lundi 3 décembre 2012

Trop facile de crier haro sur la Monusco

Un rebelle du M23 passe devant un blindé de la MONUSCO

Face au désastre militaire, politique et humain que représente la chute de Goma et la reprise de la guerre au Kivu, l’unanimité est facile : chacun s’emploie à crier haro sur la Monusco, la Mission des Nations unies chargée de stabiliser le Congo.

Censés empêcher que la ville tombe aux mains des rebelles, les Casques bleus auraient dramatiquement échoué et, de tous côtés, on exige désormais que leur mandat soit, une fois de plus, durci et renforcé.

La réalité est cependant plus complexe que le simple constat d’échec : indispensable partenaire de la force onusienne, il se confirme que l’armée congolaise est minée de l’intérieur.

Au fil des accords de paix successifs garantissant l’impunité, elle a été infiltrée par des personnages douteux, liés à des réseaux mafieux internes ou à des forces étrangères.

Il a fallu qu’un rapport d’experts le mette nommément en cause et l’accuse d’avoir vendu des armes pour que le chef de l’armée de terre, le général Amisi, numéro deux des forces armées, soit enfin suspendu par le président Kabila. Aux côtés d’un tel allié, que pouvait faire l’ONU ?

Par ailleurs, aucun pays occidental n’entend fournir de troupes à la Monusco, ce qui oblige les Nations unies à recruter en Inde, au Népal, au Pakistan, des hommes qui n’ont aucune affinité avec l’Afrique centrale et surtout aucune envie, quel que soit le mandat de leur mission, de mettre leur vie en danger.

Dans le cas de la Belgique, les conclusions de la commission Rwanda recommandent de ne plus envoyer de troupes dans nos anciennes colonies. Pourquoi faut il que la lâcheté qu’a représenté le retrait des 500 Casques bleus belges qui se trouvaient à Kigali en 1994 justifie, aujourd’hui encore, une autre lâcheté, l’abandon des Congolais ?

Car si des militaires belges pouvaient être déployés au Kivu, dans le cadre ou non des Nations unies, ils pourraient certainement y tenir un rôle dissuasif, dotés qu’il seraient d’un capital de confiance et d’une capacité de renseignement bien supérieurs aux atouts dont ils disposaient en Afghanistan.

Et même si la Belgique refuse toujours de déployer des hommes au sol, pourquoi ne fournit elle pas à l’ONU l’appui de ses drônes, des engins qui pourraient photographier la frontière entre le Rwanda et le Congo, avec bien plus d’efficacité qu’une hypothétique « force neutre » ?

Le carnet de Colette Braeckman

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