Laurent Nkunda Mihigo, alors flamboyant président du CNDP, reçoit, début 2007, le gouverneur du Nord Kivu Julien Paluku et le "général" John Numbi Banza Tambo, alors chef de la police nationale, dans son ex-fief de Kiwanja
Douze années après son accession à la tête de l’Etat congolais, «Joseph Kabila» a fini par institutionnaliser une sorte d’«Etat partial». Un Etat qui traite les citoyens congolais de manière inéquitable selon qu’on est originaire des provinces situées au Centre-Ouest (Bandundu, Bas-Congo, les deux Kasaï, Equateur, Kinshasa) ou au Sud-Est (Katanga, Nord Kivu, Sud Kivu, Maniema, Province Orientale).
Dans le premier cas, le pouvoir est intraitable. Dans le second, il est plus qu’accommodant. Des exemples sont légion : Bundu dia Kongo, Faustin Munene, John Tshibangu, Roger Lumbala, Laurent Nkunda, Jules Mutebusi, Bosco Ntaganda.
Les observateurs des relations entre les deux Congo ont été surpris d’apprendre que «Joseph Kabila» s’est rendu "en face", plus précisément à Oyo, pour rendre visite au président Denis Sassou-Nguesso. C’était le mercredi 12 septembre. Les deux pays entretiennent depuis quelques années des relations à l’image d’un thermomètre alternant le chaud et le froid. Kinshasa a tendance à reprocher à Brazzaville de donner l’hospitalité à ses opposants.
A Oyo, «Joseph Kabila» et Sassou-Nguesso n’ont pas parlé que du sommet de la Francophonie et de la crise qui perdure dans la province du Nord Kivu. A l’initiative de la partie «kinoise», le cas du général Faustin Munene, en exil au «Congo d’en face» depuis près de deux ans, a été au centre des conversations. «Joseph» a relancé la demande d’extradition de cet officier supérieur issu, au même titre que lui de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo». Il y a quelques semaines, Munene a fait reparler de lui en appelant au renversement du régime en place et en présentant les rebelles du M-23 comme un mouvement appartenant à la «résistance». Nombreux sont les Congolais qui furent choqués.
Natif du Bandundu, ancien vice-ministre de l’Intérieur et chef d’état-major général des Forces armées de la RD Congo sous le président Laurent-Désiré Kabila, Munene a échappé à la mort le 27 septembre 2010. Ce jour là, des éléments de la garde prétorienne de «Joseph» attaquaient sa résidence dans la commune de la Gombe. Des témoins assurent avoir aperçu Jaynet et Zoé «Kabila» sur le lieu. La preuve que le Congo de "Joseph Kabila" est un Etat voyou. C’est le début d’une cavale. Dans une intervention sur une Web-radio, le général fugitif, accusé de «complot contre la sécurité de l’Etat», a fustigé les moyens déployés par le pouvoir kabiliste pour le pourchasser. Fort de l’affaire Mulele, Sassou n’entend en aucun cas faire droit à la demande d’extradition émanant des autorités de Kinshasa. Le rappel de quelques faits laisse apparaître que
«Joseph» use de la répression à l’égard des personnalités politiques et militaires issues des régions situées au Centre-Ouest du pays. Il est, en revanche, timoré lorsqu’il s’agit de sévir dans le Sud-Est. Ici, le "dialogue" finit toujours par triompher.
Féroce au Centre-Ouest
Depuis la prise du pouvoir par l’AFDL le 17 mai 1997, plusieurs centaines de militaires originaires principalement de la province de l’Equateur sont enfermés à la prison de Makala. Sans jugement. La grande majorité des prisonniers n’a pas de dossier judiciaire. D’autres soldats ont été victimes d’exécutions sommaires. Les noms peuvent être fournis.
Le 14 mai 2006, le pasteur Fernando Kuthino est arrêté en compagnie de son interprète Bompere Mbo. Un mois après, Kuthino est condamné à 20 ans de servitude pénale par un tribunal militaire du chef de "tentative d’assassinat" et de "détention illégale d’armes de guerre". Bompere,lui , écopait d’une peine de dix ans.
