5 octobre 2012
Sur l’agenda de la francophonie, quelles sont les priorités que vous défendrez au nom de la Fédération ? le droit à l’éducation, la diversité culturelle ? l’environnement
L’éducation est une priorité évidente que la Fédération Wallonie-Bruxelles a toujours défendue tant au sein de la Conférence des Ministres de l’Education ayant le français en partage (COFEMEN) qu’au sein de l’OIF. L’éducation est la pierre angulaire du développement économique, social et culturel de tout pays.
Par exemple, la FWB s’est battue depuis des années, en précurseur, sur le thème de la régulation de l’autorité publique. L’idée est d’instaurer dans les Etats, des organes qui garantissent la qualité de l’offre de l’école.
Concrètement, pour remplir cet objectif, la FWB finance des actions d’échanges de bonnes pratiques. La FWB s’est aussi battue à chaque Sommet pour que cet objectif soit repris dans les déclarations finales successives, de façon à ce que cela reste une priorité dans le domaine de l’éducation.
Un autre thème défendu intensément (et historiquement) par la FWB est celui de l’éducation pour tous, avec par exemple le financement de l’initiative IFADEM : il s’agit de former les maîtres à distance.
L’initiative permet d’une part de former davantage de maîtres, notamment dans les régions rurales, et aussi de ne pas extraire les maîtres de leurs classes pendant leur formation. C’est concret et c’est efficace car cela tient compte des spécificités de répartition des populations.
En 2010 au Burundi, la FWB a financé les formations IFADEM pour tout le pays.
Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels adopté au niveau de l’ONU le du 16 décembre 1966 précise notamment en son article 13 que l’enseignement primaire doit être obligatoire et gratuit et que l’enseignement secondaire et supérieur doivent être accessibles à tous par une instauration progressive de la gratuité.
Les Etats et gouvernements signataires, dont la FWB, sont donc tenus depuis cette date d’œuvrer en ce sens et de promouvoir ces objectifs majeurs. Tel est le cas !
La FWB a toujours veillé, à travers les travaux de la CONFEMEN, à ce que la question de l’Education pour tous impliquant bien entendu l’accessibilité et la gratuité fassent partie intégrante des enjeux identifiés et des recommandations émises. Cela se retrouve bien entendu dans les différents cadres d’action adoptés par les Ministres lors des conférences ministérielles successives de ladite Institution.
Les travaux menés au sein de la CONFEMEN, donc par la FWB et ses 43 partenaires francophones, s’inscrit tout particulièrement dans le cadre des Enjeux du Millénaire adoptés en 2000, à Dakar, sous la coordination de l’UNESCO et de différents partenaires. Ces Enjeux visent une « Education pour Tous » dès 2015.
La diversité culturelle est le fondement historique de l’implication de la FWB dans la Francophonie. Cette diversité que la Communauté française tentait de faire entrer dans les priorités européennes est devenue le cheval de bataille de l’OIF. Cela a abouti en 2005 à l’adoption à l’UNESCO de la « Convention sur la protection de la diversité des expressions culturelles ».
Dès ce moment, la diversité culturelle – que nous pratiquons intuitivement chez nous en Belgique – est devenue officiellement patrimoine commun de l’humanité et sa défense, considérée comme un impératif éthique. Bien sûr, cela ne garanti pas ipso facto la diversité culturelle.
Mais il s’agit d’un engagement politique fort de la part des Etats signataires. Je signale au passage que la Belgique n’a toujours pas signé cette convention. Le premier objectif est donc la ratification par la totalité des membres !
Sur le plan de l’environnement, qui est au centre de la thématique de Sommet de Kinshasa (« Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale »), la Wallonie a également soutenu depuis longtemps l’action de la Francophonie au travers du soutien à l’IEPF (Institut de l’Energie pour l’Environnement de la Francophonie, basé à Québec).
Il faut se souvenir qu’aux termes de l’Accord de Copenhague en 2009, les pays développés se sont engagés à consacrer 30 milliards de dollars en faveur des pays en voie de développement pour prendre des mesures de lutte contre les changements climatiques (Fonds FAST START).
La Belgique dans ce cadre contribuera à hauteur de 150 millions d’€. La Wallonie a mené des expériences pilotes avec l’IEPF pour faire connaître ce fonds d’amorçage (FAST START) et pour financer la mise à disposition d’expertise pour les pays qui le souhaitent. Je suis personnellement favorable à une intensification de ces mesures de sensibilisation et d’accompagnement des acteurs de locaux de l’énergie et de l’environnement.
