vendredi 5 octobre 2012

Le syndrome de 1996 : L'Est de la République nous échappe

Vendredi, 05 Octobre 2012



L'environnement politique et militaire national de ces dernières semaines rappelle à nombre de compatriotes le décor de fin de règne du régime Mobutu.

En effet, en octobre 1996, lorsque les médias périphériques avaient annoncé l'occupation de la ville d'Uvira par une nébuleuse rébellion appelée « Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo » (AFDL), c'était l'indifférence quasi générale dans les cercles du pouvoir à Kinshasa.

LD Kabila, alors porte-parole, passe en revue les troupes de l’AFDL à Goma fin 1996.

Personne en croyait que « l'aventurier » Laurent Désiré Kabila, dont la milice avait été taillée en pièces en l'espace d'une semaine par les FAZ (Forces Armées Zaïroises) en 1978, dans la ville de Moba, sur les bords du Lac Tanganyika, pousserait ses conquêtes militaires au-delà.

Même après les chutes des villes de Bukavu et Goma, l'ambiance au HCR-PT (Haut Conseil de la République-Parlement de Transition) était toujours à la distraction et à la Jouissance, aux frais de la princesse, surtout que le gouvernement du Premier ministre Léon Kengo wa Dondo apaisait tout le monde quant à la capacité de l'armée de Mobutu de lancer, le moment venu, une « contre-offensive foudroyante et totale » contre les « Kadogo » et leurs soutiens extérieurs.

On était loin de penser, alors, que l'ex-Zaïre était victime d'un vaste' complot extérieur ourdi par les puissances occidentales, et dont l'exécution était laissée à un panel d'armées africaines, notamment érythréenne, ougandaise, rwandaise, burundaise et tanzanienne.

A l'intérieur, les complicités se recrutaient dans les rangs des généraux des FAZ, qui avaient reçu mission de démobiliser les troupes à travers des opérations de repli ayant pour but, non pas d'organiser la riposte, mais plutôt de laisser à l'ennemi armes et munitions.

La vieille recette des villes qui tombaient sans combat s'inscrivait en réalité dans la droite ligne de la collusion entre les officiers généraux des FAZ et les différents parrains politiques et militaires de l'AFDL.

Même en janvier 1997, lorsque la ville de Kisangani était en passe de tomber, car aucun dispositif fiable de sécurité n'y était déployé, l'équipe Kengo continuait de soutenir que « Kisangani ne tombera jamais ».

La fameuse contre-offensive foudroyante et totale, déclenchée effectivement à la mi- janvier 1997, avec la participation des mercenaires Serbes, sous la supervision du général Mahele, chef-d'état major général des FAZ en personne, eut l'effet d'un pétard mouillé.

Pilotes et troupes serbes se rendirent compté, sur le tard, qu'ils étaient poignardés dans le dos par leurs camarades des FAZ décidés à ne pas se battre.

Lorsque l'AFDL se présentant aux portes de Kinshasa, en avril-mai 1997, les troupes de Jonas Savimbi, venues tenir le «verrou» de Kenge, furent attaquées dans le dos par des soldats loyalistes ayant reçu la consigne de laisser passer l'ennemi. Tout le monde connaît la suite : l'AFDL effectua un «atterrissage en douceur» le 17mai1997 à Kinshasa.

Faut-il continuer de rêver debout?

Depuis le mois d'avril 2012, l'Est de la République échappe au contrôle du gouvernement central. Chaque jour qui passe, des nouvelles alarmantes nous parviennent des sources diverses au sujet des déplacements massifs des populations civiles fuyant les combats.

Voici cinq mois que les rebelles du M23, présentés comme adossés dans un petit coin du Nord-Kivu, dans la périphérie de Bunagana, continuent de faire peser la menace de balkanisation sur le territoire national.

A l'image de leurs collègues du HCR-PT (Haut Conseil de la République -Parlement de Transition), les honorables sénateurs et députés donnent l'impression de rêver débout.

Au lieu de penser à engager des débats de fond sur les voies et moyens de mettre fin à la « sale » guerre imposée à la mère-patrie par le Rwanda, via les rebelles du M23, les membres de notre Parlement s'occupent de tout, sauf d'une situation de nature à faire imploser l'Etat-Nation.

Tout se passe comme si les échecs des sommets d'Addis-Abeba, de Kampala I et II ainsi que de New York ne sont pas suffisamment édifiants sur les incertitudes du déploiement de la Force Internationale Neutre à la frontière congolo-rwandaise.

Les Congolais sont-ils devenus si naïfs, au point de croire que des soldats étrangers adorent tellement leur pays qu'ils vont verser leur sang pour lancer la « guerre de libération nationale » contre le M23 ?

Les leçons de la promenade de santé de l'AFDL, d'Uvira à Kinshasa, en l'espace de 7 mois, devraient réveiller les esprits qui sommeillent au niveau des décideurs politiques à Kinshasa.

Le destin de la patrie est entre les mains des Congolais eux-mêmes. La rébellion du M2a, que l'on croit toujours lointaine et incapable de dépasser les limites du Nord-Kivu, peut surprendre.

Le pire pourrait nous arriver si ceux qui gèrent la guerre versent, à l'image des « Mobutistes», dans la croyance aveugle en une force extérieure qui viendrait se battre â notre place et nous offrir, sur le plateau d'or, les territoires présentement contrôlés par ceux qui sont décidés à installer, sur la terre de nos ancêtres, un Etat autonome.

Comme en 1996, les réseaux des complicités internes et externes continuent leur travail de sape à l'Est, pendant qu'à Kinshasa, l'on ne sen1ble pas prendre la pleine mesure du signal fort que le Rwanda, à travers le M23, voudrait envoyer aux chefs d'Etat et de gouvernement invités au XIVè me Sommet de là Francophonie.

Il s'agit de rappeler à tous que le pouvoir de Kinshasa n'est pas seul à «gérer» un territoire aussi vaste que quatre fois la France ou 80 fois la Belgique.

Alors que la guerre est bel et bien devant nous, certains propos et gestes donnent à penser qu'elle appartient déjà au passé.

Kimp

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