En 2007 et 2008, plusieurs centaines des adeptes du mouvement politico-religieux "Bundu dia Kongo" ont été abattus par des éléments du fameux "Bataillon Simba", commandé par le major Christian Ngoy Kenga-Kenga, sous la supervision de John Numbi Banza. Les victimes protestaient contre un vote truqué lors de l’élection du gouverneur et du vice-gouverneur de la province du Bas-Congo. Le rapport ad hoc redigé par des experts onusiens a été "etouffé" par l’ambassadeur William L. Swing, alors patron de la Mission de l’Onu au Congo. Des puissances occidentales ont brillé par leur mutisme face à un scandaleux massacre.
On se souviendra des moyens militaires déployés dans la province de l’Equateur pour «mâter» les «Enyele» dans le district du Sud Ubangi fin 2010 et en avril 2011 lors de l’attaque de l’aéroport de Mbandaka. La Monusco - dont les éléments «cohabitent» avec les rebelles du M-23 dans les «territoires occupés» au Nord Kivu - était venue à la rescousse des «forces loyalistes» pour traquer les "insurgés". Plusieurs cas d’exécutions extrajudiciaires ont été dénoncées par la société civile.
Le 19 avril 2011, le lieutenant-colonel Jean-Pierre Kazamba Mukala, commandant de la police nationale pour le District du Kwango, est enlevé à son domicile à Kenge par des agents de la direction de renseignements généraux et services spéciaux de la police nationale» (DRGS). Que lui reproche-t-on ? L’officier est suspecté d’être «en intelligence» avec le général Faustin Munene. Au Congo-Kinshasa, les forces dites de sécurité sont au-dessus des lois. Elles échappent à tout contrôle démocratique ou judiciaire et ne rendent compte qu’à un seul homme : "Joseph Kabila".
Depuis le 16 août dernier, 300 militaires et policiers ont été lancés aux trousses du colonel John Tshibangu. Né à Kananga, celui-ci était le commandant en second de la 4ème Région militaire (les deux Kasaï). Il a fait dissidence quatre jours plus tôt accusant le pouvoir kabiliste de jouer un "jeu ambiguë" dans l’instabilité qui règne dans la partie orientale du pays. On apprenait le week-end dernier que neuf personnes proches de cet officier ont été appréhendées par des agents de l’ANR (Agence nationale de renseignements). Selon Mutombo Mobe, ministre de l’Information du Kasaï Oriental, Tshibangu est accusé d’être «en intelligence avec les agresseurs rwandais». Avant la naissance du M-23, plusieurs officiers portant le label CNDP avaient fait désertion en toute impunité.
En ce mois de septembre, il y a eu le cas du député national Roger Lumbala. En "visite privée" au Burundi, ce parlementaire est accusé d’être "de connivence" avec les rebelles du M-23. Les autorités congolaises ont exigé «verbalement» son extradition. Intervenant samedi 15 septembre sur la télévision française «France 24», l’ambassadeur congolais à Paris, Ileka Atoki, a enfoncé le clou. «La justice congolaise voudrait l’entendre sur son séjour au Burundi», a-t-il déclaré. C’est à croire que le fait de se rendre au Rwanda ou lau Burundi est érigé en infraction. Lumbala est arrivé dimanche 16 à Paris. Sans rire, dans une déclaration faite le même dimanche sur Radio Okapi, le ministre congolais des Médias, Lambert Mende, a prétendu qu’une demande d’extradition sera adressée à la France...
Timoré au Sud-Est
En juin 2004, Laurent Nkunda et Jules Mutebusi, officiers dissidents des FARDC issus de l’AFDL, ont organisé l’attaque de la ville de Bukavu, chef-lieu de Sud Kivu. Les deux officiers justifiaient leur action par la nécessité de "sauver les Banyamulenge". Bukavu a été occupée avec l’aide du Rwanda. Huit années après, la justice congolaise n’a jamais émis de mandats d’arrêt à l’encontre de ces officiers. Elle n’a pas non plus exigé leur extradition. Mutebusi coule des jours heureux au Rwanda alors que son aventure avec Nkunda a laissé plusieurs victimes sur les carreaux. C’est le cas notamment du président de la Cour d’appel à Bukavu qui a perdu la vie.