Sur le plan de la promotion de la paix, la démocratie, et les droits de l’homme, nous soutenons actuellement le REFRAM, le Réseau francophone des régulateurs de médias et qui est actuellement dirigé par le Directeur du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de la FWB. Dans le cadre de la prochaine programmation des actions de la Francophonie pour les années 2014 à 2023 (cadre décennal) et sur laquelle le Sommet va mandater chaque Etat membre de la Francophonie d’y travailler, je souhaiterais que la FWB renforce son action dans les domaines de la consolidation de l’Etat de droit, et du respect des droits et des libertés.
Que représente la contribution de la fédération au budget de la francophonie, en termes absolus et en pourcentage par rapport au nombre d’habitants ? N’y a-t-il toujours aucune contribution du fédéral ?
Au total, la contribution est de 12,5 millions d’euros réparti de cette manière ; 5,5 millions en contributions à l’OIF (dont 3,5 en cotisation annuelle et 2,5 en contributions volontaires) et 6,5 millions à TV5.
Ce qui signifie que la FWB consacre à la Francophonie pas moins de 3 euros par habitant. Nous sommes le 3ème contributeur derrière la France et le Canada.
La Belgique est membre de la Francophonie mais seule la FWB paie la contribution à l’OIF. La FWB a un statut de membre à part entière de l’OIF et il est important de souligner que l’OIF est la seule organisation internationale où la FWB bénéficie de statut. Le Québec et le New Brunswick au Canada ont également ce statut à l’OIF.
Quel est le message que vous apporterez aux Congolais, la population, les dirigeants ? Rencontrerez vous, à l’instar de François Hollande, des représentants de l’opposition ? Des contacts ont-ils été pris ? ou vous limiterez vous aux contacts institutionnels au niveau de la francophonie ?
En raison de l’agenda, ma présence à Kinshasa sera très courte – 24 heures- et entièrement dédiée au Sommet de la Francophonie. J’aurai l’occasion de voir sur place les chefs d’Etat et de Gouvernements qui y seront, sans que des rencontres formelles soient programmées.
J’espère évidemment avoir l’occasion d’avoir quelques échanges avec Abdou Diouf pour soutenir la candidature du Sénégal comme Etat hôte du prochain Sommet de la Francophonie en 2014.
Je trouve que ce serait une très belle consécration pour le travail de Monsieur Diouf, en tant qu’ancien Président du Sénégal et en tant qu’ardent défenseur de la Francophonie.
Peut-être le Président Hollande rencontrera-t-il des membres de l’opposition ; en tout cas il semblerait que certains représentants de cette opposition l’affirment. Pour ce qui me concerne, hormis la question du temps dont je dispose, je pars du principe qu’il faut prendre le temps de rencontrer l’ensemble des tendances démocratiques de l’opposition, de même que la société civile.
Il faut parler directement à ce peuple, à ces personnes qui poursuivent des objectifs légitimes et justes pour leurs concitoyens. Chaque fois que je suis allé au Congo, j’ai passé du temps avec des représentants de cette société civile, je l’ai encore fait lors de mon déplacement là-bas en 2011.
Aborderez vous avec les Congolais le thème des droits de l’homme, de la liberté d’expression, l’affaire Thierry Michel ?
Nous plaidons pour que le Gouvernement congolais appelle au respect de l’état de droit et à la protection des libertés fondamentales. C’est évidemment central dans le système de valeurs auquel nous adhérons et qui d’ailleurs fonde l’Organisation internationale de la Francophonie.
Nous ne cesserons jamais, comme les autres membres, de porter ce message. J’ai lu que le Général Numbi avait été débouté dans le cadre de l’action en justice qu’il avait intentée à l’encontre de Thierry Michel.
Vous exprimerez vous à propos de la guerre à l’Est, en termes de diplomatie (même si ce sont les compétences de Didier Reynders) en termes de solidarité avec les populations ?
La situation à l’Est du Congo est terrible, elle engendre des souffrances innommables. Plus de 320 000 civils déplacés, c’est la terrible réalité avec son cortège de violence. Comment ne pas se sentir profondément touché ?
