vendredi 31 août 2012

RDC: La marche vers l'indépendance(1)

Le nationalisme congolais commence comme un petit feu de paille qui petit à petit prend de l’ampleur avant de s’embraser.

C’était au début du 20e siècle vers les années 1910 sous la houlette de Paul Panda Farnana qui de l’avis de tous est considéré comme le premier nationaliste congolais.


Paul Panda Franama

Déjà à son époque, il dénonçait avec virulence les méthodes coloniales mises en place par les Belges et réclamait la généralisation de l’enseignement laïc ainsi que l’accès des Congolais aux universités de la métropole.

Il plaidait également pour la participation des Congolais au sein des instances décisionnelles de la colonie ainsi que pour l’africanisation des cadres.

Il se voulait le porte-parole du Congo belge à Bruxelles et multipliait les articles dans la presse de son temps.

Il s’imprégna des idéaux internationalistes et pacifistes.

Mais c´est surtout avec Simon Kimbangu que le mouvement prit une dimension populaire. La flamme de son message politico-religieux s’étendit dans tout le Bas-Congo. Le prophète prédit l’indépendance du Congo et inventa le terme en kikongo dipanda.


Simon Kimbangu

Vite son action et l’engouement provoqué sont étouffés par son arrestation et sa déportation à Elisabethville (Lubumbashi). Mais il faut attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour voir aiguiser la volonté et la soif des Congolais au changement de leur statut.

Au cours de celle-ci, la Belgique est rapidement vaincue par les troupes allemandes.

Le 28 mai 1939, le Roi Léopold III capitule et est fait prisonnier. Les colons belges refusèrent la domination Nazi, et firent alliance avec le Royaume-Uni.

Le Congo passe alors dans la zone sterling, tandis que la Belgique sombre dans la misère avec le chômage, la déflation et la pénurie.

Le Congo était alors dirigé de facto par Londres. La protestation anticoloniale chez les soldats, les paysans et les évolués redoubla car l’effort de guerre des populations congolaises fut lourd.

L’administration coloniale fit recours au travail forcé dans les plantations d’hévéas pour fournir du caoutchouc pour la fabrication des pneus des véhicules des alliés. Les mines aussi tournaient à plein régime.

Et c’est avec l’uranium extrait des mines de Shinkolobwe que les Américains arriveront à fabriquer les bombes qu’ils lâcheront sur Hiroshima et Nagasaki. Les soldats congolais commandés par des officiers belges participèrent au combat en Éthiopie contre l’Italie fasciste, en Égypte contre l’armée allemande et en Birmanie contre les Japonais.

La Belgique occupée par les Nazis et le monde occidental avaient après la Seconde Guerre Mondiale, perdu beaucoup de prestige aux yeux des tirailleurs congolais. En 1940 les Bakongos créèrent leur mouvement culturel l´ABAKO. En 1941, de graves troubles eurent lieu à Élisabethville.

En 1944, l'ethnie kumu s'insurgea. L'adjudant Karamushi proclama même en février 1944 la fin du bula matari (l’état colonial). En mars 1944, des révoltes eurent lieu à Masisi, des grèves et des émeutes les 25 et 26 novembre 1945 à Matadi. La même année sont crées d´important quotidien comme, la Voix du Congolais, la Croix du Congo (sous-titre le Journal des évolués congolais).

En 1944 à Luluabourg (Kananga) des intellectuels avaient publié un manifeste pour la reconnaissance des droits spécifiques pour les évolués (Congolais ayant terminé dix ans de scolarité). Apparaissent alors deux mouvements distincts, l´un violent des ouvriers, paysans et soldats et l'autre pacifique des intellectuels.

En 1946, Joseph Kasa-Vubu de l'ABAKO fait un discours sur le droit du premier occupant. Les 5.609 évolués de Léopoldville sont autorisés à s´organiser en confédération générale des syndicats indigènes.

Suivront l´abolition du fouet pour le clergé, les gradés de la force publique et les auxiliaires de l´administration. Face à ces mouvements nationalistes, l´administration belge commença à comprendre qu´il perdait lentement mais sûrement sa poule aux œufs d’or.