Près de cinq mois après le déclenchement de la crise actuelle au Nord Kivu, on assiste à un enlisement. Défaits, près d’un millier de soldats congolais ont trouvé refuge en Ouganda. Pendant ce temps, les rebelles du M-23 consolident leurs positions dans les "territoires occupés". Rutshuru, Kiwanja, Bunagana, Rumangabo échappent ainsi à l’autorité de l’Etat. Des habitants de ces localités, estimés à 220.000, sont livrés aux intempéries. Ils errent. Les autorités de Kinshasa ignorent sans doute que les pouvoirs publics ont notamment pour mission d’assurer la protection de la population. Dans son bulletin daté 17 septembre 2012, l’Agence congolaise de presse note que "Joseph Kabila" serait à "la recherche des solutions pacifiques destinées à restaurer la paix dans le pays". Va-t-on, "au nom de la paix", assister à un nouveau cycle de négociations? On oublie souvent que les rebelles du M-23 sont issus du même moule que l’AFDL, le RCD et le CNDP.
Après avoir nié son soutien à Laurent Nkunda, président du CNDP, le Rwanda de Paul Kagame a, début janvier 2009, écarté le "général Laurent" de la tête de ce mouvement. Les responsables diplomatiques congolais ont tenté en vain d’obtenir son extradition. Trois années après, plus personne n’évoque cette question à Kinshasa. La question n’est plus évoquée dans les rencontres bilatérales. Oubli? Assurément pas! Ancien bras droit de Thomas Lubanga, Bosco Ntaganda a été propulsé à la tête du CNDP. Recherché par la Cour pénale internationale, "Bosco" a été protégé par "Joseph" en dépit des mandats d’arrêts à son encontre. Au nom d’une prétendue paix, "Kabila" a tenté jusqu’au bout de protéger ce présumé criminel de guerre lui promettant de le faire juger par la justice congolaise. La suite est connue.
Au Katanga, des membres de la "Jeunesse" du parti Unafec de Gabriel Kyungu wa Kumwanza passent à tabac quelques députés provinciaux. Les victimes portent de plainte. Le ministre de l’Intérieur fait une descente à Lubumbashi pour exhorter les parties a trouvé une "solution à l’amiable". L’incident est clos. Aucune suite n’est donnée à la plainte.
Dans l’équipe gouvernementale actuelle dirigée par le Premier ministre Augustin Matata Ponyo, la province du Katanga compte huit ministres sur trente-six. Et ce en violation du troisième alinéa de l’article 90 de la Constitution qui énonce que "la composition du gouvernement tient compte de la représentativité nationale". Le Congo-Kinshasa compte onze provinces.
On le voit, "Joseph Kabila" représente "l’ennemi intérieur" que les profiteurs du régime feignent d’ignorer. Cet homme a fragilisé la cohésion nationale par une politique délibérée de deux poids, deux mesures. Il est donc illusoire d’espérer un "rassemblement" autour d’un régime auquel la grande majorité de la population ne se reconnait pas.
Aveuglé par l’incurie, l’individu qui trône à la tête de l’Etat congolais - grâce à la ruse et la force des armes - pourrait apprendre à ses dépens, dans les semaines et mois à venir, que l’Etat, pour être respecté, doit incarner la justice et l’intérêt général. A défaut, il ne mérite que le mépris. Cet Etat là est bon pour la poubelle de l’histoire avec un petit "h"...
A Oyo, «Joseph Kabila» et Sassou-Nguesso n’ont pas parlé que du sommet de la Francophonie et de la crise qui perdure dans la province du Nord Kivu. A l’initiative de la partie «kinoise», le cas du général Faustin Munene, en exil au «Congo d’en face» depuis près de deux ans, a été au centre des conversations. «Joseph» a relancé la demande d’extradition de cet officier supérieur issu, au même titre que lui de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo». Il y a quelques semaines, Munene a fait reparler de lui en appelant au renversement du régime en place et en présentant les rebelles du M-23 comme un mouvement appartenant à la «résistance». Nombreux sont les Congolais qui furent choqués.
Natif du Bandundu, ancien vice-ministre de l’Intérieur et chef d’état-major général des Forces armées de la RD Congo sous le président Laurent-Désiré Kabila, Munene a échappé à la mort le 27 septembre 2010. Ce jour là, des éléments de la garde prétorienne de «Joseph» attaquaient sa résidence dans la commune de la Gombe. Des témoins assurent avoir aperçu Jaynet et Zoé «Kabila» sur le lieu. La preuve que le Congo de "Joseph Kabila" est un Etat voyou. C’est le début d’une cavale. Dans une intervention sur une Web-radio, le général fugitif, accusé de «complot contre la sécurité de l’Etat», a fustigé les moyens déployés par le pouvoir kabiliste pour le pourchasser. Fort de l’affaire Mulele, Sassou n’entend en aucun cas faire droit à la demande d’extradition émanant des autorités de Kinshasa. Le rappel de quelques faits laisse apparaître que
«Joseph» use de la répression à l’égard des personnalités politiques et militaires issues des régions situées au Centre-Ouest du pays. Il est, en revanche, timoré lorsqu’il s’agit de sévir dans le Sud-Est. Ici, le "dialogue" finit toujours par triompher.