Donc bien sûr, il faut continuer à soutenir les populations. Il faut, comme Elio Di Rupo et François Hollande l’ont dit à la tribune de l’ONU, que les ingérences extérieures cessent.
Un nouveau rapport de l’Onu à ce sujet est attendu juste après le Sommet de Kinshasa, qui devrait apporter des éléments supplémentaires concernant ces ingérences. Elles pourraient provenir de différentes sources.
Quelles sont, ou devraient être, les priorités de WBI au Congo ? L’accès au livre, des formations ?
Un de nos principes dans l’action que nous menons avec les partenaires du Sud, c’est la recherche de l’effet multiplicateur : nos moyens sont modestes, mais nous mettons toujours l’accent dans les projets que nous soutenons ou que nous mettons en œuvre, sur cet effet multiplicateur. C’est pourquoi en matière de formation, nous formons beaucoup de formateurs qui pourront à leur tour en former d’autres.
Dans la même logique, nous veillons à ce qu’un volet éducation accompagne, partout où c’est pertinent des projets qui concerneraient par exemple des infrastructures. Je prends l’exemple des villages assainis que nous soutenons via l’Unicef : nous finançons des travaux pour donner l’accès à l’eau potable et en même temps, dans le cadre de ce projet, nous finançons des formateurs à l’hygiène, notamment dans les écoles.
Nous finançons aussi des formations pour la construction de dispositifs sanitaires. Voilà au travers cet exemple notre philosophie : au départ d’une action, on poursuit plusieurs objectifs au rang desquels il y a toujours l’appropriation des techniques et des savoirs.
Les livres sont évidemment une autre priorité. Nous avons toujours veillé à garder la bibliothèque du Centre Culturel de la Délégation WB à Kinshasa. Nous venons d’ailleurs d’en refaire le toit qui était attaqué par des thermites.
Dans toutes les crises qu’a traversées le Congo, le Centre a continué de fonctionner. C’est un symbole fort. Et la population kinoise y est nombreuse à le fréquenter tous les jours, environ 100 personnes dans la bibliothèque.
Je citerai aussi une initiative de l’OIF que nous avons financée et qui a permis d’ouvrir un Centre de Lecture et d’Animation dans chacune des 12 provinces du Congo.
Un de nos projets de coopération bilatérale avec le Congo est également le financement du centre de documentation CEDESURK pour palier la carence des bibliothèques universitaires. L’offre d’ouvrages est renforcée grâce à ce soutien et le centre permet également de faire de la reproduction de matériels pédagogiques.
Si vous êtes interrogé à propos de l’absence de M. Di Rupo, comment l’expliquerez vous ?
Monsieur Di Rupo l’a évoqué dans son communiqué si je ne m’abuse. Mais le sujet lui tient à cœur. Il avait rencontré Abdou Diouf en juillet dernier à Bruxelles, lors de la tenue du bureau de l’Assemblée parlementaire de l’OIF.
De votre point de vue, qu’est ce qu’un tel sommet peut apporter au Congo ? En quoi WBI a-t-il aidé les Congolais à l’organiser ? Que signifie le seul fait qu’il puisse avoir lieu ? Que répondez vous à ceux qui affirment que cela coûte beaucoup d’argent dans un pays où la population manque encore de tout ?
Organiser un Sommet engendre des dépenses, c’est indéniable. Mais peut-on imaginer que les Sommets de la Francophonie soient organisés principalement par des pays qui en ont les moyens ? Cela me semble très contradictoire avec les fondements même de l’OIF.
En l’occurrence nous avons soutenu la candidature de Kinshasa dès le début. Il s’agit du premier Sommet organisé en Afrique Centrale !
Lorsqu’un Sommet est mis en place dans un pays Sud, l’intervention de l’OIF est logiquement plus importante d’une part, et les pays hôtes reçoivent le soutien des gros bailleurs de fonds tels que la France et le Canada.
Pour notre part, nous avons apporté notre soutien à ce Sommet par différentes actions très concrètes : nous avons, à la demande des Congolais, rénové le théâtre de Verdure, nous avons formé du personnel Horeca pour faire face à la demande de personnel, en collaboration notamment avec l’IFAPME.
Nous éditerons quotidiennement le « Journal du Sommet »,… Au total, ces actions représentent un budget de près d’un million d’euros. Ce ne sont là que quelques exemples.
