lundi 10 septembre 2012

RDC-Gouvernement : chambardement ou réaménagement

Guerre dans l’Est, pressions au sein de la Majorité, etc.


Le gouvernement des «surdoués» ploie sous une forte pression. Des flèches empoisonnées viennent de tous les côtés. L’ouragan de l’Est est susceptible d’emporter l’édifice.

Le ton à l’intérieur de la Majorité présidentielle (MP) ne laisse planer aucun doute. La seule embellie économique ne justifie plus le maintien du gouvernement tant dans sa forme que dans la philosophie ayant prévalu lors de sa mise en place.

Deux choix : opérer un chambardement ou un réaménagement. Dans les deux hypothèses, des lignes vont bouger.

La technocratie présumée des membres de l’actuel gouvernement a montré ses limites face aux exigences de la gouvernance. En clair, les «surdoués» de Matata se sont renfermés dans leur théorie au point d’oublier que l’environnement politique évolue de manière exponentielle, rendant inopérantes les projections virtuelles conçues dans des bureaux climatisées.

Un analyste indépendant n’a pas caché son amertume après s 100 jours de Matata. « Les exploits sont réalisés sur le terrain et sur papier », a-t-il relevé. Autrement dit, il existe une marge entre la technicité et la technocratie. L’une relevant du terrain et l’autre de la bureaucratie.

Cette jugeote a manqué à nos « surdoués » qui ont cru que tout irait comme sur des roulettes. Or, la politique, dans sa forme appliquée, ne peut pas être enfermée dans un carcan, si dur soit-il.

Le gouvernement est en train de l’apprendre à ses dépens. Face aux fronts qui se sont ouverts, les uns simultanément, les autres de manière successive, celui-ci s’est fourvoyé. Il n’a pas su où donner la tête.

La donne politique, que le Premier ministre a tenté d’exclure dans sa feuille de route, est en train de le rattraper.

Et les observateurs avisés de se perdre en conjectures. Notamment, en supputant que des têtes pourraient tomber. « L’appréciation de la conduite des affaires dans un Etat s’apprécie globalement », estiment-ils, avant d’indiquer que cela a échappé à l’équipe gouvernementale actuelle.

Comme pour confirmer l’analyse précédente, la classe politique n’est pas restée de marbre face au laxisme du gouvernement. Le ton a été donné par la Majorité présidentielle. Elle a, la semaine dernière au cours d’une rencontre de son bureau politique, passé au crible l’action gouvernementale.

Les conclusions de la délibération, rapportent des sources concordantes, n’ont pas été tendres envers le gouvernement. Le premier à monter sur ses grands chevaux serait le président de l’Assemblée nationale et secrétaire général de la MP. Aubin Minaku aurait déclaré, à l’occasion de cette rencontre, qu’un recadrage de l’action gouvernementale était nécessaire, voire urgent.

Des reproches contre le gouvernement, les acteurs politiques de la MP n’en manquent pas. Le péché originel de la mise en place d’un gouvernement des technocrates est remonté à la surface.

Il s’agit d’un déficit de réactivité face aux offensives de Kigali. Ce qui s’assimilerait à une absence d’ancrage sociologique réel dans la société. Fatale en cette période de guerre.

Il s’en suit une nécessité de parer au plus pressé. Seuls des politiques aguerris sont attendus sur le terrain pour engager la contre-offensive contre les fronts intérieur et extérieur qui sont entrés simultanément en effervescence.

Pour étayer leur argumentation, les tenants de cette thèse les prestations du ministre des Médias et porte-parole du gouvernement qui se bat quasiment seul, sur ce terrain rocailleux du front, notamment médiatique.

Esseulé, ce dernier paraît comme une personnalité qui prend position, en son nom personnel. Du coup, il s’est installé une cacophonie entre membres du gouvernement.

«La gestion de la guerre est une affaire éminemment politique», martèle sans ambages un bonze de la MP. «Comment peut-on justifier le silence des membres du gouvernement après les déclarations mensongères et insultantes de James Kabarebe », s’interroge un autre président de parti membre de la MP, se félicitant en passant de «la salvatrice sortie de Mende, qui se bat comme un diable dans un bénitier».

