Les violons ne semblent pas s’accorder entre les structures de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL). Alors que le sommet avait convenu en juillet dernier à Addis-Abeba de la mise en œuvre de la Force internationale neutre, les experts militaires viennent de créer la surprise en préparant déjà, à partir de Goma (RDC), la mise en place du mécanisme conjoint de vérification à la frontière RDC- Rwanda.
Ce qui court-circuite l’option jusque-là défendue au sein de la CIRGL et indique l’ascendance de Kigali dans la CIRGL est toujours de mise. Le schéma annoncé et défendu par le ministre rwandais de la Défense tend à prendre forme. Augrand dam de Kinshasa!
Le processus de mise en place de la structure conjointe de vérification est sous examen. Les experts militaires de la CIRGL sont en concertation à Goma depuis hier vendredi 14 septembre. Apparemment, les travaux préparatoires seraient d’ores et déjà entamés.
Dans une interview accordée à Colette Braeckman, James Kabarebe a livré la préfiguration de ce qui devrait se produire : «Je ne suis pas sûr que la force neutre verra jamais le jour. Par contre ce qui fonctionnera, c’est le mécanisme conjoint de vérification, qui sera composé de trois représentants de chacun des Etats membres de la Conférence.
Le commandement sera exercé par l’Ouganda, le numéro deux sera originaire de Brazzaville, les autres viendront de RDC, du Rwanda, du Burundi, de l’Angola, de la Tanzanie…Ces officiers vérifieront la frontière entre la RDC et le Rwanda, ils contrôleront aussi sur le terrain l’application du cessez-le-feu entre l‘armée congolaise et le M23 et la présence des FDLR sur le terrain.
Tout cela en attendant l’éventuel déploiement de la force neutre. Si elle vient jamais…». Ce mécanisme conjoint de vérification de la frontière RDC-Rwanda est une posture diplomatique de Kigali qui conserve l’initiative des opérations sur tous les terrains.
En mettant en œuvre ce mécanisme conjoint de vérification, la CIRGL vient de prouver à la face du monde qu’elle est inféodée aux positions de Kigali. Pas plus. Comme démontrer ci-haut, bien avant la tenue de la rencontre des chefs d’Etat de la CIRGL, les 7 et 8 septembre 2012 à Kampala, James Kaberebe, ministre de la Défense du Rwanda avait prédit la mise en œuvre de ce mécanisme, rappelant que le déploiement restait impossible pour l’instant.
Faut-il encore, dans ces conditions, croire aux bonnes dispositions de la CIRGL quant à la résolution de la crise en cours dans l’Est de la RDC ?
Radio Okapi, qui livre l’information sur son site, indique que le mécanisme conjoint de vérification élargi à d’autres pays de la CIRGL pourrait avoir été lancé officiellement hier vendredi 14 septembre à Goma (Nord-Kivu).
Les experts militaires des pays membres de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL), confirme-t-elle, s’activent encore aux préparatifs de la mise en œuvre de cette structure en charge de vérifier les allégations de Kinshasa sur la présence des soldats rwandais dans les rangs des rebelles du M23.
Ce mécanisme de vérification vise également l’identification des troupes du M23 ainsi que d’autres groupes armés opérant dans l’Est de la RDC. Il aura aussi la charge de contrôler les mouvements à la frontière entre la RDC et le Rwanda.
Certains pays de la CIRGL dont l’Angola et la Tanzanie ont envoyé, depuis la semaine dernière, leurs délégués pour ce mécanisme de vérification de frontière. A Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, les experts militaires de la région des Grands Lacs préparent également la rencontre des ministres de la Défense de la CIRGL qui pourrait s’ouvrir le samedi 15 septembre.
Dirigé par le ministre ougandais de la Défense, le sous-comité des ministres de la Défense de la CIRGL va se consacrer aux mesures de mise en œuvre de différentes directives du sommet du 8 septembre, baptisé Kampala 2 (Ouganda).
Les ministres de la Défense vont concentrer leurs efforts sur l’opérationnalisation de cette force internationale neutre qui devra être déployée sous le double mandat de l’ONU et de l’Union africaine. L’ONU s’est déjà prononcée en faveur d’une assistance et d’un soutien à ce projet.
Jusque-là, la source de financement et le concept opérationnel de cette force neutre restent encore à définir. La difficulté est bien là de voir cette force neutre se déployer un jour. Déjà, la double tutelle des Nations unies et de l’Union africaine est une lourdeur qui ne se justifie pas.
Au cours du sommet de Kampala 2, les chefs d’Etat avaient souhaité cette force internationale neutre se déployer le long de la frontière entre le Rwanda et la RDC d’ici trois mois pour combattre les groupes armés dont le M23 que Kinshasa accuse Kigali de soutenir. En lieu et place, c’est plutôt l’option d’une structure moins costaud et facilement mise en place qui est privilégiée.
La loi de Kigali
Sur le plan diplomatique, les différents sommets tenus jusque-là, n’ont pas encore notoirement penché en faveur des positions congolaises. Il est vrai que l’hostilité qui caractérisait naguère les positions diplomatiques des partenaires extérieurs n’est plus de stricte rigueur.
Toutefois, les demi-victoires accordées au bout des lèvres à Kinshasa ne touchent pas à l’essentiel. Il est recommandé dans ces conditions, non pas de pratiquer la politique de la chaise vide, mais de demeurer ferme sur tout ce qui touche à l’intérêt supérieur du pays.
La réunion de Kampala était destinée à apaiser les violences dans l’Est de la République démocratique du Congo et, plus précisément, sur la Force internationale neutre à déployer dans cette partie du pays.
Mais la surprise venait du fait que le président rwandais, Paul Kagame, ne s’est pas présenté à ce sommet, malgré les accusations de la RDC et l’Onu qui pèsent sur son pays selon lesquelles il soutient le Mouvement du 23 mars 2009 (M23) qui affronte l’armée régulière depuis avril 2012.
Jusque-là, une situation de ni guerre ni paix règne dans cette partie de la RDC.
Le Potentiel
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