Féroce au Centre-Ouest
Depuis la prise du pouvoir par l’AFDL le 17 mai 1997, plusieurs centaines de militaires originaires principalement de la province de l’Equateur sont enfermés à la prison de Makala. Sans jugement. La grande majorité des prisonniers n’a pas de dossier judiciaire. D’autres soldats ont été victimes d’exécutions sommaires. Les noms peuvent être fournis.
Le 14 mai 2006, le pasteur Fernando Kuthino est arrêté en compagnie de son interprète Bompere Mbo. Un mois après, Kuthino est condamné à 20 ans de servitude pénale par un tribunal militaire du chef de "tentative d’assassinat" et de "détention illégale d’armes de guerre". Bompere,lui , écopait d’une peine de dix ans.
En 2007 et 2008, plusieurs centaines des adeptes du mouvement politico-religieux "Bundu dia Kongo" ont été abattus par des éléments du fameux "Bataillon Simba", commandé par le major Christian Ngoy Kenga-Kenga, sous la supervision de John Numbi Banza. Les victimes protestaient contre un vote truqué lors de l’élection du gouverneur et du vice-gouverneur de la province du Bas-Congo. Le rapport ad hoc redigé par des experts onusiens a été "etouffé" par l’ambassadeur William L. Swing, alors patron de la Mission de l’Onu au Congo. Des puissances occidentales ont brillé par leur mutisme face à un scandaleux massacre.
On se souviendra des moyens militaires déployés dans la province de l’Equateur pour «mâter» les «Enyele» dans le district du Sud Ubangi fin 2010 et en avril 2011 lors de l’attaque de l’aéroport de Mbandaka. La Monusco - dont les éléments «cohabitent» avec les rebelles du M-23 dans les «territoires occupés» au Nord Kivu - était venue à la rescousse des «forces loyalistes» pour traquer les "insurgés". Plusieurs cas d’exécutions extrajudiciaires ont été dénoncées par la société civile.
Le 19 avril 2011, le lieutenant-colonel Jean-Pierre Kazamba Mukala, commandant de la police nationale pour le District du Kwango, est enlevé à son domicile à Kenge par des agents de la direction de renseignements généraux et services spéciaux de la police nationale» (DRGS). Que lui reproche-t-on ? L’officier est suspecté d’être «en intelligence» avec le général Faustin Munene. Au Congo-Kinshasa, les forces dites de sécurité sont au-dessus des lois. Elles échappent à tout contrôle démocratique ou judiciaire et ne rendent compte qu’à un seul homme : "Joseph Kabila".
Depuis le 16 août dernier, 300 militaires et policiers ont été lancés aux trousses du colonel John Tshibangu. Né à Kananga, celui-ci était le commandant en second de la 4ème Région militaire (les deux Kasaï). Il a fait dissidence quatre jours plus tôt accusant le pouvoir kabiliste de jouer un "jeu ambiguë" dans l’instabilité qui règne dans la partie orientale du pays. On apprenait le week-end dernier que neuf personnes proches de cet officier ont été appréhendées par des agents de l’ANR (Agence nationale de renseignements). Selon Mutombo Mobe, ministre de l’Information du Kasaï Oriental, Tshibangu est accusé d’être «en intelligence avec les agresseurs rwandais». Avant la naissance du M-23, plusieurs officiers portant le label CNDP avaient fait désertion en toute impunité.
En ce mois de septembre, il y a eu le cas du député national Roger Lumbala. En "visite privée" au Burundi, ce parlementaire est accusé d’être "de connivence" avec les rebelles du M-23. Les autorités congolaises ont exigé «verbalement» son extradition. Intervenant samedi 15 septembre sur la télévision française «France 24», l’ambassadeur congolais à Paris, Ileka Atoki, a enfoncé le clou. «La justice congolaise voudrait l’entendre sur son séjour au Burundi», a-t-il déclaré. C’est à croire que le fait de se rendre au Rwanda ou lau Burundi est érigé en infraction. Lumbala est arrivé dimanche 16 à Paris. Sans rire, dans une déclaration faite le même dimanche sur Radio Okapi, le ministre congolais des Médias, Lambert Mende, a prétendu qu’une demande d’extradition sera adressée à la France...