Le carnet de Colette Braeckman
Sur l’agenda de la francophonie, quelles sont les priorités que vous défendrez au nom de la Fédération ? le droit à l’éducation, la diversité culturelle ? l’environnement
L’éducation est une priorité évidente que la Fédération Wallonie-Bruxelles a toujours défendue tant au sein de la Conférence des Ministres de l’Education ayant le français en partage (COFEMEN) qu’au sein de l’OIF. L’éducation est la pierre angulaire du développement économique, social et culturel de tout pays.
Par exemple, la FWB s’est battue depuis des années, en précurseur, sur le thème de la régulation de l’autorité publique. L’idée est d’instaurer dans les Etats, des organes qui garantissent la qualité de l’offre de l’école.
Concrètement, pour remplir cet objectif, la FWB finance des actions d’échanges de bonnes pratiques. La FWB s’est aussi battue à chaque Sommet pour que cet objectif soit repris dans les déclarations finales successives, de façon à ce que cela reste une priorité dans le domaine de l’éducation.
Un autre thème défendu intensément (et historiquement) par la FWB est celui de l’éducation pour tous, avec par exemple le financement de l’initiative IFADEM : il s’agit de former les maîtres à distance.
L’initiative permet d’une part de former davantage de maîtres, notamment dans les régions rurales, et aussi de ne pas extraire les maîtres de leurs classes pendant leur formation. C’est concret et c’est efficace car cela tient compte des spécificités de répartition des populations.
En 2010 au Burundi, la FWB a financé les formations IFADEM pour tout le pays.
Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels adopté au niveau de l’ONU le du 16 décembre 1966 précise notamment en son article 13 que l’enseignement primaire doit être obligatoire et gratuit et que l’enseignement secondaire et supérieur doivent être accessibles à tous par une instauration progressive de la gratuité.
Les Etats et gouvernements signataires, dont la FWB, sont donc tenus depuis cette date d’œuvrer en ce sens et de promouvoir ces objectifs majeurs. Tel est le cas !
La FWB a toujours veillé, à travers les travaux de la CONFEMEN, à ce que la question de l’Education pour tous impliquant bien entendu l’accessibilité et la gratuité fassent partie intégrante des enjeux identifiés et des recommandations émises. Cela se retrouve bien entendu dans les différents cadres d’action adoptés par les Ministres lors des conférences ministérielles successives de ladite Institution.
Les travaux menés au sein de la CONFEMEN, donc par la FWB et ses 43 partenaires francophones, s’inscrit tout particulièrement dans le cadre des Enjeux du Millénaire adoptés en 2000, à Dakar, sous la coordination de l’UNESCO et de différents partenaires. Ces Enjeux visent une « Education pour Tous » dès 2015.
La diversité culturelle est le fondement historique de l’implication de la FWB dans la Francophonie. Cette diversité que la Communauté française tentait de faire entrer dans les priorités européennes est devenue le cheval de bataille de l’OIF. Cela a abouti en 2005 à l’adoption à l’UNESCO de la « Convention sur la protection de la diversité des expressions culturelles ».
Dès ce moment, la diversité culturelle – que nous pratiquons intuitivement chez nous en Belgique – est devenue officiellement patrimoine commun de l’humanité et sa défense, considérée comme un impératif éthique. Bien sûr, cela ne garanti pas ipso facto la diversité culturelle.
Mais il s’agit d’un engagement politique fort de la part des Etats signataires. Je signale au passage que la Belgique n’a toujours pas signé cette convention. Le premier objectif est donc la ratification par la totalité des membres !
Sur le plan de l’environnement, qui est au centre de la thématique de Sommet de Kinshasa (« Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale »), la Wallonie a également soutenu depuis longtemps l’action de la Francophonie au travers du soutien à l’IEPF (Institut de l’Energie pour l’Environnement de la Francophonie, basé à Québec).
Il faut se souvenir qu’aux termes de l’Accord de Copenhague en 2009, les pays développés se sont engagés à consacrer 30 milliards de dollars en faveur des pays en voie de développement pour prendre des mesures de lutte contre les changements climatiques (Fonds FAST START).
La Belgique dans ce cadre contribuera à hauteur de 150 millions d’€. La Wallonie a mené des expériences pilotes avec l’IEPF pour faire connaître ce fonds d’amorçage (FAST START) et pour financer la mise à disposition d’expertise pour les pays qui le souhaitent. Je suis personnellement favorable à une intensification de ces mesures de sensibilisation et d’accompagnement des acteurs de locaux de l’énergie et de l’environnement.