Les avancées enregistrées sur le front diplomatique peuvent s’émousser si l’on n’y prend garde, enchaîne un, pour qui le flair politique des acteurs habitués à des situations d’hostilité est un atout à mettre en avant.

En face des dirigeants de la sous-région, la RDC doit aligner également, soutient-il, des poids lourds capables de discuter et, surtout des vertébrés capables de « parler à leurs interlocuteurs en les regardant droit dans les yeux ».

Quant au front intérieur, l’Opposition vient de se trouver une brèche pour se rendre audible, après avoir essuyé des revers dans toutes les batailles, regrette un jeune cadre de la MP, présent lui aussi à cette rencontre du bureau politique de la MP.


Le plus évident est que James Kabarebe, ministre rwandais de la Défense, a apporté de l’eau au moulin de cette Opposition, au point que la Majorité vient d’adopter une ligne de défense consistant à qualifier l’Opposition d’allié de Kigali. Cela va de soi, la réplique étant à la mesure de l’attaque.

L’Opposition use voire abuse des révélations de James Kabarebe pour davantage discréditer le gouvernement. Ce qui risque à terme de fragiliser l’action de la Majorité conçue autour de la visibilité de la révolution de la modernité. Ces assauts meurtriers pour la Majorité induisent un changement radical des stratégies tant politiques que diplomatiques.

Chambardement ou remaniement.

La philosophie qui avait prévalu lors de la mise en place de l’équipe gouvernementale Matata est dépassée. Les événements ont eu raison d’une gouvernance visant principalement la maîtrise des indicateurs macroéconomiques.

C’est avec raison que les observateurs analysent les 100 jours de Matata Ponyo sous l’emprise d’«une embellie plombée par la guerre de l’Est». En d’autres termes, les acquis du gouvernement Matata 1 ne suffisent plus pour produire l’efficacité tant attendue.

Une adhésion des masses populaires à l’accompagnement de l’action gouvernementale peut constituer un facteur déterminant sur tous les fronts. Sans avoir démérité sur le volet du maintien des indicateurs au vert, l’équipe Matata 1 n’a pas fait de la redistribution du revenu national une priorité.

La plus belle fille du village ne peut pas donner plus que son charme. Ce dicton renseigne que le gouvernement des technocrates se satisfait d’aligner l’état positif des paramètres qualitatifs et quantitatif de la structure économique du pays. Sans plus.

Or, présentement, le pays est en danger. Il faut sauver et sauvegarder l’intégrité du territoire national. Un dosage savant entre les technocrates et les politiques, poids lourds de la scène politique du pays, a le mérite d’offrir des atouts indéniables dans la recherche de la mobilisation de toutes les couches de la population.

L’heure est venue pour que les populations soient galvanisées dans la marche vers une cohésion totale contre l’agression dont le pays est victime. Une retouche politique s’impose de soi.

Deux options sont en présence. Soit on renforce l’équipe actuelle et là il s’agira d’un réaménagement. Soit, toute l’équipe saute et l’on procédera à un chambardement. Tout dépend donc de la philosophie que l’ont veut imprimer à l’action gouvernementale au regard de l’évolution de la situation.

Persévérer à rechercher le satisfecit des institutions financières internationales, par le blocage et l’asphyxie du tissu économique local, par conséquent la production, est un véritable suicide. Le gouvernement va s’attirer la foudre de la population, qui trouvera un exutoire dans des revendications sociales.

Le consensus minimal retrouvé autour de la lutte contre l’agression en prendrait un sérieux coup. Aucun Congolais conscient n’est disposé à offrir pareil cadeau à l’ennemi.

Au cas où le chambardement primerait sur le réaménagement, l’actuel Premier ministre serait contraint de rendre le tablier au chef de l’Etat. Toute son équipe tomberait et un nouvel Exécutif verrait le jour, avec des objectifs politiques bien définis par rapport aux impératifs dictés par le contexte en vigueur.

Chambardement ou remaniement, il est clair que l’opinion est contre l’inaction.

La RDC a besoin de mouvement pour avancer suivant ses propres intérêts et sa survie comme Etat. Une politique de stabilité qui ne prend pas en compte le social est suicidaire à plus d’un titre.

Le Potentiel

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