Timoré au Sud-Est
En juin 2004, Laurent Nkunda et Jules Mutebusi, officiers dissidents des FARDC issus de l’AFDL, ont organisé l’attaque de la ville de Bukavu, chef-lieu de Sud Kivu. Les deux officiers justifiaient leur action par la nécessité de "sauver les Banyamulenge". Bukavu a été occupée avec l’aide du Rwanda. Huit années après, la justice congolaise n’a jamais émis de mandats d’arrêt à l’encontre de ces officiers. Elle n’a pas non plus exigé leur extradition. Mutebusi coule des jours heureux au Rwanda alors que son aventure avec Nkunda a laissé plusieurs victimes sur les carreaux. C’est le cas notamment du président de la Cour d’appel à Bukavu qui a perdu la vie.
Près de cinq mois après le déclenchement de la crise actuelle au Nord Kivu, on assiste à un enlisement. Défaits, près d’un millier de soldats congolais ont trouvé refuge en Ouganda. Pendant ce temps, les rebelles du M-23 consolident leurs positions dans les "territoires occupés". Rutshuru, Kiwanja, Bunagana, Rumangabo échappent ainsi à l’autorité de l’Etat. Des habitants de ces localités, estimés à 220.000, sont livrés aux intempéries. Ils errent. Les autorités de Kinshasa ignorent sans doute que les pouvoirs publics ont notamment pour mission d’assurer la protection de la population. Dans son bulletin daté 17 septembre 2012, l’Agence congolaise de presse note que "Joseph Kabila" serait à "la recherche des solutions pacifiques destinées à restaurer la paix dans le pays". Va-t-on, "au nom de la paix", assister à un nouveau cycle de négociations? On oublie souvent que les rebelles du M-23 sont issus du même moule que l’AFDL, le RCD et le CNDP.
Après avoir nié son soutien à Laurent Nkunda, président du CNDP, le Rwanda de Paul Kagame a, début janvier 2009, écarté le "général Laurent" de la tête de ce mouvement. Les responsables diplomatiques congolais ont tenté en vain d’obtenir son extradition. Trois années après, plus personne n’évoque cette question à Kinshasa. La question n’est plus évoquée dans les rencontres bilatérales. Oubli? Assurément pas! Ancien bras droit de Thomas Lubanga, Bosco Ntaganda a été propulsé à la tête du CNDP. Recherché par la Cour pénale internationale, "Bosco" a été protégé par "Joseph" en dépit des mandats d’arrêts à son encontre. Au nom d’une prétendue paix, "Kabila" a tenté jusqu’au bout de protéger ce présumé criminel de guerre lui promettant de le faire juger par la justice congolaise. La suite est connue.
Au Katanga, des membres de la "Jeunesse" du parti Unafec de Gabriel Kyungu wa Kumwanza passent à tabac quelques députés provinciaux. Les victimes portent de plainte. Le ministre de l’Intérieur fait une descente à Lubumbashi pour exhorter les parties a trouvé une "solution à l’amiable". L’incident est clos. Aucune suite n’est donnée à la plainte.
Dans l’équipe gouvernementale actuelle dirigée par le Premier ministre Augustin Matata Ponyo, la province du Katanga compte huit ministres sur trente-six. Et ce en violation du troisième alinéa de l’article 90 de la Constitution qui énonce que "la composition du gouvernement tient compte de la représentativité nationale". Le Congo-Kinshasa compte onze provinces.
On le voit, "Joseph Kabila" représente "l’ennemi intérieur" que les profiteurs du régime feignent d’ignorer. Cet homme a fragilisé la cohésion nationale par une politique délibérée de deux poids, deux mesures. Il est donc illusoire d’espérer un "rassemblement" autour d’un régime auquel la grande majorité de la population ne se reconnait pas.
Aveuglé par l’incurie, l’individu qui trône à la tête de l’Etat congolais - grâce à la ruse et la force des armes - pourrait apprendre à ses dépens, dans les semaines et mois à venir, que l’Etat, pour être respecté, doit incarner la justice et l’intérêt général. A défaut, il ne mérite que le mépris. Cet Etat là est bon pour la poubelle de l’histoire avec un petit "h"...
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant
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