Dès la fin de la deuxième guerre mondiale, l'Europe de l'Ouest se reconstruit grâce au plan Marshall et le Congo lui fournit les matières premières nécessaires. De 1950 à 1958, l'indice du salaire du travailleur congolais passe de 100 à 237 pour une augmentation du coût de la vie de 20%.

Durant la même période, les colons blancs du Congo sont plus prospère que les Belges de métropole. Ils importent par exemple des frigidaires directement des États-Unis. Avec la fin de la Seconde guerre mondiale se produit un fort accroissement démographique, la population augmente alors de 2 % par an.

Les populations congolaises, beaucoup plus occidentalisées qu’il y a 40 ans, acceptent le papier-monnaie et abandonnent les croisettes ou le troc. Pour cela, elles se ruent vers les villes pour trouver du travail. Nombreux se dirigent à Stanleyville (Kisangani), Elisabethville (Lubumbashi), Jadotville (Likasi) et surtout Léopoldville (Kinshasa).

Les hommes venus des provinces pour chercher un travail renvoient une grosse partie du salaire à leur famille restée au village. La croissance démographique commence à dépasser la croissance du PIB et le chômage s’installe dans les cités indigènes, quartier noirs des villes. Les bidonvilles foisonnent.

Face à cela, la Belgique met en place des allocations chômage: les fonds du roi. Suite à la guerre d’Indochine et à la création de l’union française en 1946 par De Gaule, le professeur belge Antoine Van Bilsen publia, en 1955, un document intitulé Plan de trente ans pour l'émancipation politique pour l'Afrique belge.

L'agenda prônait une émancipation progressive du Congo sur une période de 30 ans durée que Van Bilsen jugea adéquate pour créer une élite congolaise qui puisse prendre la place des cadres belges.

Le gouvernement belge et nombre d'évolués furent sceptiques par rapport à ce plan, les uns parce qu'il impliquait de perdre le Congo à terme, les autres parce que cette durée leur semblait trop longue.

Le 1er juillet 1956, un groupe d'évolués catholiques (Albert Ngwenza, Joseph Ngalula, Joseph Iléo, Cyrille Adoula, Mwissa Camus, Joseph Mbungu, Pascal Kapela…) rédigèrent sous l’égide de l’abbé Joseph-Albert Malula alors curé de la paroisse Christ-Roi dans la commune de Dendale une réponse positive à ce plan dans un manifeste publié dans le journal congolais La Conscience Africaine et accepta l’indépendance prévue pour 1985.

C’est qu’on appela Le mainifeste de la Conscience Africaine. Ce document demeure le premier texte politique rédigé par des Congolais. Notons la création de l’université Lovanium en 1954 et le début de la construction des écoles laïques en 1955.

La même année, le roi Baudouin accomplit un voyage au Congo pour apaiser le nationalisme congolais et ses velléités à l’indépendance. Les partis politiques sont autorisés dès 1956 mais ils sont souvent parrainés par des partis politiques belges comme l’amicale libérale où Lumumba est membre sans oublier l’amicale socialiste de Nguvulu.

Le futur premier ministre se détachera de l’amicale libérale pour se tourner vers des thèses plus socialistes et fondera son propre parti, le MNC. Le grand tournant s’opère le 23 août 1956 quand Kasa-Vubu réunit l’Assemblée générale de l’Abako aux locaux de la population noire (à côté de l’actuel Stade des Martyrs).

En réponse au Plan de trente ans et au manifeste de la Conscience africaine, L’Abako présenta son propre « Manifeste » (Manifeste de l’Abako) et prononça pour la toute première fois le mot interdit et tabou « indépendance ».

C’est dans ce contexte électrique que les toutes premières élections municipales sont organisées en 1957. Les bourgmestres congolais (dont Kasa-Vubu élu à Dendale) avaient tous des conseillers belges.

Samuel Malonga
Source: expocongo.com/DRCongo/histoire/Action/congobelge.aspx

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