étrangères ont passé séparément un oral en rapport avec la situation d’instabilité qui règne dans l’Est de la RDC. Une étape préalable avant la publication de la version finale du rapport de l’ONU qui a dénoncé le soutien du Rwanda aux rebelles du M23.

Premier à rendre la parole, Louise Mishikiwabo s’est évertuée à démontrer que son pays n’est pas impliqué directement ou indirectement dans la guerre qui sévit en RDC. Dans sa plaidoirie, la ministre rwandaise des Affaires étrangères a estimé que les preuves contre son pays relèvent d’«une imagination créatrice» des autorités congolaises. Les experts onusiens sont également passés à la trappe.

Pour la délégation rwandaise, ces experts onusiens ont rendu un rapport soumis à la manipulation de la partie congolaise : «Quant au groupe d’experts de l’ONU, ces jeunes hommes et femmes qui ont rédigé le rapport, comme Steven Hege, qui prône la négociation avec les FDLR, il a aussi été manipulé par le gouvernement congolais».

La sentence de Kigali contre les experts onusiens ne s’arrête pas en si bon chemin : «Comment les Nations unies peuvent-elles désigner comme experts des gens aussi jeunes, aussi peu expérimentés, qui se perdent même dans les acronymes. Même leur intégrité est sujette à caution…

Ils n’ont pas le niveau de compréhension minimum nécessaire dans cette région», déclare James Kabarebe dans le blog de Colette Braeckman, journaliste belge au quotidien Le soir, spécialiste des Grands Lacs.

L’embarras

Le caractère subjectif avéré de cette ligne de défense rwandaise a visiblement agacé les parrains de Kigali.
Déjà, des sanctions symboliques avaient été prises contre Kigali. Les Etats-Unis, partenaire privilégié du Rwanda, ont gelé une assistance militaire de 200 000 Usd.

D’autres bailleurs de fonds ont suivi la même voie, notamment la Suède, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Ces Etats qui disposent de «grandes ambassades» dans la sous-région, ne peuvent pas se mouvoir sans avoir obtenu des informations objectivement vérifiées leur permettant de prendre des sanctions appropriées.

Par le passé, il aurait suffi que le Rwanda embouche la trompette du génocide pour que les éternels parrains se montrent insensibles aux justifications venant d’ailleurs. Il se faisait même que la partie congolaise soit privée de tribune après tout passage des émissaires de Kigali.

Dépourvu de moyens de défense devant un auditoire presque acquis à la cause de Kigali, il était apparu que la cause congolaise ne pouvait trouver un écho favorable. Plus de dix années passées, les parrains du Rwanda sont revenus à la raison.

Le génocide, fonds de commerce maintes fois présenté, ne fait plus recette au sein de la communauté internationale. Les parrains de Kigali ont maintenant compris que cette ruse servait les intérêts d’une bande d’affairistes déterminées à se servir des richesses congolaises au détriment de la paix et de la cohabitation pacifique entre les deux peuples.



Vivant grâce à la perfusion permanente de la communauté internationale, le Rwanda ne pourrait pas soutenir encore plus longtemps une guerre sur le territoire congolais. Cette manière de couper les vivres à un filleul belliciste est de nature à tempérer ses ardeurs ainsi que sa propension à tout régler par la violence.

Dans une interview récente, le président Kagame n’avait-il pas déclaré avoir reçu mission de «faire partir Joseph Kabila par tous les moyens» ? Les Etats-Unis et la France étaient nommément cités.

A ce jour, l’un des plus proches collaborateurs du président rwandais, le ministre de la Défense James Kabarebe s’est déclaré, se confiant à Colette Braeckman, que «la frustration de l’Occident qui voulait arrêter Bosco Ntaganda et poussait le président Kabila à le faire» est la cause du désamour avec l’Occident.

A en croire cette même personnalité rwandaise, qui passe pour le n°2 du régime de Kigali, les parrains voulaient que cette arrestation se fasse avec le concours du Rwanda. Ce camouflet justifie-t-il un changement aussi radical du traitement réservé à Kigali ? Difficile de le prendre sans l’avoir préalablement passé à une analyse rigoureuse.

En réalité, les faits sont tellement flagrants, voire évidents, que devant leurs opinions publiques respectives, les parrains de Kigali ne pouvaient valablement pas présenter des justifications plausibles.

Dos au mur, les parrains de Kigali ont devant eux un choix cornélien à opérer : soit poursuivre le soutien et sombrer dans les travers d’une prédation contraire aux pratiques généralement admises entre Etats civilisés, pour ne pas être soumis au même traitement que ces dirigeants en cas de procès. Soit lâcher tout soutien à Kigali.

Les neuf millions de morts enregistrés à ce jour dans l’Est de la RDC appellent réparation, d’une part. D’autre part, cette communauté internationale, si prompte à donner des leçons sur les valeurs morales, fera porter le chapeau, tôt ou tard à des exécutants de cette sale besogne.

Chantres de l’impunité, les maîtres du monde ne pourront pas effacer allègrement les traces de la disparition de plusieurs millions de personne sans émouvoir leurs populations respectives. Kigali n’a pas compris que ce jeu malsain ne pouvait pas durer indéfiniment.

Par devoir de moralité, les parrains de Kigali ne sont plus disposés à porter cette responsabilité en public. L’exécutant – le Rwanda - qui a pris goût à la prédation sans prendre des précautions d’usage, voit ainsi sa responsabilité pénale être agitée comme un épouvantail.

Le coin de voile levé au Comité des sanctions des Nations unies démontre à suffisance que l’épée de Damoclès est suspendue sur la tête des dirigeants rwandais impliqués dans le drame de l‘Est de la RDC.
Le mystère qui reste à élucider serait celui de savoir si les exécutants de la sous-région seront seuls au box des accusés lorsqu’il s’agira de rendre compte par rapport à tout ce qui se passe dans l’Est de la RDC.

Agaçant !

Le Potentiel

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