Sur le plan de la promotion de la paix, la démocratie, et les droits de l’homme, nous soutenons actuellement le REFRAM, le Réseau francophone des régulateurs de médias et qui est actuellement dirigé par le Directeur du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de la FWB. Dans le cadre de la prochaine programmation des actions de la Francophonie pour les années 2014 à 2023 (cadre décennal) et sur laquelle le Sommet va mandater chaque Etat membre de la Francophonie d’y travailler, je souhaiterais que la FWB renforce son action dans les domaines de la consolidation de l’Etat de droit, et du respect des droits et des libertés.
Que représente la contribution de la fédération au budget de la francophonie, en termes absolus et en pourcentage par rapport au nombre d’habitants ? N’y a-t-il toujours aucune contribution du fédéral ?
Au total, la contribution est de 12,5 millions d’euros réparti de cette manière ; 5,5 millions en contributions à l’OIF (dont 3,5 en cotisation annuelle et 2,5 en contributions volontaires) et 6,5 millions à TV5.
Ce qui signifie que la FWB consacre à la Francophonie pas moins de 3 euros par habitant. Nous sommes le 3ème contributeur derrière la France et le Canada.
La Belgique est membre de la Francophonie mais seule la FWB paie la contribution à l’OIF. La FWB a un statut de membre à part entière de l’OIF et il est important de souligner que l’OIF est la seule organisation internationale où la FWB bénéficie de statut. Le Québec et le New Brunswick au Canada ont également ce statut à l’OIF.
Quel est le message que vous apporterez aux Congolais, la population, les dirigeants ? Rencontrerez vous, à l’instar de François Hollande, des représentants de l’opposition ? Des contacts ont-ils été pris ? ou vous limiterez vous aux contacts institutionnels au niveau de la francophonie ?
En raison de l’agenda, ma présence à Kinshasa sera très courte – 24 heures- et entièrement dédiée au Sommet de la Francophonie. J’aurai l’occasion de voir sur place les chefs d’Etat et de Gouvernements qui y seront, sans que des rencontres formelles soient programmées.
J’espère évidemment avoir l’occasion d’avoir quelques échanges avec Abdou Diouf pour soutenir la candidature du Sénégal comme Etat hôte du prochain Sommet de la Francophonie en 2014.
Je trouve que ce serait une très belle consécration pour le travail de Monsieur Diouf, en tant qu’ancien Président du Sénégal et en tant qu’ardent défenseur de la Francophonie.
Peut-être le Président Hollande rencontrera-t-il des membres de l’opposition ; en tout cas il semblerait que certains représentants de cette opposition l’affirment. Pour ce qui me concerne, hormis la question du temps dont je dispose, je pars du principe qu’il faut prendre le temps de rencontrer l’ensemble des tendances démocratiques de l’opposition, de même que la société civile.
Il faut parler directement à ce peuple, à ces personnes qui poursuivent des objectifs légitimes et justes pour leurs concitoyens. Chaque fois que je suis allé au Congo, j’ai passé du temps avec des représentants de cette société civile, je l’ai encore fait lors de mon déplacement là-bas en 2011.
Aborderez vous avec les Congolais le thème des droits de l’homme, de la liberté d’expression, l’affaire Thierry Michel ?
Nous plaidons pour que le Gouvernement congolais appelle au respect de l’état de droit et à la protection des libertés fondamentales. C’est évidemment central dans le système de valeurs auquel nous adhérons et qui d’ailleurs fonde l’Organisation internationale de la Francophonie.
Nous ne cesserons jamais, comme les autres membres, de porter ce message. J’ai lu que le Général Numbi avait été débouté dans le cadre de l’action en justice qu’il avait intentée à l’encontre de Thierry Michel.
Vous exprimerez vous à propos de la guerre à l’Est, en termes de diplomatie (même si ce sont les compétences de Didier Reynders) en termes de solidarité avec les populations ?
La situation à l’Est du Congo est terrible, elle engendre des souffrances innommables. Plus de 320 000 civils déplacés, c’est la terrible réalité avec son cortège de violence. Comment ne pas se sentir profondément touché ?
Donc bien sûr, il faut continuer à soutenir les populations. Il faut, comme Elio Di Rupo et François Hollande l’ont dit à la tribune de l’ONU, que les ingérences extérieures cessent.
Un nouveau rapport de l’Onu à ce sujet est attendu juste après le Sommet de Kinshasa, qui devrait apporter des éléments supplémentaires concernant ces ingérences. Elles pourraient provenir de différentes sources.
Quelles sont, ou devraient être, les priorités de WBI au Congo ? L’accès au livre, des formations ?
Un de nos principes dans l’action que nous menons avec les partenaires du Sud, c’est la recherche de l’effet multiplicateur : nos moyens sont modestes, mais nous mettons toujours l’accent dans les projets que nous soutenons ou que nous mettons en œuvre, sur cet effet multiplicateur. C’est pourquoi en matière de formation, nous formons beaucoup de formateurs qui pourront à leur tour en former d’autres.
Dans la même logique, nous veillons à ce qu’un volet éducation accompagne, partout où c’est pertinent des projets qui concerneraient par exemple des infrastructures. Je prends l’exemple des villages assainis que nous soutenons via l’Unicef : nous finançons des travaux pour donner l’accès à l’eau potable et en même temps, dans le cadre de ce projet, nous finançons des formateurs à l’hygiène, notamment dans les écoles.
Nous finançons aussi des formations pour la construction de dispositifs sanitaires. Voilà au travers cet exemple notre philosophie : au départ d’une action, on poursuit plusieurs objectifs au rang desquels il y a toujours l’appropriation des techniques et des savoirs.
Les livres sont évidemment une autre priorité. Nous avons toujours veillé à garder la bibliothèque du Centre Culturel de la Délégation WB à Kinshasa. Nous venons d’ailleurs d’en refaire le toit qui était attaqué par des thermites.
Dans toutes les crises qu’a traversées le Congo, le Centre a continué de fonctionner. C’est un symbole fort. Et la population kinoise y est nombreuse à le fréquenter tous les jours, environ 100 personnes dans la bibliothèque.
Je citerai aussi une initiative de l’OIF que nous avons financée et qui a permis d’ouvrir un Centre de Lecture et d’Animation dans chacune des 12 provinces du Congo.
Un de nos projets de coopération bilatérale avec le Congo est également le financement du centre de documentation CEDESURK pour palier la carence des bibliothèques universitaires. L’offre d’ouvrages est renforcée grâce à ce soutien et le centre permet également de faire de la reproduction de matériels pédagogiques.
Si vous êtes interrogé à propos de l’absence de M. Di Rupo, comment l’expliquerez vous ?
Monsieur Di Rupo l’a évoqué dans son communiqué si je ne m’abuse. Mais le sujet lui tient à cœur. Il avait rencontré Abdou Diouf en juillet dernier à Bruxelles, lors de la tenue du bureau de l’Assemblée parlementaire de l’OIF.
De votre point de vue, qu’est ce qu’un tel sommet peut apporter au Congo ? En quoi WBI a-t-il aidé les Congolais à l’organiser ? Que signifie le seul fait qu’il puisse avoir lieu ? Que répondez vous à ceux qui affirment que cela coûte beaucoup d’argent dans un pays où la population manque encore de tout ?
Organiser un Sommet engendre des dépenses, c’est indéniable. Mais peut-on imaginer que les Sommets de la Francophonie soient organisés principalement par des pays qui en ont les moyens ? Cela me semble très contradictoire avec les fondements même de l’OIF.
En l’occurrence nous avons soutenu la candidature de Kinshasa dès le début. Il s’agit du premier Sommet organisé en Afrique Centrale !
Lorsqu’un Sommet est mis en place dans un pays Sud, l’intervention de l’OIF est logiquement plus importante d’une part, et les pays hôtes reçoivent le soutien des gros bailleurs de fonds tels que la France et le Canada.
Pour notre part, nous avons apporté notre soutien à ce Sommet par différentes actions très concrètes : nous avons, à la demande des Congolais, rénové le théâtre de Verdure, nous avons formé du personnel Horeca pour faire face à la demande de personnel, en collaboration notamment avec l’IFAPME.
Nous éditerons quotidiennement le « Journal du Sommet »,… Au total, ces actions représentent un budget de près d’un million d’euros. Ce ne sont là que quelques exemples.
Le carnet de Colette Braeckman
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